Christian Churches of God

 

 No. 122

 

 

 

 

 

 

 

 

La Distribution Générale des Églises observant le Sabbat

(Édition 3.0 19950624-19991205-20100111)

 

 

Cet important document retrace les Églises observant le Sabbat depuis le premier siècle au Moyen-Orient, en Europe et partout en Asie. Couvrant un laps de temps d'environ deux millénaires, il constitue un dossier complet non seulement des Églises, mais aussi des efforts faits par le système qui prône l’observance du dimanche afin de les anéantir par la persécution.

 

 

 

 

Christian Churches of God

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La Distribution Générale des Églises observant le Sabbat [122]

 

 


La Conjoncture

À partir d'un examen de l'histoire des Églises observant le Sabbat, nous sommes capables de tirer quelques conclusions importantes à leur sujet et aussi de retracer un système d'observance qui démontre que le modèle biblique, tel qu'établi par Christ, n'a jamais cessé. Il existe un certain nombre d'exemples significatifs qui démontrent une histoire séquentielle des Églises observant le Sabbat partout dans le premier monde Chrétien et en Europe, avant et pendant le Moyen Âge. Ces exemples se poursuivent jusqu'à la Réforme. Les Églises observant le Sabbat, aussi nommées Sabbatati, ont existé à un moment ou un autre sur la plus grande partie de la planète. Dès le début, ces Églises semblent aussi avoir, essentiellement, observé les Jours Saints.

 

L'observance du Sabbat était très répandue et semble avoir été opposée par Rome. Il était observé en Égypte, comme le montre le Papyrus Oxyrhynchus (c. 200-250 EC (Ère Courante)) :

À moins que vous ne fassiez du Sabbat un vrai Sabbat [Gr. sabbatisiez le Sabbat], vous ne verrez pas le Père (The Oxyrhynchus Papyri, Pt. 1, p. 3, Logion 2, verso 4-11, London: Offices of the Egyptian Exploration Fund, 1898).

 

Origène a aussi recommandé l'observance du Sabbat :

Après la fête du sacrifice perpétuel [la crucifixion] vient la deuxième fête du Sabbat et il est pertinent pour quiconque est juste parmi les saints d'observer aussi le festival du Sabbat. Il reste donc un sabbatismus, c'est-à-dire une observance du Sabbat, pour le peuple de Dieu [Hébreux 4:9] (Homily on Numbers 23, para. 4, in Migne, Patrologia Græca, Vol. 12, cols. 749, 750).

 

De la même façon, la Constitution des Saints Apôtres (Ante-Nicene Fathers, Vol. 7, p. 413; c. le 3ème siècle) déclare :

Vous observerez le Sabbat, à cause de Celui qui a cessé Son travail de création, mais n'a pas cessé Son travail de providence : c'est un repos pour la méditation de la loi, pas pour l'oisiveté des mains.

 

L'observance du Sabbat, position originale de l'Église, s'est répandue à l'Ouest en Europe et, de la Palestine, elle s'est répandue à l'Est en Inde (Mingana Early Spread of Christianity, Vol. 10, p. 460) et, par la suite, en Chine. L'introduction de l'observance du Sabbat en Inde a causé une controverse dans le Bouddhisme en 220 EC (ère courante). Selon Lloyd (The Creed of Half Japan, p. 23), la Dynastie Kushan du Nord de l'Inde a convoqué un concile de prêtres Bouddhistes à Vaisalia, afin d’uniformiser chez les moines Bouddhistes l'observance de leur Sabbat hebdomadaire. Certains avaient été si impressionnés par les écrits de l'Ancien Testament qu'ils avaient commencé à observer le Sabbat.

 

Les Sabbatati d'Europe n'étaient pas une force insignifiante. L'Église, établie à Milan, a observé le Sabbat.

C'était généralement la pratique des Églises d'Orient; et quelques églises de l'Occident... Car dans l'Église de Millaine [Milan]; ... il semble que le samedi a été hautement estimé ... Non pas que les Églises d’Orient ou toute autre de celles qui ont observé ce jour aient été enclines au Judaïsme ; mais elles se réunissaient ensemble le jour du Sabbat pour adorer Iesus [Jésus] Christ, le Seigneur du Sabbat (Dr. Peter Heylyn History of the Sabbath, Londres 1636, Partie 2, para. 5, pp. 73-74).

 

Les Églises occidentales, sous les Goths, avaient prétendument commencé à négliger le Sabbat, à cause de l'influence de Rome, bien que les Goths eux-mêmes n'étaient pas des Catholiques, mais plutôt des Subordinationistes ou des soi-disant Ariens. Sidonius dit que, sous Theodoric, en 454-526

C'est un fait que c'était autrefois la tradition à l'Est d'observer le Sabbat de la même manière que le jour du Seigneur et de tenir des assemblées sacrées : tandis qu’à l’inverse, les gens de l'Ouest, en défendant le jour du Seigneur, ont négligé la célébration du Sabbat (Apollinaris Sidonii Epistolæ, lib. 1,2; Migne, 57).

 

Cependant, les Goths de l'Ouest, qui se sont déplacés en Gaule du Sud et en Espagne, étaient adoptianistes et ils ont été appelés Bonosiens, prétendument de Bonosus de Sardica, qui enseignait que Joseph et Marie avaient eu des enfants. Il a été classifié avec Marcellus et Photius, indiquant ainsi qu'ils étaient du même avis quant au Sabbat et à la loi.

 

Cela semble également corroboré par le fait que Marseille était le quartier général des prédestinatiens occidentaux (Massiliens), qui ont débuté là et qui ont été finalement condamnés comme Pélagianistes (probablement à tort) à Orange en 529 (ERE, Sects, Vol. XI, p. 319).

 

Il ressort du canon 26 du Concile d'Elvira (c. 305) que l'Église en Espagne avait observé le Sabbat. Rome avait introduit la pratique de jeûner le jour du Sabbat pour neutraliser l'observance du Sabbat. Le Pape Sylvester (314-335) a été le premier à ordonner aux Églises de jeûner le jour du Sabbat et le Pape Innocent (402-417) en a fait une loi obligatoire dans les Églises qui lui ont obéi.

Innocentius a ordonné de toujours jeûner le samedi ou le jour du Sabbat (Peter Heylyn History of the Sabbath, Partie 2, Ch. 2, London, 1636, p. 44).

 

Le canon 26 du Concile d'Elvira maintenait que

Pour ce qui est de jeûner à chaque Sabbat : Il est résolu que l'erreur de jeûner à chaque Sabbat soit corrigée.

 

La ville de Sabadell dans le Nord-Est de l'Espagne près de Barcelone tire son nom des Sabbatati ou Valdenses (ou Vallenses). L'ancienneté du nom et l'ancienneté des termes Sabbatati et Insabatati ne plaident pas en faveur de la fondation des Vallenses par Valdo, mais leur diffusion montre plutôt qu'il a été converti par eux et qu'il a pris son nom d'eux, comme nous le verrons.

 

Les Églises observant le Sabbat en Perse ont subi quarante ans de persécution sous Shapur II, de 335 à 375 spécifiquement, parce qu'ils observaient le Sabbat.

Ils méprisent notre dieu-soleil. Zoroaster, le saint fondateur de nos croyances divines, n'a-t-il pas institué le dimanche il y a mille ans en honneur du soleil et remplacé le Sabbat de l'Ancien Testament ? Pourtant, ces Chrétiens ont des services divins le samedi (O'Leary The Syriac Church and Fathers, pp. 83-84, citation de Truth Triumphant p. 170).

 

Cette persécution a été reflétée à l'Ouest par le Concile de Laodicée (c. 366). Héfèle note que :

Canon 16 - les Évangiles avec d'autres Écritures sont lus le jour du Sabbat (cf. aussi les canons 49 et 51, Bacchiocchi, remarque 15, p. 217).

Canon 29 - les Chrétiens ne doivent pas Judaïser en se reposant le jour du sabbat mais doivent travailler ce jour-là honorant plutôt le jour du Seigneur en se reposant, si possible, comme des Chrétiens. Cependant, si quelqu'un est découvert en train de judaïser, qu'il soit anathème pour Christ (Mansi, II, pp. 569-570, voir aussi Héfèle Councils, Vol. 2, b. 6).

 

L'Historien Socrate dit :

Car bien que presque toutes les Églises dans le monde entier célèbrent les mystères sacrés [assumés par les Catholiques comme étant l'Eucharistie ou ce qu’on appelle le Dîner du Seigneur à chaque Sabbat hebdomadaire, les Chrétiens d'Alexandrie et de Rome, à cause d'une certaine tradition ancienne, refusent cependant de le faire (Socrates, Ecclesiastical History, Livre 5, Ch. 22, p. 289).

 

Le Sabbat a été observé au cinquième siècle par le Christianisme (Lyman Coleman Ancient Christianity Exemplified, Ch. 26, Section 2, p. 527). Certainement, comme à l'époque de Jérôme (420), les Chrétiens les plus pieux accomplissaient le travail ordinaire le dimanche (Dr. White, évêque d'Ély, Treatise of the Sabbath Day, p. 219).

 

Augustin d’Hippone, fervent observateur du dimanche, a certifié que le Sabbat a été observé dans la plus grande partie du monde Chrétien (Nicene and Post-Nicene Fathers (NPNF), la Première Série, Vol. 1, pp. 353-354) et a déploré le fait que dans deux Églises voisines en Afrique, une observait le Sabbat du septième jour, tandis que l'autre jeûnait ce jour-là (Peter Heylyn, op. cit., p. 416).

 

Les Églises ont généralement observé le Sabbat pour quelques temps.

Les anciens Chrétiens étaient très prudents dans l'observance du samedi ou du septième jour... Il est clair que toutes les églises orientales et la plus grande partie du monde, ont observé le Sabbat comme une fête... Athanasius nous dit également qu'ils ont eu des assemblées religieuses le jour du Sabbat, non pas parce qu'ils étaient infectés par le Judaïsme, mais pour adorer Jésus, le Seigneur du Sabbat. Epiphanius dit la même chose (Antiquities of the Christian Church, Vol. II, Livre xx, Ch. 3, Section 1, 66. 1137,1136).

 

Dans la dernière moitié du quatrième siècle, l'évêque de l'Église Abyssinienne, qui observait le Sabbat, Mueses, a visité la Chine. Ambrose de Milan a déclaré que Mueses avait voyagé presque partout dans le pays des Seres (la Chine) (Ambrose, De Moribus, Brachman-orium Opéra Omnia, 1132, trouvé dans Migne, Patriologia Latina, Vol. 17, pp. 1131-1132). Mingana soutient que l'Abyssinien Mueses a voyagé en Arabie, en Perse, en Inde et en Chine en 370 (voir aussi la note de bas de page 27 à Truth Triumphant, p. 308).

 

Les Églises du Sabbat ont été établies en Perse et dans le bassin du Tigre-Euphrate. Elles ont observé le Sabbat et payé les dîmes à leurs Églises (Realencyclopæie fur Protestantishe und Kirche, art. Nestorianer; voir aussi Yule The Book of Ser Marco Polo, Vol. 2, p. 409). Les Chrétiens de St-Thomas en Inde n'ont jamais été en communion avec Rome.

 

Ils observaient le Sabbat, comme ceux qui se sont dissociés de Rome après le Concile de Chalcédoine, à savoir les Abyssiniens, les Jacobites, les Maronites, les Arméniens et les Kurdes, qui observaient les lois de l'alimentation et niaient la confession et le purgatoire (Schaff-Herzog The New Encyclopædia of Religious Knowledge, art. Nestorians and Nestorianer ci-dessus).

 

En 781, le célèbre Monument Chinois a été gravé dans le marbre pour raconter la croissance du Christianisme en Chine, à ce moment-là. L'inscription de 763 mots a été déterrée près de la ville de Changan en 1625 et elle se trouverait maintenant dans la Forêt des Tablettes à Changan. L'extrait de la tablette déclare :

Le septième jour, nous offrons des sacrifices, après avoir purifié nos cœurs et reçu l'absolution pour nos péchés. Cette religion, si parfaite et si excellente, est difficile à nommer, mais elle éclaire l'obscurité par ses brillants préceptes (M. l'Abbé Hue Christianity in China, Vol. 1, Ch. 2, pp. 48-49).

 

Les Jacobites ont été caractérisés comme des gens observant le Sabbat en 1625 en Inde (Pilgrimmes, Point 2, p. 1269).

 

L'Église Abyssinienne a continué à observer le Sabbat et, en Éthiopie, les Jésuites ont essayé d’amener les Abyssiniens à accepter le Catholicisme Romain. Le légat abyssinien à la cour de Lisbonne a nié qu'ils observaient le Sabbat pour imiter les Juifs mais plutôt par obéissance à Christ et aux Apôtres (Geddes Church History of Ethiopia, pp. 87-88). Les Jésuites ont influencé le roi Zadenghel en lui proposant de se soumettre à la Papauté en 1604 et d'interdire l'adoration le jour du Sabbat sous peine de sanctions sévères (Geddes, ibid., p. 311 et aussi Decline and Fall of the Roman Empire de Gibbons, Ch. 47).

 

Le Sabbat en Italie

Apparemment, Ambrose de Milan a observé le Sabbat à Milan et le dimanche à Rome, donnant ainsi naissance au dicton quand on est à Rome, on fait comme Rome (Heylyn, op. cit., 1612). Heylyn identifie l'Église du quatrième siècle à Milan comme le centre de l'observance du Sabbat en Occident (ibid., partie 2, paragraphe 5, pp. 73-74). Il n'est donc pas surprenant que les Sabbatati avaient leur école là, tel que rapporté sous les Vallenses à l'époque où Pierre Valdo s’est joint à eux. Le Sabbat avait été observé en Italie pendant des siècles et le Concile de Frioul (c. 791) s’est prononcé contre son observance par les paysans au canon 13.

Nous commandons à tous les Chrétiens d'observer le jour du Seigneur qui doit l'être non en l'honneur du Sabbat passé, mais en raison de cette nuit sainte du premier jour de la semaine appelé le jour du Seigneur. En parlant de ce Sabbat que les Juifs observent, le dernier jour de la semaine et que nos paysans observent... (Mansi, 13, 851).

 

Il y avait donc un noyau de tradition d'observance du Sabbat en Europe entre Milan et Lyon, qui est devenu le centre des Pauvres de Lyon, une branche des Sabbatati ou Insabatati, appelés plus tard les Vaudois. La connexion Milan-Lyon a été facilitée par Pothinus et Irénée (c. 125-203). Tous deux étaient les disciples de Polycarpe, le disciple de Jean, et tous les deux observaient le Sabbat. Irénée est devenu l'évêque de Lyon après le martyr de Pothinus en 177 sous la persécution de Marcus Aurelius. Les Églises à Lyon et à Vienne, faisant rapport de leur persécution en 177 et, probablement à la suite à cette persécution, ont plaidé en faveur de la clémence pour les Montanistes Phrygiens (mais ils étaient eux-mêmes prudents dans leurs vues et pas Montanistes (The Catholic Encyclopedia (C.E)., art. Montanists, Vol. X. pp. 522-523)). (Montanus et les prophétesses Maximilla et Prisca ou Priscilla ont prophétisé avec des énonciations extatiques probablement sous l'influence du culte de Cybèle en Phrygie. Ils ont été condamnés avec leurs disciples).

 

Irénée était un Unitarien, tout comme Justin Martyr et tous les Apologistes d’avant-Nicée. Il a déclaré que l'Église avait une croyance constante, à savoir qu'il n'y a qu'un Créateur du monde, Dieu le Père (ANF, Vol. 1, Against Heresies, Livre II, Ch. IX, p. 369). Il a déclaré que la position de l'Église était la suivante :

La justice parfaite n'était conférée par aucune autre cérémonie légale. Le Décalogue n'a cependant pas été annulé par Christ, mais il est toujours en vigueur : les hommes n'ont jamais été libérés de ses commandements (ANF, Vol. IV, Ch. XVI, p. 480).

 

Il cite Ézéchiel (Ézéchiel 20:12) et Moïse (Exode 21:13) qui font référence aux Sabbats comme étant le signe entre Dieu et Son peuple. Les Sabbats ont été donnés comme signe, ce qui était aussi symbolique. Les Sabbats enseignent que nous devrions poursuivre jour après jour dans le service de Dieu. L'homme n'était pas justifié par eux mais ils avaient été donnés comme signe au peuple (ibid., p. 481).

 

Ignatius, l'évêque d'Antioche à l'époque de Trajan (98-117 EC), argumente contre les tendances à Judaïser dans son territoire. La survie tenace et la vénération des institutions juives, comme le Sabbat, sont explicitement mentionnées par cet auteur (Epistle to the Magnesians, voir aussi Bacchiocchi, p. 213). Il est alors peu concevable qu'une brisure radicale de l'observance du Sabbat ait déjà eu lieu (ibid., p. 214). Il est évident qu'Ignatius combattait les pratiques traditionnelles juives le jour du Sabbat qui était observé par les deux parties.

 

Justin Martyr, lui-même un Unitarien, introduit le concept d'adoration le dimanche (ANF, Vol. 1, First Apology, LXVII, pp. 185-186) et essaye de convaincre son ami juif Trypho de la justesse de cette pratique (par exemple voir ANF, Vol. 1, Dialogue with Trypho, Ch. XII, p. 200). Bacchiocchi (peut-être l'autorité en matière de transition de l'adoration du Sabbat au dimanche, From Sabbath to Sunday, Pontifical Gregorian University Press, Rome, 1977) traite de l'échec de Justin à citer des exemples antérieurs pour justifier la pratique. L'argument de Justin présuppose qu’à son époque l'observance du dimanche était étrangère tant aux Juifs qu'aux Judéo-Chrétiens (p. 156). Les Nazaréens n'observaient pas non plus le dimanche, comme il est supposé par Épiphane (ibid). Les Nazaréens, dont l'existence au quatrième siècle est certifiée par Jérôme, semblent être les descendants directs de la communauté Chrétienne de Jérusalem qui a émigré à Pella (Bacchiocchi, ibid.).

 

Le but des Sabbats a été compris par les premiers auteurs comme étant spirituel, tandis que les Juifs l'ont lié au physique et c'est là l'essence du débat. L'enlèvement du Sabbat et sa substitution par le dimanche auraient été répugnants.

 

L'Église à Lyon sous Irénée est intervenue dans la dispute Quartodécimane sur la Pâque (voir Lives of the Saints de Butler, pp. 196-197; et aussi les documents sur la Pâque). Il a répandu le premier Christianisme à travers une grande partie de la Gaule et il a donné un coup de grâce aux formes de Gnosticisme qui étaient enracinées là. Lyon, au temps de Pothinus et d'Irénée, était le centre de l'Église en Gaule et le centre de la conversion.

 

Le compte rendu de la persécution à Lyon et à Vienne a été donné aux frères à Smyrne dans une lettre qui est préservée par Eusebius (Hist. Eccl., V, i-iv). Vienne était dépendante de Lyon et a peut-être été administrée par un diacre (C. E., art. Gaul, Christian, Vol. VI, p. 395).

 

Les Églises en Gaule semblent avoir été facilitées par la grande concentration de Juifs autour de Marseille et Gênes, pendant la période 100-300 (voir Atlas of Jewish History, de Gilbert, Dorset Press, 1984, la carte 17). Ces communautés étaient évidemment en contact avec les grandes concentrations de Juifs à Éphèse et à Smyrne. La remontée du Rhône de Marseille à Lyon, la Métropole et le centre de communication pour le pays entier, est sans doute le résultat de la participation juive dans le commerce. Les demandes de la communauté sont probablement ce qui a incité l'expédition de Pothinus et Irénée à Lyon, par Polycarpe à Smyrne. Il y avait donc une Église qui observait le Sabbat établie à Lyon avant la persécution de Marcus Aurelius en 177. Lyon était le centre des Églises en Gaule quand Irénée était évêque. Les Églises de Gaule ont écrit à Rome au sujet de la controverse Quartodécimane (voir Eusebius Hist. Eccl., V, xxiii) pour appuyer les évêques asiatiques concernant l'introduction de Easter/Pâques.

 

Grégoire de Tours (Historia Francorum, I, xxviii) allègue qu'en l'an 250, Rome a envoyé sept évêques pour établir des Églises en Gaule. Gatianus aurait fondé l'église de Tours ; Trophimus, celle d'Arles ; Paul, celle de Narbonne ; Saturninus, celle de Toulouse ; Denis, celle de Paris ; Stremonius (Austremonius), celle d'Auvergne (Clermont) ; et Martialis, celle de Limoges (voir Lejay C. E., art. Gaul ibid.). Comme le dit Lejay, cette hypothèse est remise en question par des historiens sérieux. Il s'agit plus vraisemblablement d'une intervention romaine dans les affaires de la nation. Indépendamment du motif et des faits, Cyprian fait mention qu'au milieu du troisième siècle, il y avait un certain nombre d'Églises organisées en Gaule. Elles ont peu souffert de la grande persécution. Il semble que Constantius Chlorus, le père de Constantin, n'était pas hostile au Christianisme. C'est probablement à cause de son exposition aux Subordinationistes à Lyon, que Constantin a refusé de devenir un Athanasien (un quasi-Trinitaire, appelé plus tard Catholique) et a, en fait, été baptisé unitarien Subordinationiste (ou soi-disant Eusébien ou Arien) avant sa mort (voir C.E., ibid. et aussi les articles variés sur Constantin). Le Concile d'Arles note qu'il y avait un certain nombre de diocèses établis à ce moment-là (c. 314) coïncidant avec l’Édit de Tolérance (de Milan). Les signataires des évêques, qui sont toujours existants, prouvent les évêchés suivants : Vienne, Marseille, Arles, Orange, Vaison, Apt, Nice, Lyon, Autun, Cologne, Trier, Reims, Rouen, Bordeaux, Gabali et Eauze. Les évêchés de Toulouse, Narbonne, Clermont, Bourges et Paris doivent aussi être admis (voir C. E., ibid., p. 396).

 

Le Monachisme n'est pas entré dans les Églises Gauloises avant son introduction par Martin (mort vers 397), qui a fondé Marmoutier près de Tours, et Cassien (mort vers 435), qui a fondé deux églises à Marseille (c. 415). En grande partie, le Christianisme a été limité aux villes, parmi les plus instruits et peut-être les groupes influencés par les juifs. Les gens ruraux étaient des païens, à cause des infusions des superstitions Gallo-Celtes et romaines. La conversion des Goths, des Vandales, des Suèves, des Alains etc. à l'Unitarisme (appelé incorrectement l'Arianisme) à partir du début du quatrième siècle, a mis un terme, pour quelques temps, aux ambitions Trinitaires Romaines et à l'observance du dimanche. Les évêchés épiscopaux de Gaule sont devenus l'objet de l'avidité aristocratique sous l'influence romaine. Honoratus a fondé un monastère sur l'île de Lérins (Lerinum). De là, les épiscopats ont été repris en charge et les prétendus diplômés orthodoxes de Lérins ont été placés dans plusieurs diocèses. Honoratus, Hilary et Cæsarius ont été placés à Arles; Eucherius à Lyon et ses fils Salonius et Veranius à Genève et à Venise respectivement; Lupus à Troyes ; Maximus et Faustus à Riez.

Lérins est aussi devenu une école de mysticisme et de théologie et a propagé ses idées religieuses par des ouvrages utiles sur le dogme, la polémique et l'hagiographie (C.E., op. cit.).

 

Les écoles monastiques ont donc introduit le mysticisme dans la religion simple de la première église en Gaule. Il y a eu une résistance importante au mysticisme monastique et plusieurs prêtres se sont mariés. C’est la dynastie Mérovingienne qui a finalement introduit le système romain à la pointe de l'épée.

 

Jusqu'en 417, quand le Pape Zosimus a nommé Patrocles, évêque d'Arles, son vicaire ou délégué en Gaule, toutes les disputes avaient été référées à Milan où le Concile de Milan a tranché la question (voir C.E., p. 397). Il est ainsi facile de voir la relation de Milan au secteur élargi des Sabbatati ou Vallenses. Les Églises en Gaule étaient en désaccord quant à la nature de Dieu sur une base étendue. Les Églises étaient continuellement Subordinationistes.

L'Église de Gaule a traversé trois crises dogmatiques. Ses évêques ont semblé avoir été énormément préoccupés par l'Arianisme; en règle générale, ils se sont accrochés à l'enseignement de Nicée, malgré quelques défections provisoires ou partielles.

 

C'est peut-être un euphémisme. Les Sabbatati étaient des Unitariens Subordinationistes, dès la fondation par Pothinus et Irénée, plus d'un siècle avant l'apparition d'Arius. L'observance du Sabbat s'était répandue en Europe. Héfèle dit du Concile de Liftinæ en Belgique en 745 que :

La troisième allocution de ce concile met en garde contre l'observance du Sabbat en faisant référence au décret de Laodicée (Conciliengeshicte, 3, 512, section, 362).

 

L'observance du Sabbat existait à Rome sous Grégoire I (590-604). Grégoire a écrit contre la pratique (Ep. 1, Nicene and Post-Nicene Fathers (NPNF), Deuxième Série, Vol. XIII, p. 13).

Grégoire, évêque par la grâce de Dieu à ses fils bien-aimés, les citoyens romains : Il est venu à mon attention que certains hommes à l'esprit pervers ont répandu parmi vous des choses dépravées et opposées à la foi Sainte, de sorte qu'ils interdisent de faire quoi que ce soit le jour du Sabbat. Comment devrais-je les appeler sinon des prédicateurs de l'Antéchrist (Epistles, b. 13:1).

 

Grégoire s'est prononcé contre une section de la ville de Rome, parce qu'elle observait le Sabbat. Il soutenait que, quand l'Antéchrist viendrait, il observerait le samedi comme le Sabbat (ibid.).

 

L'Église du Sabbat en Asie

L'Église située en Asie Mineure était nommée Pauliciens. Les Pauliciens s'étaient développés là pendant quelques centaines d'années. C. A. Scott devait dire des Pauliciens qu'ils étaient :

… une secte anticatholique qui a débuté au 7ème siècle (possiblement avant), qui a connu beaucoup d'alternances de faveurs impériales et une persécution impitoyable, est restée influente jusqu'au 12ème siècle et n'est pas sans descendance aujourd'hui en Europe de l'Est. Faisant d'abord son apparition sur les frontières orientales de l'empire et ayant son foyer naturel en Arménie, en Mésopotamie et en Syrie du Nord, elle s'est répandue, en partie par la propagande et en partie par la transplantation de ses fervents, vers l'Ouest à travers l'Asie Mineure, puis en Europe de l'Est pour établir de nouveaux centres dans la péninsule balkanique. Les opinions spécifiques qui leur ont été attribuées incluent une conception dualiste du gouvernement et même de l'origine du monde, une doctrine Adoptianiste de la Personne de Christ, un rejet véhément et têtu de la Mariolâtrie et de l'adoration des saints et des images, un rejet similaire du symbolisme sacramentel et une emphase spéciale sur le baptême adulte comme la seule forme valable. Le fondement de ces opinions se trouve dans la concentration sur l'Écriture comme l'autorité unique et suffisante jusqu'à l'exclusion de la tradition et de 'l'enseignement de l'Église' (ERE, art. Paulicians Vol. 9, p. 695).

 

Les Pauliciens ont augmenté énormément en nombres sous Sergius Tychicus et on les retrouvait principalement parmi les montagnards robustes de Taurus. Scott dit que :

… aussi bien en tant que défenseurs de l'empire qu’en tant qu’objets de la persécution impériale, ils ont fait preuve de la plus grande obstination et du plus grand courage (ibid., p. 697).

 

Ils ont été protégés par Constantin Copronymous (741-775) et invités à s'établir en Thrace. Nicephorus (802-811) les a employés pour la protection de l'empire sur sa frontière orientale. Michel et Léon V les ont impitoyablement persécutés.

Mais les Pauliciens étaient trop nombreux, trop guerriers et trop bien organisés pour être contraints à l'orthodoxie. Ils ont résisté, se sont révoltés et même exercé des représailles en faisant des raids sur l'Asie Mineure depuis leur repaire dans les montagnes. Après vingt ans d'une relative tranquillité, ils ont été exposés à une autre violente persécution sous Théodora (842-857), qui, sous Basil, est devenue une guerre d'extermination (voir Krumbacher, p. 1075). Les Pauliciens ont été forcés dans les bras des Sarrasins et, avec leur aide, sous le leadership de Chrysocheir, un dirigeant compétent, ils ont non seulement résisté avec succès aux forces impériales, mais les ont refoulés et ils ont pillé l'Asie Mineure jusqu'à ses rivages occidentaux (Scott, ibid.).

 

Cela démontre deux aspects des Pauliciens. Premièrement, ils maniaient les armes et, deuxièmement, les Musulmans les considéraient comme un groupe distinct des Chrétiens Trinitaires et leur ont rendu assistance et donné la protection. Cette protection n'a pas été limitée à l'Asie Mineure mais elle s'est étendue aussi jusqu'en Espagne. La distinction entre les groupes était connue et elle a été préservée dans le Coran.

 

Le commentaire de Christ contre l'Église de Pergame, qui pourrait être identifiée avec cette secte, devient ainsi plus intelligible quand il dit dans Apocalypse 2:16, qu'il combattra [ceux qui sont attachés à de fausses doctrines parmi eux] avec l'épée de sa bouche.

 

Scott a noté qu'une deuxième déportation des Pauliciens de l'Arménie vers la Thrace a été effectuée, à grande échelle, par John Tzimiskes (970) (ibib). Les croisés latins ont retrouvé la secte en Syrie au onzième siècle et Lady Mary Montagu les a retrouvés dans le voisinage de Philippopolis, au dix-huitième siècle (Scott, op. Cit.).

En Europe, ils sont devenus ou se sont amalgamés avec les Bogomiles (q.v), et leurs opinions et influences ont été propagées pendant le Moyen Âge par diverses sectes anticatholiques - par exemple, les Cathares et les Albigeois - dont l'affiliation avec les Pauliciens est probable, quoique difficile à retracer. Leur nom, comme 'Manichéen', est devenu à son tour une description générique de n'importe lequel de ces mouvements qui se sont opposés au développement de la hiérarchie et de la doctrine catholique (Scott, ibid.).

 

Scott dit qu'il est impossible à dire si le Pape-licani, les Piphles de la Flandre ou les Publicani, qui ont été condamnés et catalogués à Oxford en 1160, descendaient directement des Pauliciens ou s'ils ont porté leur nom comme un terme de reproche. Scott dit que les Pauliciens sont mieux compris comme une section, dans ce flot continu de pensée et de vie anticatholique et antihiérarchique, qui court en parallèle avec le flot de la doctrine et de l'organisation 'orthodoxe', pratiquement tout au long de l'histoire de l'Église (cf. Krumbacher, p. 970, The Paulicians' setzten einer verweltlichen Reichsorthodoxie ein echt apostolisches Biblechristentum entgegen).

 

F. C. Conybeare (The Key of Truth, Oxford, 1898) maintient qu'ils étaient Adoptianistes dans leur Christologie, qu'ils avaient trois sacrements : le repentir, le baptême et le Corps et le Sang de Christ (voir aussi p. 124), qu'ils déclaraient invalide le baptême des enfants, qu’ils niaient la virginité perpétuelle de Marie et rejetaient les doctrines du purgatoire et de l'intercession des saints et l'utilisation des images, des croix et de l'encens.

 

Le mouvement de l'Église de l'Asie Mineure jusqu'en Europe s'est ainsi fait sur plusieurs siècles et, comme nous pouvons le voir ci-dessus, il a été effectué de bouche à oreille et par le déplacement des peuples. Le dénigrement des doctrines des groupes est entrepris par les orthodoxes qui, en général, ont écrit les histoires en question.

 

L’observance du Sabbat en Europe de l'Est

Il est évident que les œuvres principales de l'Église observant le Sabbat n'ont pas eu lieu en Europe avant que les œuvres des églises amorcées à Smyrne (appelée l'ère de Smyrne) et celles amorcées par les Pauliciens en Asie Mineure (appelée l'ère de Pergame) n’aient été menées à bien. En effet, il est évident que l'œuvre en Gaule a commencé à partir de l'Église de Smyrne et est restée en contact avec elle jusqu'après la mort d'Irénée. L'œuvre était disjointe et non-coordonnée, jusqu'à ce que les Pauliciens s'installent en Europe.

 

Il a été noté (ci-dessous) que la foi Chrétienne concernant l'observance du Sabbat s'est répandue de Thrace jusqu’en Albanie et en Bulgarie avec les Pauliciens. Au neuvième siècle, cette dispute avait éclaté en Bulgarie. Il est noté que :

On avait enseigné en Bulgarie, dans la première saison de son évangélisation, qu'aucun travail devait être fait le jour du sabbat (Responsa Nicolai Papæ I and Con-Consulta Bulgarorum, Responsum 10, found in Mansi, Sacrorum Concilorum Nova et Amplissima Collectio, Vol. 15; p. 406; aussi Héfèle, Conciliengeshicte, Vol. 4, section 478).

 

Bogaris, le prince dirigeant de la Bulgarie, a écrit au Pape Nicolas 1er et lui a posé un certain nombre de questions concernant cette affaire. En réponse aux Questions 6 et 10 concernant la baignade et le travail, le jour du Sabbat, il a répondu :

Question 6 - La baignade est permise le dimanche. Question 10 - On doit cesser le travail le dimanche mais pas aussi le jour du Sabbat (Héfèle, 4 346-352, section 478).

 

Nicolas a été déclaré excommunié par un contre-synode à Constantinople. Photius, le Patriarche de Constantinople, a accusé la Papauté

Contre les canons, ils ont incité les Bulgares à jeûner le jour du Sabbat (Photius, von Kard, Hergenrother, 1, 643).

 

La question du Sabbat est devenue une discussion amère entre les Grecs et les Latins. Neale a fait des remarques à ce sujet concernant la scission en 1064 (A History of the Holy Eastern Church, Vol 1, p. 731).

 

D'après le Cardinal Hergenrother, les Athingiens (ou Athingani) du neuvième siècle ont joui d'une relation intime avec l'Empereur Michel II (821-829) et il déclare qu'ils ont observé le Sabbat (Kirchengeschicte, 1, 527). Les Athingani étaient une secte en Phrygie et ils ont été appelés Melchizédékites par Timotheus de Constantinople dans sa Réception des Hérétiques (voir ERE, art. Sects, Vol. XI, p. 319b). Whitley dit ici qu'ils :

… observaient le Sabbat; comme ils ne touchaient à personne, ils ont été populairement appelés Athingani. Cela semble indiquer qu'ils ont observé les règles juives de la propreté mais les informations sont trop rares pour retracer leur origine et leurs principes (ibid.).

 

Après la défaite de Chrysocheir, le chef des Pauliciens, au neuvième siècle et la destruction de Tephrike, leur forteresse, ils ont été décimés et dispersés. Ils ont existé en communautés dispersées en Arménie, en Asie Mineure et, particulièrement, dans la Péninsule balkanique. Au milieu du neuvième siècle, ils ont connu un renouveau en Arménie sous Smbat qui, selon Conybeare, peut avoir été l'auteur de Key of Truth (La Clef de la Vérité) (voir ERE, art. Paulicians, Vol. IX, p. 697). Basés à la ville de Thondrak, ils ont reçu le nom de Thondrakiens.

Une autre branche de la même racine se trouve probablement dans la secte connue sous le nom de 'Athingani', mentionnée par Theophanes (Chronographia, 413) et encore une autre dans les 'Selikians'. Le biographe du patriarche Methodius revendique pour lui le crédit d'avoir converti à l'orthodoxie un Selix et ses disciples, qui avaient des opinions 'Manichéennes' - opinions qui correspondent en détails avec celles dont les Pauliciens étaient accusés dans Cod. Scor. (Ibid.).

 

La deuxième déportation, sous John Tzimiskes (970), a alors eu lieu.

 

On voit donc que ces sectes sont toutes en corrélation et qu’elles sont attaquées par les Trinitaires pour avoir des doctrines hérétiques, qu’elles sont divisées en sectes sous des noms différents et qu’elles sont persécutées dans la mesure du possible. Les Pauliciens étaient aussi des iconoclastes et cela semble être compatible avec ce que nous connaissons des Sabbatati et des Cathares en Europe.

Les Pauliciens s’objectaient toujours à l'adoration de la Croix par leurs rivaux (Arménien, Chazus); par conséquent, le terme Chazitzarii, Chazinzariens (Staurolatræ) ne semble pas dénoter une petite secte, mais l'Église Établie d'Arménie telle que vue par les Pauliciens (Whitley ERE, art. Sects, p. 319).

 

Dans son article sur l'Église Orthodoxe grecque (ERE, Vol. VI, p. 427), Troitsky note que les Athingani étaient liés au Judaïsme. Ils sont regroupés avec les Pauliciens, mais ne sont pas spécifiquement identifiés comme tels. Troitsky semble regrouper les Pauliciens comme ayant une croyance d'un caractère mystique, ce que nous savons être incorrect, d'après les travaux existants. Il ne fait guère de doute que les Pauliciens et les Athingani ou les sectes en Asie Mineure ont observé les Sabbats et les lois de l'alimentation et qu’ils ont apporté ces pratiques en Europe.

 

Les Bogomiles

Un des premiers groupes à émaner directement des Pauliciens en Europe semble avoir été les Bogomiles (voir ci-dessus), qui se retrouvaient parmi les Slaves et, particulièrement, les Bulgares (Powicke ERE, Vol 1, p. 784).

 

Le terme Bogomile est peut-être dérivé de Bog Milui qui signifie Dieu aie pitié ou, peut-être, de Bogumil ou le bien-aimé de Dieu. Deux premiers MSS bulgares, qui se confirment l'un l'autre, déclarent que le 'pope' Bogomile a été le premier à présenter 'l'hérésie' sous le Tsar bulgare Pierre (927-968). Par conséquent, le nom peut être dérivé d'un représentant important de la secte au dixième siècle.

 

Les Bogomiles sont décrits comme une secte néo-Manichéenne par N. A. Weber (C. E., art. Bogomils, Vol. II, p. 612). La secte est notée comme étant présente à la fin du Moyen âge à Constantinople et dans les états balkaniques. Les Bogomiles maintenaient que Satan et Christ avaient tous les deux le pouvoir de création, conformément à la volonté de Dieu. Les Bogomiles maintenaient que Dieu le Père avait une apparence humaine mais qu'Il était incorporel. Les Fils de Dieu incluaient Satanel (ou Azazel), qui était assis à la droite de Dieu et Jésus ou Michel. Satan était doté du pouvoir créateur, mais il s'est rebellé. Il a été expulsé du ciel avec les anges qui l'ont suivi. Il était maintenu que Satan avait créé un deuxième ciel et une deuxième terre et qu'il a formé l'homme de la terre et de l'eau. Satan ne pouvait pas donner un esprit vivant à l'homme. Par conséquent, le Père a accordé la vie à l'homme à sa demande. À partir de la séduction d'Ève, Satan a perdu son pouvoir créateur mais il a conservé le gouvernement de la planète. Dieu a envoyé un autre Fils, Jésus, pour qu'il prenne une forme corporelle, par l'intermédiaire de Marie. Les actions de Christ ont ainsi jugé Satan. Satanel a perdu le nom divin ou le rang de El et il est ainsi devenu connu simplement sous le nom de Satan.

 

Maintenant, cette histoire est écrite par "les ennemis" orthodoxes et elle est donc quelque peu déformée par rapport à la structure biblique qu'elle prétend expliquer. Néanmoins, un étudiant de la Bible verra la structure des textes qui sont expliqués. Les concepts sont, en réalité, davantage en accord avec ce que nous connaissons maintenant de la cosmologie du premier siècle mais déformés, si les notes de Powicke (ci-dessous) sont correctes.

 

Le concept est qu'à la fin, le seul survivant au ciel est Dieu le Père, Christ et Satan étant tous les deux absorbés. C'est le concept de Dieu devenant tout en tous. Le concept est peut-être expliqué en termes simplistes par les orthodoxes, parce qu'il n'est pas conforme avec la doctrine de l'âme.

 

La revendication, par Weber, que les Bogomiles rejetaient l'Ancien Testament, sauf les Psaumes et les livres Prophétiques, semble être basée sur Euthymius (PG, Vol. cxxx) (voir aussi Powicke, op. cit.) où il y a 52 croyances principales dont les plus importantes ont été énumérées par Powicke et récapitulées comme suit :

1.     Le rejet des livres de Moïse.

2.     L'histoire de Christ était symbolique d'une connaissance plus élevée.

3.     Ils enseignaient un concept Sabellien de la Divinité selon lequel les trois noms du Père, du Fils et de l'Esprit Saint s'appliquent au Père. À la fin, les trois esprits, ayant accompli leur travail, retourneront au Père. (Le concept de tous retournant au Père n'est pas juste limité à une Trinité comme Euthymius l'affirmerait à partir du concept de l'union de l'Armée).

4.     La création Satanique a été étendue à la loi qui a engendré le péché. Dieu est intervenu dans le monde et Il a envoyé l'Archange Michel en tant que logos qui est devenu Jésus Christ.

5.     L’Esprit Saint était considéré être seulement dans les élus (qu'ils assimilaient avec les Bogomiles).

6.     Les élus ne peuvent pas mourir.

7.     Les temples de l'Église étaient les temples des démons mais ils permettaient d’adorer dans ceux-ci par opportunisme.

8.     Ils auraient soutenu que Jean Baptiste était un serviteur du Dieu juif Satanel.

 

La revendication selon laquelle la secte a rejeté le baptême d'eau pour avoir seulement le baptême spirituel (par l'imposition des mains) provient peut-être de l'intrusion de la secte dans les ordres monastiques. La secte a nié la doctrine de la transsubstantiation. Weber a maintenu que la secte condamnait le mariage et interdisait de manger de la viande. Les Bogomiles ont existé plusieurs siècles en tant qu’ordre monastique. Comme leurs écrits ont été brûlés, ce qu'on connaît d'eux semble provenir d'Euthymius Zigabenus (mort après 1118) au Chapitre xxvii de Panoplia Dogmatike dans lequel il a réfuté environ vingt-quatre de leurs présumées hérésies (sous 52 rubriques cf. Powicke).

 

Weber pense que les Bogomiles se seraient développés à partir des Euchites (probablement en raison de la nature dualiste de leur doctrine). Ils ont aussi été appelés Messaliens, d'où ils ont tiré leur ascétisme. Cette aberration de date inconnue semble les mettre à part des autres groupes. Ils ont été en proéminence au douzième siècle. Ils ont été mentionnés par leur nom pour la première fois à Philippopolis (la Turquie européenne) en 1115 (notez l'occupation continue par les Pauliciens ici, comme ci-dessus). Leur chef Basil, moine et médecin, qui avait nommé douze apôtres, a été saisi et emprisonné (1111) (après avoir été dupé) par Alexis 1er, Comnenus (1081-1118) qui a exigé la rétraction des erreurs. Certains se sont rétractés, certains sont morts en prison (Weber ibid.). Basil a été condamné à mort (1118) et brûlé (1119 Powicke). Un synode de Constantinople en 1140 a ordonné la destruction de ses écrits et, en 1143, deux évêques de Cappadoce ont été déposés pour avoir embrassé ses doctrines. Les synodes de Constantinople en 1316 et 1325 ont, de nouveau, condamné la secte. Les Bogomiles ont persisté jusqu'à la conquête des Balkans par les Turcs au quatorzième et quinzième siècle (Weber ibid.). Powicke dit (op. cit., p. 785) que leur influence peut être retracée dans les sociétés plus petites dans lesquelles ils se sont séparés, beaucoup plus tard. Ce qui semble être le cas, c'est que les doctrines Pauliciennes ont non seulement existé dans les sociétés où ils ont été transportés et dans les communautés Slaves qui les entouraient, mais qu’elles ont aussi été adoptées par les ordres monastiques où elles ont été déformées par les moines, qui n'en étaient pas moins anticatholiques. Les doctrines des Bogomiles, telles que présentées, représentent une divergence par rapport aux autres sectes dérivées des Pauliciens et, en effet, des doctrines des Pauliciens eux-mêmes.

 

Il est donc incorrect d'affirmer que la secte, trouvée parmi les ordres monastiques comme les Bogomiles, était, en fait, le groupe général de ce nom qui s'est répandu parmi les Slaves et à travers l'Europe. La comparaison entre les Pauliciens et les sectes européennes qui ont été influencées par eux permet de mieux cerner la vision moyenne des doctrines.

 

Les sectes Subordinationistes ou antitrinitaires devaient se répandre à travers l'Europe. Les sectes ont été connues sous des noms variés.

 

Les Vaudois ou Valdésiens

Lentolo est l'auteur de l’histoire la plus ancienne des Vaudois et l'autorité principale pour ce qui est de la persécution qui a eu lieu à son époque. Cette histoire était pratiquement inconnue jusqu'en 1897 quand Comba a attiré l'attention sur une copie de celle-ci dans la Bibliothèque de Berne (W. F. Adeney, art. Waldenses, ERE, Vol 12, p. 669).

 

Ainsi, l'histoire par Muston (L'Israël des Alpes, Paris, 1851 ou la réimpression Israël of the Alps NY 1978) doit être considérée à l'encontre de celle-ci. Les Catholiques Romains affirment que les Vaudois sont simplement les disciples de Pierre Valdo de Lyon. On donne le nom en français comme Valdès, en latin comme Valdesius, Valdenius, Gualdensis et en italien comme Waldo. Il a été prétendument converti en 1173. Les Vaudois eux-mêmes nient cette affirmation, qui essaye en fait de les étiqueter comme Protestants, et font remonter leur ascendance au début du Christianisme.

 

La première mention de cette revendication est faite par un moine dominicain à Passau en 1316 (Contra Valdense in Maxima Bibliotheca veterum Patrum, Lyon, 1677-1707, xxv, 262 ff.), qui a noté qu'ils revendiquent d'avoir existé à l'époque des pères (duravit un tempore patrum). La fois suivante où cela est mentionné, c’est dans une lettre de Barbe Morel à Oecolampadius en 1530 (A. Scultetus Annalium Evangeli ... decades duo, Genève, 1618, pp. 295,306). Le texte a été adopté par Robert Olivetan et publié dans la préface de sa traduction de la Bible en 1535. Les Protestants en sont donc venus à honorer les Vaudois, comme l’unique Église qui avait préservé la foi du Nouveau Testament. La secte a nommé son clergé Barbe ou Oncle, à cause de l'injonction biblique interdisant d'appeler quelqu'un père, maître ou chef (Matt. 23:9-10). Le titre de Père était un rang du système Mithras et il est interdit aux Chrétiens (voir par exemple C. K. Barrett The New Testament Background: Selected Documents, rev. ed., SPCK, London, 1987, p. 133). Il n'y a aucune preuve que la secte ait existé, inchangée, dans les vallées des Alpes. Ce fait étant accepté, une deuxième théorie a été élaborée pour expliquer la secte. Cette théorie avance qu'elle a vu le jour à Rome, pendant l'épiscopat de Sylvester. Après avoir baptisé Constantin (ce qui, nous le savons, est inexact puisque Constantin a été baptisé Unitarien (incorrectement appelé Eusébien ou Arien) par Eusebius de Nicomedia), Sylvester a, prétendument, placé l'Église sous le pouvoir de l'empereur. Un évêque se serait dissocié et serait allé à la Vallée Vaudoise, fondant, de là, les Vaudois. Il existe, cependant, la possibilité que les Ariens Goths, qui avaient une Bible en Gothique depuis environ 351, aient influencé le secteur. L'origine de l'Église, en fait, provient de l'Église à Lyon, sous Irénée et ses successeurs (voir ci-dessus). Les débuts de l'influence se trouvent encore au temps de Claude, évêque de Turin, au huitième siècle, sous Charlemagne et Louis le Pieux. Claude a ranimé la doctrine Augustinienne de la prédestination, mais il a ignoré l'aspect de l’Église Suprême de l'enseignement d'Augustin,

… selon lequel, l'Église était le moyen de communication désigné entre Dieu et l'homme, résistant aux revendications papales et niant que saint Pierre ait reçu le pouvoir de lier et de délier. Il a fait enlever les croix aussi bien que les images de ses églises, anticipant en cela la Réforme (Adeney, ibid.).

 

Les Églises des Vaudois auraient été incluses dans le diocèse de Claude. En conséquence, Léger, Muston et d'autres Vaudois maintenaient que, si leur dérivation ne pouvait pas être retracée jusqu'aux temps apostoliques, elle devrait alors lui être attribuée. Cependant, il n'y a aucune évidence de leur existence, comme Église significative, pendant des siècles après Claude. La déclaration par Muston (ibid., Paris, p. xxxii, n. 2) qu'en l'année 1096, Urban II a décrit les Vaudois comme infectés par l'hérésie, dit Adeney (p. 665), est fondée sur une erreur, car on ne retrouve aucune référence de ce genre à ces gens parmi ses Bulles (cf. Comba, p. 154). La diffusion des doctrines, cependant, est minimisée par les Athanasiens, comme l'indiquent les faits. Le fait est qu'une Église Unitarienne a existé là pendant des siècles.

 

Adeney maintient que les Vaudois désavouaient les indulgences, le purgatoire et les messes pour les morts et niaient l'efficacité des sacrements administrés par des prêtres indignes (p. 666). Mais il pense que les doctrines complètes sont toujours obscures. L'application littérale des enseignements de Christ, contenus dans les évangiles, était son thème principal, comme elle l'était pour Pierre Valdès, la personne dont il allègue que leur nom provient. Valdès est mort en Bohême en 1217. Adeney dit que l'Église Vaudoise est née d'une fusion du travail de Valdès et des Pauvres de Lyon, avec les mouvements d'Arnold de Brescia, Pierre de Bruys et ' Henry de Cluny ' (ibid.). Par conséquent, Valdès a superposé son système aux groupes préexistants déjà dans le Vaudois et ailleurs et leur a donné un nouveau dynamisme. Le mouvement de Pierre de Bruys, nommé les Pétrobrusiens, est seulement décrit dans un traité contre lui par Pierre le Vénérable et dans un passage d’Abélard. Par conséquent, l'information est suspecte. Pierre a commencé à enseigner dans les diocèses d'Embrun, Die et Gap entre 1117-1120. Il était un iconoclaste qui brûlait les croix. Il a été brûlé comme hérétique environ vingt ans plus tard, à Saint-Gilles près de Nîmes. Il a gagné des adhérents à Narbonne, à Toulouse et dans la Gascogne. Le moine clunisien Henry de Lausanne a soi-disant adopté l'enseignement Pétrobrusien aux environs de 1135 et l'a modifié après que Pierre de Bruys a été martyrisé. Les doctrines incluaient le baptême adulte et il est allégué que la secte a enseigné une importance relative des textes bibliques dans le NT, c'est-à-dire, la subordination des épîtres aux évangiles et le rejet de l'Ancien Testament. Il est difficile d'être un iconoclaste absolu et de rejeter l'Ancien Testament. Les deux Testaments sont interconnectés à l'iconoclasme.

 

Ils ont soi-disant rejeté la Messe et l'Eucharistie, parce que la répétition du sacrifice n'était pas possible. Ils ont maintenu que l'Église était la communauté, pas les bâtiments, et ils pensaient que les bâtiments de l'Église devaient être détruits. Les affirmations en rapport avec ces gens proviennent de leurs ennemis. L’article dans l'Encyclopédie Catholique est par N. A. Weber (art. Petrobrusians, Vol. 11, p. 781) le même auteur de l'article Waldensians. On allègue que les idées retrouvées dans ces régions sont sans fondement. Cependant, l’ERE (les articles Paulicians et Waldenses) note qu'il y avait une progression générale d'idées à travers l'Europe provenant de l'Est. Nous avons vu que cette source était les Pauliciens qui avaient été relocalisés en Thrace. Ces Églises se sont sans doute ralliées avec des sympathisants à l'Ouest.

 

Les Vaudois Sabbatati

Il est allégué que les Vaudois ou Vallenses ont obtenu le nom Insabathas ou Insabbatati, parce qu'ils n'observaient aucun jour de repos, sauf le Sabbat. Ils ont été nommés Insabathas, comme s'ils n'observaient aucun Sabbat (parce qu'ils n'observaient pas le dimanche) (Fore-Runners de Luther, pp. 7-8 (inexactement cité; voir aussi Guy, Manuel d'Inquisiteur)). Les Vaudois n'ont pas obtenu leur nom de Pierre Valdès, c'est plutôt le contraire. Les historiens catholiques écrivent de manière à donner l'impression que les Vaudois étaient une innovation tardive et essayent de créer l'impression qu'ils, les Catholiques, ont l'autorité apostolique et que toutes les autres Églises sont des ramifications ultérieures.

 

Certains Protestants ont avalé cette propagande à cause de la nature de la première histoire des Vallenses, qui était Subordinationiste, observant le Sabbat. Peter Allix en dit :

Il n'est pas vrai que Valdès a donné ce nom aux habitants des vallées : ils ont été appelés Vaudois, ou Vaudes, avant son temps, en raison des vallées dans lesquelles ils demeuraient (Ancient Church of Piedmont, Oxford, 1821, p. 182).

 

Allix continue en disant que :

Certains Protestants, à cette occasion, sont tombés dans le piège qui leur était tendu.... Il est absolument faux que ces églises ont été fondées par Pierre Valdès.... C'est une contrefaçon pure (ibid., p. 192).

 

William Jones (History of the Christian Church, Vol. 2, p. 2) déclare qu'il :

a été appelé Valdus, ou Valdès, parce qu'il a reçu ses notions religieuses des habitants des vallées.

 

Quand on examine l'évidence des textes et les écrits des apologistes catholiques comme N. A. Weber, il n'y a aucune preuve présentée à part le fait que les deux Barbes (signifiant Oncles ou Aînés) des Vaudois ont été appelés Vallenses pour la première fois par Raymond de Daventry dans sa condamnation de 1179 et Bernard de Fontcaude a pris le titre dans sa condamnation de 1180 (Adversus Vallenses et Arianos). Adeney note cela dans son œuvre mais Weber ne le fait pas. Il est présentement allégué que le terme Vallenses a été dérivé de Valdès. Cependant, ce n'est en aucun cas certain puisque le nom lui-même se réfère aux vallées et pas à Valdès. Par conséquent, quoique l'affirmation soit faite par Weber et apparemment par Adeney, la conclusion peut être rejetée comme une supposition.

 

Il semble que la réorganisation à Milan provenait de l’arrivée des Sabbatati d'Autriche et du Nord-Est, compte tenu de ce que nous pouvons rassembler des mouvements. L'établissement du collège à Milan avec une forte base en Autriche atténue donc l'hypothèse d'un fondement par Valdès. En effet, Blair, dans son History of the Waldenses (Vol. 1, p. 220), dit que :

Parmi les documents, nous avons une explication des Dix Commandements par ces mêmes gens datée de 1120 par Boyer. L'observance du Sabbat par la cessation des travaux de la vie courante y est prescrite.

 

Donc, les Vaudois étaient des Unitariens Subordinationistes observant le Sabbat bien avant que Valdès n’entre en scène, selon Dugger et Dodd, A History of the True Religion, (3ième éd. Jérusalem, 1972, p. 224 suiv.).

Benedict, dans son histoire des Baptistes, dit des Vaudois : 'nous avons déjà observé de Claudius Seyessel, l'archevêque papiste, qu'un certain Léo a été accusé d'avoir produit l'hérésie Vaudoise dans les vallées, à l'époque de Constantin le Grand. Quand ces mesures sévères ont émané de l'Empereur Honorius contre ceux qui rebaptisaient [les Anabaptistes], ils ont quitté le siège de l'opulence et du pouvoir et ils ont cherché des retraites à la campagne et dans les vallées du Piémont (Italie) lesquelles, particulièrement, sont devenues leur retraite contre l'oppression impériale'.

Rainer Sacho, un auteur catholique, dit des Vaudois : 'il n'y a aucune secte plus dangereuse que les Léonistes, pour trois raisons : premièrement, c'est la plus ancienne; certains disent qu'elle est aussi vieille que Sylvester; d'autres, que les apôtres eux-mêmes. Deuxièmement, elle est, dans l'ensemble, très disséminée; il n'y a aucun pays où elle ne s'est pas implantée. Troisièmement, tandis que d'autres sectes sont profanes et blasphématoires, celle-là conserve l'apparence extrême de la piété; ils vivent justement devant les hommes et ils ne croient rien concernant Dieu qui n'est pas bon '.

Sacho admet qu'ils ont été florissants au moins cinq cents ans avant le temps de Pierre Valdès. Gretzer, un jésuite qui a écrit contre eux, admet aussi leur ancienneté. Crantz, dans son "History of the United Brethren", parle de cette classe de Chrétiens en ces termes :

'Ces anciens Chrétiens tire leur origine au début du quatrième siècle, quand un certain Léon, lors de la grande révolution religieuse sous Constantin le Grand, s'est opposé aux Innovations de Sylvester, évêque de Rome....

 

Selon Allix :

Les Réformateurs ont maintenu que l'Église Vaudoise a été formée vers 120 A.D., date à partir de laquelle ils ont transmis de père en fils les enseignements qu'ils ont reçus des apôtres. La Bible latine, l'Italique, a été traduite du grec pas plus tard que 157 A.D. Nous sommes redevables envers Beza, l'associé renommé de Calvin, pour la Déclaration selon laquelle l'Église Italique date de 120 A.D.. (Churches of Piedmont de Allix, 1690 éd., p. 177 et Our Authorized Bible Vindicated de Wilkinson, p. 35 et Introduction de Scrivener, Vol. II, p. 43, cf. Dugger et Dodd A History of the True Religion, pp. 224-225).

 

La formation en 120 est compatible avec l'envoi des disciples de Polycarpe depuis Smyrne (et Éphèse) puisque nous avons traité de la persécution de l'Église à Lyon, sous Marcus Aurelius en 177, où Photinus, le disciple de Polycarpe, a été martyrisé et de la transmission de l'information à Smyrne. Les Églises en Gaule ont été soumises au Concile de Milan pendant des siècles, tel qu'établi ici, jusqu'à l'interférence Papale.

 

Dugger et Dodd notent aussi (p. 226) que :

Atto, l'évêque de Vireulli, s'était plaint de tels gens quatre-vingt ans auparavant [avant 1026 A.D.] et d'autres avaient fait de même avant lui et il y a toutes les raisons de croire qu'ils ont toujours existé en Italie (cf. Church History de Jones, p. 218).

 

Ainsi, l'établissement du collège Vaudois à Milan est une extension naturelle de cette orientation. Dugger et Dodd poursuivent en citant Mosheim :

En Lombardie, qui était la résidence principale des hérétiques italiens, il est apparu là une secte singulière, connue, pour quelle raison, je ne peux pas le dire, par la dénomination Passaginiens.... Comme les autres sectes déjà mentionnées, ils avaient une aversion extrême pour la discipline et la domination de l'Église de Rome ; mais ils se distinguaient, en même temps, par deux principes religieux qui leur étaient propres.

Le premier était une notion que l'observance de la Loi de Moïse en tout point sauf en l'offrande de sacrifices était obligatoire pour les Chrétiens ; par conséquent, ils... s'abstenaient de ces viandes, dont l’usage a été interdit sous l'économie de Moïse et ils célébraient le Sabbat juif. Le deuxième principe qui a distingué cette secte a été promu en opposition à la doctrine des trois personnes dans la nature divine (Eccl. Hist., 12 Cent, Part 2, Ch. 5, Section 14, p. 127 : tel que cité par Dugger et Dodd, emphase conservée).

 

Dugger et Dodd continuent en disant :

Le fait que les Cathares aient vraiment conservé et observé l'ancien Sabbat est certifié par les adversaires papistes. Le Docteur Allix cite un auteur catholique romain du douzième siècle, concernant trois sortes d'hérétiques - les Cathares, les Passiginiens et les Arnoldistes. Allix dit de cet auteur papiste que -

' Il affirme aussi comme une de leurs opinions, ' que la loi de Moïse doit être observée selon la lettre et que l'observance du Sabbat ... et d'autres observances légales, doivent être respectées. Ils maintiennent aussi que Christ, le Fils de Dieu, n'est pas égal au Père et que le Père, le Fils et l'Esprit Saint, ces trois-là ... ne sont pas un seul Dieu et une seule substance; et, en plus de ces erreurs, ils jugent et condamnent tous les docteurs de l'Église et universellement l'Église Romaine entière... (Eccl. Hist. of the Ancient Churches of Piedmont, pp. 168-169, cf. Dugger et Dodd, pp. 227-228).

 

On peut donc voir que les Cathares, les Vaudois et les Passiginiens étaient des branches du même groupe. Ils pouvaient être différenciés, parce qu'ils n'ont jamais été une église hiérarchique. Ils ont été organisés selon les principes du Nouveau Testament et c'est l’une des raisons pour lesquelles ils n'ont jamais été complètement anéantis. Plus particulièrement, on voit qu'ils sont spécifiquement Subordinationistes et définitivement Unitariens. Donc, les Églises originales en Europe n'étaient ni Dithéistes/Binitaires ni Trinitaires mais elles étaient Unitariennes.

 

Dugger et Dodd notent aussi (pp. 228-229) qu'ils ont porté un autre nom : celui de Paterines, qui semble provenir du fait qu'à Liman où il a d'abord été utilisé, il correspondait à l'équivalent français de vulgaire ou commun et il était utilisé pour les ordres inférieurs d'hommes qui tiraient leur revenu du travail manuel. Dugger et Dodd allèguent que Gazari est une corruption de Cathares ou Puritains; cependant, il y a une autre application. Ils n'adressent pas du tout la question de l'influence des Khazari ou Khazars, tel que noté ci-dessous.

 

Il n'y a aucun doute que les Vaudois étaient une secte Subordinationiste avant et en 1179 juste avant le Concile du Latran (cela n'est même pas mentionné par Weber). Leurs deux barbes, Olivier et Sicard, se sont disputés avec l'évêque Montperoux entre 1175-76 et, deux ou trois ans plus tard, le Pape Alexandre III a envoyé le cardinal de Saint-Chrysogone, Henri de Citeaux, et Réginald, évêque de Bath, alors en chemin pour le Concile du Latran, accompagné par le moine Walter Mapes et le prêtre Raymond de Daventry à Toulouse pour enquêter sur l’affaire. Deux barbes des Vallenses, Bernard de Raymond et Raymond de Baimiac, sont venus là, sous sauf-conduit, pour être examinés par Jean de Bellesmains, évêque de Poitiers. Ils sont ensuite allés à Narbonne pour être examinés par Bernard de Fontcaude, sous la présidence du prêtre anglais Raymond de Daventry. C'est ce prêtre, Raymond de Daventry, qui utilise pour la première fois le nom de Vallenses ou Waldenses. Ils ont donc été nommés par leurs inquisiteurs du nom d'un de leurs dirigeants. Les deux barbes ont été condamnés comme hérétiques par Raymond de Daventry en 1179, qui s'est ensuite rendu au Concile du Latran. Nommer les sectes d'après le nom de leurs dirigeants principaux a été la pratique habituelle pendant des siècles et cela donne une impression fausse quant à la source de pensées et aux groupements qu’elles représentent.

 

En 1180, Bernard de Fontcaude a écrit le livre intitulé Adversus Vallenses et Arianos (voir Hist. des Vaudois de Gay, p. 16, n. 1 et aussi Adeney, ibid. p. 667). Adeney dit que :

Il semble que ces discussions sont provenues de l'union des Pétrobrusiens et des Henriciens avec les Pauvres de Lyon en Provence. Au même moment, les disciples de Valdès se sont unis avec les Arnauldistes en Lombardie. Donc, les Vaudois de France et d'Italie étaient unis et leur union a été cimentée par la persécution. Une sentence d'excommunication par le Concile de Vérone a chassé de Lyon les disciples de Valdès qui restaient et les a conduits en Provence, en Dauphiné et dans les vallées du Piémont, en Lombardie et certains même en Allemagne. Ils étaient devenus si nombreux qu'Innocent III a envoyé ses meilleurs légats pour les supprimer en 1198, 1201 et 1203.

 

Il n'y a aucun doute, cependant, que nous avons affaire à une doctrine unitarienne subordinationiste qui a été classée comme et avec l'Arianisme. Dans la suppression de 1203, les légats incluaient un évêque espagnol et Dominique (appelé saint), le fondateur des Dominicains, qui a alors participé à l'Inquisition avec les Bénédictines. Ils ont tenu une succession de discussions qui ont duré jusqu'en 1207, quand le légat Pierre de Chateauxneuf a été tué. Deux ans plus tard, le Pape a déclaré la croisade. Adeney se réfère simplement à la croisade comme une croisade mais c'était en fait la croisade Albigeoise et les Vaudois ont été le sujet de cette croisade dans le même sens. En 1210, l'empereur Otho a ordonné à l'archevêque de Turin de chasser les Vaudois de son diocèse et, en 1220, les Lois de Pignerol ont interdit aux habitants de les héberger. Certains se sont enfuis en Picardie et Philippe Augustes les a chassés en Flandres. Certains sont venus à Mayence et Bingen où 50 ont été brûlés en 1232. (Adeney, ibid.)

Ils ont été vus très tôt en Espagne, condamnés par des Conciles d'Église et tourmentés par trois des Rois (ibid.).

 

Cette période correspond à l'Inquisition et à la croisade Albigeoise qui s'est étendue en Espagne à partir de la France (voir ci-dessous). Ces gens étaient des agrégations de divers groupes de Chrétiens. Certains de ces groupes ont non seulement semblé observer le Sabbat à ce moment-là mais ils ont été persécutés pour observer les Jours Saints bibliques. Cela doit être déduit des décrets les concernant, puisque seulement les confessions obtenues sous la torture ont survécu. Par conséquent, les comptes rendus sont suspects. La preuve catégorique existe cependant dans certaines Églises (par exemple, de Hongrie). Il est important de noter que la croisade dont il est question plus haut comme ayant commencé en 1209, était, en fait, la croisade Albigeoise, qui a duré jusqu'en 1244 et qui a été le sujet de la répression la plus impitoyable. Les autorités ont attisé la haine la plus extrême contre les soi-disant hérétiques et les ont ensuite soumis à l'Inquisition (voir C. Roth Spanish Inquisition, pp. 35-36 pour les commentaires). Le grand nombre des Vaudois, au cours de la même période, montre que nous avions affaire avec tous ces groupes de gens ayant la même répartition que les Albigeois. Les Vaudois étaient des littéralistes bibliques qui étaient Subordinationistes, appelés (incorrectement) Ariens.

 

Les non-Trinitaires en Espagne étaient identifiés avec les Juifs par leurs habitudes et leur non-Trinitarisme, bien que, par le décret inquisitorial postérieur de 1519 par Andres de Palacio, les sectes Chrétiennes aient été en grande partie dispersées ou complètement clandestines (voir Roth p. 77 pour le décret). Les Vaudois, ailleurs en Italie, semblent être devenus Trinitaires après la réforme et l'histoire postérieure, écrite par des Protestants et quelque peu auto-justificatrice, semble nier l'histoire précédente du littéralisme biblique.

 

En 1237, le Pape Grégoire IX

… a envoyé une bulle à l'archevêque de Tarragona et le résultat fut que quinze des hérétiques ont été brûlés, le Roi Ferdinand lui-même mettant du bois sur le feu. Avec le temps, ces Vaudois espagnols ont été exterminés (Adeney, ibid.).

 

Les Vaudois étaient aussi répandus en Allemagne où leurs Églises ont envoyé des candidats pour le ministère à un collège Vaudois à Milan. Le recteur du collège était John de Ronco qui a été nommé recteur à vie, malgré la désapprobation de Valdès.

 

C'était ce fait qui a abouti à la division entre le groupe français et le groupe italien et allemand. Les Lombards ont nommé leur propre pasteur en chef (proepositus). Celui-ci et leur ministère étaient en fonction à vie, tandis que Valdès et les Vaudois français sous son autorité élisaient des dirigeants annuels pour administrer le Dîner du Seigneur et servir de pasteurs. Ainsi, nous pouvons établir que nous avons affaire avec un groupe qui, au treizième siècle, observait le Dîner du Seigneur sur une base annuelle. Il est impossible de soutenir la suggestion qu'ils observaient le dimanche à ce moment-là.

 

Le problème extraordinaire qui se pose est celui de l'existence des Albigeois sur le versant nord et français des Alpes. Les vallées méridionales et italiennes étaient occupées par les Vaudois. D’après la division mentionnée ci-dessus, il est plus probable que les noms, conférés par les Inquisiteurs Catholiques, ont acquis une réalité qui leur est propre. Les décrets en Espagne montrent cependant que nous avons affaire avec la même secte. La division suivante aurait assumé une réalité différente, quand la secte est devenue Protestante Trinitaire. La Bohême, 40 ans après la mort de Valdès, selon l'Inquisiteur de Passau, avait 42 prétendus nids d'hérésie (Adeney, op. cit.). Le roi Otakar a commencé la persécution, qui a été le plus sévère sous le pape Benedict XII en 1335. L'ascension du mouvement Hussite a abouti en une fusion de certains des deux groupes, sous le nom de Taborites. Adeney soutient que le plus célèbre de ceux-ci était le barbe Frederic Reiser. Après 25 ans, parmi les Vaudois de la Bohême et d'Autriche, il a été brûlé à Strasbourg en 1458.

 

Il y a donc au moins quatre groupes répartis dans huit pays environ, dont certains ont été intégrés avec les Protestants. Il y avait des Subordinationistes ou des Unitariens en Autriche, au treizième siècle, et l'Inquisiteur de Krems a dénoncé 36 localités en 1315, brûlant 130 martyrs. L'évêque de Neumeister a été brûlé comme un de ces hérétiques à Vienne. On dit qu'il a déclaré qu'il y avait environ 80 000 Vaudois dans le duché d'Autriche. À la fin du quatorzième siècle, il y a eu une persécution épouvantable en Styrie. Il y a eu une mission organisée en Italie en provenance de l'Autriche où les missionnaires ont voyagé comme des colporteurs (Adeney, ibid.). Le mouvement avait un collège à Milan quand Valdès était vivant. À partir de ces éléments, il est difficile d'affirmer, comme Adeney semble le faire, que les Subordinationistes en Autriche étaient Vaudois, étant donné que l'évangélisation faite en Italie venait de l'Autriche. L'évêque appartenait plus vraisemblablement au même groupe, nommé plus tard Vaudois. Le groupe a aussi été appelé Sabbatati et, par la suite, Insabbatati, qui est prétendument dérivé des sabots en bois ou chaussures qu’ils portaient. C'est plus probablement une corruption de leurs vues sur le Sabbat, transformé en un jeu de mots. Cette appellation s’est ensuite transformée en Sabotiers puis en Sandaliati. Weber (C. E., art. Waldenses, Vol. XV, p. 528) échoue à noter la distinction linguistique entre les mots et les entremêle, en fait, dans leur ordre afin de confirmer sa position. Il affirme aussi que la secte était dérivée de Valdès, ignorant presque complètement l'évidence mentionnée par Adeney. Peut-être qu'Adeney avait accès à plus d'information mais le parti pris dans l’œuvre de Weber est perceptible et compréhensible étant donné l'histoire.

 

L'archevêque avait interdit aux Vaudois de prêcher et il est dit qu'ils ont fait appel au troisième Concile du Latran, sous Alexandre III, bien qu'ils aient été condamnés avant le Concile en 1179, comme nous l'avons vu plus haut. Ils avaient été convoqués pour l'examen. On doit se rappeler qu'à cette époque-là, le système médiéval assurait que les états étaient la propriété de leurs seigneurs, sous la direction de Rome, et qu'il n'était pas possible d'avoir une croyance qui n'était pas en accord avec Rome. C'est pourquoi, ils devaient comparaître lorsqu'ils étaient convoqués, même s'ils ne prêtaient pas allégeance à Rome. Ne pas le faire signifiait d'être brûlé, de toute façon.

 

Une autre division essentielle parmi les Vaudois s'est produite suite à l'enseignement des Vaudois italiens selon lequel les sacrements administrés par des prêtres indignes étaient inefficaces. Les Français n'ont pas accepté cette vue. Les Italiens ont désavoué tous les sacrements des prêtres romains et ils ont, en même temps, insisté sur l'adhérence stricte aux enseignements du NT. Cette division a été discutée lors d’une conférence en mai 1217, l'année de la mort de Valdès (Adeney, ibid.). Les deux branches de Vaudois ont rétabli le contact avec le temps, mais nous avons clairement de très grandes divisions et l'existence en France d'un groupe coexistant avec les Albigeois.

 

Au quinzième siècle, les registres de l'Inquisition révèlent qu'il y avait un nombre grand et influent de Vaudois dans le centre de l'Italie. En Calabre, les Vaudois du Piémont ont convaincu la majeur partie du district. Ils ont été florissants pendant 250 ans, puis, ils ont été presque exterminés par une persécution systématique (Adeney, ibid.).

 

Le système français de gouvernement dans l'Église, malgré Valdès, était épiscopal, tandis que le système italien était presbytérien, étant composé d'un gouvernement d'Église sous forme d'un conseil, avec un pasteur principal et un conseil de laïcs. Le synode annuel comprenait des anciens et des laïcs en nombres égaux (Adeney, ibid.).

 

Les Vaudois se sont progressivement concentrés dans les vallées du versant italien des Alpes Cottiennes. C'est ainsi que l'on a affirmé que Vaudois était un nom géographique. Adeney le nie et admet que le nom Valdès provient des Pauvres de Lyon ; par conséquent, les premières étapes sont, hors de tout doute, reconnues comme étant générales à travers les Alpes et, ainsi, exposées et associées aux Albigeois. Il est fortement improbable que les sectes Subordinationistes, appelées incorrectement Manichéens par les Catholiques, se seraient répandues à partir des Balkans, à travers l'Autriche, en France et en Espagne et auraient contourné d'une façon ou d'une autre les Alpes et les Vaudois, qui ont occupé des régions similaires.

 

La solution la plus probable est que les Vaudois ont changé sous la persécution et sont devenus Protestants pour survivre. Après avoir cessé d'être Subordinationistes, il n'est pas étonnant qu'ils aient célébré le culte le dimanche. En effet, leurs historiens postérieurs prétendent qu'ils l’ont toujours fait. Au quinzième siècle, les vallées ont subi une intense persécution de la part du duc de Savoie, forçant un grand nombre à émigrer en 1434. En 1475, l'Inquisiteur Acquapendente, après avoir visité la vallée de Luserna, a contraint les suzerains à supprimer la religion là-bas et à obéir à l'Inquisition. Il s'ensuivit une rébellion qui a emmené l'intervention du duc Charles Ier en 1484. La première attaque sérieuse, avec des forces armées, a eu lieu sous Philippe II (régent de Savoie en 1490 et duc en 1496) en 1494, mais Philippe a été si désastreusement défait qu'il a fait la paix avec eux pendant 40 ans. Adeney admet qu'il n'est pas facile d'être clair, quant aux vues théologiques des Vaudois pendant cette période.

Quand nous rencontrons une déclaration de croyances Vaudoise, elle est postérieure à la Réforme et elle est caractérisée par des doctrines et des phrases distinctes de ce mouvement. Le premier Protestantisme était en partie négatif, dans le rejet des enseignements et des pratiques catholiques romains qui ne pouvaient pas être justifiées par le NT et, dans la mesure où il était positif, un retour à la simplicité et à la spiritualité de l'adoration qu’on croyait être la caractéristique de l'Église primitive (Adeney, p. 668).

 

Quand la Réforme a éclaté, les seuls groupes organisés sur le continent étaient les Vaudois et, plus tard, les Hussites ou les Frères de Bohème, tous les deux désignés Vaudois par les Protestants et les Catholiques Romains (Adeney, ibid.). Ainsi l'application de ces noms est imprécise, même au temps de la Réforme. Les doctrines des premières périodes ne peuvent pas être établies avec certitude. Cependant, il n'y a aucun doute qu'ils étaient des Unitariens Subordinationistes, classifiés comme Ariens et qu'ils célébraient le Dîner du Seigneur. Cette pratique était normalement associée avec ceux qui observaient le Sabbat. C'est cependant la pratique des Protestants observant le dimanche de se référer parfois à l'Eucharistie comme le Dîner du Seigneur. Si on suppose que la pratique a été utilisée en sa référence habituelle, alors, logiquement, la compréhension du Sabbat précède celle de la Pâque/du Dîner du Seigneur. Les textes ci-dessus les identifient comme des gens observant le Sabbat. Adeney n'aurait probablement pas mal compris le terme Dîner du Seigneur.

 

Les Vaudois ont eu un synode au Piémont en 1531, pour discuter le rapport des doctrines Protestantes par George Morel. Ils étaient divisés sur la question d'accepter le Protestantisme. Les deux groupes ont été nommés Conservateurs et Innovateurs (voir Adeney, notez p. 668). Il n'y a donc aucun doute que leurs doctrines originales n'étaient pas Protestantes. À partir de ce moment-là, ils se sont fusionnés avec les Protestants. Le rejet de Rome et du rituel Médiéval, qui était considéré comme idolâtre, la spiritualité de l'adoration et l'utilisation de l'Écriture en langue vernaculaire étaient des vues Vaudoises qui ont trouvé un appui apprécié des puissants et nouveaux réformateurs Protestants. À partir de 1532 et du synode de Chamforans à Angrogna, un certain nombre de réformes ont eu lieu.

1. L'adoption de l'adoration publique par les Églises Vaudoises au lieu de réunions secrètes;

2. Une condamnation absolue de la tradition de certains Vaudois d'assister à des services catholiques (il fait peu de doute que cela s'est développé par crainte de persécution (voir aussi Apoc. 2:20-22));

3. Une acceptation des vues des réformateurs sur la prédestination, les bonnes œuvres, les serments, le rejet de la confession obligatoire, les jeûnes du dimanche, le mariage du clergé et les deux sacrements.

 

Les questions ont été votées par l'assemblée et supportées par la grande majorité.

 

Les Vaudois, du côté français des Alpes, qui étaient pour la plupart des conservateurs, se sont fondus dans le Protestantisme français. La persécution en Bohême et dans le Sud de l'Italie a presque exterminé les Églises des Vaudois dans ces régions, laissant seulement le Piémont et les vallées italiennes des Alpes Cottiennes, appelées le pays Vaudois, comme le seul habitat important (Adeney, p. 669), bien que plusieurs ont été dispersés parmi les Protestants suisses et allemands.

 

En 1536, le Piémont passe sous le dominion du Français François Ier et ce, jusqu'en 1559. Guillaume de Fürstenberg, un Protestant résolu, est nommé gouverneur et se montre favorable aux Vaudois. Il a laissé le frère du réformateur Farel en charge de la Luserna et les Vaudois ont prospéré mais ils étaient néanmoins, à ce moment-là, bel et bien Protestants. Il est, par conséquent, trompeur de dire qu'ils ont toujours été des adorateurs du dimanche, parce qu'ils n'ont même pas été des Trinitaires avant la fin du quatorzième siècle et, alors, seulement sous la persécution. En fait, il se peut que cela ne soit pas arrivé avant la Réforme. La pratique de se réunir en secret a sans doute été incitée par la persécution intense. La flexibilité inhérente avec laquelle ils ont vu leur vie religieuse, tout en étant stricts concernant la simplicité biblique de celle-ci en sont sans doute le reflet. De plus, l'histoire est écrite par des Trinitaires Protestants qui observaient le dimanche et qui essayaient de développer une lignée Protestante continue remontant jusqu'aux Apôtres. Le fait est qu’ils ne voulaient pas une organisation Subordinationiste observant le Dîner du Seigneur. De plus, les manuscrits antérieurs n'étaient pas à la disposition de Muston, par exemple.

 

Les Vaudois ont été persécutés pendant plusieurs années. La pire période s’étend de 1540-1690. En 1534, il y a eu une destruction systématique des Églises Vaudoises de Provence. Le versant italien des Alpes a été soumis à une guerre intense menée par Della Trinite, commandant d'armée pour Philibert, duc de Savoie. Les Vaudois ont gagné et la paix leur a été accordée le 5 juin 1561.

 

Les Vaudois de Calabre ont été persécutés par les troupes espagnoles sous la direction de l'Inquisiteur Michele Ghislieri, futur pape Pie V. Les descendants de ceux qui n'avaient pas été anéantis dans la boucherie systématique du treizième siècle ont été persécutés. 2 000 d’entre eux ont été mis à mort et 1 600 ont été emprisonnés. Dans le Piémont, sous la direction des frères Jésuites et Capucins, avec l'aide de soldats, plusieurs persécutions locales ont eu lieu, avec la saisie des bâtiments de l'Église et des amendes aboutissant à la guerre sanglante de 1624, au cours de laquelle les deux côtés ont souffert. Peter Gilles était le dirigeant à ce moment-là.

 

Il y a eu une grande persécution sous Louis XIV, quand le jeune Charles Emmanuel II est devenu le duc de Savoie. Sa mère, Marie de Médicis, était la fille d'Henry IV et la petite-fille de Catherine de Médicis, l'auteur du Massacre de la Saint-Barthélemy. Un Concile pour la Propagation de la Foi a été établi à Turin. Cinq ans plus tard, le Décret de Gastado a été publié, ordonnant à toutes les familles Vaudoises dans la plaine de retourner dans les montagnes dans un délai de 20 jours, à moins qu'elles ne renoncent au Protestantisme. Au milieu de l'hiver, elles ont souffert énormément avec grand courage. Il semble que c'était un stratagème tactique puisqu'environ 15 000 troupes ont été expédiées à La Torre, malgré le fait que les Vaudois étaient retournés dans les montagnes. Les forces catholiques ont offert de traiter avec eux et elles leur ont ouvert les cols de montagne. Ils ont été systématiquement massacrés et il y a eu quelque 1 712 martyrs selon le calcul de Jean Léger, l'auteur d'une histoire des Vaudois (noté par Adeney, p. 670). Ce massacre, avant la révocation de l’Édit de Nantes (en 1685) a choqué l'Europe. Cromwell a proclamé un jeûne. Il a fait rédiger par Milton une lettre au roi de France et aux princes Protestants. Il a envoyé sir Samuel Morland au duc de Savoie en signe de protestation. L'intervention de Cromwell a eu un effet. Mazarin a ordonné au duc de mettre fin à la persécution et d'accorder l'amnistie aux Protestants.

 

En 1686, l'année après l’Édit de Nantes, Louis XIV a envoyé une lettre à son cousin, Victor Amadeus II, duc de Savoie, demandant qu'il persécute les Vaudois, comme il persécutait les Huguenots, car ils se réfugiaient chez les Vaudois. Quand la persécution a commencé, les Protestants suisses à Bâle sont intervenus en offrant l'exil en Suisse aux Vaudois. Les émissaires suisses ont réussi avec grande difficulté à persuader les Vaudois d'accepter cet exil. Le 9 avril 1686, le duc a signé un décret autorisant l'exil. Cependant, certains de ceux qui avaient accepté l'exil ont, malgré tout, été saisis et emprisonnés. Les Vaudois ont résisté après cette rupture des termes. La guerre a commencé et, avant la fin de l'année, 9 000 personnes avaient été tuées et 12 000 gens avaient été faits prisonniers, dont plusieurs sont morts dans les cachots du Piémont. Il en est resté environ 200 dans les montagnes et ils ont conduit une guérilla tellement persistante, qu'ils ont finalement obtenu la libération de tous les prisonniers qui avaient survécu et leur sauf-conduit vers la Suisse. 3 000 survivants ont été libérés en 1687. Ils se sont mis en route à travers les Alpes pour Genève (un voyage moyen de douze jours) et plusieurs ont péri dans la neige. Cela a été fait malgré la protestation des Suisses et les enfants en bas de douze ans ont été retenus pour être instruits comme des Catholiques romains. Ils ont été dispersés aussi loin que Brandenburg, en Prusse, Wurtemberg et le Palatinat, pour empêcher leurs tentatives de retourner.

 

Les Vaudois ont repris le contrôle de leur patrie par une invasion, montée depuis la Suisse avec environ 1 000 hommes, le 16 août 1689. Dans la vallée du Jaillon, après une marche de six jours, ils ont défait une force d'environ 2 500 troupes françaises sous les ordres du marquis de Larry. Les Français ont perdu 600 hommes et les Vaudois en ont perdu 15 et ont eu 12 blessés, bien qu'ils en aient perdu 116 en chemin. Les Vaudois ont combattu de La Basiglia et mené une guerre de montagne au cours du printemps de 1690.

 

Le 23 mai 1694, le décret de Victor leur a accordé la liberté religieuse. Le pape Innocent XII a dénoncé le décret, sur quoi le sénat à Turin a désavoué le décret papal et en a interdit la publication dans le duché, sous peine de mort. Ils auraient été dans une privation sévère sans l'aide de l'Angleterre et de la Hollande. Guillaume et Marie, puis la reine Anne, les ont aidés chaleureusement comme Cromwell l'avait fait dans les années précédentes (voir Adeney, p. 671). L'histoire des Vaudois est celle d’une d'oppression sévère et intermittente au cours des siècles qui ont suivi. Ils ont peu de relation avec les Églises de Dieu du fait qu'ils avaient depuis longtemps renoncé au Subordinationisme distinctif et à d'autres caractéristiques de l'Église. Mais ils présentent l'intérêt de montrer comment la papauté a traité les non-Catholiques quand elle avait le pouvoir d'agir. Si elle l'avait pu, elle aurait tué tous les Vaudois, jusqu'à les exterminer de la surface de la terre.

La Croisade Albigeoise

Les Cathares, les Albigeois ou Vaudois ont été persécutés après avoir été protégés au début par Raymond VI, comte de Toulouse, peut-être lui-même un Albigeois. Raymond a été excommunié par Pierre de Castelnau, légat d'Innocent III en 1207. Un écuyer du comte a, plus tard, tué de Castelnau. Le pape a immédiatement déposé Raymond qui, soumis par la peur, a expulsé les Albigeois de son territoire, faisant pénitence publique, le 18 juin 1209, devant l'Église de Saint-Gilles. Quand les croisés, qui étaient assemblés dans le nord de la France, ont envahi Languedoc, Raymond a participé à la croisade et a assisté aux sièges de Béziers et de Carcassonne en 1209. En retournant à Toulouse, il s'est soustrait à son obligation et il a été excommunié par le Concile d'Avignon. Raymond est allé à Rome et il a été reçu par Innocent III, mais ses propriétés ont été envahies par Simon de Montfort en son absence. En 1212, il ne possédait plus que Toulouse et Montauban. Son beau-frère Pierre, roi d'Aragon, est venu à son aide, mais il a été tué dans la bataille de Murat en 1213. En 1215, Simon de Montfort a assiégé Toulouse et Narbonne. Raymond n'a pas résisté mais il a accepté des termes humiliants du légat papal. Il a été privé de ses propriétés et s'est retiré en Angleterre, cherchant plus tard la faveur d'Innocent III lors du Concile du Latran de 1215. Depuis son exil en Aragon, Raymond VI a rassemblé ses troupes et repris Toulouse le 7 novembre 1217, la défendant plus tard contre Simon de Montfort, qui a été tué le 25 juin 1218 (C.E., Vol XII, art. ‘Raymond VI’, p. 670).

 

Raymond VII a essayé de parer une nouvelle croisade, en prêtant allégeance à l'assemblée à Bourges, en 1226, mais une nouvelle croisade a été décidée. Louis VIII (à qui Amaury de Montfort avait cédé ses droits dans le sud) a pris Avignon et occupé le Languedoc sans résistance, mais il est mort à Montpensier, le 8 novembre 1226, lors de son retour vers le nord. Blanche de Castille n'a pas pressé la guerre contre Raymond qui a alors pris plusieurs places d'Imbert de Beaujeu, sénéchal du roi de France. En 1228, des nouvelles bandes de croisés ont commencé à piller Toulouse. Bientôt, Raymond a perdu presque toutes ses forteresses et a dû demander la paix à Blanche de Castille. Après la conférence de Meaux, Raymond est retourné à Paris et il a fait pénitence publique, le 12 avril 1229, dans l'Église Notre-Dame. Il a promis de démolir les murs de Toulouse et il a donné sa fille Jeanne en mariage à Alphonse de Poitiers, frère du roi Louis IX. Il est retourné à Toulouse et, tenant la promesse qui lui avait été arrachée, il a permis l'établissement de l'Inquisition (Bréhier C.E., Vol XII, ‘Raymond VII’, ibid.). Ainsi, la protection donnée aux Albigeois ou aux Vaudois observant le Sabbat a été enlevée par la force. Chaque chevalier vagabond et opportuniste en Europe était encouragé à se rendre à Toulouse et dans le Sud de la France. La zone a été attaquée de tous les côtés et quand les alliés ne pouvaient pas être incités à faire ainsi, ils étaient eux-mêmes harcelés. L'objet entier de la croisade était de permettre l'Inquisition dans le Sud de la France et en Espagne pour exterminer les Sabbatati. Avec l'enlèvement effectif du seul suzerain favorable, la foi unitarienne et de l'observance du Sabbat a été persécutée jusqu'à l'extinction virtuelle ou jusqu’à l'apostasie. Ces gens n'avaient commis aucun crime. Ils étaient un actif pour leur suzerain et vertueux envers leur Dieu. C'est seulement pour cette raison qu'ils ont été chassés et détruits. Le Concile de Toulouse de 1229 a publié des canons contre les Sabbatati.

Canon 3 - Les seigneurs des différents districts doivent faire fouiller avec diligence les villas, les maisons et les bois et détruire les places où les hérétiques se cachent.

Canon 14 - Les laïcs ne doivent pas être autorisés à posséder les livres de l'Ancien ou du Nouveau Testament (Héfèle 5, 931,962).

 

H. C. Lea devait parler contre l'Inquisition et sa persécution des Vaudois (History of the Inquisition of the Middle Ages, Vol. I, en particulier p. 96). Des milliers de personnes ont été torturées à mort par l'Inquisition ou tuées lors les croisades. Il est allégué que :

Tandis qu'ils dévastaient la ville de Biterre, les soldats ont demandé aux dirigeants catholiques comment ils pourraient savoir qui étaient les hérétiques ; Arnold, l'abbé de Citeaux, a répondu : " tuez-les tous, car le Seigneur connaît qui Lui appartient " (p. 96).

 

On peut voir qu'il y avait une tradition plus ou moins continue de Subordinationisme d'observance du Sabbat partout dans toute l'Europe méridionale jusqu'au treizième siècle. Ces groupes ont été nommés Pauliciens, Pétrobrusiens, Pasaginiens (Passaginiens), Vaudois, Sabbatati ou Insabbatati. L'inquisiteur romain Reinerus Sacho, écrivant vers 1230, considérait la secte des Vaudois comme très ancienne. Elle précédait donc Valdès de plusieurs siècles.

 

Les Sabbatati étaient aussi connus par le nom Pasigini. En faisant référence aux Pasigini qui observaient la Sabbat, Hahn devait dire :

La propagation de l'hérésie en ce moment est presque incroyable. De la Bulgarie à l'Èbre, du Nord de la France au Tibre, nous les rencontrons partout. Des pays entiers sont infestés, comme la Hongrie et le Sud de la France; ils abondent dans beaucoup d'autres pays; en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et même en Angleterre ils déploient leurs efforts (Gesch. der Ketzer, 1,13,14).

 

Bonacursus est aussi cité contre eux de cette façon :

Ce n’est pas que quelques-uns, mais plusieurs qui connaissent quelles sont les erreurs de ceux qui sont appelés Pasigini.... D'abord, ils enseignent que nous devrions observer le Sabbat. De plus, pour accroître leur erreur, ils condamnent et rejettent tous les Pères de l'église et l'Église Romaine entièrement (D'Archery, Spicilegium I, f, 211-214; Muratory Antiq. medævi. 5, f, 152, Hahn 3, 209).

 

Les prêtres (Hahn) ont soi-disant répondu à l'accusation d'observer le quatrième commandement en déclarant que le Sabbat symbolisait le repos éternel des saints.

 

Des traces de personnes observant le Sabbat ont été trouvées à l'époque de Grégoire I, Grégoire VII et au douzième siècle en Lombardie (Cyclopædia de Strong 1, 680). Cette application générale s'étend de l'Italie à travers l'Europe.

Robinson donne un compte rendu de quelques Vaudois des Alpes, qui ont été appelés Sabbati, Sabbatati, Inzabbatati, mais plus fréquemment Inzabbatati. 'On dit qu'ils ont été ainsi nommés à partir du mot hébreu Sabbat parce qu'ils observaient le samedi comme le jour du Seigneur' (General History of the Baptist Denomination, Vol. II, p. 413).

 

En fait, c'était à cause de l'incapacité d'éradiquer les Subordinationistes Sabbatati que les croisades du treizième siècle ont été implémentées. En Espagne, la persécution était spécifiquement dirigée contre les Vaudois parce qu'ils observaient le Sabbat.

Alphonse, roi d'Aragon, etc., à tous les archevêques, évêques et à tous les autres.... Nous vous commandons que les hérétiques, à savoir, les Vaudois et les Insabbathi, devraient être expulsés loin de la face de Dieu et de tous les Catholiques et qu'il leur soit ordonné de partir de notre royaume (Marianæ, Præfatio in Lucam Tudenæm trouvé dans Macima Bibliotheca Veterum Patrum, Vol. 25, p. 90).

 

Après les croisades et malgré l'Inquisition, le système existait toujours.

Louis XII, roi de France (1498-1515), étant informé par les ennemis des Vaudois, qui peuplent une partie de la province de Provence, que plusieurs crimes atroces leur ont été attribués, a envoyé le maître des Demandes et un certain docteur de la Sorbonne, pour faire enquête sur cette question. À leur retour, ils ont rapporté qu'ils avaient visité toutes les paroisses, mais qu'ils ne pouvaient pas découvrir de traces de ces crimes dont ils ont été accusés. Au contraire, ils observaient le jour du Sabbat et les ordonnances du baptême, conformément à l'église primitive et instruisaient leurs enfants dans les articles de la foi Chrétienne et les commandements de Dieu. Le roi, ayant entendu le rapport de ses commissaires, a déclaré avec serment qu'ils étaient de meilleurs hommes que lui ou son peuple (History of the Christian Church, Vol. II, pp. 71-72, troisième édition, Londres, 1818).

 

L'étendue et la répartition des sectes appelées Cathares et Albigeoises

Les groupes existants à l'époque des Vaudois, particulièrement dans le Sud de la France et en Espagne étaient appelés, comme nous l'avons vu, Cathares et Albigeois. Cathari, comme on les appelait, vient du grec katharos ou pur. Ils étaient ainsi, littéralement des puritains. Nous voyons, cependant, que les Vaudois existaient en même temps et au même endroit et avaient les mêmes doctrines. Nous avons donc affaire avec des branches de la même foi. Le terme Cathari est ancien. Les Novations du troisième siècle étaient connues sous le nom de Cathari et le terme a aussi été utilisé pour les Manichéens. Weber déclare :

Cathari était une désignation générale pour les sectes dualistes de la fin du Moyen Âge. Plusieurs autres noms étaient en vogue pour dénoter ces hérétiques. Sans parler des formes corrompues comme 'Cazzari', 'Gazzari' en Italie et 'Ketzer' en Allemagne, nous trouvons les appellations suivantes : 'Piphli', ' Piphles dans le Nord de la France et en Flandre; 'Ariens', Manichéens et ' Patareni ' suite à des similitudes doctrinales réelles ou présumées; 'Tesserants', Textores (Tisserands), en raison du métier qu'exerçaient plusieurs de leurs membres. Parfois, leurs contemporains les appelaient à tort "Vaudois". Le démagogue Arnold de Brescia et l'évêque hérétique Robert de Sperone leur ont donné le nom d''Arnoldistae' et 'Speronistae'. Leur répartition géographique leur a valu les noms de 'Cathari de Descenzano', ou 'Albanenses' de Descenzano entre Brescia et Vérone ou d'Alba dans le Piémont, Albano ou peut-être de la province de l'Albanie; 'Bajolenses' ou 'Bagnolenses' (de Bagnolo en Italie); 'Concorrezenses’ (probablement de Concorrezo en Lombardie); 'Tolosani' (de Toulouse) et particulièrement Albigeois d'Albi. Les désignations 'Pauliciani' desquelles 'Publicani', 'Poplicani', étaient probablement des corruptions et 'Bulgari', 'Bugri', 'Bougres’, indiquent leur origine orientale probable (N. A. Weber C. E., art. ‘Cathari’, Vol. III, p. 435)

 

Weber semble essayer de complètement divorcer les Vaudois de ces sectes, et ce à tort. Il admet que :

L'Europe de l'Est semble avoir été, en termes de date, le premier pays où le Catharisme s'est manifesté et il a été certainement le dernier à en être libéré. Les Bogomili, qui étaient les représentants de l'hérésie dans sa forme dualiste plus nuancée, ont peut-être existé aussi tôt qu'au dixième siècle et, à une date ultérieure, se trouvaient en grand nombre en Bulgarie. La Bosnie était un autre centre de Cathares. Certains auteurs récents ne font aucune distinction entre les hérétiques qui s’y trouvaient et les Bogomili, tandis que d'autres les classent avec les dualistes rigides. Dans les documents contemporains occidentaux, ils sont généralement appelés 'Patareni', la désignation appliquée à ce moment-là aux Cathares en Italie.

 

Il y a un modèle aisément identifiable dans le mouvement de ces peuples. La source est facilement identifiée comme étant les Pauliciens, qui se sont installés en Thrace. Les premières colonies étaient donc en Albanie et en Bulgarie. De là, il se sont répandus en Bosnie. Les Bulgares ont embrassé le Catharisme qui, par définition, prescrivait le caractère sacré du mariage et était pratiqué comme tel par toutes les sectes de puritains. Les Bogomiles semblent avoir développé une forme pervertie du système, parmi les ordres monastiques et le clergé orthodoxe. Ce système semble avoir suscité une controverse sérieuse parmi les Bulgares et aussi dans les Balkans. Il n'y a aucun doute que tous les groupes étaient mariés et ont eu des enfants au cours des siècles, dans tous les secteurs généraux où ils se sont installés. Affirmer qu'ils ont imposé le célibat est absurde.

 

La raison pour laquelle les Cathares ont été appelés Pauliani (ou Pauliciens) était parce qu'ils ont embrassé ces doctrines. L'affirmation selon laquelle les épîtres étaient relatives est une supposition.

 

Les sectes étaient littéralistes bibliques, comme les déclarations de leurs doctrines l’indiquent. La raison pour laquelle elles étaient appelées Cazzari et Sabbatati n'est pas si difficile à comprendre. Les Khazars ou Cazzars avaient été convertis au Judaïsme vers l’an 740. Ils ont occupé le secteur allant de la Crimée à l'est, au-delà de la Caspienne jusqu'à l'Aral et la Rivière Oxus. Ils se sont répandus au nord en remontant le Volga jusqu'au Sud de la Bulgarie et ils étaient suzerains des secteurs au nord de la Bulgarie ainsi qu'à l'est et à l'ouest. Ils ont gouverné le Nord-Ouest jusqu'en Ukraine. Ils ont observé le Sabbat et les Jours Saints ainsi que les lois sur l'alimentation comme les Pauliciens semblent l’avoir fait. Les Khazars ont donné une aide militaire aux Magyars dans leur invasion de la Hongrie. Les Magyars semblent avoir été une de leurs tribus alliées, dans l'établissement de leur empire. Le royaume juif khazar a duré d'approximativement 700-1016. Les fugitifs juifs se sont enfuis de la Grèce vers les Khazars en 723. Les cartes de leur distribution et influence sont trouvées dans Atlas of Jewish History (l'Atlas de l'Histoire juive) de Martin Gilbert, 3ème édition, Dorset Press, 1984, pages 25-26. Ces Khazars ont invité des Rabbins dans le royaume et ils entretenaient une correspondance avec les Juifs espagnols. Ils ont été identifiés par Koestler (The Thirteenth Tribe, Popular Library, New York, 1976) comme les descendants des Ashkénazes, les descendants de Gomer (Genèse 10:3). Ashkénazi signifie les gens d'Ashkénaze. La tentative de réfutation de Koestler par Zvi Ankori dans Genetic Diseases Of Ashkenazi Jews (les Maladies Génétiques des Juifs d'Ashkénaze) est peu convaincante.

 

Le centre Ashkénaze était l’Espace de Colonisation, qui s'est étendu de la Crimée, au nord-ouest vers la Baltique (voir Atlas of Jewish History, p. 43). On peut voir le secteur comme plus ou moins une réorientation de la Khazarie. C'est arrivé à partir des attaques russes, qui ont commencé en 970. En 1016, une expédition commune russo-byzantine a finalement détruit le royaume Khazar. Cela a eu pour effet d’affaiblir le secteur, de déplacer les Juifs Khazars et d’ouvrir la voie pour les invasions mongoles de 1215. Cela a chassé les Khazars encore plus loin vers l'ouest. Il y a eu des mouvements juifs hors de la Crimée à partir de 1016 (en direction sud vers Constantinople, Trébizonde et Alexandrie et vers le nord-ouest à Kharkov et Tchernigov) et en 1350 (à Kiev) et en 1445 (en Lituanie). Les persécutions en Hongrie entre 1349 et 1360 ont repoussé les Juifs au nord à Tarnapol (voir Atlas of Jewish History, pp. 45-46). Ce n'est donc pas surprenant que certains se soient convertis à une forme de Christianisme dont les doctrines étaient proches de celles du Judaïsme et qui avait aussi été persécutée avec eux, sur une même échelle de temps. Certains ont joint l'Orthodoxie Russe. La plupart sont restés Juifs Ashkénazes et ont été absorbés dans Juda. Bien que les Ashkénazes soient, encore aujourd’hui, distincts, étant physiologiquement différents des Juifs Séfarades de l'Espagne, de la Grande-Bretagne et de l'Est. La persécution des Juifs a été sévère en Europe en général, particulièrement en Espagne et aussi au Portugal. Ces persécutions correspondaient dans une large mesure à celles des Puritains, sous leurs noms différents.

 

Les Cathares Bosniaques

Au douzième siècle, Kulin, le dirigeant civil de la Bosnie, a embrassé le Catharisme avec 10 000 de ses sujets. Les Catholiques sous Innocent III, Honorius III et Grégoire IX ont essayé de les exterminer sans succès. Le pape Nicholas IV (1288-92) a envoyé des Franciscains en Bosnie. Les Hongrois auraient essayé de supprimer les Cathares en Bosnie, mais les Cathares ont identifié leur religion avec leur indépendance. Le roi bosniaque Thomas s’est converti au Catholicisme au quinzième siècle et publié des décrets sévères à l'encontre de ses coreligionnaires. Ceux-ci étaient au nombre de 40 000. Ils ont quitté la Bosnie pour l’Herzégovine en 1446. L'hérésie a disparu après que les Turcs ont conquis le secteur. Plusieurs milliers sont devenus orthodoxes tandis que beaucoup plus sont devenus Musulmans. Cela, en soi-même, indique que le mouvement était Unitarien. Les commentaires de Weber (C.E., p. 437) quant au célibat obligatoire des Cathares sont peu crédibles. On ne peut pas maintenir une population pendant des siècles sans reproduction, car ils n'étaient pas libres de faire du prosélytisme. Les pratiques, retrouvées parmi les moines Bogomiles, sont à peine indicatives des pratiques d'une populace générale qui ne pratique pas le monachisme et qui, en effet, le condamne. Le reste de ces gens est tout probablement allé au Nord en Transylvanie où les Sabbatati sont apparus. La conversion des membres de l'empire Khazar a aussi été accompagnée par le mouvement des sectes de Puritains vers la Hongrie et vers la Transcarpathie/Roumanie. Les sectes en Hongrie ont été appelées, en allemand, Sabbatharier parce qu'elles observaient le Sabbat.

 

L'histoire de ces sectes est restée plus ou moins intacte jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, date à laquelle elle a été écrite par le docteur Samuel Kohn, le Grand rabbin de Budapest, Hongrie. L‘ouvrage s‘intitule DIE SABBATHARIER IN SIEBENBURGEN Ihre Geshichte, Literatur, und Dogmatik, Budapest, Verlag von Singer & Wolfer, 1894; Leipzig, Verlag von Franz Wagner. Le texte a été traduit et publié par CCG avec un avant-propos de W. E Cox, et est disponible auprès de CCG Publishing à l’adresse internet : www.ccgpublishing.org

 

Kohn dit que : Alors que l'idéal continuait pas à pas à se rapprocher du Christianisme original et véritable, les coutumes et les statuts religieux juifs prescrits par l'Ancien Testament, qui avaient initialement été jugés et rejetés par le Christianisme, ont été en réalité repris et pratiqués. Il semble n’avoir aucune idée de l'ère Vaudoise de grande ampleur qui a précédé la Réforme et dont ces Sabbatariens sont issus.

 

Selon Kohn, ils étaient semblables aux Ébionites et à d'autres Chrétiens Judaïques des premiers siècles après Christ (Kohn tr. p. 10). Ceux qui observaient le Sabbat parmi les Carpates formaient un groupe peu structuré avant 1588, date à laquelle Andreas Eossi est devenu leur chef. Les deux concentrations principales étaient dans les villes de Szekely-Keresztur (aujourd'hui la ville roumaine de Cristuru-Secuiesc) et Korospatak (aujourd'hui Bodoc). Les villages principaux où les Sabathariers ou ceux qui observaient le Sabbat ont résidé, vers la fin du seizième siècle, étaient les résidences hongroises de Nagy Solymos, Kis Solymos, Uj-Szekely, Szent-Demeter, Ernye, Ikland, Bozod, Bozod-Ujfalu et la résidence personnelle d'Andreas Eossi. Peu de temps après la mort d'Eossi, en 1599, une apostasie est survenue.

... les auteurs d'une partie de la littérature étaient Enok Alvinczi, Johannes Bokenyi, Thomas Pankotai et Simon Pechi (l'associé le plus proche d'Eossi) (Marx, ibid.).

 

En outre, en 1579, l’Église Unitarienne s’est scindée en deux parties les observateurs du Sabbat et les adorateurs du Dimanche. Ils différaient des protestants en trois doctrines principales :

1. refus de croire en la Trinité et étaient appelés Antitrinitaires ;

2. refus de croire au baptême des enfants ;

3. refus de croire en la divinité de Christ.

 

Francis Davidis a été considéré comme le fondateur de l'Église Unitarienne de Transylvanie en 1566. C'est à la mort de Davidis en 1579 que l'église Unitarienne s’est scindée. En 1568 et 1569, Davidis avait soutenu la vue commune des Sabbatariens que l’Esprit Saint n'est pas Dieu (mais la puissance de Dieu) et qu'il ne devait pas être adoré parce que les prophètes et les apôtres n'enseignent nulle part un tel culte (Kohn, tr. p22). En 1571, il publie un traité sur la différence entre l'adoration et le culte de Dieu et de Jésus (ibid.). En 1578, il a publié les quatre thèses sur le non-culte [ou non-adoration] de Jésus-Christ (ibid.).

 

Eossi a accepté la foi Unitarienne en 1567. Les doctrines sous son administration sont presque identiques à celles d’aujourd’hui.

1. Le Nouvel An, La Pâque, les Jours des Pains sans Levain, la Pentecôte, les Trompettes couvertes comme une Nouvelle Lune, le Jour des Expiations, la Fête des Tabernacles, le Dernier Grand Jour.

2. Les Dix Commandements.

3. Les Lois sur l’Alimentation et la Santé (ne pas manger de sang, de porc, d’animaux étranglés).

4. Le Millénium va durer 1000 ans. Le Christ reviendra au début, et rassemblera Juda et Israël.

5. L’utilisation du calendrier sacré de Dieu conformément au système du Temple.

6. Deux différentes résurrections : l'une pour la vie éternelle au retour de Christ ; l’autre pour le jugement et la correction à la fin des 1000 ans.

7. Nous sommes sauvés par la grâce, mais les lois de Dieu doivent toujours être observées.

8. C'est Dieu qui appelle les hommes à Sa vérité. Le monde, en général, est aveuglé.

9. Christ était le plus grand des prophètes, le plus saint de tous les hommes, le "Seigneur crucifié", le Chef Suprême et le Roi des vrais croyants, le bien-aimé et saint Fils de Dieu.’’

 

Aux pages 62-67 de l’ouvrage de Kohn, (pp. 54 et suivantes de la traduction) l'Ancien Recueil de cantiques du Sabbat (Old Sabbath Songbook) est discuté. Ce recueil de cantiques a été écrit en Hongrois et seulement huit cantiques montrent le nom de l'auteur dans un acrostiche. Il y avait Eossi, Enok Alvinczi, Janos Bokenyi, Thomas Pankotai et Simon Pechi.

Le Vieux Recueil de Cantiques Sabbatarien contient au total cent deux hymnes pour diverses occasions de dévotion, dont pas moins de 44 sont pour le Sabbat. En plus, il y a cinq cantiques pour la Nouvelle Lune, 11 pour la Fête de la Pâque [et Pains sans Levain], 6 pour la Fête des Semaines, 6 pour la Fête des Tabernacles, 3 pour la fête du Nouvel An, 1 pour la Fête (sic) des Expiations, 26 pour les différentes occasions de la vie quotidienne (Kohn, tr. p. 55).

 

Il n'y a donc aucun doute que l'Église a observé les Sabbats et les Nouvelles Lunes et les Jours Saints, dans cet ordre d'importance. Le Jour des Trompettes n'est pas répertorié étant donné qu’il était couvert par les hymnes pour les Nouvelles Lunes qui ont eu la priorité. Ainsi, dans les premiers stades, ils n’ont pas observé Rosh Hashana. La Fête de la Nouvelle Lune répertoriée dans la séquence par Kohn est considérée comme s'appliquant au Nouvel An réel en Abib. Sa relocalisation à la position des Trompettes (aussi le Rosh Hashanah observé plus tard) est considérée comme une innovation tardive Judaïsante. L'erreur de limiter le rôle permanent du sacrifice de Christ, affirmée par Kohn, est une erreur tardive Judaïsante et n'a jamais été soutenue par les églises observant le Sabbat au fil du temps (Kohn, tr. p. 78).

 

Simon Pechi a repris les Sabbatariens en Transylvanie en 1623 et la foi Sabbatarienne a pris un penchant Judaïsant particulier jusqu'en 1638. L’audience à Des en 1638 a brisé la force du soi-disant mouvement Judaïsant. De ce procès en 1638 jusqu’en 1869, une progression Judaïsante a eu comme conséquence la conversion d'un élément au judaïsme qui a formé la base de l’ouvrage de Kohn. Il y avait d'autres éléments toujours en existence qui ont conservé la foi originelle observant les Sabbats, les Nouvelles Lunes et les Fêtes et les lois sur l'Alimentation avec la même théologie telle que nous la pratiquons aujourd'hui.

 

En 1637, on estime qu'il y avait entre 15 000 et 20 000 Sabbatariens en Transylvanie. À la fin du dix-septième siècle, les Sabbatariens étaient toujours représentés dans au moins onze villes et villages en Transylvanie. La déclaration de 1867 par le Parlement Hongrois sur la liberté religieuse pour toute confession religieuse, y compris les Juifs, a permis aux Sabbatariens de quitter leurs dénominations Chrétiennes et se révéler eux-mêmes, et certains (non pas la plupart comme Kohn essaie de le faire valoir) sont devenus Juifs. L’avant-propos de la traduction explique les circonstances dans lesquelles Kohn a écrit et les erreurs qu'il a affirmées.

 

Il est peu probable que la plupart d'entre eux aient changé, comme l'admet Kohn à son époque (vers 1894) :

Le plus grand groupe de personnes observant le Sabbat aujourd'hui en Transylvanie - et ils sont des milliers - sont situés dans les secteurs d'Oluj et Sibiu. L'évêque de Cluj - la deuxième plus grande ville de la Roumanie - observe le Sabbat.

 

Ces gens étaient présents en Transcarpathie et en Roumanie jusqu'à ce siècle, quand ils sont passés sous la domination communiste et ont émergé récemment comme deux groupes observant le Sabbat sans rapport les uns avec les autres, dont un observe tous les autres aspects, comme ils ont fait des siècles auparavant. Par conséquent, l'Église Européenne, qui pourrait peut-être être dénommée l'ère de Thyatire, vit toujours, comme Christ leur a promis dans Apocalypse 2:25-26.

 

Le Sabbat en Grande-Bretagne

L'observance du Sabbat existait en Angleterre dès les conversions initiales. La Grande-Bretagne a certainement été initiée au Christianisme très tôt et Tertullien de Carthage (un auteur rhétorique) dans Against the Jews

se vante que 'des parties de la Grande-Bretagne inaccessibles aux Romains ont été en effet conquises par Christ '. Cela a été écrit environ deux cents ans après la naissance de Christ (Christian England d'Edwards, Vol. I, p. 20).

 

Le secteur de Glastonbury a été maintenu sous le contrôle des Britanniques jusqu'à ce que Ine, roi des Saxons de l'Ouest (688-722), l'occupe. Il a trouvé là une Église en bois déjà révérée comme ancienne. Il a donné de vastes territoires à son clergé et elle a survécu jusqu'à ce qu'elle soit brûlée complètement en 1184. Le premier martyr Chrétien enregistré par les Romains en Grande-Bretagne est Alban. Il semble avoir été un soldat romain, qui a abrité un prêtre Chrétien qui s'était échappé de la Gaule et qui l'a baptisé (Edwards, p. 21). Gildas et Bède parlent aussi des martyrs Aaron et Julius à Caerleon. Le nom d'Aaron suggère qu'il était Juif (Edwards, ibid.).

 

Il y avait cinq Chrétiens britanniques, y compris trois évêques au Concile d'Arles en 314. Eborius, évêque de York, Restitutus, évêque de Londres, Adelfius, évêque de Lincoln (mais ce n'est pas certain puisque le scribe a écrit Colonia Londoninensium plutôt que Colonia Lindensium), un prêtre et un diacre (Edwards, ibid.).

 

L'empereur Constantin avait été déclaré Auguste ou empereur à York le 25 juillet 306, à la mort de Constantius, son père.

 

Constantius avait été sympathique avec les Chrétiens en Gaule, qui étaient Unitariens Subordinationistes. Constantin avait facilité la tenue du Concile de Nicée en 325 et Athanasius note que les évêques britanniques présents étaient d'accord avec ses décrets. Edwards considère qu’il est probable que l'Église en Grande-Bretagne soit restée une minorité concentrée dans les villes (p. 22). Il est plus probable que les éléments qui étaient sympathiques à la position Athanasienne étaient concentrés ainsi et constituaient une minorité abjecte. Les autres étaient des Subordinationistes observant le Sabbat qui s'étendaient de l'Irlande à l'Écosse. Il est bon de noter que Pelagius, le théologien bien connu, est né en Grande-Bretagne vers 380 et que les liaisons doctrinales avec les Églises en Gaule ne sont ainsi pas accidentelles. Il a souligné la liberté et la capacité de l'homme à coopérer avec la grâce de Dieu (Edwards, p. 23). Cette doctrine était en conflit avec la doctrine d'Augustin d'Hippone, sur le caractère pécheur complet de l'homme, qui doit compter totalement sur le pardon et le pouvoir rédempteur, illustré par la prière augustinienne

Accorde ce que tu commandes et commande ce que tu veux (ibid.).

 

Rome est tombé en 410 aux mains des soi-disant barbares. Les Vandales, qui en sont venus à occuper Rome, étaient, en fait, des Chrétiens iconoclastes unitariens observant le Sabbat, des soi-disant Ariens. Le terme vandalisme vient du fait que les Vandales ont détruit les images gravées des Romains idolâtres et qu'ils ont ensuite été l'objet d'une mauvaise presse par les historiens postérieurs. Il est de notoriété publique que leur occupation de Rome a été exemplaire. Pelagius est allé vivre en Afrique, un peu stupidement près d'Augustin, son ennemi. Cela a plus tard résulté en son excommunication et sa mort en Palestine. Son choix de localité peut indiquer que Pelagius n'était pas d'accord avec les doctrines de ses ancêtres du Nord ou qu'il n'aimait peut-être pas le froid. Le chroniqueur contemporain Prosper affirme que l'hérésie Pélagienne a été répandue là par Agricola, le fils d'un évêque. L'évêque Germanus a été convoqué d'Auxerre en Gaule en 429 et il a été accompagné par l'évêque voisin, Lupus de Troyes. On doit se rappeler que Lupus de Troyes était un moine de Lérins. C'était le centre à partir duquel la Gaule a été redirigée vers le système romain. Nous avons donc affaire avec des mystiques Athanasiens qui utilisaient la force romaine pour vaincre le système britannique qui est accusé de Pélagianisme. Ils ont fait cela prétendument non seulement dans les églises, mais aux carrefours et dans les champs et les chemins (Edwards, ibid., p. 23). La prédication aux carrefours a été utilisée, parce que les Romains et les Européens voyaient les carrefours comme des centres de la déesse Hécate, desquels la signification de la croix s’est développée. C'était pour cette raison que les Subordinationistes ou Unitariens étaient des iconoclastes, particulièrement par rapport aux croix. Les évêques ont accompagné une expédition militaire contre les Pictes et les Saxons au Nord. Germanus avait été un dux ou un commandant militaire, avant son ordination. L'Église et les évêques de Gaule ont acquis, sous le système romain, une nouvelle forme de pouvoir.

 

La Grande-Bretagne a été affaiblie par le mouvement des forces à l'extérieur de la Grande-Bretagne. En 383, le général Magnus Maximus, chrétien né en Espagne et marié à la britannique Hélène, a amené ses troupes sur le continent et s'est déclaré empereur. À partir de ce moment-là, la défense a été inadéquate. En 407, un autre Constantin a amené ses troupes sur le continent pour faire de même. Aucune monnaie romaine gravée après cette date n'a été trouvée en Grande-Bretagne. Rome a été alors isolée par les grandes invasions barbares de la Gaule et de l'Italie en 410. Les Britanniques ont alors invité les Saxons. L'Église romano-britannique constituait seulement une très petite partie de la Grande-Bretagne Chrétienne et elle a été limitée à la partie romanisée et urbanisée du Sud et du Sud-Est du Wash à Exeter, le deuxième secteur allant de York, au nord-ouest, jusqu'à Carlisle et la côte de Cumbria ou l’extrémité occidentale de la zone militaire (Edwards, p. 25). L'Église Celtique a, par ailleurs, été reconnue pour avoir été la centralité d'une foi Chrétienne fervente (Edwards, p. 27). Les Celtes reconnaissaient la sainteté de la Bible, la prenaient littéralement et lui obéissaient de tout cœur ; même les lois sur l'alimentation de l'Ancien Testament étaient reçues comme la loi de Dieu. Les Celtes étaient organisés en tribus qui semblent avoir été d'origines raciales mélangées.

Ce qui les a unis n'était pas une armée et une administration avec des centres urbains, comme dans la civilisation romaine, mais une culture commune forte basée sur leur foi partagée (Edwards, p. 27).

 

Il est donc facile de voir pourquoi les évêques romains ont dû aller à la campagne, pour argumenter contre la soi-disant hérésie Pélagienne, si c'est bien ce dont il s’agissait. Il est difficile d'imaginer qu’un débat raffiné sur la doctrine de la grâce et de la prédestination puisse avoir lieu parmi des païens. Par conséquent, nous avons affaire à deux Christianismes existants en Grande-Bretagne et à celui des Britanniques ou des Celtes, le supérieur et le plus biblique. Il a été supprimé seulement là où les Romains ont pu dominer.

 

Le Catholicisme n'a pas été établi en Grande-Bretagne avant la conversion des Angles par Augustin de Canterbury. Ethelbert, roi du Kent, s’est converti au Catholicisme à la Pentecôte 597 (selon Lives of the Saints de Butler, éd. Walsh, éd. concise, p. 158) et plusieurs (environ 10 000) sujets ont été baptisés au festival païen de Noël de la mi-hiver de 597. Les Chrétiens de la Grande-Bretagne étaient, jusqu'à ce moment-là, principalement, pour ne pas dire exclusivement, tous des Unitariens Subordinationistes observant le Sabbat, les lois sur l'alimentation et les Jours Saints. Rome ne les a dominés qu'à partir du Synode de Whitby en 663 à l'Abbaye d'Hilda où ils se sont soumis sous la contrainte. Columba d'Iona a observé le Sabbat et a prédit sa mort le jour du Sabbat, le samedi, 9 juin 597 (Lives of the Saints de Butler, Vol. 1, art. St. Columba, p. 762). Butler dit, dans sa note de bas de page, que la pratique consistant à appeler le jour du Seigneur le sabbat n'a commencé que mille ans plus tard (Life of Columba d’Adamnan, Dublin, 1857, p. 230. Cela a aussi été commenté par W. T. Skene dans son ouvrage Adamnan's Life of St. Columba, 1874, p. 96).

 

L'historien catholique Bellesheim (History of the Catholic Church in Scotland, Vol. 1, p 86) commente sur le Sabbat en Écosse.

Nous semblons voir ici une allusion à la tradition observée dans la première Église monastique d'Irlande, qui consistait à observer le jour du repos le samedi ou le Sabbat.

 

James C. Moffatt (The Church in Scotland, p. 140) dit que :

Il semble que les églises celtiques des premiers temps, tant en Irlande qu'en Écosse, avaient pour coutume d'observer samedi, le Sabbat juif, comme un jour de repos du travail. Ils ont obéi au quatrième commandement littéralement le septième jour de la semaine.

 

Flick (The Rise of the Mediæval Church, p. 237) dit que :

Les Celtes ont utilisé une Bible latine différente du Vulgate (C.R.) et observé le samedi comme un jour de repos, avec des services religieux spéciaux le dimanche.

 

En Écosse, jusqu'au dixième et onzième siècle, il a été affirmé que :

Ils travaillaient le dimanche mais observaient le samedi d'une manière Sabbatique... Ces choses, Margaret les a supprimées (A History of Scotland from the Roman Occupation d'Andrew Lang, Vol. I, p. 96; voir aussi Celtic Scotland, Vol. 2, p. 350).

 

Les Écossais ont observé le Sabbat jusqu'à l'époque de la reine Margaret, selon Turgot (Life of Saint Margaret, p. 49)

C'était une autre de leur tradition de négliger la révérence due au jour du Seigneur, en se consacrant à toute sorte d'affaires de ce monde, ce jour-là, comme ils faisaient les autres jours. Elle (la reine Margaret) leur a prouvé que cela était contraire à la loi, aussi bien par la raison que par l'autorité. 'Vénérons le jour du Seigneur,' a-t-elle dit, 'à cause de la résurrection de notre Seigneur, qui s’est produite ce jour-là et ne faisons plus des travaux serviles, ce jour-là; en nous rappelant qu'en ce jour, nous avons été rachetés de l'esclavage du diable. Le bienheureux pape Grégoire l’affirme également. '

 

Skene commente aussi (Celtic Scotland, Vol. 2, p. 349) sur la reine Margaret et ses activités contre l'observance du Sabbat en Écosse :

Son point suivant était qu'ils ne révéraient pas dûment le jour du Seigneur mais, dans ce dernier cas, ils semblaient avoir suivi une tradition dont nous trouvons des traces dans la première Église d'Irlande, selon laquelle ils considéraient le samedi comme étant le Sabbat au cours duquel ils se reposaient de tous leurs travaux.

 

Lewis (Seventh Day Baptists in Europe and America, Vol. 1, p. 29) dit :

Il y a beaucoup de preuves que le Sabbat a prévalu au Pays de Galles universellement jusqu'en 1115 après J.-C., date à laquelle le premier évêque romain s’est installé à Saint-David. Les vieilles églises galloises observant le Sabbat n'ont alors pas toutes fléchi le genou devant Rome, mais se sont enfuies dans leurs cachettes.

 

L'observance du Sabbat a connu un renouveau pendant l'Angleterre Élisabéthaine.

Sous le règne d'Élisabeth, il est venu à l'esprit de plusieurs penseurs consciencieux et indépendants (comme précédemment avec certains protestants en Bohême) que le quatrième commandement exigeait d'eux l'observance, non pas du premier, mais du 'septième' jour de la semaine spécifié (Chambers Cyclopædia, article Sabbath, Vol. 8, 1837, p. 498 ; la citation est floue).

 

Jacques Ier d'Angleterre a renvoyé le juge en chef Coke en 1616, mettant ainsi fin à la tentative de limiter le pouvoir du roi via les tribunaux. Cette période est marquée par une série de persécutions à l'encontre des Protestants. Lors de la publication du livre Book of Sports en 1618, une violente controverse a éclaté parmi des théologiens anglais pour savoir si le Sabbat du quatrième commandement était en vigueur et, deuxièmement, sur quelle base le premier jour de la semaine méritait d'être observé, comme le Sabbat (Haydn's Dictionary of Dates, art. ‘Sabbatarians’, p. 602). Mme Traske, une enseignante, a été emprisonnée en 1618, pendant quinze ou seize ans, à Maiden Lane, une prison pour ceux qui étaient en désaccord avec l'Église d'Angleterre. Elle avait refusé d'enseigner le jour du Sabbat et voulait enseigner seulement cinq jours par semaine (Heresiography de Pagitt, p. 196).

 

Entretemps, sur le continent européen, la bataille pour la domination catholique et le contrôle du continent était en cours. Cette guerre, qui a commencé en 1620, était en réalité un conflit Catholique/Protestant. Les Habsbourg ont cherché à imposer le contrôle catholique et impérial sur l'Europe. En 1618, les Bohémiens s'étaient rebellés contre Ferdinand de Habsbourg, qui allait bientôt devenir l'empereur d’Allemagne. La couronne bohémienne a été donnée au Protestant Elector Palatine. Cela a, en fait, précipité la Guerre de Trente Ans. En 1620, les Habsbourg ont regagné le contrôle de la Bohême et la persécution du Sabbat a recommencé.

 

En 1628, malgré les tentatives anglaises pour l'arrêter, le cardinal Richelieu, premier ministre de Louis XIII, s’est emparé du bastion français-protestant de La Rochelle et a détruit le pouvoir des Huguenots.

 

En 1639, les Covenantaires écossais, des Protestants intransigeants, se sont rebellés contre Charles Ier qui essayait de leur imposer un nouveau livre de prière (World History Factfinder de McEvedy, Century, London, 1984, p. 88).

 

En 1642, la Guerre Civile a commencé entre le roi et le parlement. Désormais, les divisions religieuses ont vu l'émergence de la théologie Unitarienne chez des personnes telles que Milton, Isaac Newton et d'autres. Cromwell est devenu le symbole de ceux qui étaient opposés à la domination et à la persécution catholiques.

 

En 1647, Charles Ier a interrogé les Commissaires Parlementaires et il a affirmé que l'adoration, le dimanche, provient directement de l'autorité de l'Église.

En effet, on ne trouvera pas dans l'Écriture que le samedi ne doit plus être observé ou remplacé par le dimanche; par conséquent, ça doit être l'autorité de l'Église qui a changé l'un et institué l'autre (Sabbath Laws de R. Cox, p. 333).

 

La supposition est ici que le rejet de la papauté implique nécessairement des changements qui reposent entièrement sur l'autorité des Conciles de l'Église, comme l'observance du dimanche. La logique place le Protestantisme dans une position dangereuse. Milton a identifié cette logique et dit :

Il sera sûrement beaucoup plus sûr d'observer le septième, selon le commandement exprès de Dieu, que d'adopter le premier sur l'autorité d'une simple conjecture humaine (Sab. Lit. 2, 46-54).

 

En 1648, le traité de Westphalie a mis fin à la Guerre de Trente Ans en Europe. Après la Guerre de Trente Ans, les hostilités ont continué entre les Français et les Espagnols. L'émeute à Paris a marqué le début de la longue période de désordre civil, connue comme la Fronde. Aussi, en 1648, George Fox a fondé la Society of Friends (Société des Amis) (appelée Quakers pour la première fois en 1650).

 

À la même époque, le docteur Peter Chamberlain, médecin du roi Jacques et de la reine Anne et du roi Charles Ier et de la reine Katherine, a été baptisé (selon son monument : cf. Telegraph Print, Napier selon la note SDA au document des références au Sabbat de publication inconnue, p. 25).

 

En 1649, Charles Ier a été exécuté, l'Angleterre a déclaré un Commonwealth et Cromwell a écrasé les rebelles irlandais à Drogheda.

 

La tolérance religieuse à l’égard de ceux qui observaient le Sabbat a été beaucoup plus grande pendant cette période ; cependant, la restauration de Charles II, en 1660, après les promesses d'une amnistie et d'une tolérance religieuse (McEvedy, ibid.) a vu l'observance du Sabbat de nouveau en défaveur. Thomas Bampfield, le Président de la Chambre des Communes dans un des Parlements de Cromwell, a écrit en faveur de l'observance du Sabbat du septième jour et il a été emprisonné dans la prison Ilchester (Calamy 2, 260). Selon les lettres de Stennet, 1668 et 1670, il y avait environ neuf ou dix églises qui observaient le Sabbat, en plus de nombreux disciples dispersés, qui ont été éminemment préservés (Sabbath Laws de R. Cox, ibid., Vol. I, p. 268).

 

En général, à partir de cette période, l'observance du Sabbat a encouru une migration presque forcée vers l'Amérique. Selon Jas. Bailey, Stephen Mumford, le premier à avoir observé le Sabbat en Amérique, est venu de Londres en 1664 (History of the Seventh Day Baptist General Conference de J. Bailey, pp. 237-238). En 1671, les Baptistes du Septième Jour se sont dissociés de l'Église Baptiste afin d'observer le Sabbat (voir History de Bailey, pp. 9-10). Cependant, les Pères Pèlerins étaient issus d'une tradition d'observance du Sabbat (cf. le document La Connexion Hollandaise des Pères Pèlerins (No. 264)).

 

L’Europe du Nord

Le Sabbatarisme avait été persécuté en Norvège, depuis au moins le Concile de l'Église à Bergen, le 22 août 1435 et la conférence à Oslo en 1436. Les gens avaient commencé à sanctifier le Sabbat à différents endroits du royaume et l'archevêque l'a interdit en raison du fait que :

Il est strictement interdit - il est déclaré - dans la Loi de l'Église, à quiconque d'observer ou d'adopter des jours saints, à l'extérieur de ceux que le pape, l'archevêque ou les évêques prescrivent (The History of the Norwegian Church under Catholicism de R. Keyser, Vol II, Oslo, 1858, p. 488).

 

Au Concile Provincial Catholique de Bergen en 1435, il a été aussi dit :

Nous sommes informés que certaines personnes, dans différentes zones du royaume, ont adopté et ont observé le samedi.

Il est interdit sévèrement - dans le saint canon de l'église - [pour] quiconque sans exception d'observer des jours sauf ceux que le saint pape, l'archevêque ou les évêques commandent. L'observance du samedi ne doit, en aucun cas, être permise au-delà de ce que le canon de l'église commande. Par conséquent, nous conseillons tous les amis de Dieu, dans toute la Norvège, qui veulent être obéissants envers la sainte église, d'abandonner ce mal qu’est l'observance du samedi; nous interdisons aux autres, sous peine d'une punition sévère de l'église, de sanctifier le samedi (Dip. Norveg., 7, 397).

 

La Conférence de l'Église à Oslo de 1436 a déclaré :

Il est interdit, sous la même pénalité, de sanctifier le samedi en s'abstenant de travailler (History of the Norwegian Church etc, p. 401).

 

En 1544, l'avertissement a été donné à nouveau.

Certains d'entre vous, contrairement à l'avertissement, observent le samedi. Vous devriez être sévèrement punis. Quiconque sera découvert à observer le samedi, doit payer une amende de dix marques (History of King Christian the Third, Niels Krag et S Stephanius).

 

Il est donc évident que l'observance du Sabbat était devenue bien établie en Norvège, sur une période d'au moins cent ans.

 

Le Sabbatarisme, et au moins la compréhension du Sabbat du septième jour, était aussi présent en Norvège à partir de la Réforme, selon des commentaires faits dans des notations ou des traductions : par exemple, voir Documents and Studies Concerning the History of the Lutheran Catechism in the Nordish Churches, Christiania, 1893; et aussi Theological Periodicals for the Evangelical Lutheran Church in Norway, Vol. 1, Oslo, p. 184. L'observance du Sabbat s'est aussi répandue en Suède où elle a été continuellement réprimée.

Ce zèle pour l'observance du samedi s’est poursuivi pendant une longue période de temps : même les petites choses qui pouvaient renforcer la pratique d'observer le samedi étaient punies (Évêque Anjou, Svenska Kirkans Historis, (après) Motet i Upsala).

 

La pratique s'est étendue en Finlande et le roi Gustavus Vasa Ier de la Suède a écrit aux gens de la Finlande.

Il y a quelque temps, nous avons entendu dire que certaines personnes en Finlande étaient tombées dans une grande erreur et observaient le septième jour, appelé samedi (State Library at Helsingfors, Reichsregister, Vom. J., 1554, Teil B.B. feuille 1120, pp. 175-180a).

 

Toutefois, des églises observant le Sabbat ont existé en Suède jusqu'à ce jour.

Nous essayerons maintenant de montrer que la sanctification du Sabbat a sa base et son origine dans une loi que Dieu, à la création même, a établie pour le monde entier et qui, en conséquence de cela, s’impose à tous les hommes de tous les âges (Evangelisten (l'Évangéliste), Stockholm, 30 mai au 15 août 1863 : organe de l'Église Baptiste suédoise).

 

Les formes d'observance du Sabbat au Nord avaient cependant dégénéré en une forme de Protestantisme Trinitaire, le Subordinationisme ayant complètement été éliminé. Les Protestants avaient commencé à simplement adopter le Sabbat, plutôt que la pureté des concepts bibliques. Le Pasteur M. A. Sommer a commencé à observer le septième jour et a écrit un article sur le vrai Sabbat dans le journal de son église Indovet Kristendom, No 5, 1875. Il a écrit dans une lettre à l'ancien Adventiste John G. Matteson.

Parmi les Baptistes ici au Danemark, il y a une grande agitation concernant le commandement du Sabbat... Cependant, je suis probablement le seul prédicateur au Danemark qui soit si près des Adventistes et qui depuis plusieurs années proclame la seconde venue de Christ (Advent Tidente, mai 1875).

 

Les vestiges de l'Église originale étaient, cependant, toujours dans le sud-est. Luther avait aussi noté (Lectures on Genesis, 1523-27) que les Sabbatariens existaient, à ce moment-là, en Autriche. Ceux-ci semblent avoir été les restes des Vaudois Sabbatati antérieurs. Il a, en fait, préconisé l'observance du Sabbat.

Dieu a béni le Sabbat et l'a sanctifié pour Lui. Dieu a voulu que ce commandement concernant le Sabbat demeure. Il a voulu que, le septième jour, la parole soit prêchée (Commentary on Genesis, Vol. 1, voir pp. 133-140).

 

L'observance du Sabbat en Allemagne et en Hollande a été supprimée vigoureusement et plusieurs personnes ont été martyrisées. Barbara de Thiers a été exécutée en 1529. Une autre martyre, Christina Tolingen, a nié la véracité des jours saints catholiques et s'en est tenu au Sabbat du septième jour (Martyrology of the Churches of Christ, commonly called Baptists, during the era of the Reformation, du hollandais T. J. Van Bracht, Londres, 1850, 1, pp. 113-114).

 

L'observance du Sabbat en Allemagne n'a pas été supprimée et elle a été respectée par des personnes telles que Tennhardt de Nuremburg, qui observait strictement le Sabbat (Leben und Werken de Bengel, Burk, p. 579). Il a semblé maintenir que le dimanche avait été institué par l'Antéchrist (K. I. Austug aus Tennhardt's "Schriften", 1712, p. 49).

 

Nous avons noté plus haut la suppression de l'observance du Sabbat en Belgique, des siècles avant la Réforme. Ceux, qui observaient le Sabbat, ont trouvé refuge au Lichtenstein à partir d'environ 1520, sur la propriété du seigneur Leonhardt de Lichtenstein

… car les princes de Lichtenstein s'en sont tenus à l'observance du vrai Sabbat (History of the Sabbath de J. N. Andrew, p. 649).

 

Cette pratique au Lichtenstein a été attaquée par Wolfgang Capito.

Les Sabbatariens enseignent que le Sabbat extérieur, c'est-à-dire samedi, doit toujours être observé. Ils disent que dimanche est une invention du pape (Refutation of Sabbath de Wolfgang Capito, 1599).

 

Le Sabbatarisme avait pénétré en Russie avant la Réforme et il a été condamné lors du Concile de Moscou en 1503.

Les accusés [qui observent le Sabbat] ont été convoqués ; ils ont ouvertement reconnu la nouvelle [sic] foi et ils l'ont défendue. Les plus éminents parmi eux, le secrétaire d'État, Kuritzyn, Ivan Maximow, Kassian, archimandrite du Monastère [Bury ?] de Novgorod, ont été condamnés à mort et brûlés publiquement dans des cages à Moscou : le 19 décembre 1503 (H. Sternberg Geschichte der Juden [in Polen], Leipsig, 1873, pp. 117-122).

 

Sternberg note:

Mais la majorité s'est déplacée en Crimée et dans le Caucase où ils sont restés fidèles à leur doctrine malgré la persécution subie jusqu'à présent. Les gens les appellent Subotniki ou Sabbatariens (Geschicte der Juden in Polen de Sternberg, p. 124).

 

Il y a peu de doute que les Sabbatati ou Vaudois jouaient un rôle important en Bohême jusqu’en 1500.

Erasmus témoigne que même aux environs de 1500, ces Bohémiens ont, non seulement, observé le septième jour scrupuleusement, mais ils ont aussi été appelés Sabbatariens (d’après The Literature of the Sabbath Question de R. Cox, Vol. II, pp. 201-202 ; cité de nouveau dans Truth Triumphant, p. 264).

 

La citation de R. Cox semble dire :

Je constate dans un passage d’Erasmus qu'au début de la Réforme, période où il écrivait, il y avait des Sabbatariens en Bohême qui ont non seulement observé le septième jour, mais dont on disait qu'ils étaient ... scrupuleux en repos pendant ce jour-là (Literature of the Sabbath Question du Dr. R. Cox, Vol. II, pp. 201-202)

 

Armitage et Cox (ibid.) notent une existence des Bohémiens Sabbatati bien établie en 1310.

En 1310, deux cents ans avant les thèses de Luther, les frères Bohémiens constituaient le quart de la population de la Bohême et ils étaient en contact avec les Vaudois qui abondaient en Autriche, en Lombardie, en Bohême, dans le nord de l'Allemagne, en Thuringe, à Brandenburg et en Moravie. Erasmus a fait remarquer comment les Vaudois de Bohême observaient strictement le Sabbat du septième jour (A History of the Baptists d'Armitage, p. 318; et aussi R. Cox, ibid.).

 

En Moravie, quelques observateurs du Sabbat ont été dirigés par le comte Zinzendorf en 1738 quand il a écrit d'observer le Sabbat.

Que j'ai utilisé le Sabbat pour le repos depuis plusieurs années déjà et notre dimanche pour la proclamation de l'évangile (Budingache Sammlung, Leipzig, 1742, Section 8, p. 224).

 

Les Moraviens sous la direction de Zinzendorf ont quitté l'Europe pour aller en Amérique, en 1741, où Zinzendorf et les frères Moraviens ont résolu avec l'église à Bethléem aux États-Unis d'observer le septième jour comme le jour du repos (ibid., pp. 5,1421,1422). Leur doctrine de la Divinité n'est pas claire. Rupp observe qu'avant que Zinzendorf et les Moraviens à Bethléem ont commencé l'observance du Sabbat et prospéré, il y avait un petit groupe d'allemands qui observaient le Sabbat en Pennsylvanie (History of Religious Denominations in the United States de Rupp, pp. 109-123). L'histoire des Bohémiens et des Moraviens de 1635 à 1867 est décrite par Adolf Dux. Il dit :

La condition des Sabbatariens était affreuse. Leurs livres et leurs écrits ont dû être livrés au Consistoire Karlsburg pour devenir la proie des flammes (Adolf Dux Aus Ungarn, Leipzig, 1880, pp. 289-291).

 

La suppression de l'observance du Sabbat a continué dans des secteurs de la Roumanie, de la Tchécoslovaquie et des Balkans. En 1789, elle s’est poursuivie et le décret de tolérance de Joseph II ne s'appliquait pas aux Sabbatariens, dont certains ont de nouveau perdu tous leurs biens (Jahrgang 2, 254). Des prêtres catholiques, aidés par des soldats, ont forcé les Sabbatariens à accepter le Catholicisme Romain nominalement, en travaillant le samedi et en assistant à des services le dimanche sur une période de deux cent cinquante ans. L'exclusion du statut d'Église aux Églises du Sabbat dans les décrets de tolérance, en particulier celui du Parlement hongrois de 1867, est aussi notée par Samuel Kohn SABBATHARIER IN SIEBENBURGEN op. cit. et dans les notations de l’ouvrage de Gerhard O. Marx op. cit. (voir ci-dessus) ; (cf. Kohn The Sabbatarians in Transylvania, traduit par T. McElwain et B. Rook, éd. W. Cox, CCG Publishing, États-Unis 1998).

 

À partir de 1588, l'Église en Roumanie et en Hongrie, sous la direction d’Andreas Eossi, n'a pas eu accès à l'imprimerie et elle a dû publier son matériel par un système de duplication manuelle. Cette Église a existé en Transcarpathie et en Roumanie (principalement à Oluj et à Sibiu) vers 1894 et ils étaient Sabbatati, appelés Sabbathariers (le suffixe arier semble indiquer Aryen [peut-être parce qu'ils étaient des non-juifs observant le Sabbat ou peut-être que c'était un terme erroné pour Arien] observateurs du Sabbat). Ces gens existent maintenant en Ukraine et dans les secteurs Nord des emplacements de 1894. Ils étaient Unitariens.

 

L’autre Tradition Chrétienne

Une notation faite par Clavis Calendaria de Brady (I-II, Londres, 1812, pp. 313-314) dit que la première Église maintenait que la naissance de Christ était arrivée pendant la Fête des Tabernacles. Les premiers Chrétiens, qui ont été notés comme étant Hébreux, tout en se conformant à l'année romaine avec la Nativité le 1 janvier, ornementaient leurs églises avec des rameaux verts à la Fête des Tabernacles, comme un mémorial que Christ était, en réalité, né à ce moment-là, de la même façon que les Juifs érigeaient des cabanes ou des tentes. Brady soutient que cela est à l'origine de la décoration avec des rameaux de la scène de la Nativité à Noël.

 

L’Empire de 1260 Jours

On peut voir qu'il y a un courant Subordinationiste ou unitarien d’observance du Sabbat, à travers les siècles dans le monde Chrétien, qui côtoie l'Église Catholique et que l'Église Catholique a passé des années à essayer de supprimer. Parfois, il a été très près de l'extermination. Dans pratiquement chaque situation où l'Église Orthodoxe a été dans une position de pouvoir, elle a utilisé tous les moyens à sa disposition pour introduire une Inquisition, utilisant la technologie de l’époque pour exterminer ce système.

 

La période du Saint Empire Romain a commencé en 590, avec les déclarations du pape Grégoire Ier. La papauté est devenue le véritable dirigeant de Rome, avec la désintégration du pouvoir Romain de l'Est en Italie (voir McEvedy, ibid., p. 41). Ce système est resté comme une image de la bête romaine pendant 1260 ans. En 1846, la dernière Inquisition a pris fin. Elle avait duré pendant 23 ans, de 1823 à 1846 et 200 000 personnes ont été condamnées à mort, à la prison à vie, à l'exil ou aux galères, rien que dans les États de la papauté. Un million et demi de personnes supplémentaires ont fait l'objet d'une surveillance policière constante et d'un harcèlement continu.

Une potence se trouvait en permanence sur la place centrale de chaque ville et de chaque village. Les chemins de fer, les réunions de plus de trois personnes et tous les journaux étaient interdits. Tous les livres étaient censurés. Un tribunal spécial siégeait en permanence à chaque place pour juger, condamner et exécuter les accusés. Tous les procès se déroulaient en latin. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des accusés ne comprenaient pas les accusations contre eux. Chaque pape a déchiré le flot de pétitions qui venaient constamment, demandant la justice, la franchise, la réforme de la police et du système pénitentiaire (voir The Decline and Fall of the Roman Church de Malachi Martin, Secker et Warburg, Londres, 1981, p. 254).

 

Les révoltes étaient réprimées par des exécutions en masse, les travaux forcés à vie, l'exil ou la torture, en utilisant des troupes autrichiennes (ibid., p. 254). Le pape Grégoire XVI a réprimé une révolte par une boucherie en masse des rebelles. La fin de l'empire de 1260 ans a commencé par les révolutions en Italie et en Europe de 1848 (voir McEvedy, p. 151). Le pape Pie IX a été rétabli à Rome par des troupes françaises, le 12 avril 1850. Cependant, il était sans pouvoir. L'armée de Garibaldi a encerclé Rome, le 19 avril. Il y a eu un vote organisé pour l'indépendance de la papauté, pour que les États Papaux joignent la République. Le vote dans la seule ville de Rome était 46 785 pour et 47 contre. À travers les États papaux, le résultat a été de 132 681 pour et 1 505 contre (Martin, p.255). C'était un rejet total de l'autorité papale. Huit mois plus tard, le Parlement italien a passé la Loi des Garanties :

… le pape est un souverain indépendant, le Parlement le reconnaît ; il jouit de l'inviolabilité et de l'immunité personnelles, de la liberté de venir et d'aller, de tenir des conclaves, des conciles, des consistoires, comme il veut. Il possède le Vatican, le Latran, les bureaux Papaux et Castel Gandolfo. Il aura un revenu annuel de 3 225 000 lires.

 

Pie a déchiré la copie de la loi en disant : "nous serons prisonniers." (Martin, p. 255).

 

L'empire est ainsi venu à sa première ou grande conclusion. Il y a eu une petite résurgence qui s'est terminée en 1871, quand le pape a perdu de nouveau complètement tout pouvoir temporel. Les Églises du Sabbat étaient en sécurité pour l'instant, mais elles étaient presque mortes. Sardes régnait (Apoc. 3:1 et suivants).

 

En Chine, il semble que la fin des 1260 ans a été célébrée par la Révolte des Taiping de 1850. Hung Hiu-Tsen s'est proclamé empereur et il a pris Nanjing et Shanghai (McEvedy, p. 151). L'observance du Sabbat était un facteur principal et un stimulus. Selon un de leurs officiers (Lin-Le), sous Hung, tout l'opium, le tabac et toutes les boissons intoxicantes étaient interdits et le Sabbat religieusement observé (Lin-Le The Ti-Ping Revolution, Vol. I, pp. 36-48,84). Lorsqu'on leur a demandé pourquoi ils observaient le Sabbat du septième jour, les Taiping ont dit que, premièrement, la Bible l'enseignait et, deuxièmement, leurs ancêtres l'observaient comme un jour d'adoration (A Critical History of the Sabbath and the Sunday aussi noté dans la publication SDA, p. 27).

 

L'empire de 1260 ans est dérivé d'Apocalypse 12:6 et d’Apocalypse 12:15, où la femme a reçu les ailes du grand aigle (Christ selon l'Exode), afin qu'elle puisse s'envoler dans le désert, où elle doit être nourrie pour un temps, des temps et la moitié d'un temps. Dans le système des temps prophétiques, c'est basé sur l'année prophétique de 360 jours ou 360 ans. Il y a donc une dualité possible à cette prophétie. Cependant, la signification principale est que la durée est de 1260 ans (360 x 3.5). Le point de début de cette prophétie est 590 EC. L'affirmation que les 1260 ans ont commencé avec les batailles romaines à Busta Gallorum et se sont terminés avec la déposition de Napoléon en 1814 est complètement fausse. Belisarius a pris la Sicile et l'Italie aux Ostrogoths de 535-540 mais ils ont contre-attaqué avec succès en 540. En 568, les Lombards ont envahi l'Italie. Ils ont été chassés de la Hongrie par les Avars. La fin du système n'était pas en 1814. La bataille de Waterloo a eu lieu en 1815, et non en 1814.

 

Napoléon avait, en fait, démantelé ou aboli le Saint Empire Romain en 1806. Toutes les propriétés des Hapsburg sont devenues la propriété de l'Empire autrichien, avec l'allemand comme la langue officielle. Napoléon avait annexé les propriétés papales en 1808 (McEvedy, p. 135). En 1815, la Conférence de Vienne a abouti à un accord qui a redessiné la carte de l'Europe. La conférence a rétabli les monarchies autrichiennes et prussiennes. Le Saint Empire Romain a été reconstitué comme une Confédération allemande, sous la Présidence autrichienne. La Suède a obtenu la Norvège du Danemark, mais elle a perdu son dernier point d’appui sur le Continent (McEvedy, p. 140). Entre 1815 et 1848, il y a eu seulement un changement de frontières dans le secteur couvert par le Congrès et seulement deux dans toute l'Europe. Le premier était simplement pour reconnaître que la tentative par le Congrès d'unir la Belgique et la Hollande avait échoué (les Belges ont expulsé les Hollandais en 1830). Le deuxième était l'indépendance des Serbes vis-à-vis des Ottomans en 1817. Les Grecs ont tenté d'obtenir une indépendance totale en 1821.

 

Par conséquent, l'affirmation selon laquelle le Saint Empire Romain a pris fin en 1814 est une fiction de propagande émanant des églises aux États-Unis. La base semble provenir du fait que les Américains étaient ignorants de la politique continentale. Les Adventistes aux États-Unis ont essayé de proclamer la venue du Messie à partir de 1842. Les affirmations de la venue de 1842-44 ne pouvaient pas être faites si la prophétie d'Apocalypse concernant les 1260 ans était toujours en développement. Les Adventistes ont donc commodément ignoré le démantèlement de 1806 et la reconstitution de 1815 du Saint Empire Romain et ont commodément cessé la période en 1814. Ce mensonge a été accepté par les Adventistes américains et d'autres ramifications des Église de Dieu et ce, jusqu'à ce jour. Le résultat final de cette erreur de date est que les affirmations de l'Adventisme concernant 1842-44 sont fausses. Rien ne pouvait arriver puisque les prophéties ne pouvaient pas s’accomplir à ce moment-là. 1850 est la date la plus précoce à laquelle ils auraient pu appliquer la fin des 1260 ans et il y a d'autres dates que les ramifications Adventistes-Millérites aux États-Unis n'avaient pas appliquées et n'ont toujours pas appliquées. Le résultat a été désastreux pour l'exposition biblique Sabbatarienne.

 

Une autre date importante était celle de 663, quand le Synode de Whitby a été tenu à l'Abbaye d'Hilda en Angleterre et que les Églises britanniques et tous les Hébreux occidentaux ont été forcés d'accepter la domination romaine à la pointe de l'épée. Effectivement, cela a placé tout l'Ouest Chrétien sous la domination du système de la fausse Église. Cela a commencé une autre période de prophétie qui sera détaillée ailleurs. Le résultat final a été que les Chrétiens obéissants ont enduré des tribulations pendant la période. Il y aura une autre épreuve dans les derniers jours (Apoc. 6:9-11) puis, le Messie viendra.

 

(Note : Des citations importantes qui ont été obtenues d'un journal SDA indéterminé qui avait des citations incomplètes. Certaines étaient extrêmement vieilles ou rares. Deux étaient difficiles à déchiffrer. Les citations ont été authentifiées dans la mesure du possible. Une a été corrigée et une autre complétée. L'érudition est regrettée mais les notations sont considérées comme importantes).


 

 

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