Christian Churches of God

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Les Hymnes dans le Culte Chrétien

 

(Édition 1.0 19980424-19980424)

 

Cet ouvrage est un commentaire sur la Préface de Hymns for the Lord’s Supper (Hymnes pour le Dîner du Seigneur) de Joseph Stennett. Il examine l'histoire de l'utilisation des hymnes dans les Églises de langue anglaise observant le Sabbat et le fondement biblique du chant des hymnes, non seulement au Dîner du Seigneur, mais aussi dans son application générale. Il montre l'infiltration insidieuse de fausses doctrines dans nos premiers systèmes de culte observant le Sabbat et la théologie.

 

 

 

Christian Churches of God

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 La Préface des Hymnes pour le Dîner du Seigneur de Joseph Stennett

 

 


Le révérend Joseph Stennett (1663-1713) fut probablement l'une des figures les plus influentes dans le développement de l'hymne au XVIIe siècle en Angleterre. Il a servi à l’Église Baptiste du Septième Jour de Pinner’s Hall en tant que pasteur pendant les 23 dernières années de sa vie. Lorsqu'il est entré en fonction en 1690, l'une des premières choses qu'il fit fut de mettre en place la pratique de chanter des hymnes en assemblée. Dans un premier temps, la pratique était limitée à l'occasion du baptême et du Dîner du Seigneur, mais Stennett a lui-même composé des hymnes pour le Sabbat, ainsi que pour d'autres occasions.

 

Il n'y a aucune preuve que des hymnes autres que ceux de Stennett aient jamais été chantés dans quelconque des églises de Londres observant le Sabbat au XVIIe siècle. Compte tenu de l'époque, on pourrait conclure qu’aucun chant du tout n’était pratiqué dans l'assemblée des Baptistes Généraux qui est devenue connue sous le nom de Mill Yard. Pinner’s Hall, une congrégation de Baptistes Particuliers, pourrait bien avoir chanté les Psaumes en assemblée depuis sa fondation.

 

La justification pour éviter de chanter en assemblée était que, puisque le chant est une expression de la foi, il était hypocrite de chanter en public devant une assemblée qui pouvait comprendre des personnes qui n’ont fait aucune profession de foi. L'opposition aux chants en assemblée était si forte dans les années 1690 que Stennett s’y réfère dans l'introduction de son recueil de cantiques, et se donne du mal de demander à une autre personne d'écrire une défense de cette pratique. Ces deux textes figurent dans la présente étude. Les passages bibliques mentionnés dans les notes de l'original sont indiqués entre parenthèses dans le texte. Les passages bibliques de l'original sont donnés en caractères réguliers, tandis que les commentaires sont en caractère italique. J'ai conservé les italiques tout au long du texte et j’ai ajouté mes propres observations sur le texte en caractères ordinaires.

 

La défense anonyme de chanter des hymnes en assemblée qui figure au début du recueil de cantiques de Stennett est peut-être l'une des défenses les plus prudentes et clairement exprimées de cette pratique que l'on trouve. On pourrait soupçonner Stennett de l'avoir écrite lui-même, si ce n'était les phrases élogieuses de l’auteur des hymnes. Il serait indigne de prétendre que Stennett se soit fait autant l'éloge, même sous un déguisement. En outre, le traité se termine par un poème dont l'expression est si médiocre qu'il est impossible qu’il ait été écrit par un poète de la qualité de Stennett.

 

Les œuvres du regretté Révérend et Érudit M. Joseph Stennett. Vol. IV. Londres : Imprimé en l'Année M.DCC.XXXII, pages 56-71.

 

... L’amour de la vérité, et un regard charitable envers certains chrétiens très sérieux et pieux, dont les esprits ont été si troublés par des scrupules au sujet de la légitimité de chanter dans le service de Dieu qu'ils omettent totalement cette partie si utile et agréable du culte divin, m’ont incité à demander à un ami très digne et ingénieux de préfacer ce livre de cantiques par quelques arguments sur ce sujet, avec la substance dont il m’avait déjà fait part, en me faisant un exposé comment ces préjugés contre le fait de chanter des psaumes, &c. ., auxquels il était lui-même autrefois soumis, avaient été dissipés.

 

Il est clair qu'il y avait une forte opposition au fait de chanter en assemblée. Il doit y avoir eu une telle opposition, même dans l’Église de Pinner’s Hall, sinon il n'aurait pas été nécessaire d'écrire cette justification. L'opposition provenait surtout des Baptistes Généraux, qui à l'époque ressemblaient beaucoup aux Quakers dans leur liturgie.

 

Son amitié et l'espoir que je m'efforçais de lui faire concevoir que ce qui l'avait convaincu pourrait (avec la bénédiction de Dieu) avoir le même effet sur d'autres personnes dans le cadre de circonstances similaires l’ont décidé à ne pas refuser ma demande ; bien qu’il ne m'ait pas donné la liberté de mentionner son nom ... Joseph Stennett (page 56)

 

La Préface : Par une autre main.

 

À la demande de l'auteur révérend, j’ai ajouté ce bref discours aux hymnes suivants, afin de défendre la pratique de chanter les louanges de Dieu, en tant que partie intégrante du culte chrétien. J'ai d'autant plus volontiers accédé à cette demande, parce que j'ai moi-même souffert des préjugés d’une éducation contraire ; jusqu'à ce que je sois convaincu de ce que j'estime maintenant être mon devoir, par la plus haute autorité, à savoir celle de Christ et de ses apôtres.

 

La référence aux préjugés de l'éducation montre à quel point l'opposition de chanter en assemblée était profondément enracinée. C'était avant l'époque du Réveil Méthodiste et des grandes traditions de chants des Wesley, pour ne pas parler d'Isaac Watts, qui n'avait pas encore fait son apparition sur la scène lorsque Joseph Stennett a institué le fait de chanter des hymnes en assemblée à Pinner’s Hall.

 

Je ne doute pas que les chrétiens qui ont des sentiments différents accueilleront favorablement cette initiative. J’implorerai seulement à ceux (page 58) qui liront cette préface d'avoir la bienveillance, pour ne pas dire la justice, de considérer qu'il est possible qu'ils se soient trompés et d'être tout aussi disposés à accepter la vérité, quel que soit le côté de la question où elle se trouve.

 

L'auteur a l'intention d'utiliser la vérité comme critère et demande au lecteur de mettre de côté ses préjugés et d’être prêt à admettre qu'il est possible que ses idées soient erronées. Quel beau défi !

 

Quiconque lit le Nouveau Testament avec attention ne peut manquer de remarquer les fréquentes mentions du fait de chanter des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels.

 

Les évangélistes (Matthieu 26. 30. Et Marc 14. 26. Et après avoir chanté un hymne, etc.) Matthieu et Marc nous informent tous les deux que notre Sauveur béni, avec ses disciples, a chanté un hymne à la conclusion du Dîner du Seigneur, puis a institué une ordonnance permanente dans l'église.

 

Le Grand Hallel des Psaumes 111-118 est encore utilisé chez les Juifs pour plusieurs fêtes annuelles. Étant donné que le cinquième livre des Psaumes, les Psaumes 107-150, semble avoir été compilé dans son ordre actuel comme un recueil de cantiques pour les fêtes annuelles, il est fort probable que Jésus et ses disciples "aient chanté un hymne" tiré de cette collection lors du repas de la Pâque. L'auteur laisse entendre que le Dîner du Seigneur, alors institué comme une ordonnance permanente dans l'église, incluait le fait de chanter en assemblée dans le cadre de l'ordonnance instituée. La déduction de l'auteur semble valable dans une certaine mesure. Si l'on admet que l'ordonnance comprend le chant en assemblée sur la base de ce texte, nous devons également admettre que l'ordonnance comprend le chant précisément de l'hymne sous-entendu, c'est-à-dire, tout ou une partie du Grand Hallel du livre des Psaumes. Il n'y a rien dans le texte pour suggérer le fait d’avoir chanté autre chose.

 

Saint Luc, dans son récit des Actes des Apôtres, nous dit que Paul et Silas étant en prison, et après avoir été flagellés sur le compte de leur ministère, ont prié et chanté des louanges à Dieu à minuit, de sorte que les prisonniers les entendaient. (Actes 16. 25).

L'apôtre Paul, réprouvant les Corinthiens pour leur vaine ostentation de leurs dons, en particulier celui de parler en langues étrangères, (I Cor. 14. 15. Je chanterai par l'esprit, et je chanterai aussi avec l'intelligence.) leur dit, qu'ils doivent chanter avec compréhension, ce qui ne pouvait pas se faire, alors qu'ils ignoraient la langue chantée, quoiqu’elle puisse être (page 59) comprise par le chantre, ou la personne qui dictait aux autres.

 

L'auteur émet ici quelques hypothèses qui pourraient ne pas être acceptables pour certains Baptistes aujourd'hui. Il suppose que le don des langues est la capacité de parler des langues étrangères vraies et compréhensibles, et non pas les paroles extatiques dans un langage incompréhensible. Il suppose que le problème abordé par Paul est l'utilisation de ces langues devant un public connaissant une langue différente, dans le but de " faire étalage de sa piété ". L'auteur en déduit que le chant en assemblée doit se faire dans une langue utilisée et comprise par les gens. Cette déduction va là encore au-delà de ce qui est indiqué dans le texte. I Cor. 14 prévoit en effet la traduction d'un texte entonné dans une langue étrangère. Le texte paulinien ne signifie pas que l'hébreu ne doit pas être utilisé de façon liturgique, comme cela a été fait dans certaines synagogues et églises, avec la lecture parallèle d'un Targum ou d’une explication du texte dans la langue commune. Le texte paulinien indique seulement que les parties incompréhensibles de la liturgie doivent être traduites.

 

Le même apôtre exhorte à la fois les Éphésiens (Éphésiens 5. 19, 20. Entretenez-vous par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ; chantant et célébrant de tout votre cœur au Seigneur ; rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le père, au nom du Seigneur Jésus-Christ) et les Colossiens (Colossiens 3. 16,17. Que la parole de Dieu habite en vous richement, en toute sagesse, vous enseignant et vous exhortant l'un l'autre, par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ; chantant avec grâce dans vos cœurs au Seigneur. Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce à Dieu et le père par lui.) à chanter des psaumes, des hymnes, et des chants spirituels.

 

L'auteur n'aborde pas la question de savoir ce que Paul entend par psaumes, hymnes et cantiques spirituels. Il n'est pas possible de supposer qu'il n'y a pas de limites à ce qui peut ou ne peut pas être inclus dans la réunion de la congrégation. On peut supposer que Paul se réfère dans ces textes à la cantillation des Psaumes bibliques, dont les titres dans la Septante incluent les trois expressions grecques que Paul utilise ici, "psaumes, hymnes et cantiques spirituels". Ces trois catégories de cantiques sont donc les Psaumes bibliques. L'auteur ne reconnaît à aucun moment dans son étude que les cantiques auxquels Paul se réfère doivent avoir existé à l'époque de Paul, et ses paroles ne peuvent pas être interprétées de manière à donner carte blanche aux chansons écrites à une date ultérieure.

 

L'apôtre Jacques (Jacques 5. 13. Quelqu'un parmi vous est-il affligé ? Qu'il prie : quelqu’un est-il joyeux ? Qu'il chante des psaumes.) exhorte aussi les chrétiens dispersés des douze auxquels il écrit, à exprimer leur joie à toutes occasions en chantant des psaumes de louange à Dieu.

 

Jacques commande aussi clairement le chant des Psaumes bibliques.

 

Que peut-on retenir de tous ces exemples, préceptes et règlements concernant cette pratique, sinon que chanter les louanges de Dieu fait partie du culte divin dans l'église chrétienne ? Et quiconque n'a jamais entendu parler d'une controverse à ce sujet tirerait certainement cette conclusion à la lecture de ces passages. Il est en effet possible de soulever des objections contre toute chose. On peut prétendre faire des critiques grammaticales et donner une interprétation forcée aux mots les plus simples : mais si (page 60) les mêmes règles sont autorisées pour l'interprétation de l'Écriture en général, comme celles qui doivent être utilisées pour éluder la force des textes que j'ai mentionnés, les préceptes les plus simples peuvent être rendus douteux, et les doctrines les plus claires renversées. Cependant, comme certains ne sont toujours pas convaincus de ce devoir, je m'efforcerai, sans les citer nommément, de réfuter toutes leurs objections, et de confirmer la vérité, en montrant,

 

L'auteur se penche sur la question de chanter ou ne pas chanter pendant le culte. Il ne prend pas en considération à ce stade ce qui doit et ne doit pas être chanté en congrégation. Sur la question abordée, ses arguments semblent valables. Les textes bibliques auxquels il se réfère impliquent clairement, voire affirment, le chant en assemblée.

 

1. Que le chant mentionné dans les différents textes cités est approprié.

2. Qu'il était pratiqué dans le cadre du culte divin.

3. Qu'il était interprété à plusieurs voix.

 

1. Que le chant mentionné dans les différents textes cités doit être compris dans un propre, non métaphorique. On ne peut émettre aucune objection à cela, si ce n'est une critique prétendue de l'original : car tous ceux qui comprennent l'anglais, savent que chanter consiste à exprimer des mots avec une voix mélodieuse, selon les règles de la musique, comme le bon parler consiste à exprimer des mots selon les règles de la grammaire : les deux s'accomplissant par l'imitation et la pratique, sans la connaissance de (page 61), la théorie de l'un ou l'autre, car ils sont tout aussi naturels, quoique les deux puissent être réduites à des règles artificielles. Chanter en anglais n’est pris dans aucun autre sens, aucun lecteur anglais ne peut douter que ce soit là le sens.

 

Quant à l'original : le mot utilisé par les évangélistes (Mat. 26 30. Umnhsantej. Marc 14 30. 'Umnhsantej. Actes 16 25. Umnoun.) est dérivé d'un verbe dont la signification première est de chanter un cantique ou un chant de louange.

 

Il est vrai qu'il est parfois utilisé dans le sens absolu de louer, sans préciser la manière. Mais il existe une règle certaine dans l'interprétation de tous les écrits : prendre les mots dans leur signification première et la plus appropriée, à moins que de bonnes raisons justifient pourquoi ce sens ne peut être admis à l’endroit en question. Or, dans les exemples considérés, aucune raison de ce type ne peut être avancée, et donc il devrait être rendu, comme dans notre traduction, « ils chantaient un cantique ou un chant de louange ».

 

Dans l'épître aux Corinthiens (I Cor 14 15... Yalw tw pneumati, yalw de kai tw noi.), et celle de St. Jacques (Jacques 5. 13. Euqumei tij; yalletw), le mot utilisé dans l’original signifie correctement chanter. Il est aussi parfois utilisé pour chanter ou jouer d'un instrument de musique, mais quand (page 62) il est appliqué à la voix, il n'est jamais pris dans un autre sens que celui de chanter strictement. Dans l'épître aux Colossiens (Colos. 3. 16. Adontej.) nous trouvons un autre mot qui signifie aussi bien chanter, mais qui est parfois utilisé pour exprimer l'écriture d'un poème ou d'une copie de versets, qui est un sens du mot que, je suppose, personne ne va contester ici, et d'ailleurs, aucun autre sens ne peut être donné à ce mot, si ce n'est celui de chanter proprement dit.

 

Dans l'épître aux Éphésiens (Éph. 5. 19. Adontej kai yallontej.), les deux derniers mots mentionnés sont utilisés. Ainsi, si saint Paul avait vraiment voulu parler du chant proprement dit, il lui aurait été impossible de s’exprimer plus clairement et de manière plus précise.

 

Tout cela, je pense, constitue une preuve complète que notre traduction est juste en tout point sur ce sujet et que le chant proprement dit est mentionné dans tous les exemples cités. Quant aux mélodies particulières dans lesquelles les mots doivent être exprimés, elles sont laissées aussi libres que le ton ou les différentes élévations et accentuations de la voix dans la parole. La décence est la seule limitation : et comme le ton de la voix ne doit pas être dévergondé et ridicule, de même les airs de musique ne doivent pas être légers et (page 63) désinvoltes : les deux dans le culte divin doivent être graves et solennels, conformément à nos adresses à Dieu.

 

L'argument de l'auteur semble valable, selon lequel les textes auxquels il se réfère font référence à un chant approprié. Il va au-delà de l'implication de l'Écriture cependant, dans ses autres conclusions. Il affirme que les airs particuliers sont laissés à la même liberté que la parole. Il n'y a pas de telle implication dans le texte. Au contraire, les apôtres font clairement allusion aux Psaumes bibliques et peut-être à la cantillation d'autres textes bibliques. Il en découle donc qu'ils doivent être chantés sur des airs traditionnellement connus au temps des apôtres. Il n'y a aucune autorisation donnée pour utiliser d'autres airs. La conclusion finale de l'auteur montre clairement, à cette époque reculée, quel serait le résultat de permettre aux pratiques non bibliques d’infiltrer le culte. Tant que seules les cantillations bibliques sont utilisées, il n'est pas question de ce qui est décent, dévergondé, ridicule, etc. Dès que la décence devient la seule limite, l'église s'expose à des disputes constantes sur la musique et les paroles appropriées. C'est la situation actuelle dans le Christianisme. La conclusion finale de l'auteur doit paraître scandaleuse à toute personne moderne. Il exige que toute la musique dans le culte soit grave et solennelle, et jamais légère et désinvolte. Il est fort probable que même la musique légère et désinvolte de son temps soit trop ennuyeuse pour les Chrétiens modernes.

 

2. Que ce chant mentionné dans plusieurs textes récités soit réalisé et enjoint dans le cadre du culte divin.

L'hymne eucharistique accompli par notre Seigneur et ses apôtres est reconnu, même par ceux qui nient qu'il ait été chanté, comme un acte de louange et d'action de grâces à Dieu. Car il est unanimement admis que l'hymne est une louange, qu'il soit chanté ou non, et il est certain que Dieu était l'objet auquel ils se référaient alors.

 

Dans le cas de Paul et Silas, les mots sont explicites, ils ont chanté des louanges à Dieu.

 

Aux Éphésiens, l'apôtre l’exprime ainsi : entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur au Seigneur ; rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Et aux Colossiens, il dit, presque dans les mêmes termes : que la parole de Dieu habite en vous richement, en toute sagesse, vous enseignant et vous exhortant l'un l'autre, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs au Seigneur : et tout ce que vous faites, en parole ou en œuvre, faites (page 64) tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce à Dieu et le père par lui. Dans ces deux passages, nous pouvons observer l'action, l'action de grâce ou la louange : l'objet, Dieu, à travers le médiateur ; et le mode extérieur, le chant.

 

L'apôtre Jacques dit : Quelqu’un parmi vous est-il affligé ? qu'il prie. Quelqu’un est-il joyeux ? qu'il chante des psaumes. (Jac. 5. 13.) Cela revient à dire que, tout comme la prière est une façon appropriée d'exprimer nos besoins et nos peines à Dieu, chanter est une bonne façon d'exprimer notre joie et notre gratitude. Et en effet, la musique et la poésie sont toutes deux appropriées pour exprimer et émouvoir les passions. Elles intensifient et améliorent les sentiments d'amour et de joie, tout en apaisant doucement les sensations désagréables de douleur et de tristesse. Ainsi, nous trouvons le psalmiste royal chanter un moment des hymnes de louange nobles, tantôt une chanson triste de pénitence, et encore de ferventes prières et des supplications pour obtenir les bénédictions nécessaires. De sorte que rien de ce qui convient d'être adressé à Dieu ne peut être inapproprié pour être chanté devant lui.

 

Ce que saint Paul dit à ce sujet aux Corinthiens ; « je chanterai par l'esprit, et je chanterai aussi avec l'intelligence « (I Cor. 14. 15.) semble clairement se référer au culte public dans l'église, étant joint à la prière : qui avait subi le même abus que les chants, à cause de la vanité (page 65) et de l'affectation de certains dans l'église, qui avaient reçu le don des langues, et se vantaient en parlant devant le peuple dans une langue inconnue, alors qu’ils auraient dû prier et chanter les louanges de Dieu dans une langue que toutes les personnes présentes pouvaient comprendre, et se joindre au même acte d’adoration avec une dévotion sincère et une connaissance raisonnable.

 

Encore une fois, Paul ne s'oppose pas à l'utilisation liturgique de l'hébreu, mais au manque de compréhension de ce qui est dit. Le chapitre fournit la traduction, comme c'était la pratique dans l'église et la synagogue d'utiliser un Targum parallèle du texte dans la langue commune. L'auteur va trop loin dans ses conclusions.

 

Maintenant à partir de ce qui a été dit à ce titre, il semble que, dans tous les passages cités, le chant est mentionné comme étant interprété pour Dieu comme l'objet immédiat : ce qui est tout ce qui est nécessaire pour constituer une action religieuse ou une partie du culte divin.

 

L'auteur suppose que tout ce qui est nécessaire pour constituer une action d’une partie du culte divin est qu’elle soit interprétée pour Dieu comme l'objet immédiat. En cela, il est d'accord avec la majorité des Baptistes d’aujourd'hui. Son point de vue n'est toutefois qu'une simple hypothèse. Il est parfaitement raisonnable d'exiger une base scripturaire pour tout ce qui est admis dans le culte de la congrégation.

 

3. J'en viens maintenant à montrer que chanter les louanges à Dieu a été réalisé par les voix conjointes de plusieurs personnes ensemble. Matthieu et Marc disent tous deux que notre Seigneur et ses disciples ont chanté un cantique (au pluriel), tandis que les actes de Christ bénissant le pain, et rendant grâces quand il prit la coupe, sont tous deux exprimés (au singulier) comme ayant été effectués par Christ seul, et les autres se joignant mentalement seulement. Et je suppose que personne ne doute qu'ils se soient joints à Christ dans cette action, en dépit de ce qui est dit qu’il rendit grâces et bénit, c'est-à-dire qu’il a, au nom de tous et en leur nom, ainsi qu'en son propre nom, (page 66) solennellement prononcé leurs supplications et actions de grâces communes à Dieu. Mais ici, la phrase est modifiée, et les évangélistes nous disent qu’ils ont chanté un cantique, c'est-à-dire, d'une seule voix, ainsi que d'un seul cœur. Comme c'est le sens clair et évident de l'expression, aucune autre raison ne peut être avancée pour expliquer la variation de l'expression.

 

Les conclusions de l'auteur sont valables, puisque le texte ne fait pas référence à la prière au singulier il et le chant au pluriel ils.

 

Saint Luc nous dit que les prisonniers ont entendu Paul et Silas accomplir ensemble leurs dévotions communes à Dieu. Je suppose que personne n’imagine qu’ils ont prononcé leurs prières ensemble. Il doit donc s'agir des louanges qu'ils ont chantées ensemble, et cela d'une voix si forte que leurs compagnons de captivité les ont entendus.

 

L'auteur tire une conclusion injustifiée en ce qui concerne la prière. Il est très probable que Paul et Silas aient récité leurs prières ensemble, ce qui impliquerait qu'ils aient prié avec des mots tirés des Écritures que tous deux connaissaient et pouvaient réciter. L'inférence de l'auteur se fonde sur son expérience Baptiste de prière spontanée, qui peut très bien être valide, mais qui n'est ni mentionnée ni sous-entendue dans le texte. En revanche, sa déduction principale, celle du chant commun, semble valable.

 

Il y a un autre passage dans l'histoire des Actes, qui, je pense, si dûment pris en considération, va dans ce sens. Au chapitre 4 verset 24, il est dit qu'ils (c'est-à-dire les apôtres qui étaient alors à Jérusalem, et les croyants qui se joignirent à eux, étant assemblés) élevèrent leur voix à Dieu d'un commun accord, et dirent : &c. Du contexte, il semble que le culte alors offert était une action de grâce solennelle (quoique conclue par une requête) et cela à une occasion très éminente, à savoir la délivrance de Pierre et Jean de la rage du Sanhédrin ; qui, après les avoir interrogés, les avait (page 67) renvoyés sans les punir, et ce dans l'accomplissement de la ‘prophétie de David,’ Psaume 2. 1. Maintenant, comme il s'agissait d'une louange et d'une action de grâce, exprimées d'une seule voix et d'un seul cœur, je ne vois aucune raison de douter qu'elle ait été accomplie sous la forme d'un hymne ou d’un cantique sacré : à moins que l'on ne pense qu'ils aient prononcé un simple discours d'une seule voix, ce que, je crois, personne n'a jamais soutenu. Nous ne trouvons nulle part mention d’une prière prononcée à voix unies, mais de louanges chantées par à voix unies dont j'ai déjà donné des exemples. Et comme il s'agit ici d'une louange solennelle offerte à voix unies, même s'il n'est pas dit qu'ils ont chanté, il est plus que probable qu'ils ont chanté, car quoique dire (qui est le mot utilisé) ne soit pas chanter, il n’y a cependant pas de doute que chanter, c’est dire.

 

L’argument de l'auteur n'est pas absolument certain, mais semble raisonnable.

 

Ces exemples, je pense, sont suffisants pour prouver que le chant à plusieurs voix était pratiqué dans l'église chrétienne.

 

Malgré certaines faiblesses dans l'expression de ses arguments en raison de la négligence de questions qu'il n'a pas l'intention d’aborder, sa thèse principale, selon laquelle les Écritures soutiennent sans aucun doute que les chants en assemblée ont été pratiqués dans l'église apostolique, est valablement établie.

 

En résumé, il ressort de divers textes de l'Écriture, recueillis du Nouveau Testament, que les louanges de Dieu ont été chantées à plusieurs voix dans l'église chrétienne, dans le cadre du culte divin ; et que cette obligation est à plusieurs reprises réglementée, enjointe et recommandée aux nombreuses églises auxquelles les apôtres (page 68) ont écrit leurs épîtres. De tout cela, il s'ensuit naturellement, qu'il est maintenant du devoir de tous les chrétiens de chanter les louanges de Dieu, à la fois dans les assemblées publiques, et dans leurs exercices religieux plus privés.

 

Partant du principe démontré  que le chant en assemblée est une institution apostolique, l'auteur tire la conclusion que le chant en assemblée est un devoir actuel. Sa conclusion semble valide.

 

À ce récit tiré de l'Écriture, j’ajouterai un témoignage étranger, pour prouver que c'était la pratique constante des premiers chrétiens, dans leurs assemblées religieuses, de chanter à l’unisson des hymnes ou des chants de louange à Christ en tant que Dieu. Et c'est de Pline le jeune : qui était le gouverneur de tout le Pont et la Bithynie, en Asie Mineure, en collaboration avec la ville de Byzance, non pas en tant que proconsul ordinaire, mais en tant que lieutenant immédiat de l'empereur, doté de pouvoirs extraordinaires. Ce grand homme avait depuis un certain temps, dans l'obéissance aux commandements de son maître, exercé son autorité en poursuivant vigoureuse des chrétiens : mais constatant que s’il se mettait à punir tous ceux qui admettent être chrétiens, il devait d'une certaine manière ravager ses provinces, il a jugé nécessaire d'écrire une lettre à l'empereur lui-même à ce sujet : dans laquelle, après avoir donné un compte rendu particulier de sa procédure contre les chrétiens, et de leur obstination à persister jusqu’à la mort, et des grands nombres qui avaient embrassé cette nouvelle (page 69) superstition, comme il l'appelle, il raconte ce qu’il avait trouvé, après examen, être l'essence de la pratique chrétienne. (Affirmabant autem hanc fuisse suminam vel culpæ fuæ, vel erroris; quod essent soliti stato die ante lucem convenire, carmenque Christo, quasi Deo, dicere secum invicem, seque sacramento, non in scelus alimquod obstringere, sed ne furta, ne latrocinia, ne adulteria committerent, ne fidem fallerent, ne depositum appellari abnegarent: quibus peractis morem sibi discedendi fuisse, rursusque coeundi ad capiendum cibum promiscuum tamen & innoxium. Plin. Ep. Lib. 10. Ep. 97.)  "Ils ont affirmé, dit-il, que la somme toute entière de cette offense ou de cette erreur réside dans le fait qu'ils avaient l'habitude, un jour fixé, de se réunir ensemble avant le lever du soleil, et de chanter ensemble un hymne à Christ en tant que Dieu, et s'obliger par un sacrement à ne pas commettre de méchanceté, mais de s'abstenir du vol, du vol qualifié, de l'adultère, de garder la foi et de restituer tout gage qui leur avait été confié ; puis ils se retiraient et se retrouvaient pour un repas en commun, dans lequel il n’y avait rien d'extraordinaire ou de criminel. Cette épître a été écrite à Trajan, alors empereur, environ 71 années après la mort de notre Sauveur béni, en 104 après J.-C. et au cours de la septième année du règne de Trajan. Par cette autorité incontestable, nous voyons quel compte rendu les chrétiens de ce temps donnaient de leur propre pratique : à savoir que lors de leurs assemblées religieuses (page 70) ils chantaient des cantiques ou des hymnes à Jésus-Christ en tant que Dieu.

 

Comme preuve que les Chrétiens en 104 après J.-C. chantaient en assemblée, Pline est sans doute valable, en supposant l'authenticité de l'épître de Pline. En apparence, telle était l'intention de l'auteur. Cependant, il glisse une inférence qu'il n'établit ni ne discute, à savoir que les Chrétiens ont chanté des hymnes à Jésus en tant que Dieu. Tout d'abord, il est peu probable que Pline ait été capable de faire des inférences théologiques de ce genre. Nous pouvons lui faire confiance sur la question du chant en assemblée en tant que tel, mais pas sur le contenu théologique des hymnes. Pourtant, l'auteur n'applique aucune critique historique que ce soit.

 

Deuxièmement, en l'an 104 après J.-C., la doctrine de la Trinité n'avait pas encore été définie. L'auteur va au-delà de la déclaration de Pline en laissant entendre que les Chrétiens mentionnés chantaient des hymnes à Jésus en tant que Dieu, c’est-à-dire, en tant que Personne de la Trinité. Bien que les hymnes de Stennett soient soigneusement formulés dans des termes bibliques, il y a deux ou trois références à la préexistence du Christ (Hymne 29, ligne 5, page 121), et au moins une référence au Christ en tant que le Fils éternel de Dieu (Hymne 36, ligne 7, à la page 131). Bien que la préexistence n'implique généralement pas la Trinité, dans ce cas, associée à l'expression Fils éternel de Dieu, elle le fait. Cette dernière expression est une formule calviniste historique en opposition à l'unitarisme de Servet. Stennett et son défenseur anonyme sont trinitaires dans le sens calviniste du terme. Le recours à Pline pour défendre la Trinité est un anachronisme.

 

L'auteur fait appel à la Bible pour instituer le chant d’hymnes en assemblée. Son but en introduisant le chant d'hymnes est finalement devenu apparent. Une liturgie biblique n'est pas suffisante pour soutenir la doctrine trinitaire. Il laisse la question du contenu des hymnes ouverte, tant qu'ils sont décents, ce qui implique que la Bible accepte tout et n'importe quoi. Après avoir prouvé que les chants en assemblée existaient dans l'Église primitive, il saute à la conclusion que les hymnes trinitaires sont non seulement autorisés, mais enjoints par l'Écriture. L'argument n'est même pas discuté et encore moins démontré. Le caractère spécieux de cette casuistique devrait être évident aux honnêtes de même qu’aux malhonnêtes.

 

Troisièmement, il n'y a pas de support biblique pour une institution congrégationnelle avant l'aube. Il est même possible que dès 104 après J.-C., Pline ait observé un service religieux du dimanche matin. Cela étant le cas, les Chrétiens en question peuvent difficilement servir d’exemples pour les observateurs du Sabbat, car ils se livrent à des pratiques n’ayant pas de préséance biblique.

 

En ce qui concerne les compositions suivantes je dirai seulement, que les sujets sont bien choisis, et admirablement adaptés pour l'occasion, appropriés à susciter des sentiments convenables lors de la grande fête de l'amour, le Dîner du Seigneur, institué en commémoration de ce sacrifice parfait, par lequel seul nous sommes délivrés de la destruction éternelle, et ayons droit à la béatitude éternelle. La poésie est chaste et polie, l'expression claire et juste, en tout point conforme au thème noble : en tant que telle, je la recommande à la fois pour l’usage public et privé de ces fervents chrétiens, dont les poitrines sont réchauffées par un feu céleste, et dont les âmes sont transportées par un vif sentiment de l'amour divin.

 

L'éloge que fait l'auteur des hymnes de Stennett est sans doute en fonction de leur véritable contenu et de leur valeur poétique. Certains des hymnes de Stennett ont résisté à l'épreuve des siècles. L'auteur fait appel à la dévotion, à la noblesse, à un feu céleste, et un vif sentiment de l'amour divin. Notez que tous ces critères sont éminemment subjectifs. Ils seraient tous très bien si un critère de plus avait été ajouté : est-ce biblique ? Mais Stennett a été très prudent. Il y a une citation de la Bible dans presque toutes les lignes de ses hymnes. Les références à des doctrines non bibliques, telles que la Trinité, sont très rares et difficiles à trouver. Le résultat est insidieux, insinuant de fausses doctrines dans des textes qui en sont largement exempts. Cet ancien livre de cantiques n’est que la première étape dans une évolution historique décrite par le prophète Amos comme les chants du temple transformés en hurlement (Amos 8:3). Il a fallu trois siècles et demi pour que cela s'accomplisse, mais finalement, la masse rocheuse qui s'est infiltrée dans la quasi-totalité de la Chrétienté est l'accomplissement final des paroles d'Amos.

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