Christian Churches of God

[164]

 

 

 

La Bible

 

(Édition 3.0 19960518-19990920-20090707)

 

 

 

La Bible Chrétienne, est-elle la parole inspirée d’un Dieu tout-puissant et aimant comme le prétendent certains, ou n'est-elle qu'un recueil d'écrits de sages comme le prétendent d'autres ? Ce document est une réponse à une demande de renseignements émanant d'une guilde de l'Église Catholique Romaine qui enseigne que la Bible n'est pas la seule règle de foi.

 

 

Christian Churches of God

PO Box 369, WODEN ACT 2606, AUSTRALIA

 

Courriel : secretary@ccg.org

 

(Copyright ã 1996, 1999, 2009 Wade Cox)

(Tr. 2009, 2022, rév. 2022)

 

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 La Bible [164]

 


Nous avons été contactés par des membres d'une guilde de l'Église Catholique Romaine. Ils semblaient penser que ceux qui croyaient que la Bible est la parole inspirée de Dieu avaient tort. Le porte-parole a écrit :

 

Avez-vous des informations sur les raisons pour lesquelles vous croyez que la Bible est inspirée (notre position sur son inspiration sera sans doute différente) ? Nous aimerions également connaître les preuves bibliques que la Bible est la seule règle de foi, et savoir pourquoi personne n’a cru à cette doctrine jusqu'à ce que Martin Luther la proclame 1500 ans après Christ. Tout le monde s’est-il trompé pendant 1500 ans ? Si la Bible est la seule règle de foi, comment les premiers Chrétiens qui vivaient avant que le Nouveau Testament ne soit officialisé à Constantinople en l’an 381, savaient-ils quels étaient les enseignements de Christ ? Nous affirmons que cette doctrine n'est pas biblique, mais qu’il s’agit plutôt de la doctrine de Luther.

 

Cette lettre contenait également la déclaration intéressante suivante :

L'Église Catholique, dans son enseignement, ne revendique pas l'autorité de changer l'enseignement biblique, et ne l'a jamais fait. Quant à la question du changement du Sabbat, nous croyons qu'il n'existe aucune doctrine du Christ qui exige qu’il reste le samedi. En tant que Catholiques, nous soutenons que, parce qu’il ne s’agit pas d’une question doctrinale, l'Église a l'autorité de le changer et que cette autorité lui a été donnée par Christ. La Résurrection de Christ et tout ce que cela englobe est la raison centrale de ce changement.

 

C’est la position classique évoquée par le prophète Daniel lorsqu’il a parlé de la quatrième Bête, qui devait être le système Romain qui a succédé au système Grec qui était la troisième Bête. La quatrième Bête [romaine] cherchait à changer les temps et la loi.

 

Daniel 7:19-28 Ensuite je désirai savoir la vérité sur le quatrième animal, qui était différent de tous les autres, extrêmement terrible, qui avait des dents de fer et des ongles d’airain, qui mangeait, brisait, et foulait aux pieds ce qui restait ; 20 et sur les dix cornes qu’il avait à la tête, et sur l’autre qui était sortie et devant laquelle trois étaient tombées, sur cette corne qui avait des yeux, une bouche parlant avec arrogance, et une plus grande apparence que les autres. 21 Je vis cette corne faire la guerre aux saints, et l’emporter sur eux, 22 jusqu’au moment où l’ancien des jours vint donner droit aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints furent en possession du royaume. 23 Il me parla ainsi : Le quatrième animal, c’est un quatrième royaume qui existera sur la terre, différent de tous les royaumes, et qui dévorera toute la terre, la foulera et la brisera. 24 Les dix cornes, ce sont dix rois qui s’élèveront de ce royaume. Un autre s’élèvera après eux, il sera différent des premiers, et il abaissera trois rois. 25 Il prononcera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les saints du Très Haut, et il espérera changer les temps et la loi ; et les saints seront livrés entre ses mains pendant un temps, des temps, et la moitié d’un temps. 26 Puis viendra le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais. 27 Le règne, la domination, et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son règne est un règne éternel, et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront. 28 Ici finirent les paroles. Moi, Daniel, je fus extrêmement troublé par mes pensées, je changeai de couleur, et je conservai ces paroles dans mon cœur. (LSG)

 

Il y a, d'après ce texte de Daniel, deux éléments concernant les œuvres de cette Bête. Elle cherche, premièrement, à changer les temps et, ensuite, la loi. Le système a été remis dans ses mains pour épuiser/opprimer les Saints du Très-Haut pendant un temps, des temps et la moitié d'un temps, soit 1260 jours/années prophétiques. Cette période a atteint l’apogée de son pouvoir à partir de l’an 590 EC avec la déclaration du Saint Empire Romain et a duré jusqu'en 1850, date à laquelle l'empire fut dissous par les guerres révolutionnaires en Italie. Ce système devait être consumé et détruit jusqu’à la fin. Ce processus s’accélère présentement.

 

Nous nous intéressons ici aux implications pour les textes bibliques. Les concepts qui sous-tendent ces affirmations sont circulaires dans leur processus, mais découlent fondamentalement de l'incapacité à comprendre la nature et les activités de Dieu à travers Son Messie et Ses serviteurs les prophètes. Le fait que le Quatrième Commandement de Dieu puisse être tenu pour autre chose qu'un enseignement biblique est, pour quelqu'un qui n'est pas familiarisé avec le raisonnement catholique, tout simplement stupéfiant dans son hérésie.

 

Les déclarations montrent également un manque de compréhension de la position de l'Église Romaine par rapport à son pouvoir perçu de changer les lois de Dieu en raison de la prétendue autorité qui lui aurait été donnée par Christ. Cela découle de la position doctrinale de la Trinité qui cherche à élever le Christ avec Dieu, et c’est le motif précis de la production de la doctrine trinitaire dès sa création par les Cappadociens. Comme nous le savons, et comme l'a souligné Bacchiocchi, le changement du Sabbat au Dimanche repose sur l'autorité des conciles de l'Église Catholique, tant romaine que grecque orthodoxe, pour changer le jour du culte d'adoration de l'église, du Sabbat tel que défini dans les commandements au dimanche, qui provient d’autres influences. Ce changement repose sur les Conciles et sur aucune autre autorité. En effet, les Protestants auraient le plus grand mal à accepter les revendications de cette organisation catholique, car elle cherche à revendiquer une base biblique pour ce changement, qui n'en a aucune. Le fait de dépendre de l'autorité des Conciles de l'Église Catholique sous ses diverses formes d’Église orthodoxe, romaine et anglicane est un anathème pour la plupart des Protestants.

 

Martin Luther était un Protestant, issu du Catholicisme Athanasien, et par conséquent, ne faisait pas partie de l'Église de Dieu. L'Église a soutenu la doctrine de l'inspiration des Saintes Écritures qu'elles ont été données par Christ avec les apôtres. À l'époque de la Réforme, l'Église ne considérait pas Luther comme faisant partie d'elle. En effet, Luther et la Réforme protestante sont devenus un sérieux problème pour l'Église de Dieu en raison de leur anticatholicisme superficiel qui n'est pas allé au-delà des enseignements d'Augustin et qui a par conséquent échoué dans son objectif.

 

L'enseignement selon lequel la vision des Saintes Écritures est élaborée est un point de vue moderne basé sur la théorie des religions en développement. L'argument selon lequel la Bible est une oeuvre élaborée provient de la critique textuelle moderne. Le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible (Abingdon, Nashville, 1962, Vol. 1, art. Canon of the Old Testament, pp. 498f.) affirme qu'aucun livre n’a jamais été considéré comme la parole de Dieu avant 621 avant J.C. en se basant sur le texte de 2Rois chapitres 22 et 23. Ce point de vue semble se fonder sur la découverte du Livre de la Loi dans le Temple par le prêtre Hilkija qui l'a remis aux Scribes pour le roi, ce qui a ensuite entraîné la réforme de Josias. L’opinion semble être basée sur le fait que le Livre de la Loi n'était pas suivi. Ceci est tout à fait absurde. La Bible explique dans 2Rois 23 à quel niveau de dégradation idolâtre la nation s'était abaissée. Les prêtres sacrifiaient à Baal et pour Asherah et le Temple était devenu plein d'idoleset d'Asherah, et les prostitués mâles vivaient dans des maisons dans le Temple et les femmes y tissaient pour Asherah ou des phallus (2Rois 23:7). La souillure se poursuivait dans tout Juda et les enfants étaient sacrifiés à Moloch à Topheth, dans la vallée de Ben-Hinnom (2Rois 23:10). L'explication la plus correcte est que la Loi et les Textes jusqu'à cette époque étaient déjà anciens et placés dans le Temple pour être conservés. La population en général était tombée à des niveaux extraordinaires de dépravation et d'idolâtrie. Le prêtre Hilkija était un serviteur fidèle qui protégeait les textes et les portait à l'attention de Josias, par l'intermédiaire des Scribes, dont il espérait qu'ils en tiendraient compte. La restauration de Josias comporte les éléments de toute la loi, y compris le Deutéronome, et nous savons donc qu'à l'époque de Josias, le Pentateuque était un livre complet.

 

Le point de vue moderne sur le développement, qui nie l’achèvement antique du Pentateuque, est peut-être mieux illustré dans les commentaires du dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible (à la page 500).

 

La littérature la plus ancienne des Israélites, datant de l’époque de Moïse ou d’avant, consiste en des poèmes (Genèse. 4:23-24 ; Exode. 15:21 ; Nom. 21:17-18) et en des lois du désert (Exode 21:12 ; 15-17 ; 22:19 ; Lév. 20:10-13) ou de Canaan (le Code de l'Alliance : Exode. 21:2-11,18-22 ; 21:26-22:17 ; et le dialogue rituel : Exode. 23:12,15-17 ; 22:29-30,18-19).

 

Entre Moïse et Salomon, le Cantique de Débora (Juge. 5) et d'autres poèmes, comme les deux élégies de David (II Sam. 1:18-27 ; 3:33-34), ont été composés ; et les histoires d'Adam, des patriarches et des juges ont été diffusées oralement. L'écriture en prose à son meilleur commence au temps de Salomon (vers l’an 975-935 avant J.C.) et va de la fiction (les histoires de Samson dans Juges 13-16) à l’écriture historique brillante (la biographie de David, écrite probablement par Achimaats, fils de Tsadok). Les meilleurs poèmes de cette époque sont Genèse 49 ; Ps. 24:7-10.

 

La meilleure littérature du Royaume du Nord (935-722) n'est conservée que dans quelques poèmes (Nom. 23:7-10,18-24 ; Deut. 33 ; Ps. 45), dans les restes de l'Histoire des Rois d'Israël, dans les histoires d'Élie et d’Élisée, dans le Document E du Pentateuque, dans les sources tardives de Josué et des Juges et dans les oracles prophétiques d’Osée. À l'époque, à l'exception du Document J et de quelques superbes oracles prophétiques (Amos, Ésaïe, Michée), la littérature du Royaume du Sud n'était pas aussi brillante. La période classique s’achève en Juda avec la chute de Jérusalem en l’an 586 avant J.C., mais cela inclut toujours un chef-d’œuvre poétique (Nahum. 1:10 et suiv.), et la partie la plus ancienne et la plus spirituelle des Proverbes (les chapitres 25-27).

 

Après Jérémie, la prophétie commence à décliner (Sophonie, Habacuc), mais elle a donné lieu au Livre de la Loi (Deut. 5-26 ; 28), trouvé dans le temple en l’an 621 avant J.C. Les parties du Pentateuque et des livres historiques écrits à cette époque sont également inférieures à la prose antérieure.

 

À l'exception de Job et du Second Ésaïe (Ésaïe. 40-55), le VIe siècle est dépourvu d'œuvres remarquables : certains psaumes, proverbes et le livre des Lamentations illustrent la poésie prolixe et prétentieuse de l’époque ; Ézéchiel, Aggée et Zacharie illustrent le déclin de la prophétie ; le Code de la Sainteté (Lév. 17-26) illustre la loi de cette période.

 

Les deux siècles suivants sont dépourvus de chefs-d’œuvre littéraires - la meilleure prose se trouve dans Néhémie, Ruth et Jonas ; le Code Sacerdotal (vers l’an 450) et l'édition finale du Pentateuque (vers l’an 400) ont fait date et ont été fatals à la prophétie (Ésaïe 56-66 ; Abdias ; Malachie ; Joël ; et additions aux livres prophétiques), qui, à la fin de cette période, est devenue une apocalypse. La poésie (Deut. 32 ; Exode 15:1-8 ; Nahum 1:1-9 ; Habacuc 3 ; 1Sam. 2:1-10 ; plusieurs psaumes et proverbes) est de plus en plus élaborée et pompeuse.

 

Aux troisième et deuxième siècles, la meilleure poésie se trouve dans le Cantique des Cantiques [ou de Salomon], l’Ecclésiastique, l'Ecclésiaste et les psaumes tardifs ; la meilleure prose se trouve dans les Chroniques et Esther ; Daniel est l'apocalypse la plus importante (outre Ésaïe 24-27 ; Zach. 9-14) ; l'édition finale des livres prophétiques (Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel et les prophètes mineurs) vers l’an 200 avant J.C. marque la mort de la prophétie.

 

Les affirmations selon lesquelles Jérémie aurait inspiré le livre de la loi sont des conjectures scandaleuses. Il devrait être considéré comme évident que la restauration de Josias impliquait des éléments de la loi qui étaient contenus dans chacun des textes, y compris le Deutéronome.

 

Quelle est la position de la Bible ? Que dit Dieu par l’intermédiaire de Ses serviteurs, les prophètes ?

 

La Position de la Bible

La Bible est soufflée par Dieu (SGD 2315). Toute Écriture est donnée par l'inspiration de Dieu (2Tim. 3:16). Job 32:8 montre l’activité de l'inspiration de Dieu. La compréhension est donnée à l'homme par l'inspiration de Dieu. Vous ne pouvez pas comprendre la Bible à moins que votre esprit ne soit ouvert aux mystères de Dieu. Aux élus est donnée la compréhension/l’intelligence des mystères du Royaume de Dieu et des cieux (Matt. 13:11 ; Luc 8:10). Les élus, dès leur baptême, et avec les anciens, sont faits intendants/gardiens des mystères de Dieu (1Cor. 4:1 ; 13:2) (consulter le document Les Mystères de Dieu (No. 131)).

 

Christ a enseigné que les Saintes Écritures ne peuvent pas être anéanties (Jean 10:35). Elles doivent être accomplies (Actes 1:16). Christ lui-même a participé à son accomplissement (Jean 13:18 ; 17:12 ; 19:24, 28, 36-37 ; 20:9). Christ a dit que pas un iota (un point) ou ligne (trait) (les plus petites parties des textes de l'Ancien Testament) ne disparaîtrait de la loi avant que tout ne soit accompli (Matt. 5:18 ; Luc 16:17). La loi royale est conforme aux Saintes Écritures (Jacques 2:8,23) et l’Écriture n'est pas vaine (Jacques 4:5). Pierre a parlé des Saintes Écritures (1Pierre 2:6) et a soutenu que la prophétie ou l’Écriture n'était d'aucune interprétation privée (2Pierre 1:20).

 

Cela donne-t-il alors la compilation de la Bible à d'autres autorités ? À quel moment l'enseignement contre l'inspiration de la Bible et sa position comme fondement de la foi s’est-il établi ?

 

Nous savons que le canon de l'Ancien Testament était vénéré en tant que la parole de Dieu dès les premiers temps. Les placements des Tables de la loi dans l'Arche de l'Alliance et les écrits de la loi sur le côté de l'Arche étaient des instructions suivies par Israël et étaient déjà anciens à l’époque de Josias.

 

Les anciens considéraient comme un fait que les êtres célestes pouvaient se révéler aux hommes et qu'ils le faisaient (Ex. 33:11 ; Iliade 1:193-218 etc. ; l’Épopée de Gilgamesh, Livre 6). Dieu s'est également révélé dans des visions (1Rois 22:19-22 ; Ésaïe 6 ; Job 4:12-17) et des rêves (Genèse 28:12-15). Cette capacité était également accordée à l'Armée par les anciens (Iliade I:63 ; II:5-15 ; Gudea Cylinder A, colonnes I-VII). Plus généralement, la déité/divinité s’exprimait par l’intermédiaire de Ses serviteurs, les prophètes (par exemple, dans la Bible, Amos 3:8 ; 7:15-17 etc.). Cette fonction a également été comprise à partir de Virgile (Aeneid VI:45-97 etc.). La divination, tant par des moyens naturels, c'est-à-dire sous inspiration divine, que par des moyens artificiels utilisant les présages, était également utilisée pour déterminer la volonté de Dieu (1Sam. 28:6) et aussi de l'Armée (voir Cicéron Sur la Divination II:26).

 

Ainsi, l'inspiration était considérée comme allant de soi par les anciens, mais on distinguait l'inspiration divine de Yahovah ou de Son ange (par exemple, pour les tables de pierre (Ex. 31:18)). On distinguait également Yahovah des déclarations d’un voyant selon le texte de 1Samuel 9:9 et des praticiens de la magie dénoncés dans Deutéronome 18:9-12.

 

L'Écriture Sainte Canonique a son origine dans les prophètes et est ratifiée par le Roi, les prêtres et la congrégation. Le mot ‘prophète’ signifie celui qui est saisi souvent pour des messages impopulaires (Jér. 20:7-9). La première personne (le Je) dans ces textes est Yahovah (Amos 4:6-11 ; 5:21-24 etc.). Selon le dictionnaire The Interpreter’s Dictionary of the Bible (Vol. 1, p. 501) l’ensemble du livre du prophète Amos (vers l’an 750 AEC) n’a été considéré comme étant inspiré que cinq siècles plus tard. Si tel est le cas, un soin extraordinaire a été apporté à une œuvre qui n'était pas inspirée. De tels commentaires, cependant, ne font pas honneur à la structure de la congrégation de Dieu ni de Son interaction avec elle.

 

Le canon inspiré est né de Moïse et s’est terminé avec Esdras et Néhémie (Jos. Apion I:viii ; 2Esdras 14:44-46 ; cf. Ps. 74:9 ; 1Macc. 4:46 ; 9:27 ; 14:4 ; cf. Interp. Dict., p. 501). Les écrits Apocryphes n’étaient pas considérés comme faisant partie du canon jusqu'à ce que le système romain les ait inclus. Le canon juif a été définitivement déterminé et fermé une fois pour toutes à partir de l’an 90 EC (voir Interp. Dict., p. 514).

 

L'Ancien Testament commence par l'histoire des nations dans Genèse et trouve sa première forme en tant que livre contenant la loi à l’intérieur (Deut. 10:5) et à l'extérieur de l'arche (Deut. 31:26).

 

Le canon Hébreu

Le Canon Hébreu se compose d’une série de catégories :

1.     La Loi ou la Torah

Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome.

2.     Les Prophètes ou les Nebi'im

Les anciens Prophètes : Josué, Juges, Samuel, Rois.

Derniers Prophètes : Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel, les douze prophètes mineurs.

3.     Les Écrits ou les Ketubbim

Poésie : Psaumes, Proverbes, Job.

Les Cinq Rouleaux : Cantique des Cantiques [ou de Salomon], Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther.

La Prophétie : Daniel.

Histoire : Esdras-Néhémie, 1-2 Chroniques.

 

Dans le Talmud (Baraita B.B 14b), l'ordre est le suivant : Pentateuque, Prophètes (Josué, Juges, Samuel, Rois, Jérémie, Ezéchiel, Ésaïe, les prophètes mineurs, les Écrits (Ruth, Psaumes, Job, Proverbes, Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques [ou de Salomon], les Lamentations, Daniel, Esther, Esdras [plus Néhémie], les Chroniques).

 

Pour les ordres divergents dans les livres et les manuscrits, voir S. Singer, ed., The Jewish Encyclopedia, III, 144. Pour l'ordre dans la Septante (LXX) voir H. B. Swete, Introduction to the Old Testament in Greek (1914), pp. 201-214 (cf. Interp. Dict., p. 514).

 

Ces livres de l'Ancien Testament étaient appelés par les Juifs les Oracles de Dieu (Theou Logia) (Aristeas 177). Philon les appelle les oracles Divinement révélés (Légation à Caius 31 [II, 577, Mangey]). Il dit que Moïse a écrit le Pentateuque sous inspiration divine (Vie de Moïse II.2 [II, 136, Mangey] III.23 [II, 163 Mangey]). Josephus les appelle les décrets de Dieu (Apion I, viii).

 

Cela suit le sentiment, dans la Bible elle-même, qu’elle est la parole de Dieu (Ex. 20:1,22 ; 21:1 ; 25:1 ; Lév. 1:1 ; 4:1 ; 6:1 ; 8:1 ; etc. ; Jér. 1:1-2 ; Ézéchiel 1:3).

 

Le dictionnaire Interpreters Dictionary of the Bible soutient, à partir du texte de la restauration de Josias, que les prophètes décidaient si tel livre était divinement inspiré ou non (2Rois 22:14-16) et qu’ils étaient déclarés canoniques par le roi et le peuple (2Rois 23:2-3) ou par le clergé et le peuple (Néhémie 10:28-29). Il s’agit d’une fiction. Josias et le peuple se sont repentis de leur péché lorsqu’ils ont vu que la nation était tombée dans une si grande apostasie. Ils ont renouvelé l'alliance que leurs pères avaient conclue avec Dieu sous l’ancien Livre de la Loi. Cela rend absurde l'hypothèse du développement et il faut donc trouver un autre argument pour le texte, autre que ses mots clairs, ce qui est absurde. Il ne fait aucun doute que la canonicité des textes a été acceptée ou ratifiée par le roi et le peuple, mais cela n'a pas modifié la nature ancienne du texte, ni sa canonicité antérieure (le Ps. 119 y fait référence). Le test de canonicité était contenu dans Ésaïe 8:20 ; c'est-à-dire qu’il devait être conforme à la loi et au témoignage. Ainsi, rien ne peut être une oeuvre inspirée qui contredit la loi ou les textes canoniques inspirés précédemment acceptés.

 

Les autorités rabbiniques soutenaient que la loi ou Torah ainsi que le repentir, le paradis (Éden), la Géhenne, le trône de gloire, le Temple céleste et le nom du Messie ont été créés avant le monde. Le texte de référence est Proverbes 8:22. La sagesse est comprise comme étant identique à la Torah (Baraita Pesakhaim 54a). Il en est nécessairement ainsi puisque la loi procède de la nature de Dieu (voir le document La Distinction dans la Loi (No. 096) et la série de documents sur la Loi en général). La loi est donc comprise comme antérieure à la création physique. Elle est liée aux problèmes que nous voyons avec l'Armée déchue, à partir de sa relation avec le Temple céleste. Le Jardin d'Éden, ou le paradis, est également une chose céleste, ainsi que la chose physique que nous avons vue avec Adam.

 

Pour le Judaïsme, la Torah est le corps interne du canon. Rien n'est révélé, par les prophètes, qui ne soit pas contenu dans la Torah. C'est essentiellement le même sentiment exprimé par Christ dans Matthieu 22:40.

Matthieu 22:38-40 C’est le premier et le plus grand commandement. 39 Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40 De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. (LSG)

 

Ainsi, les deux grands commandements sous-tendent les Dix commandements. Ils deviennent le noyau central de la foi. Les Dix Commandements deviennent le pivot sur lequel la loi est donnée et développée. Toute la loi et le témoignage sont en accord avec ces principes et il ne peut y avoir de contradiction. Aucun prophète ne peut parler contre eux et être encore un prophète (Ésaïe 8:20). Le roi exerçait la fonction d’une cour suprême (2Sam. 15:2-6), mais lui-même n'était pas au-delà de la loi, étant lié par celle-ci (2Sam. Chapitres 11-12).

 

Les traditions (B. B 14b-14a) attribuent des rôles importants dans la canonisation à Ézéchias et à son collège dans la compilation d'Ésaïe, des Proverbes (cf. Prov. 25:1), du Cantique des Cantiques et de l’Ecclésiaste. On attribue aux hommes de la Grande Synagogue la compilation d'Ézéchiel, des douze prophètes mineurs, de Daniel et d’Esther. C’est à Néhémie que l’on attribue l'achèvement de l'Ancien Testament (cf. 2Macc. 2:13), qui est également attribué à Judas Maccabeus (2Macc. 2:14) et aussi à Esdras (2Esdr. 14). On suppose que tout l'Ancien Testament a été achevé et canonisé à l’époque d'Esdras et de Néhémie, sous le règne d'Artaxerxès (Jos. Apion je. Viii) (tenu à tort pour Artaxerxès I, e.g. par Interp. Dict. consulter le document Le Signe de Jonas et l'Histoire de la Reconstruction du Temple (No. 013)). On considère également que la clôture se situe à l’époque d'Alexandre le Grand (Seder Olam Rabba 30). Ainsi, les derniers prophètes furent Aggée, Zacharie et Malachie. Esdras et Néhémie étaient des agents de Dieu. Néhémie était le premier oint de Daniel 9:25 (consulter le document Le Signe de Jonas et l'Histoire de la Reconstruction du Temple (No. 013)).

 

Avec Néhémie et Esdras, les Saintes Écritures ont été finalement et complètement canonisées et la séquence du temps s’est poursuivie jusqu'à la fin des soixante-dix semaines d'années avec la destruction du Temple et la dispersion de Juda et de son autorité. Les traditions veulent que l'Esprit Saint ait quitté Juda à l’époque d'Esdras/Néhémie et que la prophétie ait cessé. Bien sûr, ceci est une tentative de réduire l'impact de Jean le Baptiste, du Messie et des apôtres. Mais dans le sens où Juda n'était plus traité par Dieu autrement que par le Baptiste, puis par l'Église à partir de Christ, c’est vrai.

 

La décision de fermer le canon pour toujours a été prise en l’an 90 EC (Interp. Dict., ibid., p. 514), soit vingt ans après que la destruction du Temple ait effectivement mis fin à la responsabilité de Juda à l'égard des oracles de Dieu, et que Dieu ait révélé toutes les prophéties par l'intermédiaire de l'Église, ce qu'Il avait fait avec les apôtres et ce qu’Il avait fait avec Jean environ vers l’an 95 EC.

 

L'Ancien Testament était considéré comme une Écriture inspirée par le Judaïsme (Philon On Flight and Finding I. 4 [546] ; On the Special Laws 39, ss 214 [243] ; I Clem. 45.2 ; 53:1) et par les apôtres et l'Église en général jusqu'à l’époque d'Origène (Jean 2:22 ; Actes 8:32 ; 2Tim. 3:16 etc. Interp. Dict., p. 499). Paul se réfère à elle comme étant à la fois Sainte et Sacrée (Rom. 1:2 ; 2Tim. 3:15). Celle-ci était aussi les écrits (Jean 5:47). C'est simplement le point de vue accepté de tout Israël et de l'Église jusqu'aux factions apostates à l'époque d'Origène (voir aussi Philon La Vie de Moïse 2.51 ss 290,292 [179] ; Josèphe Antiq. I. iii. 13 ; X. iv. 210, etc.). Sa compilation et son acceptation par l'Église en tant que livre ne faisaient aucun doute (Marc 12:26 ; Luc 3:4 ; 4:17 ; 20:42 ; Actes 7:42 ; Galates. 3:10 etc. ; voir aussi I Clem. 43:1 ; M. Yadaim 3.2, 5 ; 4:6 ; Shab. 16:1 ; ‘Er. 10:3 ; etc.).

 

Plus tard, les Juifs se sont référés au texte comme étant Ce qui est lu (cf. Le Coran), aussi Ce qui est écrit, le livre, et aussi les vingt-quatre livres. La Bible hébraïque compte vingt-quatre livres en trois divisions ; La Loi, Les Prophètes et les Écritures, comme nous l’avons vu. Ces trois divisions étaient la forme acceptée et apparaissent dans la traduction grecque de l'ouvrage Ecclésiastique (vers l’an 132 EC) en tant que La loi et les prophètes et les autres livres de nos pères.

 

La Bible chrétienne suit les divisions grecques et latines, organisant les 39 livres (en comptant Samuel, les Rois, les Chroniques, et Esdras-Néhémie en tant que deux livres, et les prophètes mineurs comme douze livres). Les œuvres Apocryphes n'ont pas été incluses ni acceptées par l’Église primitive jusqu'aux conciles postérieurs, puis seulement par certains Athanasiens.

 

Le Canon du Nouveau Testament

Les écrits du Nouveau Testament ont été rassemblés par l'Église comme un recueil des opinions des apôtres sur ce qui constitue la volonté inspirée de Dieu. Ils ont été ajoutés à l'Ancien Testament pour former ce que nous connaissons comme la Bible. Celle-ci était fondée sur une certaine conception de l'Ancien Testament et des lois de Dieu, à savoir qu'il s'agissait de la volonté inspirée de Dieu telle qu'elle était révélée par Ses serviteurs, les prophètes.

 

Davies dit dans son résumé de la question de la Loi dans le Nouveau Testament (Interp. Dict., Vol. 3, p. 102) que :

Ils affirment tous que la loi, dans la mesure où elle est l'expression de la sainte volonté de Dieu, reste valide, radicalisée, et en même temps relativisée, par la revendication absolue de l'amour.

 

L'histoire du canon de la Bible peut être trouvée dans l'ouvrage de l’Évêque Westcott sur l'Histoire du Canon. Les revendications selon lesquelles l'Église en serait venue à considérer le Nouveau Testament comme supérieur à l'Ancien Testament sont fausses. L'Église en est venue à considérer le Nouveau Testament comme une continuation de l'Écriture et la révélation de Dieu. Il faisait autorité avec l'Ancien Testament, mais ne le contredisait pas et n'en éliminait pas la force. Le système orthodoxe postérieur en est venu à adopter ce point de vue, mais l'Église primitive ne l'a ni commencé ni soutenu.

 

Certains Catholiques modernes prétendent que le Concile de Constantinople a établi la Bible à partir de ses délibérations et qu’avant cette date, il n'y avait aucun texte biblique établi en tout. Ceci est totalement faux. Le Concile Quinisexte de Constantinople de l’an 642 EC est mentionné ci-dessous dans son contexte.

 

Les églises de l'ère moderne sont en accord substantiel sur ce qui constitue le canon du Nouveau Testament, dans l'ensemble de ses vingt-sept livres, et cela est resté constant à travers les incroyables schismes qui ont déchiré l'église orthodoxe depuis le Ve siècle, au IXe siècle et jusqu’à la Réforme Protestante. Les Églises de Dieu ont également été d’accord pendant deux mille années sur ce qui constitue le canon du Nouveau Testament.

 

Le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible, dans son article Canon du NT à la page 520 et suiv., dit :

Cet accord était atteint en substance vers la fin du deuxième siècle ; car à ce moment-là, les quatre évangiles, le livre des Actes, les lettres de Paul (incluant les Pastorales mais généralement pas Hébreux) et deux ou plus des lettres catholiques (sic) (I Jean, I Pierre et parfois d'autres) étaient reconnus en tant qu’Écriture Sainte dans toutes les parties de l'Église. Il restait en marge un certain nombre de livres dont la canonicité était encore contestée. Hébreux, Jacques, II et III Jean, II Pierre, Jude et Apocalypse étaient destinés à être acceptés par tous, et un nombre un peu plus important d'autres écrits chrétiens jouissaient d'une canonicité temporaire ou régionale, mais n'étaient pas en mesure de conserver leur position élevée. À la fin du quatrième siècle, les limites de la collection ont été irrévocablement fixées dans les Églises grecques et latines de l'Empire Romain.

 

Le Canon de l'Église Syrienne présentait encore quelques différences majeures, mais celles-ci ont été largement surmontées dans la Peshitta (début du Ve siècle), et entièrement dans les révisions de Philoxen (508) et de Harkle (616) du NT Syriaque (voir les Versions Anciennes § 4). Il faut dire que ces révisions n'ont pas supplanté la Peshitta dans la majeure partie de l'Église Syrienne, qui limite donc encore son canon du NT à vingt-deux livres, rejetant l’Apocalypse et les quatre lettres mineures catholiques (sic) (II et III Jean, II Pierre et Jude). Le canon Éthiopien, par contre, a été élargi pour inclure huit livres supplémentaires ; et le NT Gothique n'a jamais inclus l’Apocalypse. Mais ces trois Églises étaient séparées du corps général de la chrétienté Catholique par des différences bien plus profondes que des désaccords marginaux sur les limites du canon.

 

Il faut noter que la Peshitta n'est pas placée avant le Ve siècle et qu’elle est présentée comme distincte de la lignée Syriaque primitive dont elle est issue. La distinction entre les deux catégories de lettres apostoliques a une base politico-religieuse et nous allons examiner les raisons ci-dessous.

 

Examinons maintenant le processus du développement du canon du Nouveau Testament. Ce faisant, nous suivrons plus ou moins l'approche traditionnelle des divisions, afin de rendre d'autres arguments plus logiques/cohérents avec le processus que nous allons développer.

 

Le premier point consiste en ce que Christ n'a jamais laissé d’écrits. Ses paroles ont été compilées par les apôtres. Ce processus a pris un certain nombre d'années, mais peut-être pas autant que l’érudition moderne le voudrait. Le canon a été divisé en trois étapes :

1.     De l'âge apostolique (jusqu’en l’an 70 EC)

a. Les écrits antérieurs à la chute du Temple ;

b. Les écrits après la chute du Temple.

 

2.     Collection du canon (70 EC-150 EC)

a. Collection des lettres de Paul ;

b. La rédaction des évangiles :

(i) Le seul évangile et les nombreux évangiles

(ii) L’émergence des quatre évangiles

(iii) Évangiles non-canoniques ;

c. Autres écrits Chrétiens de l’époque :

(i) Les écrits qui sont devenus canoniques (selon 1b ci-dessus)

(ii) Les écrits qui ont été finalement rejetés.

 

3.     Émergence du canon du Nouveau Testament (150-200 EC)

a. L’accroissement de la vénération des apôtres ;

b. Les premiers témoins des évangiles ;

c. Le canon de Marcion ;

d. Les effets du conflit avec le Gnosticisme et autres problèmes ;

e. Apologistes et martyrs (165-180 EC) ;

f. Le Vieux (soi-disant) Canon Catholique ;

g. Les effets de l'Introduction du Codex.

 

4. La fixation du canon (vers. L’an 200-400 EC)

a. Origène ;

b. Dionysius d'Alexandrie ;

c. La persécution sous Dioclétien ;

d. Eusèbe de Césarée ;

e. Autres listes grecques du IVe siècle ;

f. Les auteurs latins des IIIe et IVe siècles.

 

5. La croissance du canon dans l'Église Syrienne jusqu’en l’an 616 EC.

 

De l’Âge Apostolique à l’an 70 EC

Cette période était celle de l’enfance de l'église. Juda était encore sous le jugement pendant les soixante-dix semaines d'années de Daniel 9:25-27.

 

Daniel 9:25-27 Sache-le donc, et comprends ! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu’à l’Oint, au Conducteur, il y a sept semaines ; dans soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux. 26 Après les soixante-deux semaines, un Oint sera retranché, et il n’aura pas de successeur. Le peuple d’un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin arrivera comme par une inondation ; il est arrêté que les dévastations dureront jusqu’au terme de la guerre. 27 Il fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande ; le dévastateur commettra les choses les plus abominables, jusqu’à ce que la ruine et ce qui a été résolu fondent sur le dévastateur. (LSG)

 

Le jugement de Juda n'était pas encore achevé et la destruction du Temple physique n'avait pas encore eu lieu. Néhémie était le premier oint après les sept semaines d'années. La restauration sous Artaxerxès II a vu le canon finalisé avec la restauration et les murs de Jérusalem reconstruits. Le deuxième oint est arrivé à la fin de l’an 63 EC jusqu’à la dernière période qui devait se terminer avec le Temple en l’an 70 EC. C’est à ce moment-là qu’est produit le canon du Nouveau Testament.

 

Comme nous l'avons vu, l'Église primitive possédait les oracles de Dieu qui étaient les livres sacrés (Rom. 3:2). Ces ouvrages ont été confiés à Juda jusqu'à leur rejet et leur dispersion à partir de l’an 70 EC. Ceci est devenu le point de démarcation pour la garde ou le soin des oracles de Dieu qui avaient été confiés initialement à Juda (Rom. 3:2). Aussi, à partir de l'expansion de l'église, nous avons vu les écrits postérieurs devenir distincts de ces premiers textes à cause des effets des hérésies qui sont entrées dans l'église, telles que le Modalisme et le Gnosticisme. Ainsi, la période initiale antérieure à l’an 70 EC n'a pas abordé les mêmes questions que les textes ultérieurs. C’est pour cette raison même qu’il y a eu une résistance aux écrits des apôtres. En fait, une partie du texte de 1Jean a été réécrite pour surmonter les objections des hérétiques concernant la doctrine de l'Antichrist avant que cela ne puisse être accepté dans le soi-disant canon orthodoxe.

 

La base principale de l’Église primitive était l'Ancien Testament. Jésus soutenait que les Saintes Écritures de l'Ancien Testament ne pouvaient être anéanties et qu'elles exprimaient la volonté de Dieu (voir ci-dessus).

 

L'Ancien Testament est également divisé quant à la source de l'autorité. Le texte hébreu est la source des références de Christ et des douze apôtres. Cela aussi indique peut-être que les premiers textes des apôtres étaient peut-être en araméen. Les autres textes du Nouveau Testament écrits par Paul, Barnabas, Philippe l'Évangéliste et d'autres citent la Septante (LXX), et cet ouvrage est exclusivement le texte de référence de l’église postérieure du Nouveau Testament. Il a peut-être été utilisé pour faciliter la traduction et parfois sans se soucier du sens hébreu du texte qui, selon le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible (p. 521), n’a aucune incidence sur le point en question. Ce commentaire est important, car il démontre que la compréhension des points soulevés par l'Église primitive était hors du contexte et des paradigmes des auteurs du XXe siècle et qu’ils ne pouvaient donc pas comprendre le véritable point soulevé par les dirigeants des églises de la Diaspora. Le canon de l'Ancien Testament était le fondement de la foi. Ce point de vue était constant dans l'Église primitive. En fait, si quelqu'un ne partageait pas ce point de vue, il n'était pas possible d'être accepté comme Chrétien.

 

En plus de ces écrits, nous avons l'incidence des œuvres Apocryphes (dont certaines proviennent de la Septante et ont été composées à l'origine en grec) et des œuvres Pseudépigraphiques qui sont citées par les écrivains de l'Église primitive pour soutenir leurs positions. Ceci est devenu un facteur que nous examinerons plus loin.

 

Nous pouvons conclure à partir de cette position que l'église originelle était une église fondée sur les écrits dès son commencement et que le canon qu’elle détenait était depuis longtemps déterminé et fixé en tant que les Saintes Écritures inspirées, reflétant la volonté de Dieu exprimée dans la prophétie, la poésie, et la loi.

 

L'église, cependant, avait des aspects distincts qui lui ont permis de rejeter le Judaïsme et d’être rejetée par lui. Le premier aspect était qu'elle plaçait l'Esprit Saint et un accent spirituel au-dessus des aspects physiques qui avaient paralysé le Judaïsme. Deuxièmement, elle rejetait la tradition des scribes qui avait contribué à élever ce légalisme physique paralysant (2Cor. 3:6) au-dessus du plan simple de salut que Dieu avait établi dans Sa loi et Ses systèmes de Sabbats et de Jours Saints. Il a établi ce système afin de révéler Son plan à l'humanité, ce qu'Il a fait par l’intermédiaire du vase qu’Il a choisi, en tant qu’elohim d'Israël, qui était à la fois le Grand Ange de l'Ancien Testament et le Messie du Nouveau Testament, tel que prédit dans l'Ancien Testament. Tous les membres de l’Église du Nouveau Testament étaient considérés comme étant inspirés de différentes manières par un seul et même Esprit, ce qui signifie que les dons étaient répartis individuellement selon la volonté de Dieu (1Cor. 12:4-11).

 

Ces hommes n'étaient pas asservis à la parole écrite. Ils étaient libérés par la loi parfaite de liberté (Jacques 1:25 ; voir le document La Distinction dans la Loi (No. 096)). Ils rejetaient les traditions qui annulaient la parole de Dieu (Marc 7:13). Christ a supprimé dans sa chair la loi des commandements et des ordonnances qui séparaient les Païens d’Israël et ce, par son sacrifice. Il a fait d’eux tous des saints et des membres de la famille de Dieu afin qu'ils deviennent tous une demeure de Dieu en esprit (Éph. 2:14-22). Telle était, en substance, l’Église du Nouveau Testament une demeure de Dieu en esprit, placée sous la grâce (Rom. 6:14). L'opinion selon laquelle l'Église primitive cherchait à être libérée de la loi de l'Ancien Testament par la grâce est une vision incorrecte de l'église et des écrits de Paul (voir le document Les Œuvres de la Loi - ou MMT (No. 104)). L'église se considérait comme libérée du système sacrificiel, mais elle s’en tenait au plan de salut et observait les Lois sur l'Alimentation, les Sabbats, les Nouvelles Lunes et les Fêtes et les Jours Saints. Elle était cependant libérée des restrictions et Paul les a enjoints de ne laisser aucun homme les juger en matière de nourriture ou de boisson, les Sabbats, les Nouvelles Lunes ou les Fêtes (Colossiens 2:16), étant une ombre de ce qui est à venir. Le canon était donc considéré comme indicateur d'un système qui était plus grand que les choses physiques qui le représentaient.

 

Les divisions dans l'Église et le rejet ultime des Saintes Écritures de l'Ancien Testament par la soi-disant faction orthodoxe est purement indicative de l'échec à comprendre le rôle donné à l'Église par les Saintes Écritures et la manière dont Dieu agit. Le véritable fardeau de l'Église était la révélation des Saintes Écritures telles qu’elles se sont exprimées dans les souffrances du Christ et sa gloire subséquente (1Pierre 1:11 cf. Luc 24:25-27). Ceci est à l’origine des problèmes que le canon a rencontrés dans certains domaines avec le livre des Hébreux. Ce texte reprenait le message de l'Ancien Testament concernant le Christ en tant qu’Elohim et Messie à partir des Psaumes (par exemple Ps. 45:6-7 dans Héb. 1:8-9 et Zach. 12:7-8).

 

Les paroles de Jésus Christ sont devenues l'interprétation directrice de l’Église primitive (Actes 20:35). Ces interprétations n’avaient rien à voir avec ce qui leur est attribué par le Christianisme moderne. Elles interagissent avec les textes de l'Ancien Testament et les interprètent. À aucun moment, elles ne les suppriment.

 

Les paroles du Messie étaient considérées comme saintes. Les évangiles étaient des comptes rendus de ces paroles sacrées. Elles ont été mémorisées et préservées et mises par écrits par ceux qui ont côtoyé Christ ou ses successeurs immédiats (par exemple, Luc).

 

Les écrits des apôtres avant la chute du Temple étaient : les Épîtres de Paul, c'est-à-dire (dans l’ordre de leur publication) Romains, Corinthiens, Galates, Éphésiens, Philippiens, Colossiens, Thessaloniciens, Timothée, Tite, Philémon ; Hébreux, Jacques, 1Pierre, 1Jean.

 

Les deux lettres à Timothée et celle à Tite sont considérées, dans leur forme actuelle, comme des réécritures des originaux (voir la version RSV Annotée, Introduction to 1 Timothy). Cela est dû au fait que Paul n'utilise pas ses termes comme précédemment (concernant la liberté par rapport à la loi, l'union avec Christ, la puissance et le témoignage de l'Esprit). L'utilisation du terme foi a un sens différent de son usage habituel (par exemple, comme synonyme de la religion Chrétienne plutôt que de la relation d'un croyant à Christ). Ceci est traditionnellement attribué à des changements dans son environnement et donc son vocabulaire, son style et sa pensée. Il est également possible que le message aux Galates et aux Colossiens ait été mal compris par l’érudition moderne, comme c’est effectivement le cas (voir le document Les Textes des Œuvres de la Loi - ou MMT (No 104)). Parce qu'ils n'ont pas compris Paul dans ces textes, ils supposent que le message de Timothée est d'un style différent, et qu’il a donc été écrit par un disciple de Paul en utilisant plusieurs œuvres non publiées de Paul et en les développant pour traiter des conditions auxquelles l'église était confrontée une génération après la mort de Paul.

 

On suppose qu'elles ont été publiées sous le nom de Paul pour combattre les hérésies qui prévalaient à l'époque et elles sont généralement datées du début du IIe siècle et, pour certains, aussi tard que l’an 150 EC. La collection des lettres de Paul est datée de la fin du Ier siècle, et leur acceptation est basée sur leur incorporation dans cette dernière (Interp. Dict., ibid., p. 524). Le canon de Marcion ne les contenait pas et elles ne sont pas contenues dans le plus ancien manuscrit des lettres de Paul (P46) (vers l’an 200 EC).

 

Cet auteur pseudonyme est également attribué à 2Pierre. La réalité est que l'érudition moderne dépend des mêmes considérations antinomiennes que les disciples gnostiques originaux, et que la compréhension de l’ouvrage Miqsat ma’ase ha-torah ou MMT était perdu, jusqu'à ce qu'il ait été exhumé des Manuscrits de la Mer Morte.

 

Les érudits modernes considèrent que l’épître aux Hébreux est l’œuvre d'un contemporain de Paul. Les Conciles ont décrété que Paul en était l’auteur, même s'il ne lui a peut-être pas donné sa forme définitive. Celle-ci est attribuée à Apollos ou à Luc ou à d'autres.

 

Dans les écoles d’Alexandrie, on lui a donné une place parmi les lettres de Paul avant la fin du IIe siècle, et dans le papyrus de Beatty (P46), elle est en deuxième place immédiatement après l’épître aux Romains. Mais en Occident, en dépit de son utilisation répandue dans I Clément (circa, l’an 95) et la forte défense de Tertullien, qui l'attribue à Barnabas, l’épître n'a pas atteint la reconnaissance générale comme étant canonique avant la fin du IVe siècle (Interp. Dict., ibid.).

 

Les problèmes qui se sont posés avec l’épître aux Hébreux sont dus au fait que Paul semble ne pas avoir donné à l’épître aux Hébreux sa forme définitive. La véritable raison est celle décrite ci-dessus. Elle a été largement utilisée à partir de l’an 95 EC et apparaît à côté de l’épître aux Romains dans l'ordre d'un des papyrus les plus anciens. Comment se fait-il qu’elle ait été très tôt largement reconnue et qu'elle ait ensuite rencontré une opposition ? La raison en est que le message est absolument subordinationiste créationniste et que cela ne convenait pas aux Modalistes et aux Gnostiques. Ce n'est que lorsque la position de Christ a solidement été élevée par les Conciles de Nicée et de Constantinople qu’elle a pu être déclarée canonique sans danger. C'est un texte gênant pour les Modalistes, les Gnostiques et leurs successeurs, les Trinitaires. Le véritable objectif du Gnosticisme était l'élimination de la loi de l'Ancien Testament et cet objectif était gêné/entravé par les textes des épîtres aux Hébreux, de Jacques, de Jude et par les écrits de Jean et de Pierre. C’est la raison pour laquelle elles étaient résistées dans toutes les régions où les Modalistes/Gnostiques avaient l'emprise ou de l’influence. Le problème du canon du Nouveau Testament est le reflet des disputes entre Chrétiens/pseudo-Chrétiens dans l'Église primitive.

 

L’épître de Jacques est attribuée par les érudits modernes à un Chrétien Juif imprégné de la littérature et de la philosophie hellénistiques et peut être datée d’assez loin dans le IIe siècle (Interp. Dict., p. 524). L'attribution à une telle personne repose sur le fait que la lettre se présente sous la forme d'une diatribe construite selon le modèle utilisé par les maîtres Stoïciens. Ainsi, Jacques est écarté parce qu'il était un Hébreu, allégué comme étant peu versé dans la philosophie Stoïcienne ou les diatribes. En tous cas, elle était absente de certains des premiers canons. Les objections sont en grande partie fondées sur le fait de la défense de la loi que les Gnostiques et plus tard les antinomiens voulaient éliminer des écrits de Paul, et Jacques modifie parfaitement Paul. Ainsi, elle est attaquée comme étant fallacieuse. Elle n'est pas mentionnée dans la littérature Chrétienne avant le IIIe siècle (Interp. Dict., ibid.).

 

L'état d'esprit peut être vu à partir de ce commentaire dans le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible :

 

1Pierre est une œuvre pseudonyme publiée en Asie Mineure, bien qu’émanant peut-être de Rome, au début du IIe siècle. Elle est utilisée par Polycarpe et d'autres ecclésiastiques de l’Orient du IIe siècle, mais n'a été reconnue à Rome et en Occident (excepté par Irénée et Tertullien) que bien plus tard. 1Jean est étroitement liée au Quatrième Évangile et pourrait être du même auteur ; aidée par cette association, elle a gagné une reconnaissance précoce et large. Les quatre épîtres mineures (Jude, II Pierre, II et III Jean) n'ont jamais été largement utilisées, et leur canonicité est restée en litige dans les églises grecques aussi tard qu’au IVe siècle (ibid.).

 

Les raisons pour lesquelles il en est ainsi sont évidentes. Les disciples étaient morts lorsque Polycarpe écrivait. Polycarpe était le disciple direct de Jean. Il était le disciple le plus autorisé vivant à l'époque. Il avait formé la mission à Lyon dont Irénée faisait partie. Irénée a envoyé des rapports à Smyrne et non à Rome.

 

Cette faction était en désaccord avec Rome et la faction au sujet de Pâques/Easter en général. L'hérésie du système d’Easter/Pâques [païenne] était sur le point de pénétrer dans l'église. Cette division conduisit finalement au culte d’adoration du dimanche et les passages et lettres qui soutenaient la faction de Polycarpe furent ignorés ou attaqués. Irénée a servi de médiateur dans ce conflit. Les textes de Loi de Jacques, les points de vue de Pierre sur la foi et le détournement des écrits de Paul et des Saintes Écritures ont tous été diminués. Ce processus a commencé à partir de l’an 70 EC.

 

Juste avant la chute de Jérusalem, l'église était dispersée et protégée. À partir de la chute du Temple, le canon a commencé à être rassemblé à partir des lettres de l'église, mais aussi de nouveaux problèmes dans l'église qui nécessitaient de nouveaux textes. Jean était confronté à de graves hérésies concernant la Divinité. Les précurseurs des Trinitaires, que sont les Modalistes, avaient pénétré dans les églises et ils ont provoqué une grave scission avec ce que Jean identifie comme la doctrine de l'Antichrist. À l'origine, la dispute concernait le texte de 1Jean à 1Jean 4:1-2. Le texte original identifiait la doctrine comme suit :

 

Reconnaissez par ceci l'esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse que Jésus Christ est venu dans la chair est de Dieu ; et tout esprit qui sépare Jésus Christ n'est pas de Dieu, mais est de l'Antichrist (reconstruit d’après Irénée, Ch. 16:8) (ANF, Vol. 1, p. 443).

 

Socrate l’Historien dit (VII, 32, p. 381) que ce passage avait été corrompu par ceux qui voulaient séparer l'humanité de Jésus Christ de sa divinité.

 

Nous sommes donc confrontés aux premières influences exercées sur le texte biblique visant à influencer les doctrines originales, de sorte que l'on puisse dire que Christ n’était pas vraiment mort, mais qu'il faisait partie de la Divinité, de sorte que cette partie est restée séparée, et n’est pas morte. C’est ce que soutenaient les Modalistes qui affirmaient que le Père, le Fils et l'Esprit Saint étaient les aspects d’un seul être qui se manifestait sous ces formes dans un but précis. Ce point de vue fut modifié pour devenir celui de trois personnes distinctes dans la Divinité, ce qui avait été avancé à Constantinople, mais le rôle réel de l'Esprit n'était pas encore accepté sous les formes qu'Athanase avait espérées. Cependant, à ce stade précoce, les arguments étaient grossiers et étaient encore en cours d’élaboration par les pseudo-chrétiens sous le Gnosticisme.

 

Jean a dû être rejeté comme l’ont été certains autres textes. Le texte de 1Jean est similaire à l'évangile de Jean et, bien que Jean n'utilise pas son nom, mais se réfère à lui-même à la troisième personne, ceci est cohérent avec son style dans l'évangile. On pense que 1Jean a été écrit vers la fin du Ier siècle chrétien, ce qui correspond effectivement à l’époque où Jean était en exil et écrivait depuis Patmos. 1Jean est considéré comme un accompagnement à l'évangile et est reconnu comme étant destiné aux hérétiques gnostiques qui niaient la nature absolue de l'incarnation (voir la version RSV Annotée).

 

On soutient que 2Jean est issu de la même plume que l'auteur de l'Évangile et de 1Jean. Contrairement à 1Jean, qui était une épître générale, ce texte a été écrit pour une église spécifique, probablement en Asie Mineure.

 

Elle a également été écrite vers la fin du Ier siècle, autrement dit, à la fin de la vie de Jean. 3Jean est écrit à un individu. L'organisation peu structurée de l'église montre qu'elle a pu se produire au début de l'histoire, et son rang en tant que 3Jean sans doute provient de l’importance des lettres précédentes.

 

Le livre de Jude est attribué comme étant écrit par Jude, le frère de Jacques et de Christ, vers l'an 80 EC. Jacques a été tué en l’an 62/63 EC à Jérusalem et on pense que Jude a assumé une position de leadership. Cela semble confirmé par le rôle de la famille du Christ dans l'église de Judée quelque temps après. La dépendance supposée de 2Pierre à l’égard de Jude est donnée comme raison de l'attribution de la paternité de 2Pierre au disciple de Pierre. La relation entre 2Pierre 2:1-8 et Jude 4-16 présente une similitude de référence à la séquence des activités de Dieu, mais il y a peu de doute que ce message aurait été développé et poussé par les disciples dans toutes les directions. Ceci est insuffisant en soi pour l’attribuer à d’autres auteurs. Quoi qu’il en soit, les arguments en faveur de l'inspiration ne sont pas diminués par la réitération par un disciple. Polycarpe était le disciple de Jean et sa position dans la controverse quartodécimane sur la Pâque était correcte.

 

Le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible se réfère à l'ouvrage d'Edgar J. Goodspeed qui tente de montrer que l'auteur de l’épître aux Éphésiens n'était pas Paul, mais qu’il était aussi le collecteur et l'éditeur des lettres de Paul, utilisant Éphésiens comme introduction générale à la collection (voir p. 522). Il a été suggéré qu’il s’agissait d’Onesimus, l'ancien esclave fugitif. Cet Onesimus [Onésime] est identifié par certains comme celui connu par Ignatius en tant qu’évêque d'Antioche environ cinquante ans plus tard (voir aussi Philémon).

 

La lettre 2Pierre est attribuée à un autre à cause du message. Elle a deux objectifs :

1.     De souligner la foi au second avènement de Christ ; et

2.     pour mettre en garde contre les faux enseignants.

 

Dans ce texte, il met l’accent sur le témoignage apostolique comme base de la proclamation de l'Église. Il le fait en se référant aux prophéties de l'Ancien Testament. Il explique pourquoi le second avènement n'est pas imminent, mais retardé par la patience et la longanimité de Dieu. Cela était nécessaire parce que les faux enseignants perturbaient l'Église et détournaient les doctrines pour leur profit (2Pierre 2:2, 10, 13-14). Ici, le concept du monde entrant dans les tribulations, où les élus sont sauvés comme l’a été Lot, devient un point d’enseignement. Cela souligne la petite taille des élus et l’ampleur de la destruction, qui n'étaient pas acceptables pour la société de l’époque, comme elle ne l'est pas aujourd’hui.

 

La lettre a été mise en question dans les premiers temps et est acceptée aujourd’hui par certains (par exemple la version d’Oxford Annotée RSV ; voir Introduction) comme n’étant pas l'oeuvre de Pierre. Les spécialistes soutiennent que :

Elle dépend de la Lettre de Jude (comparer 2:1-8 avec Jude 4-16) et l'auteur se réfère à toutes les lettres de Paul (3:15) d’une manière qui présuppose non seulement qu'elles avaient été rassemblées en un corpus, mais qu'elles étaient considérées comment égales "aux autres Écritures" - conditions qui n'existaient pas du vivant de Pierre. La plupart des spécialistes considèrent que la lettre est l'oeuvre d’une personne qui était profondément redevable à Pierre et qui l'a publiée sous le nom de son maître au début du IIe siècle. À cet égard, il convient de garder à l'esprit les considérations suivantes. (1) Dans l'Antiquité, un auteur pseudonyme était une convention littéraire largement acceptée. Par conséquent, l'utilisation du nom d'un apôtre pour réaffirmer son enseignement n'était pas considérée comme malhonnête, mais simplement comme un moyen de rappeler à l'Église ce qu'elle avait reçu de Dieu à travers cet apôtre. (2) L'autorité des livres du Nouveau Testament ne dépend pas de leurs auteurs humains, mais de leur signification intrinsèque, que l'Église, sous la conduite de l'Esprit, a reconnue comme étant la voix authentique de l'enseignement apostolique. C’est donc pour cette raison que ce qui est traditionnellement connu comme étant la Deuxième Lettre de Pierre a été inclus dans le canon des Saintes Écritures anciennes (ibid.).

 

La version Oxford Annotée RSV dit à propos du canon (p. 1170) que :

La Bible des premiers Chrétiens était l'Ancien Testament (2Tim. 3:15-17). Les paroles de Jésus dont on se souvient ont une autorité égale à celle de ces écrits (Actes 20:35 ; 1Cor. 7:10, 12 ; 9:14 ; 1Tim. 5:18). Parallèlement à la circulation orale de l’enseignement de Jésus, il y avait les interprétations apostoliques de sa personne et de sa signification pour la vie de l'Église...

 

Au cours du IIe siècle, la plupart des églises en sont venues à reconnaître un canon qui comprenait les quatre Évangiles actuels, les Actes, les treize lettres de Paul, 1Pierre et 1Jean. Sept livres n’étaient toujours pas reconnus par tous : Hébreux, Jacques, 2Pierre, 2 et 3 Jean, Jude et Apocalypse.

 

Nous avons examiné plus haut les raisons de la contestation des textes. Les disputes étaient d’ordre politico-religieux. Même Jude était représentatif d'un système Judaïque que les Gnostiques cherchaient à éliminer.

 

L'élimination de l’Apocalypse du canon était un exemple classique des réactions au Judaïsme Messianique par le Gnosticisme.

 

L’Apocalypse, probablement composé vers la fin du Ier siècle, a rapidement atteint une grande popularité ; mais son auteur fut contesté par les critiques d’Alexandrie, Ce livre était depuis longtemps handicapé par la réaction contre le chiliasme, et sa canonicité était encore contestée en Orient au IVe siècle (Interp. Dict., p. 524).

 

La raison pour laquelle il a été composé à la fin du Ier siècle était qu’il a été donné à Jean en exil à Patmos, à ce moment-là, et s’est répandu rapidement partout à travers l'église avec le quatrième évangile et ses lettres. Alexandrie était le foyer des Gnostiques et ils devaient s’attaquer à l’Apocalypse parce qu’il était l’aboutissement du Judaïsme Messianique en tant que le Messie de Dieu et qu’il enchâssait les commandements de Dieu en tant que fondement et le centre du témoignage de Jésus (Apoc. 12:17 ; 14:12 ; 22:14 (KJV)).

 

La suppression du livre de l'Apocalypse du canon était motivée par deux autres facteurs. Le premier facteur était la crainte de la persécution par Rome lorsque la foi était assujettie. Cette motivation s’est transformée en une protection des privilèges lorsque les Empereurs ont épousé la foi. La version gothique (vers l’an 350) n'incluait pas l’Apocalypse parce qu’il était clairement anti-romain et eux et les Vandales, les Alains, etc. ont été convertis par l'empire. Ainsi, même s’ils étaient Unitariens, les empereurs ne pouvaient pas tolérer la contestation de l'empire. Ainsi, ces convertis postérieurs auraient été considérés avec suspicion/méfiance par les premiers apologistes.

 

Jusqu’à vers la fin de l’an 135 ou même 140, le témoignage de Papius, évêque de Hierapolis, montre clairement que dans certains milieux, la tradition orale basée sur une chaîne vivante de témoignages avait plus de poids que n'importe quel livre. Nous savons depuis cette époque que Papius avait Marc, Matthieu et Jean à sa disposition, si ce n’est aussi Luc (Interp. Dict., ibid., p. 523). Pourtant, il a lui-même interrogé les anciens lorsqu’il a rencontré les disciples. Il a dit :

Si je rencontrais un disciple des anciens, je l'interrogerais au sujet des paroles des anciens - ce qu'André ou Pierre a dit, ou ce qui a été dit par Philippe ou par Thomas ou par Jacques ... ou par tout autre des disciples du Seigneur, et ce que disent l’ancien Aristion et l’ancien Jean, les disciples du Seigneur. Car je ne pensais pas que ce que l'on pouvait tirer des livres me serait aussi profitable que ce qui venait de la voix vivante et permanente (Euseb. Hist. III.xxxix.4).

 

Ce point de vue part du principe que l'Esprit Saint parle par la bouche des élus. Les oracles écrits sont donc inspirés, mais les paroles parlées des disciples peuvent aussi expliquer le sens d’une grande partie des textes. Ce luxe s’est perdu au fur et à mesure de leur mort. Papius est l’un des derniers de ceux qui ont eu accès au témoignage des disciples. Ceci est important dans la mesure où nous pouvons, de cette façon, nous assurer que ce qui a été écrit dans les évangiles et auquel Papius et les autres font référence dans leurs écrits sont en fait les paroles exactes du Messie et, ainsi, nous pouvons assurer la continuité de la nature de l'Écriture soufflée/inspirée par Dieu qui est cohérente avec les Saintes Écritures de l'Ancien Testament.

 

Ce processus s’est inversé en quelques années seulement. Le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible dit, en commentant cette transition de l'opinion de Papius, que :

Le témoignage de Justin Martyr montre que des passages des "mémoires des apôtres, qu’on appelle évangiles", étaient lus liturgiquement à l'église, en même temps que les lectures des Prophètes, ou même à la place de celles-ci ; cela indiquerait certainement que les évangiles étaient considérés, consciemment ou non, comme des Écritures Saintes. Mais il y avait encore de grandes différences d'attitude et de pratique à leur égard, et on ne sait pas exactement quels évangiles ou combien d'entre eux étaient utilisés dans une localité donnée (p. 523).

 

Ce point de vue n'est pas correct, car nous savons, grâce à 2Pierre, que les œuvres de Paul étaient également lues dans l'église et qu'elles étaient considérées comme des Écritures Saintes au même titre que les prophètes. Les ignorants les détournaient pour leur propre destruction. Or, que ce texte ait été écrit par Pierre ou par son disciple en son nom, nous voyons, d’après la déclaration de Papius lui-même, qu’il avait le même poids égal que le texte et qu'il ne pouvait en tout cas pas être plus ancien que cette période, auquel cas le canon est beaucoup plus vaste et fixé de façon beaucoup plus précise que les érudits modernes voudraient nous le faire croire.

 

Les quatre évangiles sont des œuvres de la deuxième génération chrétienne (vers 70-100 EC) (Interp. Dict., même réf.). L’évangile le plus ancien était celui de Marc qui semble avoir été produit à Rome sous Néron (vers l’an 64 EC). Cet évangile peut être considéré comme représentant la tradition orale, telle qu’elle existait dans l'église Romaine en l’an 64 EC.

 

Vers l’an 80 EC, il est devenu la base de l'évangile de Matthieu qui aurait été composé en Palestine à cette époque (ibid.). Marc est également considéré comme la base de l'évangile de Luc qui, avec les Actes, a été publié en Méditerranée Orientale vers la fin du Ier siècle. Luc 1:1-2 montre que le travail a été entrepris par plusieurs personnes. Le plus ancien manuscrit des évangiles (P45) est également accompagné du livre des Actes.

 

Luc 1:1-2 Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, 2 suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole (LSG)

 

Les évangiles ont donc été compilés à partir de nombreux témoins oculaires et reposent donc sur le poids du témoignage de l'église. Luc ne revendique aucune autorité particulière (Luc 1:3). L'autorité des évangiles repose sur les paroles du Messie et non sur une quelconque canonicité. C'est la preuve de l'inspiration des prophètes, telle qu’elle était comprise par les disciples et l'église. Il ne fait aucun doute qu'ils considéraient la parole de Dieu comme une chose vivante et respirante, dont l'Ancien Testament était le noyau. Jusqu'au IIe siècle les Saintes Écritures étaient constituées de l'Ancien Testament et des paroles de Christ. Les Épîtres ont ensuite été incorporées dans les églises sous le système apostolique d’Éphèse et de Smyrne. Les systèmes d’Alexandrie puis de Rome ont commencé à retirer les épîtres des listes d’œuvres inspirées, car elles interféraient avec les doctrines qu'ils essayaient de mettre en œuvre. Après avoir consolidé leur position, les œuvres ont été admises dans le canon. Ce processus sera examiné plus en détail.

 

Les évangiles de l’époque qui ne sont pas non canoniques proviennent clairement de sources gnostiques à tendance docétique qui cherchent à réduire la vie de Christ à une structure fantasmatique séparant l’aeon céleste Christ du corps terrestre qu'il habitait (voir Interp. Dict., p. 524). Vous vous rappellerez que ceci est justement la doctrine de l'Antichrist et que cette doctrine a été modifiée en la structure comprise en tant que la Trinité qui soutient que le système est distinct, mais non séparé (la Monarchia et la Circumincession) (voir le document Consubstantiel au Père (No. 081)). À partir de cette position, il est souvent soutenu que Christ, en tant que partie de ce système tripartite/Trinitaire, n'est pas pleinement mort et n'a pas été pleinement ressuscité sur l’ordre de l’Unique Véritable Dieu, qui est le Père (voir Jean 10:18 ; 17:3 ; 1Jean. 5:20). Les écrits Apocryphes du Nouveau Testament découlent parfois d’œuvres réelles et d'autres moins réelles.

 

Il existe d'autres textes non canoniques qui sont néanmoins authentiques et revêtent une importance pour l’histoire ancienne. 1Clément est un texte qui semble avoir été écrit de Rome à Corinthe vers l’an 95 EC. Ce texte n'a jamais été cité en tant qu'Écriture Sainte, mais il aurait apparemment été lu lors d’un culte public à Corinthe vers l’an 170 EC. Il est inclus dans le Codex Alexandrinus (vers le Ve siècle). Les œuvres postérieures appelées 2Clément (une homélie anonyme vers l’an 150 EC, également dans le Codex Alexandrinus) et les Reconnaissances Clémentines montrent que cette oeuvre a dû une certaine reconnaissance.

 

L'Épître de Barnabas est une brochure pseudonyme du début du IIe siècle qui provient probablement d'Alexandrie. On la trouve dans le Codex Sianaticus du IVe siècle. Clément d'Alexandrie et Origène, son successeur, considèrent tous deux cette œuvre comme une Écriture Sainte. Elle n'a cependant jamais été acceptée ailleurs et pas par les Alexandrins postérieurs. Clément d'Alexandrie était influencé par le Gnosticisme, et Origène était également entaché de Gnosticisme. Alexandrie en était le foyer.

 

Le Didachè "L'Enseignement de Jésus Christ à travers les Douze Apôtres" est un petit manuel qui, bien que de date incertaine, est généralement considéré comme datant du début du IIe siècle. Les premiers Alexandrins l’utilisaient comme Écriture Sainte et les Églises égyptiennes s’en sont servies tout au long du IIIe siècle. Il semble avoir été utilisé en Syrie aussi tard que vers l’an 400 EC (dans les Constitutions Apostoliques), et apparaît dans certaines listes grecques du IVe siècle. Il a été traduit à la fois en latin et en géorgien, ce qui indique une utilisation étendue. Le Berger de Hermas était largement utilisé dans l'Église primitive pendant un siècle environ. Il était mentionné par Irénée et brièvement par Tertullien qui le traitait comme une Écriture Sainte. Origène le considérait comme apostolique et il est inclus (de manière incomplète) dans le Codex Sinaiticus. Selon le canon Muratorien, il a été composé vers l’an 150 EC par Hermas, un frère de l'évêque romain de l’époque, mais de nombreux investigateurs le datent quelques décennies plus tôt (voir Interp. Dict., pp. 524-525).

 

Les Lettres d'Ignace et l'Épître à Diognetus n'ont jamais été citées comme Écritures Saintes.

 

Au moins cinq livres ont été attribués à Pierre au cours des premières années. Cependant, seules les deux lettres ont été reconnues. Nous savons, à partir de leur acceptation par Polycarpe et Smyrne, qu'elles étaient considérées en tant qu'Écritures Saintes dès les premiers temps et par les disciples de l'apôtre Jean.

 

L'Évangile de Pierre, Les Prédications de Pierre et l'Apocalypse de Pierre ont tous eu une utilisation très tôt. L'Apocalypse de Pierre a été adoptée par Clément d'Alexandrie et figure dans le canon Muratorien, ce qui signifie qu'elle a été parrainée par l'église romaine de l’époque, et par Methodius (vers l’an 300). C’est à cette période que les assauts des Modalistes/Gnostiques ont été lancés contre la théologie par le biais du canon : d’où le soutien alexandrin et romain.

 

Les Actes de Pierre et Les Actes de Jean sont les œuvres d'un disciple du Gnostique Valentinus (ibid., p. 525).

 

Les Actes de Paul ont été composés par un presbytre asiatique vers le milieu du IIe siècle. De tous les Actes pseudonymes, il est le seul à avoir obtenu un certain soutien ecclésiastique. L'auteur a été destitué pour la falsification, mais il a néanmoins conservé un soutien à Alexandrie (Interp. Dict., p. 525).

 

Jusqu'au milieu du IIe siècle, ce corpus littéraire semble avoir été traité succinctement par les groupes de Jean à Éphèse et à Smyrne de manière assez cohérente. L'Ancien Testament constituait le corps du canon, les évangiles et les épîtres étant reconnus et distincts très tôt. Les systèmes alexandrins et romains ont souffert d’une grande diversité d'opinions jusqu'à une date assez tardive pour les raisons exprimées ci-dessus. La version syriaque était très conservatrice en raison des problèmes évoqués ci-dessus. Ainsi, le canon y était centré sur 22 livres, les autres canons plus tardifs étant utilisés en Asie comme peut-être semi-canonique, bien qu'ils aient été mentionnés comme Écriture Sainte par l’église en Asie à partir d’Éphèse et de Smyrne.

 

L'Église a donc été construite sur le fondement des apôtres et des prophètes (Éph. 2:20). L'église d’Éphèse considérait tous les prophètes comme le fondement de la foi. Le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible de manière tout à fait incorrecte le terme chrétien avant le mot ‘prophètes’ comme si Éphésiens 2:20 limitait réellement le fondement de la foi au Nouveau Testament. C'est le mensonge de base qui sous-tend tout le Christianisme moderne. La Révélation [l’Apocalypse] n’est pas considérée comme étant la révélation de Dieu à Jésus Christ, mais comme celle d'un voyant inspiré (apparemment pas même Jean) (ibid., p. 525). La mention des douze apôtres dans Apocalypse 21:9-14 est considérée comme étant un développement ultérieur de l'église. C’est là que réside le problème fondamental de la foi.

 

Le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible attire à juste titre l'attention sur l'accent mis sur les récits et les enseignements oraux qui ont été transmis à l'église par les apôtres (par exemple 1Tim. 6:20 ; 2Tim. 1:13 ; 2Tim. 2:2) dès l’enfance (2Tim. 3:15).

 

L’opinion générale est que le développement décisif a eu lieu dans la seconde moitié du IIe siècle. Le canon a alors émergé. D’abord, les évangiles sont cités dans les écrits ecclésiastiques et la liturgie ; ensuite, les écrits de Paul sont cités.

 

Vers la fin du IIe siècle, les autres œuvres étaient alors reconnues. La règle est devenue très simple – ce qui est apostolique est canonique ; ce qui n'est pas apostolique n'est pas canonique. Cela avait déjà été fait à Éphèse et à Smyrne sous la direction de Jean et de ses disciples immédiats, tels que Polycarpe, puis Irénée, Polycrate, etc. Le canon n’a jamais été mis en doute/remis en question dans l'Église, car il a été établi par les apôtres. L'Ancien Testament était cependant la véritable Écriture Sainte, comme l’expliquent les enseignements de Christ et les apôtres.

 

L'utilisation la plus ancienne des évangiles en tant qu'écrits, et en tant qu'Écriture sainte, se trouve vers l’an 150 EC dans 2Clément iv, citant Matthieu 9:13. Justin Martyr (dans Apologie, I. 67) (vers l’an 150 EC) dit également, en décrivant le service chrétien, que les mémoires des apôtres ou les écrits des prophètes sont lus lorsque le temps le permet. Le terme mémoires se réfère à l'expression apomnemoneuata utilisée par les Grecs pour leur compréhension. Il dit ailleurs que les apôtres sont ceux qui ont écrit des mémoires de toutes les choses qui concernent notre Sauveur Jésus Christ et aussi les mémoires écrits par (les apôtres) qui sont appelés évangiles (Apol., I. 33, 66).

 

Ainsi, Justin est témoin qu’au IIe siècle, les évangiles sont lus de manière interchangeable avec les prophètes de l'Ancien Testament dans la liturgie. Il s’agit là de la base de contrôle du Christianisme. Le canon de l'Ancien Testament est ainsi médiatisé par les évangiles.

 

On considérait que cela s'étendait également aux Épîtres comme nous le voyons dans le canon de Marcion. Fils de l'évêque de Sinope, il est venu à Rome à partir de Pontus vers l’an 150 EC. Marcion a subi une influence dite gnostique. Il enseignait que le Dieu des Saintes Écritures hébraïques, connu en tant que créateur et Dieu de la justice, était une déité inférieure et que Jésus a révélé le Dieu suprême, le Dieu de l'amour qui était jusque-là inconnu. Ce point de vue est peut-être similaire à l’opinion moderne selon laquelle le Père n'était pas révélé dans les Saintes Écritures de l'Ancien Testament, mais que c’était plutôt Christ qui était le Dieu de l'Ancien Testament. Le fait est que les deux étaient évidents dans l'Ancien Testament et que le Messie était l'elohim oint par son élohim au-dessus de ses partenaires/collègues (Ps. 45:6-7 ; Héb. 1:8-9). Ainsi, Marcion et certains des Églises du XXe siècle ont une vue similaire ou confuse. C’est supposer que Marcion est fidèlement enregistré. Cette vision a conduit Marcion à rejeter purement les Écritures Saintes de l'Ancien Testament et à composer un canon consistant uniquement de livres chrétiens. Il pensait que les douze apôtres avaient totalement corrompu la doctrine de Christ. Il estimait que seul Paul était resté fidèle à l'Évangile du Christ. Ainsi, il a établi les dix lettres de Paul avec l'évangile de Luc qui, selon lui, était l'œuvre d'un associé de Paul. Il a supprimé certaines sections de Galates et de Romains et a sévèrement mutilé le texte de l'évangile pour qu'il corresponde à ses idées. Il est accusé à tort d'avoir modifié le texte des lettres de Paul, bien que nous sachions maintenant qu'il ne s'agissait que de variations mineures dans les manuscrits. C'est le premier canon enregistré que nous ayons, même s’il est incorrect et ne reflète pas le véritable canon tel qu'il a été reconnu. Il est donc plus correct de dire que le canon n'était pas réduit à des listes explicites, étant entendu qu'il s'agissait des œuvres apostoliques, y compris les lettres de Paul. 2Pierre était inclus, comme nous l’avons vu. Les textes de l’ensemble du Nouveau Testament, tel que nous le connaissons, ont été préservés et mentionnés par l'église dès le moment où ils ont été fixés par les apôtres, assistés peut-être par leurs scribes dans l'église.

 

Il est probable que Marcion ait forcé les autres éléments de l'église à considérer un canon distinct du Nouveau Testament. Jusqu'alors, les écrits n’étaient que des ajouts au canon de l'Ancien Testament. Son rejet du canon de l'Ancien Testament est la clef centrale des doctrines gnostiques qui cherchent à éliminer Dieu et Sa loi de la foi dite Chrétienne. Cette doctrine gnostique est la doctrine la plus prolifique et la plus insidieuse qui existe au XXe siècle. En fait, si l’on demandait aux écrivains de l'Église primitive de regarder le XXe siècle, ils diraient sans aucun doute que la foi gnostique telle qu'elle était pratiquée à Alexandrie, ainsi que les mystères tels qu'ils étaient pratiqués à Rome, avait usurpé la foi. En outre, ils seraient bien en peine de trouver leur marque originale de Christianisme apostolique, sa perception/vision des Écritures Saintes et sa cosmologie, en vie sur la planète.

 

Marcion est allégué pour avoir exalté Paul au même rang que les douze apôtres, de sorte que ce legs est également considéré comme étant le sien (Interp. Dict., p. 526). Cependant, Paul s’est vu accorder cet honneur par 2Pierre et nous savons donc que c'était également une opinion de l'Église primitive.

 

Le dictionnaire Interpreter’s Dictionary of the Bible soutient que les lettres pastorales ont peut-être même été éditées pour pouvoir traiter de l'hérésie de Marcion et que, de cette façon, le canon Catholique a été développé principalement comme une réaction anti-Marcionite (ibid.). Ce point de vue attribue une position Catholique claire comme existant à cette époque et c'est tout simplement une trop grande construction à mettre sur la question. L'Église ne pouvait pas être considérée comme existant en tant qu’entité Catholique à cette époque. En effet, cette position ne devait pas être atteinte avant Constantinople en l’an 381, lorsque la faction Athanasienne a finalement obtenu son premier empereur baptisé et, par là même, un patronage durable. Ce fut Polycarpe, résolument non-Catholique, qui a dénoncé Marcion comme étant le premier-né de Satan. Marcion était le plus organisé des faux Chrétiens non-Romains (et non Modalistes), ayant des centaines d'églises tant à l’Est qu’à l'Ouest, et une lignée d’évêques qu’il avait initiés. Les gnostiques, généralement moins organisés, existaient au sein de l'église chrétienne et exerçaient finalement une grande influence sur elle. Leurs doctrines étaient en accord avec la pensée de l'époque, qui cherchait à éviter la loi de Dieu. Ils étaient les véritables antinomiens et leurs successeurs sont les charismatiques de l'époque moderne qui prônent la grâce et non la loi.

 

Les arguments ont eu lieu entre les écoles quasi-gnostiques et modalistes et se sont poursuivis entre ces écoles jusqu'au IVe siècle. Chacun de ces groupes a épousé le plus fabuleux des écrits qui, pour l'essentiel, ont été rédigés pour soutenir leurs thèses, mais attribués aux saints de l'Église primitive. Ils ont écrit les évangiles de Pierre, de Thomas, de Philippe et de la Vérité, ainsi que les Actes de Pierre, Thomas et Jean, etc. Ils n'avaient aucune difficulté, lorsqu’ils étaient libérés des Saintes Écritures de l'Ancien Testament, à tordre le Nouveau Testament, particulièrement dans ses passages difficiles (2Pierre 3:16). Le rejet de ces fausses œuvres a été exprimé par écrit par Serapion, évêque d'Antioche, dans sa lettre à l'église à Rhossus où il dit, en rejetant le faux évangile de Pierre : nous recevons Pierre et les autres apôtres comme Christ, mais nous rejetons les écrits qui leur sont faussement attribués, car nous savons que de tels écrits ne nous ont pas été transmis (Euseb. Hist., VI. 12.3).

 

Il est donc clair que l'Église primitive et les apôtres ont transmis à l'Église d'Asie Mineure un canon d'Écritures Saintes auquel Sérapion pouvait se référer dès le milieu du deuxième siècle. Cela concorde avec les textes de Justin, Polycarpe et Irénée que nous avons vus. Par conséquent, l'Église Apostolique ou Unitarienne et Sabbatarienne avait très tôt une vision qui était cohérente. La soi-disant Église orthodoxe qui rejetait, à ce moment-là, la Pâque en faveur d’Easter/Pâques [païenne] et s'acheminait vers le culte d'adoration du dimanche, avait d'autres vues.

 

Dans les milieux orthodoxes, l'élévation des lettres de Paul s'est faite plus lentement et moins clairement. Vers l’an 180 EC, Méliton de Sardes dressa une liste "des livres anciens," qu'il a appelés "les livres de l'Ancien Testament" - une expression qui implique qu'il y avait quelque chose comme une agrégation de "livres nouveaux" ou de "livres du Nouveau Testament" ; mais il n'a pas lui-même inventé cette dernière expression, et il n'indique pas clairement quels livres il aurait inclus sous une telle description. Théophile d'Antioche, son contemporain, cite Matthieu et Jean, et mentionne ce dernier comme l'un des "Porteurs de l’Esprit" [pneumatophoroi] ; mais, bien qu'il utilise librement les lettres de Paul, les Pastorales, l’Épître aux Hébreux et 1Pierre, il ne semble pas les considérer comme des Écritures Saintes. Athenagoras, un apologiste Athénien de la même époque, fait appel aux évangiles sous la même formule [phesin] quant aux Prophètes, et cite des phrases de Paul de manière à suggérer que les paroles de l'apôtre ont la même autorité divine que les livres hébreux. Tatien, en préparant son harmonie des évangiles, le Diatessaron (vers l’an 170 EC), semble avoir employé nos quatre évangiles et aucun autre, ce qui indique que depuis l’époque de Justin, les quatre avaient acquis une prééminence incontestée (Interp. Dict., p. 527).

 

L'opinion selon laquelle les quatre évangiles ont acquis une prééminence à l'époque de Justin ne repose sur aucun fondement certain. D’après les commentaires de Justin, il ne semble n’y avoir aucun doute quant à la suprématie des quatre évangiles. En effet, il ne semble y avoir de doute dans ces églises apostoliques sur ce qui constituait les Saintes Écritures dès le temps où elles ont été écrites. Le point clef ou essentiel est que l'Ancien Testament a toujours été au centre de l’exposé du Nouveau Testament. L'Ancien Testament n'a jamais été diminué dans l’Église apostolique primitive. Les mouvements visant à affirmer que le Nouveau Testament est la seule Écriture Sainte ont toujours été et sont, intrinsèquement antinomiens gnostiques, et constituent un faux Christianisme.

 

Les écrivains en ont rejeté certaines à mesure qu’ils devenaient plus influencés par les gnostiques et le lien entre les Romains et les Alexandrins. Jérôme rapporte (vers l’an 390 EC) que Tatien a rejeté deux des lettres de Paul (probablement 1 et 2 Timothée), mais a accepté Tite.

 

F. W. Beare dans son ouvrage Interpreter’s Dictionary of the Bible rapporte que les martyrs de Scilla, en Afrique du Nord, ont dit au magistrat qu'ils gardaient dans leur cabinet :

“…nos livres et les épîtres du saint homme Paul. Ces livres semblaient inclure les Écritures Saintes de l’Ancien Testament et les évangiles qui sont ainsi regroupés ; les épîtres ne sont pas comptées parmi les livres, mais se voient accorder une place dans le même cabinet (p. 527).

 

L’Ancien Canon soi-disant Catholique ou Universel

Nous nous intéressons ici à un certain nombre d'éléments : Le Fragment Muratorien, Clément d'Alexandrie, Irénée et Tertullien.

 

À la fin du IIe siècle, nous constatons qu'un canon existe et qu'il est reconnu dans tous les milieux de l'Église, à quelques variations près. Cela a donné lieu à la plus ancienne liste romaine, connue sous le nom de Canon de Muratorio. Il est important de noter qu'Irénée est venu à Rome de Polycarpe à Smyrne avant de devenir évêque de Lyon (voir le document La Distribution Générale des Églises Observant le Sabbat (No. 122)). L'examen de ses écrits, de ceux de Clément d'Alexandrie et des écoles de cette ville, ainsi que de ceux du Carthaginois Tertullien, à la fois juriste et presbytérien, salué comme le premier grand représentant du christianisme latin et devenu montaniste dans sa vie ultérieure, nous permet de penser qu'il y avait un point commun sous-jacent. Tous ces auteurs, ainsi que le Canon de Muratorio, sont considérés comme étant dans une entente remarquable et démontrent l'étonnante continuité des idées existant à l'époque. Cependant, les points de vue des premiers apologistes tels qu'Irénée sont résolument Unitariens subordinationistes et peuvent difficilement être décrits comme catholiques parce que les doctrines qu'ils épousent sont en complète contradiction avec celles qui ont été soutenues par la faction athanasienne et ce que nous comprenons comme étant le Catholicisme depuis les Conciles de Nicée, Constantinople et Chalcédoine (voir le document La Première Théologie de la Divinité (No. 127), cf. Interp. Dict., p. 527).

 

Le Canon Muratorien est une liste de livres du Nouveau Testament accompagnée de brèves remarques sur leur origine et leur authenticité. Il a été trouvé sous forme de manuscrit à Bobbio au VIIIe siècle et a été conservé dans la bibliothèque Ambrosienne à Milan. Il a été publié par Ludovico Antonio Muratore en 1740. Il s'agit d'une traduction en latin barbare d'un original grec, rédigé à Rome quelques années avant la fin du IIe siècle (Interp. Dict., p. 527),

 

Bien que le début soit perdu, il ne fait aucun doute qu'il s’agit des évangiles de Matthieu et de Marc, car Luc et Jean sont cités comme les troisième et quatrième évangiles. Il dit ceci à propos des évangiles, ce qui montre que l’opinion du IIe siècle était que les évangiles étaient l'oeuvre inspirée de l'Esprit Saint.

 

Bien que différents fondements [principia] soient enseignés dans les différents livres des évangiles, néanmoins cela ne fait aucune différence pour la foi des croyants ; car dans tous ces livres, tout est déclaré par le seul Esprit dirigeant concernant la Nativité, la Passion, la Résurrection, la conversation avec ses disciples et son double avènement. (cf. Interp. Dict. p. 527)

 

Beare soutient que l'inspiration divine et l'unité essentielle des quatre évangiles ne pourraient pas être plus explicitement affirmées (ibid.).

 

La liste continue ensuite avec les Actes, puis énumère les treize lettres de Paul, les trois pastorales jointes à Philémon. Elle déclare que ces lettres sont des écrits pro affectu et dilectione [par l'affection et amour personnels] : elles sont tenues pour sacrées dans l'estime de l'Église catholique dans l'ordre de la discipline ecclésiastique (Interp. Dict., ibid.).

 

Le canon utilise ici le terme catholique dans son sens d'universel plutôt que de Catholique Romain comme on l'entend aujourd'hui.

 

Beare note que le canon fait référence à certaines lettres contrefaites sous le nom de Paul par les Marcionites et plusieurs autres qui ne peuvent pas être reçues dans l'église catholique, car le fiel ne doit pas être mélangé avec le miel (ibid., citant le canon).

 

Il affirme ensuite l'épître de Jude et deux épîtres de Jean (apparemment 1 et 2Jean, mais n’oubliez pas que les trois sont anonymes). Il affirme également l'apocalypse de Jean et de Pierre, mais déclare que le Berger d’Hermas ne peut pas être lu à haute voix aux services de la congrégation, ni parmi les prophètes, ni parmi les apôtres, car Hermas l’a écrit :

… tout récemment, à notre époque, dans la cité de Rome, pendant l'épiscopat de son frère Pius (ibid.).

 

Ce canon reconnaît vingt-deux du canon existant, incluant les évangiles, les treize lettres de Paul, trois lettres dites catholiques (1 et 2Jean et Jude) et la Révélation [l’Apocalypse]. Il inclut deux œuvres apocryphes, la Sagesse de Salomon et l'Apocalypse de Pierre, dont il admet que certains évêques ne permettront pas la lecture dans les églises.

 

L'acceptation de la Sagesse, même reconnue comme étant un Pseudonyme a été faite sur l'ancienneté du texte (Beare Interp. Dict., ibid.).

 

Clément d'Alexandrie montre l'acceptation des quatre évangiles, de l'évangile égyptien (Strom. II. 93. 1 ; cf. ibid.), de quatorze œuvres de Paul qui incluent Hébreux, suivant son maître Pantaenus. Il cite Paul non pas en tant qu’Écriture Sainte mais de concert avec l'enseignement du Christ comme interprétation des Saintes Écritures de l'Ancien Testament. Il utilise également 1Pierre, 1 et 2Jean et Jude (Eusèbe dit qu'il les a tous commentés) et l’Apocalypse. Il utilise également les œuvres apocryphes de l'Apocalypse de Pierre, du Berger, des Prédications de Pierre, de Barnabé et de 1Clément, mais celles-ci ne constituent pas ce qu'il considère comme la substance du canon.

 

La compilation la plus authentique et la plus étendue des Saintes Écritures compilée au IIe siècle est celle d’Irénée. En examinant ses œuvres, nous pouvons détecter des citations des quatre évangiles, de douze lettres de Paul et sans doute que Philémon est omis par pur hasard (Beare, op. cit.). Il cite 1Pierre et 1 et 2Jean. L'omission de 3 Jean n'est pas non plus significative (Beare, ibid.), sans doute omise dans les mêmes circonstances que Philémon. Il cite également l’Apocalypse. Il cite Hébreux, mais Beare semble penser que ses citations indiquent une moindre estime. Son enseignant, Polycarpe citait aussi Pierre. Nous savons que [l’épître aux] Hébreux faisait partie de leur canon. Nous pouvons donc déduire que les quartodécimans unitariens du IIe siècle descendant de l'apôtre Jean avaient un canon complet, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Ils acceptaient également le Berger de Hermas en tant qu’enseignement. L’altération de la doctrine de l'Antichrist peut être corrigée et comprise à partir d’Irénée comme nous l’avons vu plus haut dans ce document.

 

Selon Irénée, les évangiles sont les quatre piliers d'une unité donnée par Dieu.

Comme nous nous trouvons dans quatre parties du monde et dans quatre vents universels, et comme l'Église est dispersée sur toute la terre, et que l'Évangile est le pilier et le rempart de l'Église et le souffle de vie, il est logique qu'elle ait quatre piliers, quatre souffles et quatre ailes, respirant l'immortalité de tous les côtés et animant les hommes pour une vie nouvelle. Il est donc évident que la Parole, le Créateur de toutes choses... s’étant manifesté à l'humanité, nous a donné l'Évangile sous une forme quadruple maintenue par un seul Esprit (Iren., Hér. III.11.8).

 

Irénée dit très clairement que les Écritures sont parfaites dans la mesure où elles ont été prononcées par la parole de Dieu et Son Esprit. (Iren. Hér. II. 28.2)

 

Ainsi, la doctrine de l'inspiration des Saintes Écritures est considérée comme étant la doctrine de l'Église primitive. Les Écritures Saintes inspirées et parfaites étaient l'Ancien Testament, inséparable du Nouveau Testament et interprété par celui-ci.

 

Irénée attribue également le symbolisme des Chérubins aux apôtres : l’homme étant Matthieu, le veau Luc, l'aigle Marc et le lion Jean. (Ces attributions sont différentes selon les auteurs ultérieurs (voir aussi le document La Signification de la Vision d'Ézéchiel (No. 108)).

 

Le canon est donc un produit de l'Église apostolique qui a été transféré à Rome.

 

C'est de là qu'émerge le premier représentant du Christianisme latin et de son vocabulaire, Tertullien. Après Irénée, il a épousé pendant vingt ans le Christianisme latin avant de se tourner vers le Montanisme et de dénoncer le laxisme moral de l'Église latine telle qu’elle émergeait de Rome. Il considérait les évangiles comme l’Instrument théologique (plutôt que le Testament) étant un terme juridique et ayant donc force de la loi. Ils ont été écrits par les apôtres ou leurs disciples directs. L'autorité de ces derniers repose sur celle de leurs maîtres, “ce qui signifie celle de Christ, car c’est lui qui a fait des apôtres leurs maîtres (Tert. Marcion, IV. 2). Il considère qu’un seul évangile ne fait autorité en soi et certainement pas l'évangile de Luc en soi tel que choisi par Marcion.

 

"Luc n'était pas un apôtre, mais seulement un homme apostolique ; non pas un maître, mais un disciple et donc inférieur à un maître.... En effet, si Marcion avait publié ses évangiles au nom de Paul lui-même, l’autorité unique du document, dépourvu de tout appui des autorités précédentes, ne serait pas une base suffisante pour notre foi (ibid., cf. Beare, p. 528).

 

Les évangiles ne peuvent donc pas se suffire à eux-mêmes, et ils doivent être soutenus par les Saintes Écritures de l’Ancien Testament qu'ils interprètent. Telle était l’opinion de toutes les sections de l'Église. L’opinion selon laquelle l'autorité de l'Église est dévolue à la succession est dérivée de cette logique exprimée dans le premier élément, mais en ignorant les sentiments que Tertullien a exprimés dans le deuxième élément ci-dessus. Ainsi, l'église ne peut parler que selon la loi et le témoignage (Ésaïe 8:20) et ne peut en aucun cas les modifier.

 

Tertullien considérait que le canon était constitué des quatre évangiles, des Actes, des treize lettres de Paul, de l’Apocalypse, de 1Jean, de 1Pierre et de Jude. Il attribue Hébreux à Barnabas et lui accorde une autorité suffisante. Il a donc vingt-deux livres du canon central avec l’Épître aux Hébreux ajoutée et le Berger de Hermas inclus comme une référence alors qu’il était Latin, mais rejeté une fois qu’il a rejeté Rome.

 

Tertullien, dans son optimisme initial, a exprimé l’opinion que Rome occupait une place importante dans la foi. Rome :

 

mêle la loi et les prophètes en un seul volume avec les écrits des évangélistes et des apôtres, d’où elle s’imprègne de sa foi (Tert. Presc. Hér. XXXVI).

 

Il a écrit :

Si je ne parviens pas à régler cet article de notre foi par des passages... de l'Ancien Testament, je prendrai dans le Nouveau Testament une confirmation de notre point de vue... Voici donc je trouve dans les évangiles et dans les apôtres un Dieu visible et invisible (Adv. Prax. XV).

 

Nous voyons ici le subordinationisme qu'il faisait progressivement évoluer vers la structure tripartite qui deviendrait finalement la Trinité. Pourtant, il défendait ici la suprématie des Saintes Écritures de l'Ancien Testament et des deux déités/divinités, la visible et l'invisible. Ainsi, à cette époque, nous voyons la Bible comme un seul volume basé sur la loi et les prophètes. Tertullien fut désillusionné par l'immoralité de Rome et son échec à adhérer aux principes de la foi contenus dans la loi, il les a dénoncés et est devenu Montaniste.

 

L’Effet du Codex

Au IIe siècle, les scribes ont commencé à utiliser un codex au lieu d'un rouleau de papyrus qui exigeait que les bandes soient collées ensemble bout à bout et ne pouvaient donc commodément pas faire plus de trente pieds (9,14 mètres) de long. C'était à peu près suffisant pour contenir un seul évangile ou une autre grande œuvre, par exemple l’Apocalypse. Avec le codex, les feuilles étaient pliées ensemble en cahiers de trois ou quatre feuilles, puis cousues ensemble, cahier par cahier. Ainsi, le quadruple évangile est probablement issu d'un seul codex. Il s'agit probablement du système à un seul volume dont nous avons parlé plus haut. C'était le début du concept de la Bible comme un seul livre. Ce concept a également pris effet à partir du deuxième siècle, soulignant ainsi l'unité des Saintes Écritures. Les rouleaux pouvaient être jetés, mais pas le codex. Ils étaient reliés ensemble jusqu'à ce que le volume s’use. Ainsi, le canon en tant que liste fixe était important pour la compilation des textes.

 

Le Canon pour les Églises Grecques et Latines

Au IIIe siècle, le canon avait vu le jour. Il n’y avait que des points mineurs de désaccord. Les Quartodécimans unitariens apostoliques étaient clairs sur leur canon de Smyrne à Lyon. L’épître aux Hébreux était également assurée à Alexandrie. Ce n'était pas le cas de 2 et 3 Jean, ni de 2 Pierre, dans la mesure où ils n'étaient pas reconnus partout.

 

L'église Syrienne était encore fixée sur les vingt-deux livres du canon central et les autres œuvres comme des addenda. Cette situation n'y fut définitivement résolue qu’aux Ve et Vie siècles.

 

Origène a succédé à Clément à la tête de l’école d’Alexandrie et a contribué à la controverse autour du canon au sein de la communauté alexandrine/latine. Il a terminé son oeuvre à Césarée en Palestine après avoir eu un différend avec son évêque à Alexandrie. Il soutenait qu'il y avait des significations spirituelles dans les Saintes Écritures grâce auxquelles nous pouvions vérifier une signification de Dieu dans ces Saintes Écritures que nous croyons inspirées de Lui (On First Principles IV. 15-16).

 

Ainsi, l'inspiration des Saintes Écritures était soutenue dans l'école d’Alexandrie, ainsi que dans les écoles de Smyrne et des Apôtres en Occident. Origène a dressé une liste de ces textes qu'il considérait reconnus par toutes les écoles et de ceux qu’il considérait comme contestés. Parmi les textes reconnus, il inclut les quatre évangiles et les lettres de Paul (quatorze), y compris Hébreux (même s’il sait qu’ils ne sont pas de Paul et qu’ils sont contestés par certains), Actes, 1Jean, 1Pierre et Apocalypse. Il inclut parmi les œuvres contestées, Jacques, 2Pierre, 2 et 3Jean. Il a apparemment classé le Berger de Hermas parmi les œuvres contestées également (Beare. ibid., p. 529). Le canon est ainsi connu. Il a été fixé dans les églises apostoliques comme nous l’avons vu au IIe siècle, mais ici à Alexandrie et par rapport aux autres Églises d'Orient, il y a encore des contestations de ces quelques textes. Il cite l'Épître de Jacques et ne doute pas que celle de Jude soit écrite par le frère du Seigneur. Il accepte Apocalypse, mais il affirme que Jean, le fils de Zébédée : a écrit l'Apocalypse, bien qu’on lui ait ordonné de se taire et de ne pas écrire les paroles des sept tonnerres (Beare, ibid.).

 

Ce sentiment s'est concrétisé par un rejet massif de la Révélation [l'Apocalypse] à Alexandrie peu de temps après. Cela découle entièrement des influences gnostiques sur la cosmologie des sectes qui se développaient alors à Alexandrie et à Rome. Il utilise le Didachè et l'Épître de Barnabé bien qu'il ne les considère pas comme étant canoniques.

 

Nous passons ensuite à Dionysius d'Alexandrie concernant le questionnement de l'Apocalypse.

 

Dionysius est devenu le chef de l’école à Alexandrie vers l’an 231 EC et par la suite a été nommé évêque. Il a remis en question le fait que ce texte ait été écrit par Jean, mais n’a pas contesté son droit à figurer dans le canon. Il soutenait qu’elle était si complètement différente du style de Jean qu’elle avait un autre auteur. Ce sentiment est vrai, car il s’agit de la Révélation (Apocalypse) de Dieu à Jésus Christ et nous pourrions nous attendre à une certaine différence de style, étant donné qu’elle est basée sur les déclarations d'un tiers. La plupart des autres disciples d'Origène l'ont entièrement rejeté. Plusieurs de ces hommes sont devenus les évêques les plus influents de l’époque. Plusieurs de ceux qui l'ont rejeté l'attribuaient à l'hérétique Cerinthus. Les véritables raisons du rejet de l'Apocalypse résidaient dans le fait que la structure millénaire de l'oeuvre était en contradiction avec l’héritage gnostique antinomien d'Alexandrie et le concept de l’ascension céleste au ciel dont Justin Martyr avait déclaré plus tôt étaient le moyen par lequel vous pouviez identifier/reconnaître les non-chrétiens qui prétendaient être chrétiens. Cette école a été rejointe par l'école de Lucien d'Antioche dans le rejet de l’Apocalypse. Les disciples de Lucien avaient Arius et Eusèbe de Nicomédie parmi plusieurs autres et peut-être ce rejet de l'Apocalypse a-t-il contribué à leur échec de comprendre pleinement la structure unitarienne, et à la défendre de manière convaincante à Nicée en l’an 325 EC.

 

La Révélation [l’Apocalypse] a été défendue par Methodius d'Olympus et, en Occident, le livre est resté incontesté tant à Rome et ses dépendances que dans le système non catholique (voir le document La Distribution Générale des Églises Observant le Sabbat (No. 122)). Les églises grecques l'ont finalement admis dans leur canon, mais il manque dans un tiers des manuscrits existants du Nouveau Testament. Dans les églises syriennes, il n'a jamais été admis au canon, sauf chez les monophysites (Beare, ibid.).

 

À partir de l’an 303 EC, l'Empereur Dioclétien a entrepris la persécution la plus systématique de l'Église. Elle a duré trois ans en Occident, mais environ une dizaine d’années en Orient. L'Église a été confrontée à la destruction totale de ses bâtiments et de ses bibliothèques, tant communautaires que personnelles. Elle devait donc décider de ce qui pouvait être remis et des ouvrages les plus sacrés ou canoniques qui ne pouvaient l'être. L'une des parties considérait que la remise de n'importe quel ouvrage était inadmissible et qualifiait ceux qui le faisaient de traditores. C'est ainsi qu'est née l'âpre dispute des Donatistes. Ainsi, la persécution a permis de déterminer les livres qui étaient tenus en grande estime comme les œuvres sacrées ou canoniques. Les autres ont été systématiquement éliminés de manière à ce qu’ils deviennent accessibles aux érudits.

 

Il faut se rappeler que les conflits étaient en grande partie menés parmi ce que nous considérons comme les éléments non apostoliques. Mais même là, la consolidation était inévitable. L'histoire ecclésiastique qu'Eusèbe de Césarée a achevée vers l’an 325 EC ou à l’époque du concile de Nicée, reflète encore plus ou moins la position relevée par Origène. Il mentionne les sept épîtres soi-disant catholiques, mais il note que celles de Jacques et Jude sont contestées (II. xxiii. 25) et classe ailleurs Jacques, Jude, 2Pierre et 2 et 3Jean parmi les écrits contestés qui sont néanmoins connus de la plupart (III. xxv. 3). Il cite l'Apocalypse comme étant reconnue si par hasard, elle semble correcte, puis l'énumère quelques lignes plus loin parmi les livres faux. Ce point de vue découle peut-être de la difficulté qu’avaient la plupart des gens à comprendre le texte. Aujourd'hui, avec le bénéfice de l'histoire, nous trouvons toujours qu’il est difficile, et la soi-disant église orthodoxe l'ignore autant que possible et a délimité son interprétation par un concile.

 

Les vues d'Eusèbe sur le canon étaient d'une extrême importance puisque Constantin le chargea de préparer 50 copies des Saintes Écritures sur vélin pour les lui envoyer à Constantinople. Malheureusement, toutes ces copies ont été perdues.

 

D'autres listes grecques du canon étaient disponibles au IVe siècle. Cyril de Jérusalem énumère vingt-six de nos vingt-sept livres. Il a exclu Apocalypse. Cette exclusion de l'Apocalypse est en fait la même structure que celle de la Bible Gothique. Epiphanius de Constantia à Chypre l'inclut avec les autres dans sa liste. Comme nous l'avons vu, le rejet de l'Apocalypse semble être basé sur des considérations politiques, dont la moindre n'est pas la domination du monde à partir de Jérusalem et la prophétie pas très bien déguisée concernant la destruction de Rome (Apoc. les chapitres 17-18 et 21-22).

 

Grégoire de Nazianze a donné la même liste que Cyril, mais Athanasius, dans sa trente-neuvième Lettre Festive écrite en l’an 367 EC, donne une liste des livres canonisés qui nous ont été transmis et que l'on croit être divins. Il énumère les livres de l'Ancien Testament, puis les vingt-sept du Nouveau Testament.

 

Toutes les listes ci-dessus énumèrent les sept lettres soi-disant catholiques comme un groupe. Les listes ne diffèrent qu'en ce qui concerne l'Apocalypse, et parfois l'Épître aux Hébreux est citée en dixième et parfois en dernier. Les évêques de l'école d'Antioche, Jean Chrysostome de Constantinople, Theodoret de Cyrrhus, n'utilisent ni l'Apocalypse ni les quatre lettres catholiques mineures - 2 et 3 Jean, 2 Pierre et Jude. Cela est peut-être compréhensible étant donné leur Platonisme et la manière dont le mysticisme devait affecter leur théologie. L'effet net est qu'à la fin du IVe siècle, une partie considérable de l'église grecque ne reconnaissait qu’un canon de base de 22 livres. Beare note que la section des Constitutions Apostoliques, publiée en Syrie vers l’an 400 EC, énumère les vingt-sept livres en entier, à l’exception de l’Apocalypse, et y ajoute 1 et 2Clément. Ce canon a effectivement été ratifié par le Concile Quinisexte de Constantinople de l’an 692. On le confond parfois avec le Concile de Constantinople de l’an 381 qui s'est réuni pour une raison différente.

 

Il n'existe aucune liste entre celle de Tertullien et celle de Jérôme pour l'église Occidentale mais nous savons par Irénée qu’elle était telle que nous la comprenons maintenant en substance sinon en séquence. Leur utilisation générale confirme l'existence et la structure du canon, mais, comme on pourrait s'y attendre, les œuvres mineures sont rarement, voire jamais citées. Les quatre évangiles, les Actes, les treize lettres de Paul, 1Jean et 1Pierre et Apocalypse sont systématiquement utilisés (par Cyprien, Lactantius et autres) comme Écritures Saintes. Aucun écrivain latin de l’époque ne fait usage des évangiles apocryphes, des Actes ou des apocalypses apocryphes. Ils sont rarement mentionnés, sauf lorsqu’ils sont condamnés comme hérétiques.

 

Après Nicée et la restauration de la faction unitarienne au pouvoir par Constantin vers l’an 327 EC environ, l'église Latine connaît quelques conflits entre les deux factions. Hilaire, évêque de Poitiers, fut banni pour son opposition au soi-disant Arianisme (357-361). Il a été le premier ecclésiastique latin à citer Hébreux comme étant celui de Paul. L’épître n'était pas considérée comme tel jusqu'à ce moment-là. Elle était généralement considérée comme étant l'œuvre de Barnabas sous la direction de Paul.

 

Jérôme, dans sa traduction de la Bible en latin, qui est devenue la Vulgate dans l'église occidentale, a inclus les vingt-sept livres de notre canon. C’est dans sa lettre à Paulinus (épître 53, vers l’an 385 EC) que l'on trouve la première reconnaissance du corps des sept lettres soi-disant catholiques. Il fait remarquer que celles de Jacques et Jude avaient été contestées, mais qu'elles avaient acquis de l'autorité avec le temps et l’usage de l'église. Il dit que 1 et 2Pierre diffèrent tellement dans leur style que l'apôtre a dû utiliser différents interprètes pour les composer. Il reconnaît 1Jean comme étant généralement approuvée, et note 2 et 3Jean comme étant l'oeuvre de Jean le presbytérien. Il soutient également que le témoignage ancien et répandu d’Hébreux et d’Apocalypse justifie leur utilisation comme canoniques et ecclésiastiques.

 

Jérôme était soutenu par le Pape Damasus. Cependant, le canon utilisé par Rufinus d'Aquileia et Augustin d'Hippone montre, sans dépendre de Jérôme, qu'ils ont le même canon. Ambroise de Milan et Hilaire de Poitiers sont en accord essentiel (Beare, ibid., p. 531).

 

Le canon a été examiné lors des Conciles d'Afrique du Nord, à savoir à Hippone en l’an 393 EC et à Carthage en l’an 397 EC. Augustin a présidé les deux conciles. Le canon 39 du Concile de Carthage décrète que :

… mis à part les Écritures Saintes canoniques, rien d’autre ne peut être lu dans l'église sous le nom d'Écritures Saintes divines.

 

Le Concile énumère les livres de l'Ancien Testament et poursuit en disant :

Du Nouveau Testament : des évangiles quatre livres ; des Actes des Apôtres, un livre ; des épîtres de Paul l'apôtre, treize ; du même, aux Hébreux, une ; de Pierre l'apôtre, deux ; de Jean, trois ; de Jacques, une ; de Jude, une ; l'Apocalypse de Jean, un livre.

 

Le Canon de l’Église Syrienne

Le canon dans l'église syrienne est considéré comme obscur jusqu'à la formulation de la Peshitta au Ve siècle. Bien qu'ils aient conservé une vieille version syriaque des quatre évangiles, qui a survécu dans deux manuscrits, elle semble avoir été supplantée par le Diatessaron de Tatien. Vers la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle, le livre des Actes et les lettres de Paul ont été traduits en syriaque, probablement par Tatien. Cela peut avoir abouti à la situation où au IVe siècle, le canon syriaque se composait du Diatessaron, des Actes et des lettres de Paul. Il y avait quinze lettres avec l’ajout de la Troisième Épître aux Corinthiens, qui n'existe que dans les versions arménienne, copte et latine. Ce canon de dix-sept livres est utilisé par Ephraem d'Edessa (vers l’an 320-373 EC) et par Afraates, son contemporain, et il cite comme faisant autorité dans la Doctrine d'Addai, composée vers l’an 370 EC à Edessa. Dans une liste, datant vers l’an 400 EC, les évangiles ont remplacé le Diatessaron, et 3Corinthiens a été supprimé. Beare pense que cela indique qu'ils se conformaient aux Grecs sous l'influence de l'école d'Antioche (p. 531). La dernière version, celle considérée comme la Peshitta, a été réalisée sous l'influence de l'évêque Rabbula de Edessa dans le premier quart du Ve siècle. Ce texte contenait les quatre évangiles (séparés), Actes, quatorze lettres de Paul et trois lettres catholiques, Jacques, 1Pierre et 1Jean. À partir de ce moment, l'épiscopat syrien s’est efforcé de supprimer le Diatessaron. Theodoret de Cyrrhus en détruisit plus de deux cents copies et il n'en subsiste qu’une seule feuille de vélin sur laquelle figure un fragment du texte grec.

 

À partir du Ve siècle, les controverses Monophysites/Diphysites divisent l'église syrienne. À l'Est, elle devient Nestorienne et à l'Ouest, Monophysites ou Jacobites, comme on les appelle. Les Nestoriens ont continué à s'en tenir à la Peshitta originale, qui a servi de base aux plus anciennes versions persanes et arabes. C’est la base de l'une des versions dont disposaient les Arabes et donc l'Islam. Une révision de la Peshitta fut préparée en l’an 508 EC pour l'évêque Philoxenus. Cette oeuvre, basée sur un bon manuscrit grec, incluait les sept lettres catholiques et l'Apocalypse.

 

Une autre révision a été effectuée par Thomas de Harkel en l’an 616 EC, mais cette version n'a pas atteint l'autorité de la Peshitta. Ainsi, l'église syrienne avait un canon central de vingt-deux livres qui excluait les quatre lettres catholiques mineures et l'Apocalypse.

 

Le canon des églises s’est cependant maintenu tel que nous le connaissons aujourd’hui, avec des développements mineurs. L'Église éthiopique a ajouté huit livres aux vingt-sept d’un recueil de décrets appelé Synodus, et ont ajouté également les Clémentins. Jean de Damas, vers l’an 730 EC, a ajouté les Constitutions Apostoliques qu'il a attribuées à Clément à sa liste du Nouveau Testament. Dans l'Église latine au Moyen Âge, la fausse Épître aux Laodicéens, qui avait été publiée au VIe siècle, fut ajoutée, comme quinzième lettre.

 

Lors de la Réforme au XVIe siècle, Érasme, Luther, Carlstadt, Zwingli et Calvin et certains Romains ont à nouveau discuté des livres contestés, mais n'ont pas modifié le canon ou la pratique.

 

La Position Finale

Le Concile de Constantinople a été convoqué par le premier empereur athanasien ou catholique, Theodosius, né en Espagne. Il avait été nommé par Gratien, lui-même Unitarien. Constantin avait été baptisé Unitarien (par Eusèbe de Nicomédie), tout comme les empereurs suivants, dont Valens. Les Vandales, les Alains Suèves, les Hérules et les Goths, etc. ont été convertis à l’Unitarisme. Ce Concile de l’an 381 EC à Constantinople, avec la montée en puissance de la faction trinitaire, est la date correcte du début de l'Église Romaine Catholique. Nicée n’a été qu’une courte victoire pour les Trinitaires, puisque Constantin a rétabli les évêques unitariens au pouvoir et a renversé les Trinitaires deux ans plus tard.

 

Le Concile de Constantinople de l’an 381 EC n'a pas été convoqué pour discuter du canon. Mais ce concile a effectivement établi à long terme l'autorité des athanasiens désormais appelés "catholiques". Athanasius avait réintégré l'Apocalypse dans sa liste du canon qui avait fait l'objet d'un litige entre les Cappadociens (par exemple Grégoire de Nazianze).

 

Les Écritures Sacrées auxquelles le Christ et les apôtres font référence dans le Nouveau Testament sont l'Ancien Testament. Les Apôtres soutenaient que toute Écriture Sainte (qui était à ce moment-là l'Ancien Testament et qui a ensuite été complétée par les Apôtres) devait être utilisée pour la doctrine, la réprimande, la correction et la justice dans l’instruction, afin que l'homme de Dieu soit parfait puisse être accompli, parfaitement préparé, propre à toute bonne œuvre (2Tim. 3:16).

 

La Bible était en gothique depuis l’an 350 EC environ et les Goths et Vandales unitariens n'étaient pas à Constantinople. À cette époque, le Hexapla d'Origène avait également été traduit en hébreu/araméen. La version syriaque (araméen occidental vers l’an 170 donnant lieu à la version Peshitto) était déjà ancienne. Le Syriaque Curetonien est du IIIe siècle. Le Syriaque a prospéré jusqu'au VIIe siècle EC. Aux VIIIe et IXe siècles, il a été dépassé par l'Arabe et au XIIIe siècle, il avait disparu. L'araméen est de trois sortes : Jérusalem, Samaritain et Galiléen, et il existe environ 44 exemples de mots araméens préservés dans ces trois formes dans le grec du Nouveau Testament. L'Ancien Testament, bien sûr, était disponible à la fois en grec (LXX) et en hébreu.

 

Notre liste et notre ordre des textes du Nouveau Testament en anglais sont tirés de la liste de Jérôme de la Vulgate Latine. Il utilise le terme Testamentum à partir de sa révision vers l’an 382-405 EC, ce qui est postérieur au Concile de Constantinople – donnant peut-être naissance à Hippone en l’an 393 EC et à Carthage en l’an 397 EC. La Vulgate n’est qu’une version du Vetus Itala (vers le IIe siècle) qui a précédé de loin Carthage (voir la Companion Bible, ibid.).

 

Parmi les versions égyptiennes, le texte Memphitique ou bas égyptien, moins correctement appelé Coptique, appartient au IVe ou peut-être au Ve siècle, mais le texte Thébaïque ou haut égyptien, appelé Sahidique, est du IIIe siècle. La version arménienne est du Ve siècle, mais l'Éthiopique est du IVe au VIIe siècle, et la Georgienne est du VIe siècle.

 

En outre, toutes ces anciennes versions contenaient les douze derniers versets de Marc (voir la version KJV) qui ont été exclus par la suite. Ce texte est examiné dans le document La Question des Langues (No. 109)).

 

La terminologie de Jérôme est peut-être malencontreuse, car certains des érudits latins de l'église ont préféré instrumentum, qui était utilisé de manière similaire à notre utilisation du mot dans un sens juridique. Tertullien (150-200 EC) en est un exemple (voir Adv. Marc. 4:1. Dans 4:2, il l'utilise pour l’unique Évangile de Luc). Rufinus utilise novus et vetus instrumentum (Expos. Symb. Apostol.), et Augustin utilise alors les deux mots instrumentum et testamentum à la suite de Jérôme et ses auteurs précédents (City of God 20:4). À partir de la Vulgate, le terme Testament est passé dans les Bibles anglaises et allemandes également. Le grec diatheke signifie Alliance et c'est le sens de l'Alliance de Dieu qui est employé (voir le document L'Alliance de Dieu (No. 152)).

 

La totalité de la Bible, qui constitue les livres de l'Alliance de Dieu appelée la Bible, est comprise comme formant la Parole de Dieu, étant composée des paroles de Dieu (Jér. 15:16 ; Jean 17:8, 14, 17). Dieu a parlé pour notre éducation et pour notre foi et non pour notre questionnement ou notre critique qui cherche à nier la puissance et l'autorité de Dieu. Sa parole, qu'Il a prononcée, sera notre juge (Jean 12:48 ; Deut. 18:19-20 ; Héb. 4:12). Ce canon est sacré. La Companion Bible, dans son Annexe 95 sur Le Nouveau Testament et l'Ordre de ses Livres, dit :

 

Des milliers d'infidèles croient et enseignent aujourd'hui que le Concile de Nicée, tenu en l’an 325 EC, a séparé les Écritures “fausses” des Écritures authentiques, par un vote ou une ruse, lorsque les livres sacrés ont été placés sous une table de communion, et qu'après la prière, les livres inspirés ont sauté sur la table, tandis que les livres faux sont restés en dessous.

 

Cette histoire a pour origine un certain Jean Pappus et les infidèles commettent une grave erreur en l'identifiant avec Papias ou Pappius, l’un des premiers Pères, appelé par Eusèbe (iii 36) un Évêque de Hiérapolis qui a écrit vers l’an 115 après J.C. L'Encycl. Brit., 11ème (Camb.) éd., vol. xx, p. 737, suggère que sa période de vie s’étende de 60-135 après J.C.

 

Mais Jean Pappus, qui a donné naissance à l'histoire ci-dessus, était un théologien allemand né en 1549. En 1601, il a publié le texte d'un manuscrit grec anonyme. Ce MS ne peut pas être antérieur à 870 après J.C., car il mentionne des événements survenus en l’an 869. Or, le Concile de Nicée s’est tenu 544 ans auparavant, et tous ses membres étaient morts et enterrés depuis près de cinq siècles. Le Concile de Nicée n'a pas été convoqué pour décider du Canon. On ne trouve rien concernant le Canon des Écritures Saintes dans aucun de ses canons ou actes. Et, même s’il en était autrement, les votes des Conciles ne pourraient pas plus régler le Canon du Nouveau Testament qu'un Conseil Municipal pourrait régler les lois d'une nation.

 

Le grand fait marquant est que :

  JÉHOVAH A PARLÉ

et que la Bible dans l'ensemble prétend nous donner Ses paroles ; ...

 

Le même sentiment peut être exprimé à partir de l'influence que la faction d'Athanasius a exercée depuis le Concile de Carthage. L'Église Catholique ne pouvait pas déterminer les Saintes Écritures. Ceci est fait par l'Esprit de Dieu. Les Conciles ne peuvent que reconnaître ce qui était déjà un fait ancien (voir aussi la Companion Bible, l'Annexe 168 pour l'histoire).

 

L'Esprit Saint (voir le document L'Esprit Saint (No. 117)) n'était pas décidé comme le troisième membre de la Trinité avant Constantinople et même alors, ou jamais auparavant, il n'a été défini comme la troisième personne de la Divinité, comme le voulait peut-être Athanasius. C'est cependant l'Esprit qui détermine les Saintes Écritures. La faction athanasienne, comme ses prédécesseurs, les Modalistes et les Gnostiques antinomiens, a tordu l'enseignement de Paul à sa propre destruction. Pierre a inclus les écrits de Paul dans la catégorie des Écritures dans sa condamnation des ignorants et instables qui cherchent à tordre le sens des enseignements de Paul, qui, selon lui, sont parfois difficiles à comprendre, pour leur propre destruction (2Pierre 3:16). L'exemple classique de ceci était l’utilisation abusive du terme les Œuvres de la Loi (ergon nomou) par les Antinomiens à partir des écrits de Paul aux Galates et Colossiens (voir le document Les Textes des Œuvres de la Loi - ou MMT (No. 104)).

 

Dieu a parlé par l’intermédiaire de Ses serviteurs les prophètes et ces paroles sont consignées dans la Loi et le Témoignage appelés la Bible (voir Ésaïe 8:5, 11, 20 ; Marc 12:26 ; Luc 1:70 ; Jean 9:29 ; Actes 4:31). Cette compréhension est un élément essentiel de la foi. Depuis des siècles, des gens ont essayé sans succès d'introduire la confusion et la contestation/dispute dans l'harmonie des textes de la Bible. De tels gens semblent nier le pouvoir de Dieu sur Sa Bible ou comprendre que Christ, comme il a été prédit par les Saintes Écritures, est venu accomplir l'oeuvre de Dieu et non sa propre œuvre ou sa propre parole (Jean 4:34 ; 5:25-29, 30, 31-44).

 

 

 

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