Les Églises Chrétiennes de Dieu
[B7_1]
Le Mysticisme Chapitre 1
La Propagation des Mystères Babyloniens [B7_1]
(Édition
2.0
19900610-20001006-20080229)
Ce chapitre
donne un aperçu et une introduction à la relation du Mysticisme aux Cultes des
Mystères et du Soleil et aux Mystères Babyloniens car ils ont influencé la
religion du monde.
Christian Churches of God
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1990, 2000, 2008
Wade Cox)
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La
Propagation des Mystères Babyloniens [B7_1]
Le dictionnaire
Oxford Universal Dictionary (p. 1306) définit
le mysticisme comme les “opinions,
tendances mentales ou habitudes de pensée et de sentiment, caractéristiques des
mystiques ; la croyance en la possibilité d'union avec la nature divine par la
contemplation extatique ; le recours à l'intuition spirituelle comme moyens
d'acquérir la connaissance des mystères inaccessibles à l’entendement.” Dans le
sens négatif, il a été appliqué à une croyance religieuse quelconque associée à
l'auto-illusion et à la confusion rêveuse de la pensée, ou à des théories
philosophiques et scientifiques qui supposent des qualités occultes, ou des
agences mystérieuses dont aucune explication rationnelle ne peut être donnée.
Il est soutenu par
la plupart des observateurs du mysticisme que la description générale d’une
expérience mystique est précédée par la qualification de “indescriptible” et est
maintenant considérée comme un élément nécessaire de l'expérience.
Linguistiquement,
le mysticisme et sa racine mystère sont dérivés du grec
Myein “garder sa bouche fermée”, dans
le sens d'une vérité secrète ou occulte qui ne doit pas être divulguée aux
non-initiés.
La racine principale
est un verbe Muo,
fermer la bouche. Un initié dans la religion du mystère était
appelé Mueo. Le terme a été utilisé
en tant que tel par Philon (d'où, musterion comme enseignements secrets
ou mystères).
Les concepts
initiaux de non-divulgation ont été transposés en une inexpressivité
d'expérience, mais essentiellement le mystique et le mysticisme accompagnateur
étaient dérivés à partir des Mystères. Initialement chaldéens, ils se sont
propagés via les Aryens et des sources que J. Burnet (Early
Greek Philosophy, 4e éd., Londres, 1958, pp 81ff.) qualifie comme vaguement
scythe en Europe et à l'est vers l'Inde. Les Hyperboréens sur le Danube devaient
affecter la religion grecque et forcer une réaction religieuse à la
Roue de la Naissance chaldéenne. Cela
devait se manifester dans l'École pythagoricienne dans les formes de purger
l'âme. Toutefois, dans l'école de Délos, la version nord du système chaldéen eut
le plus d'influence. “En Thrace, il s'était attaché au culte sauvage de Dionysos
et a été associé avec le nom d'Orphée. Dans cette religion, les nouvelles
croyances étaient principalement basées sur le phénomène de l’‘extase’ (...
‘sortir’). On a supposé que ce n'est que lorsque ‘hors du corps’ que l'âme
révélait sa vraie nature. Ce n'était pas simplement un double de lui-même
faible, comme dans Homère, mais un Dieu déchu, qui pourrait être restauré à son
état élevé par un système de ‘purifications’ ... et les sacrements ...”
(Burnet, ibid., pp. 81-82).
La religion orphique
avait deux caractéristiques qui étaient nouvelles en Grèce. Elle avait l'air
d'une révélation écrite comme source de l'autorité religieuse et ses adhérents
ont été organisés dans les communautés, basées, non pas sur une égalité réelle
ou supposée du sang, mais sur l'adhésion volontaire et l'initiation. (Burnet,
ibid.)
À partir des minces
plaques d'or découvertes à Thourioi et Petelia, on voit que la religion orphique
“avait des ressemblances frappantes
aux croyances répandues en Inde à la même époque” (ibid.).
Le premier cas
attesté d'un Grec venant sous l'influence indienne est celui de Pyrrhon d'Élis.
Selon Diogène Laërce, le chroniqueur Apollodore dit qu'il était à l'origine un
peintre et avait entendu Bryson (le philosophe mégarique) (pas le fils de
Stilpon). Bryson appartenait à la première génération de l'école mégarique et
est mentionné dans la Treizième Épître de Platon (3600). Par la suite, il s'est
attaché à Anaxarque (le Démocrite) et le suivait partout, de telle façon qu’il
s’est associé aux Gymnosophistes et
Mages en Inde. C'est au moment où
Anaxarque est allé là-bas dans le train d'Alexandre le Grand (326 AEC).
L’autorité pour cela est le jeune contemporain de Pyrrhus, Antigone de Cerystus,
et cité par Diogène Laërce.
À partir de
l'extrait, il est évident qu'il avait été influencé par l'Ascétisme [ou
ascèse] bouddhiste, et Burnet dit ce qui suit à son
sujet conformément à la citation de Diogène dans l'article ‘Sceptics’
dans l’encyclopédie The Encyclopedia of
Religion and Ethics (vol. 11, p. 229) :
Ce passage a été cité
intégralement parce qu’il est le plus ancien exemple bien attesté d'influence
indienne sur la Grèce, et il reflète avec une fidélité évidente l'étonnement des
bonnes gens d’Élis en découvrant qu'ils avaient produit un saint. Nous voyons
que ceux qui connaissaient bien Pyrrhon l’ont décrit comme une sorte de arha(n)t
bouddhiste, et c'est sans aucun doute la façon dont nous devrions le considérer.
Il n'est pas tant un sceptique qu’un ascète et un silencieux.
Burnet était bien
conscient du fait que les influences sur la première philosophie grecque ont
précédé cette première influence indienne enregistrée, et il était conscient que
cela venait du nord via les Hyperboréens, et il appelle les influences
Scythes. La vraie source est celle
des Aryens. Les Mages en Inde proviennent des Mèdes, une caste sacerdotale, et
ils ont occupé Babylone avec les Perses. Ils étaient des chamanistes nomades qui
s'étaient développés à partir de l’Animisme néo-babylonien dans la forme de
chamanisme animiste. Ils ont réimporté la religion centrée sur la religion des
mystères de Mithra et Anahita à Babylone (voir les articles
de l’ERE).
Il est affirmé par
l'ERE que, compte tenu de
l'incertitude de leurs origines, alors qu'ils étaient l'une des six castes
mentionnées dans Hérodote 1.101, ce que Joppert a décrit comme des titres de
castes aryens, ils ne semblent pas avoir été Aryens. Darius écrit de ses temples
en réparation que les Mages avaient détruits (Bh. [Pers. texte] i.63-66, suivant
Joppert qui estime que l'inscription est favorable à une différence dans la
religion, mais n’est pas concluante), mais d'après le témoignage d'Hérodote et
d’autres, il y a peu de doute que, après avoir échoué dans leur tentative pour
la suprématie politique, en tant que leaders du peuple contre les envahisseurs
aryens, ils ont utilisé leurs positions populaires comme chamans pour :
... s'insinuer dans
l'espace ouvert du prêtre dans le Culte de la Nature iranienne non réformée,
comme décrit plus précisément par Hérodote (i, 131 ss) ; ils n'avaient qu'à
mettre l'accent sur certains points précis de ressemblance entre leur propre
religion et celle des Aryens, la vénération du soleil et du feu étant la
principale.
L’ERE
note que les Magis en Inde, mentionnés dans le Bharesya Purana et le
Brhatsamhita, sont identifiés par L.H. Gray comme probablement les Mages. Ils
pratiquaient les mariages entre proches parents ce qui les différencie des
Perses. Ceci est apparu pour la première fois dans les écrits pahlavi de
l'époque sassanide comme un précepte de Parsisme développé. Le Parsisme moderne
rejette cela avec la plus grande insistance. Diogène a déclaré que les Mages ont
enseigné la résurrection future des hommes à une existence immortelle (ERE,
vol. 4, p. 244). Quoi qu'il en soit, ils étaient une caste indispensable de
prêtres chamans pour les Aryens et étaient habiles pour l’oniromancie,
l'astrologie, l'astronomie et la magie. Le mot
magique est dérivé en référence
simplement à l'apprentissage religieux et aux pratiques occultes des Mages.
La Bible se réfère à
ces groupes dès 591 AEC quand ils ont défendu des prosélytes en Judée. Leur
apparition contemporaine à Babylone est mentionnée par Jérémie 39:3,13 (Rab Mag)
(pour les vues de la Rab Mag, voir ERE,
art. ‘Magi’ et le lexique
Oxford
Lexicon).
L'influence de la
religion des Mystères des Mages pendant le sixième siècle AEC semble s’être
propagée avec les conquêtes aryennes et s’être étendue de l'Ionie à l'Inde. La
création de l'École de Pythagore en 529 AEC et le Dharma bouddhique en 527 AEC à
Sarnath étaient des extensions d'un mouvement similaire.
Les Celtes, en tant
qu’élément d'une alliance Moyen-Orient et Scythe, ont eu un rôle beaucoup plus
important à jouer dans les mouvements de la théologie aryenne et chaldéenne via
les Hyperboréens que ce qui est généralement admis, et ces aspects seront
traités dans l’ouvrage sur Les Celtes
dans le Volume 2.
Les religions du
Mystère ont été établies comme des adaptations d'Apollon Hyperborée du Nord et
du Mithra/Anahita des Chaldéens. Les divinités honorées incluaient Déméter,
Perséphone, Attis et Cybèle, Dionysos, Isis et Sérapis. Suite à la capture des
pirates ciliciens par Pompée en 67 AEC (Plutarque,
Vita Pompéi 24), Mithra a été
introduit à Rome.
L'extension de la
religion des Mystères en Égypte devait semer la confusion parmi les auteurs
postérieurs en attribuant l'influence égyptienne sur l’établissement des cultes
grecs, alors que c’était l'Animisme chamanique des mages qui influençait les
deux. Les Égyptiens ne croyaient pas en la transmigration, et les observations
d’Hérodote des pratiques en accord avec les règles orphiques et bachiques
n'impliquent pas leur origine à ce moment là, mais plutôt des adaptations de la
religion du Mystère aux systèmes à la fois grecs et égyptiens (Burnet discute
ceci dans Early Greek Philosophy à la
p. 88).
Les célèbres cultes
du Mystère ont été établis à Éleusis et Samothrace. Budge, dans sa traduction du
Livre des Morts égyptien, montre les
similitudes entre les Mystères éleusiniens et les rituels égyptiens, qui, à tout
le moins, montrent une interaction directe entre les systèmes.
Neville Drury, dans
le dictionnaire Dictionary of Mysticism
and the Occult, donne une
explication des Mystères d'Éleusis, à la page 76. Ce sont des cérémonies
célèbres tenues à Éleusis, près d'Athènes. Drury déclare qu’elles ont été
fondées par Eumolpe et incluaient la purification et le jeûne. C’était commun à
toutes les écoles et était plus notable dans celle de Pythagore. Les rituels
étaient sacrés pour les déesses de la fertilité Déméter et Perséphone. Le
mystère révélé concernait l'immortalité et la renaissance.
Après examen des
vestiges archéologiques dans le temple d'initiation, l’ethnomycologue R. Gordon
Wasson a déclaré que les mystères étaient de nature psychédélique induits par
l'ergot de seigle qui poussait sur les cultures céréalières. Selon Wasson, les
participants aux mystères consommaient une boisson qui contenait de l'eau
d'orge, de la menthe et de l'ergot de seigle et étaient immédiatement
transportés dans un monde de l'esprit. Ce qui a été vu là-bas, il note
"n’était pas un jeu d’acteurs, mais
phasmata, des apparitions fantomatiques, en particulier l'esprit de Perséphone
elle-même” (ibid.). Drury note que la vue de Wasson est soutenue par
Albert Hoffmann, qui a été le premier à synthétiser le LSD de l'ergot de seigle
en 1938.
L'Hymne homérique à
Déméter décrit comment les occupants sentaient “une
crainte et un tremblement dans les membres, des vertiges, des nausées et des
sueurs froides avant que la vision se fasse dans la chambre sombre”
(ibid.). C'est une pratique chamanique typique, ici ritualisée dans un culte de
la fertilité qui est dérivé d'un système chaldéen.
La pratique de se
rassembler dans des chambres sombres est devenue commune aux cultes des Mystères
gréco-romains et elle a été erronément attribuée aux réunions chrétiennes. Le
système de Mithra à Rome devait pénétrer l'ensemble de l'armée romaine et sa
forme publique, l’Héliogabalisme, qui allait devenir le culte officiel de
l'Empire sous l'Empereur Héliogabale (218-222 EC) (Samuele Bacciocchi,
From Sabbath to Sunday, Pontifical
Gregorian University Press, 1977, p. 241).
Ces cultes du Soleil
mystiques avec les divinités de la fertilité comme rejetons sont finalement
devenus la forme dominante dans l'Empire. La
dies natalis Solis Invicti ou la
naissance du Dieu Soleil Invincible le 25 décembre a été adoptée par le
Christianisme après les Conciles du IVème siècle. Tant le 25 décembre
que le 6 janvier étaient des festivals païens. Le festival de
Natalis Invicti apparaît dans le
calendrier philocalien sous le 25 décembre (ibid., p. 259). Les cultes ont
introduit des systèmes d’adoration le huitième jour ou le dimanche, qui ont
également remplacé l’adoration le jour du Sabbat dans le Christianisme (ibid.,
pp. 241-245 et 250ff.).
Le processus de
l’instauration des religions des Mystères dans les diverses religions du monde,
et le développement du mysticisme en elles, sont une séquence impliquée du
développement du chamanisme néo-babylonien original. Le développement du
mysticisme a, en raison de l'adaptation syncrétique, des similitudes et des
différences obtenues qui sont d'un grand intérêt.
L'Expérience Mystique
Le mystique vise
l'union avec Dieu. Ce résultat est obtenu par des moyens conditionnés par ce
qu'il pense de Dieu, et par ce qu'il vit, et en ce sens le mysticisme diffère
parmi les mystiques.
R.H. Zaehner dans
Mysticism - Sacred and Profane
(Londres, 1957), traite des différentes expériences mystiques – en particulier,
les approches de vérités supérieures et inférieures qui cherchent à interpréter
les croyances de ses propres notions a priori – au Chapitre 3, à partir
de la page 30 et al. Selon Zaehner, dans le Christianisme, la Parole est
généralement considérée comme signifiant une appréhension directe de la Déité
atteinte selon la doctrine orthodoxe par la grâce sanctifiante.
Zaehner semble
isoler les différences fondamentales entre les expériences mystiques monistes et
théistes quand il aborde le concept de libération de la Mandukya où, en dehors
de son propre soi immortel, il
n'existe rien du tout.
Brahman n'est plus le
substrat identique de toutes choses car ce serait en contradiction avec la
position moniste, il n'est pas non plus toutes choses, car il ne peut y avoir de
pluralité dans l'Unique, car l'Unique est tout simplement lui-même et tout le
reste est pure illusion (ibid., p. 164).
C'est la position
Samkya dans la pratique, que Zaehner dit serait appelée Solipsisme.
Zaehner voit qu'il ne peut y avoir aucune logique “de
chercher à libérer de l'illusion une personne qui, du point de vue du prétendu
libérateur, est, par définition illusoire”.
Zaehner voit cela comme contraire à l'avis tout à fait logique de Gaudopada, que
l'on ‘doit se comporter dans le monde comme un objet insensible’.
Le Monisme absolu
amènera alors l'ascète et le mystique jusqu’à l'étape d'isolement (la fin de la
trajectoire du yogi, selon Patanjoli), mais c'est vraiment la fin de seulement
la via purgativa, la première étape
nécessaire avant que le ‘soi’ au sens de Jung puisse entrer en relation directe
avec Dieu, que le moniste est en tout cas contraint de nier l'existence. Par
conséquent, il est possible que le Vedantin parle d'atteindre un état de
béatitude finale autre que celui dont il
considère qu'il ne peut y avoir de supérieur. Une telle idée est impensable à la
mystique théiste pour qui les richesses de Dieu, étant infinies, sont
inépuisables (ibid., pages 164-165).
Ce conflit a été
compris, mais instinctivement et d'une manière confuse, par les Musulmans comme
Abu Yazid.
Ce monisme, selon
Zaehner,
... a affecté le
mysticisme islamique à travers Abu Yazid et Hallaj, bien que ni l'un ni l’autre
n’aient succombé à la doctrine entièrement. Il a été laissé à Junayd de Bagdad,
qui était un contemporain aîné de Hallaj (neuvième et dixième siècles de notre
ère), à formuler la doctrine classique soufi de l'âme éternelle de l'homme, qui
est inhérente en Dieu avant la création et qui
est basée sur le fameux passage coranique de la Mithaq, l’alliance de Dieu avec
les enfants des hommes avant qu'ils ne soient créés. La doctrine de base de
Junayd ressemble au Samkhya et aussi au Vedanta non dualiste en ce qu'il voit la
tâche du mystique d’être l'anéantissement de son être temporel dans ‘l’idée’ de
celui qui est éternellement en Dieu (ibid., p. 165).
Ainsi nous avons
trois positions, et le mystique Soufi semble dériver finalement du Monisme
indien et non pas de quelque Théisme réel ou, en tout cas, est un traitement
moniste de Dieu et n'est pas présent dans le Coran.
La séquence du
développement du Mysticisme Chrétien est tracée par Andrew Louth dans
The Origin of the Christian Mystical
Tradition - From Plato to Denys (Clarendon
Press, Oxford). Dans son introduction, Louth fait une remarque importante
concernant l'utilisation de mots dans la traduction et la compréhension des
actions de la pensée et du sentiment. Nous abordons les choses d'un point de vue
postcartésien de l'esprit. La philosophie grecque est pré-cartésienne.
Les doctrines
platoniciennes étaient basées sur la recherche de l'âme pour Dieu conçue comme “un
retour, une ascension vers Dieu, car l'âme appartient complètement à Dieu, et
dans son ascension, elle réalise seulement sa propre nature”. (Louth,
Introduction, p. xiv.)
C'est l'opposé de
l'approche chrétienne qui “parle de
l'incarnation de Dieu, de Sa descente dans le monde afin qu'Il puisse donner aux
hommes la possibilité d'une communion avec Dieu, qui n'est pas ouverte à lui par
nature” (ibid.).
Ainsi, dans la
doctrine chrétienne, il semble y avoir une illicéité intrinsèque de mysticisme.
Lorsque les enseignements originaux bibliques – qui traitent de la résurrection
physique et d’un nephesh ou ‘esprit de l'homme’ qui excluent l'existence
d'une âme immortelle – sont examinés, il doit y avoir une origine non chrétienne
syncrétique pour le concept de l’âme et des approches mystiques à son union avec
Dieu. Comme on le voit, cela peut être attribué à la philosophie grecque,
surtout à partir de Socrate, en réaction aux cultes des Mystères orphiques (cf.
J. Burnet, La Doctrine Socratique de
l’Âme, 1916, B6, CCG, 2000). Cela est alors devenu une distillation des
premières doctrines de Platon et un raffinement néo-platonicien sous Philon et
le résultat final avec Plotin, de qui Augustin a tiré ses écrits. De là, la
doctrine est entrée dans le Christianisme sous une forme plus complète, ainsi
que les concepts chaldéens modifiés de la doctrine de l'âme et du ciel et de
l'enfer qui est entrée via les Gnostiques.
Cette union avec
Dieu est trouvée parmi les premiers cultes grecs des expériences orphiques
extatiques ou hors du corps de
purification. Le concept grec du Noûs
et ses dérivés sont importants pour elle.
Je pense, donc il y a ce à quoi je pense est une expression donnée du
processus de pensée grec de Parménide.
Les noûs,
noèse grecs sont tout à fait
différents de nos mots esprit, mental, intellect, etc. Ils
suggèrent une compréhension presque
intuitive de la réalité (ibid., p. xvi). Louth continue à citer Festugière :
C'est une chose que
d'approcher les vérités par la raison, c'en est une autre de les atteindre par
cette faculté intuitive appelée noûs par les anciens, la ‘fine pointe de l'âme’
par saint François de Sales et le ‘cœur’ par Pascal.
Par noûs,
Festugière poursuit en disant :
... l'âme aspire à une
connaissance qui est un contact direct, une ‘émotion’ (sentiment), un toucher,
quelque chose qu'on voit. Elle aspire à une union où il y a fusion totale,
l'interprétation de deux choses vivantes. Noûs est donc plus comme un organe de
l'union mystique que tout ce qui est suggéré par nos mots ‘esprit’ ou
‘intellect’, et pourtant, noûs
signifie esprit ; noèse est une forme
plus profonde, plus simple et plus contemplative de la pensée, et non pas
quelque chose de tout à fait autre que la pensée (ibid.).
Platon voyait l'âme
comme prise au piège par le monde qui lui est révélé par les sens.
Être détaché de ce
monde signifie pour lui d’être détaché des sens et du corps. Ainsi, un élément
important dans l'ascension de l'âme est le détachement du corps et la
réalisation de soi en tant qu'être spirituel (ibid., p. 7).
Dans
Le Phédon, l'homme qui veut atteindre
la connaissance de la réalité doit chercher à se purifier : par la raison seule,
éliminant les sens. L'individu, par la philosophie, tente de vivre une vie
vraiment réalisable seulement après la mort. La pureté est obtenue uniquement
lors de la séparation de l'esclavage du corps.
Car il ne se peut pas que l'impur
atteigne le pur (67A).
Le processus de
purification a deux dimensions, morales et intellectuelles. La purification
morale est la pratique des vertus, la justice, la prudence, la tempérance et le
courage. Cela purifie l'âme de l'union avec le corps, contrôlant les désirs et
les passions par le noûs rationnel qui contrôle les deux éléments de
l'âme, qui donnent lieu à des désirs (le
to epithymetikon) et des passions (le
to thymikon). Par une vie de
contemplation, la purification est atteinte et l'âme est libérée et la
séparation du corps se produit, ce qui est la façon dont Platon définit la mort
(Phédon 67D). Il mentionne cela dans
la République et les
Lois.
Platon parle de
l'importance décisive de l'éducation à travers la musique mêlant sensibilité au
rythme et à la forme. Cette ‘bonne manière’ (République
401D) signifie “que l'âme est
profondément sensible à la beauté et c'est la beauté qui caractérise la vraie
forme de la réalité” (Louth, p. 8).
La purification morale
peut être considérée comme adaptant le corps à la fin véritable de l'âme, qui
est la contemplation de la vraie réalité.
Platon décrit la
reconnaissance de la vraie beauté de l'âme dans les formes de l'être aimé dans
le Phèdre comme un mystère.
Lorsque celui qui est
nouveau dans le mystère, et a vu une grande partie de la vision, regarde un
visage divin ou une forme corporelle qui exprime vraiment la beauté, d'abord il
vient sur lui un frémissement et une mesure de cette crainte que la vision a
inspirée, puis une révérence comme à la vue d'un dieu (Phèdre
251A).
Il semble peu
douteux que Platon décrit ici les Cultes du Mystère décrits précédemment.
Lorsque couplés entre eux, ils donnent une très bonne vue des objets de
l'expérience et de la réflexion en cause. Les rites orphiques ont été conçus
pour purifier le dieu déchu pour qu’il puisse retourner aux cieux (Burnet,
ibid., B6).
À partir du discours
de Diotime dans Le Symposium, il
devient évident comment la beauté en tant que l'amour est soumise au processus
de purification intellectuelle – un processus d'abstraction et de
simplification. Par la purification morale et intellectuelle, l'âme est traînée
jusqu'à la montée raide et accidentée de la grotte.
Une merveilleuse beauté
de sa nature. C'est le but de l'ascension de l'âme. La vision extatique de la
Beauté elle-même, la Forme de Beauté (Louth, p.11).
Ce qui est révélé
est éternel et ineffable. Il transcende le domaine des Formes dans ce sens que
le grec utilise le terme Formes pour
des réalités supérieures.
La vision finale de la
Belle n'est pas atteinte ou découverte : elle rencontre l'âme, elle se révèle à
l'âme (ibid., p 13.).
En un sens, ce n'est
pas sans rappeler le Bouddhisme zen.
La vision finale est
soudainement immédiate à l'âme dans le sens du ravissement ou de l'extase. C'est
le concept du mysticisme qui a été développé dans la tradition occidentale. Il
n'a pas commencé avec Platon, il a simplement joué un rôle clé en le
formalisant. Il a précédé la première philosophie grecque et a été dérivé du
système chaldéen religieux, et la doctrine de l'âme est un élément fondamental
de sa structure. Il est donc non-biblique et son produit final devait être une
forme de Christianisme syncrétique ou dérivé.
Les développements
suivants se trouvent dans les œuvres de Philon d'Alexandrie. Philon allait
devenir un représentant de la forme stoïcisée que le Platonisme avait prise, dès
le début du premier siècle AEC, connue sous le nom Moyen Platonisme.
De Platon, le
royaume des Formes était le royaume du divin et, avec le Moyen Platonisme cela
allait changer pour une conception
beaucoup plus claire d'un Dieu transcendant (Louth, p. 18). La théologie
mystique de Platon est abordée à partir d'un examen de sa doctrine de la
contemplation et, en dépit d'une notion plus claire de Dieu, le Moyen Platonisme
est, selon Louth, encore plus adéquatement abordé sous cet aspect.
Il ne fait aucun
doute que la théologie de Philon était une théologie mystique, mais elle en
était une centrée sur le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Philon a exposé
que Dieu est inconnaissable en Lui-même, ne se faisant connaître que par Ses
œuvres (d'un traitement de Louth, à la p. 19 de l’édition de F.H. Colson et G.H.
Whitaker des Œuvres de Philon (Loeb Classical Library)).
L'essence de Dieu ne
peut pas être couverte par des concepts humains. Philon fait une importante
distinction durable et souvent utilisée entre Son essence et Ses activités ou
énergies. Philon établit la doctrine de l'inconnaissabilité de Dieu (souvent
introduite par la phrase de Timée de
Platon (28c), Découvrir le créateur et le
père de cet univers est en effet une tâche difficile).
Philon utilise la déclaration biblique que l'existence de Dieu peut être
facilement appréhendée et démontrée d'une contemplation de l'ordre et de la
beauté du Cosmos.
Dieu, bien que
possédant un nombre illimité de pouvoirs, est connu de l'homme principalement
dans les aspects de la royauté et du bienfaisant ou créateur – se faisant
connaître à l'homme par la Grâce.
Le langage de Philon
dans De Abrahamo est essentiellement
mystique, utilisant le vocabulaire des religions des Mystères (en particulier
De
Abrahamo 121-123 “où
de trois quand, encore non-initiés dans les mystères les plus élevés, il est
encore un fervent pratiquant seulement des rites mineurs et incapable d'aborder
l'Existant seulement par Lui-même”, etc.)
Ce vocabulaire des
religions des Mystères a été appliqué ici aux trois anges au Chêne de Mamré
apparaissant à Abraham, et se retrouve
ailleurs dans Philon et est fréquent dans les Pères de l'Église. Bien que le
langage remonte aux Mystères d'Éleusis, Louth dit :
... cela n’indique
probablement pas une influence directe des cultes des mystères, car Platon avait
utilisé un tel langage de l'ascension de l'âme à la contemplation (Louth, p.23).
Contrairement à ce
qu'affirme Louth, l'inverse semble être le cas, ce qui donne une lignée directe
de l'influence des religions des Mystères à travers la philosophie grecque
jusqu’à Platon, et que Philon combine avec le développement syncrétisme
talmudique pour fournir une base pour l'adoption des religions des Mystères dans
le Christianisme. Son adoption du mysticisme sans lui n'aurait aucun fondement
dogmatique pour la doctrine de s'affirmer.
Le plus grand
mystère était le passage de l'âme dans le sanctuaire de la ‘connaissance’ de
Dieu au-delà de Le connaître à travers Ses activités. Philon distingue trois
types de services et de serviteurs : ceux qui servent Dieu par l'amour de Dieu
seul : ceux qui Le servent dans l’espoir d’une récompense, et ceux qui Le
servent, par crainte de la punition. Ces trois types sont tous acceptables par
cet ordre décroissant de pureté et de mérite. Louth voit la compassion de Philon
à ceux qui servent par la peur comme étant à la différence des Rabbins, et la
plupart des Pères.
La quête mystique de
l'âme dans la connaissance d’un Dieu inconnaissable :
... est le résultat de
son désir de Dieu Lui-même seul, et mis à part les avantages de Sa relation avec
nous – c'est une quête de l'amour pur (Louth, p. 24).
Ceci est poursuivi
en trois étapes :
1.
Conversion
à la religion pure ;
2.
Connaissance de soi, et
3.
Connaissance de Dieu.
La conversion à la
religion pure est vue par la description de Philon comme la cessation de
l'adoration de la création, que les traditions des Mages ont établie par
l'astrologie. L'abandon de l'astrologie et de la croyance dans les effets des
étoiles sur le comportement humain est la première étape d'une religion pure.
Ensuite, par la
considération de soi et la réalisation de soi la voie est ouverte à une
troisième étape de la connaissance de soi précise à la connaissance de Dieu
Lui-même. L'esprit ne restera plus “dans le ciel”, qui est l'organe du sens,
mais se retire en lui-même.
Car il est impossible
que l'esprit dont le cours se situe toujours dans le sensible plutôt que le
mental arrive à la contemplation de Celui qui est (De
Migratione Abrahami, pp. 195 ff – de la citation de Louth à la p. 24).
Ce rejet de la forme
dominante de l'influence cosmique devait être l'adaptation qui a été nécessaire
pour permettre au Christianisme d’adopter les Mystères sous une forme plus
subtile – le Créateur au-delà de la création.
Grâce à la pureté
morale, l'âme devait affirmer son ascendant sur le corps, mais, bien que Philon
emploie des termes platoniciens, il réduit l'âme à une créature créée par Dieu,
et rien en elle-même.
Pour Philon :
… la connaissance de
soi ne s'identifie pas à la connaissance de Dieu, dans la connaissance de soi
l'âme ne se rend pas compte du monde des Idées en elle-même (comme chez Plotin,
et peut-être Platon), mais plutôt dans la connaissance de soi l'âme vient à
réaliser son propre néant et est renvoyée à Dieu, Celui qui est (Louth, p. 25).
La créature n’a donc pas de ... capacité à connaître Dieu, mais reçoit cette
connaissance par la Grâce.
Les adoptions
étaient nécessaires pour permettre qu’une réduction judéo-chrétienne des
propositions mystiques soit adoptée de façon syncrétique. Elles ont toutefois
été réadaptées par Plotin comme l'a noté Louth et cité ci-dessus, et de lui
elles ont été reprises par les écrits patristiques.
Malgré leurs
différences, Philon s'appuie sur les idées de Platon dans le
Timée (41C : cf. 90Aff.) que les âmes
immortelles sont la création directe du démiurge, tandis que ce qui est mortel
est fait par des dieux moindres.
Ce concept est un
développement de la théologie chaldéenne. Cette pluralité des pouvoirs
mentionnés précédemment est dans Proclus’
Commentary on Plato’s Parmenides (Morrow & Dillon, Princeton, 1987, pp.
233-234). La puissance de la grandeur est immatérielle et les réalités
matérielles confèrent une supériorité et une perfection transcendante, tandis
que l'égalité est à l'origine de l'harmonie et de la proportion en toutes
choses, révélant la durée moyenne de la proportion soit dans les âmes soit dans
la nature, et sa fin est l'amitié et l'unité.
Alors, puisque le
Démiurge, en construisant l'univers, a utilisé tous les moyens – arithmétiques,
géométriques et harmoniques – et les liens qui unissent basés sur eux, vous
toucheriez la vérité à ce sujet. Je pense que si vous dites cela cette Égalité
utilisée par le Démiurge est la seule cause intellectuelle qui génère le cosmos
(ibid.).
Cette recherche
intérieure est pour ce qu'on appelle l'Unique en Nous,
que Socrate appelle l'illumination de
l'âme (Proclus, ibid., p. 588). Alors
par Celui en Nous-mêmes nous approchons l’Unique (ibid.). Maintenant, c'est
dans ce seul élément que Philon diffère en ce que cela ne se produit pas
naturellement mais par la grâce ; mais le développement séquentiel de cette
recherche entière est décrit par le Commentaire comme suit :
Et Platon dit que
l’Unique est connu par aucune sensation, car il dit aucun être ne le perçoit –
évidemment même pas la sensation divine, ni la principale cause de la sensation,
ni, en général, y a-t-il un mode de connaissance dans l'Intellect divin qui est
coordonné avec l’Unique. Par conséquent, le sens de la perception du Démiurge ne
perçoit pas non plus l'Unique, car même cela est une perception des choses qui
n'existent pas.
Deuxièmement
considérons l'opinion, d'abord, la nôtre, ensuite celle des démons, puis celle
des anges, puis celle des dieux cosmiques, ensuite celle des dieux absolus (pour
ces derniers, dans la mesure où même eux ont quelque chose à voir avec le monde,
contiennent les principes rationnels d'objets sensibles), puis celle des dieux
d'assimilation (car en eux sont les causes des dieux cosmiques), et, enfin,
l'opinion du démiurge, l'opinion elle-même, car c'est la source de toute opinion
et est la cause principale des choses qui existent dans le monde, et c'est
d'elle que le cercle de la différence a son origine. Considérons cette série et
disons : l’Unique est inconnaissable à toutes les formes d'opinion.
Il reste la
connaissance. Ne considérez pas seulement ce que nous avons, car c’est
particulier et il n'y a rien de vénérable à son sujet – il ne connaît pas
l’Unique – mais considérez aussi la connaissance des démons, qui voit les types
d'existence, et la connaissance angélique, qui voit ce qui est antérieur à
ceux-ci, et celle des dieux cosmiques (par laquelle ils suivent leurs dirigeants
‘absolus’), et celle des dieux absolus eux-mêmes, qui opère de façon
transcendante dans le domaine de l'intelligible, et, plus haut encore, celle des
dieux d’assimilation, à travers laquelle ils sont les premiers à s'assimiler aux
dieux intellectuels, et en plus de cela, pensez à la connaissance originelle qui
est unie aux intelligibles eux-mêmes, qui, dans le
Phèdre (247d) est aussi appelée ‘la
connaissance elle-même’, et , au-dessus de tout cela, considérez l'union
intelligible qui se cache et est indicible dans la cavité intérieure de l'Être
lui-même. Pensez à tous ces types de connaissances et de compréhensions de
l'existence, et vous verrez qu'ils sont tous en deçà de l'Unique. Car ce sont
toutes les connaissances de l'Être et non de l'Unique. Mais l'argument a montré
que l'Unique est au-dessus de l'Être. Par conséquent, toute conscience, que ce
soit la connaissance ou l'opinion, ou la perception sensible, est quelque chose
de secondaire et non de l'Unique (Proclus’
Commentary on Plato’s Parmenides (Livre VII), Morrow & Dillon, Princeton,
1987, p. 589).
De ce qui précède,
toute l'argumentation est développée à partir de la théologie chaldéenne comme
trouvée s'étendant également en Inde et est le raisonnement de base qui a abouti
au Monisme indien, avec un panthéon de dieux illusoires et a la même structure
cosmologique dans les ‘Mystères’. Les adoptions de Philon de ceux-ci devaient
accueillir quelques notions bibliques de cette structure mystique.
Philon et le Dieu Qui Parle
Philon a tenté
d'adopter les doctrines actuelles grecques dans un point de vue biblique dans
une forme de philosophie syncrétique. Sa doctrine de la Parole, le Logos, est un
développement de l'idée stoïcienne du Logos divin ou de la raison qui sous-tend
et façonne toutes choses.
Pour Philon, avec sa
doctrine marquée d'un Dieu transcendant (à la différence de l'immanentisme
stoïcien), le Logos devient un médiateur entre le Dieu transcendant et le monde,
et a des aspects à la fois transcendants et immanents (Louth, p. 27).
Louth développe ce
concept et aussi celui de Ho Legon, l'idée de Dieu comme quelqu’un qui
parle.
Un manque de
compréhension du concept des Élohim et El comme la face visible de Dieu et des
entités mentionnées dans l'Ancien Testament a conduit les gens à penser que Jean
adoptait une phraséologie mystique (probablement dérivée de Philon) dans
l'Évangile. Il ne le faisait pas. Les propositions métaphysiques inhérentes à
l'Ancien Testament sont parfaitement expliquées par les écrits de Jean et
l'explication de Christ, et développées par Paul. Philon a tenté d'expliquer la
même doctrine au sein d'un système hellénistique, et sans l’expérience de Paul,
il a produit un hybride mystique, qui devait affecter de manière définitive le
Christianisme.
Le système
Trinitaire ou triune de Philon devait plus tard être développé par Tertullien et
est un développement non-biblique des Mystères, bien que Tertullien considérât
l’Esprit Saint comme une puissance de Dieu. Philon a, cependant, tenté de
préserver son idée du Dieu biblique, même s'il devait finalement et
involontairement créer, beaucoup plus tard, une perversion du Christianisme
biblique. Il ne fait aucun doute, cependant, que sa structure était mystique et
de dérivation extatique. Les distorsions finales dans le Judaïsme talmudique et
la Kabbale sont des extensions logiques de son ouvrage, que le Judaïsme a gardé
secrètes pendant des siècles. Toute
la doctrine entièrement est chaldéenne et non-biblique.
Plotin
Plotin devait être
l'influence majeure de la philosophie mystique sur le Christianisme. Comme E.R.
Dodds le dit :
... chez Plotin
convergent presque tous les grands courants de pensée qui descendent de huit
cents ans de spéculation grecque : hors de cela sort un nouveau courant destiné
à fertiliser les esprits aussi différents que ceux d'Augustin et Boèce, Dante et
Maître Eckhart, Coleridge, Bergson et T.S. Eliot (E R Dodds
The Ancient Concept of Progress,
Oxford, 1973, p. 126) (Louth, p. 36).
Plotin (né ca. 204
EC) semble provenir d'Alexandrie, où il a étudié la philosophie sous Ammonius
Saccas. “Entraîné dans la pensée
orientale – perse et indienne – il a rejoint l'armée sous l’Empereur Gordion
pour sa campagne contre la Perse” (Louth, p. 36). Après la mort de
Gordion, il a fui vers Empire et s’est installé à Rome, où il a enseigné la
philosophie. Il était donc à Rome, après 244 EC au moment le plus critique pour
influencer la pensée philosophique et à l'époque où les religions des Mystères
étaient en ascendant. Le Mithraïsme était devenu le culte de l'armée, avec l’Héliogabalisme
étant déclaré le culte de l'Empire tout entier environ 25 ans plus tôt, un
facteur qui a influencé sans aucun doute Plotin dans sa direction précédente.
Plotin et ses
disciples – dont le chef était Porphyre – étaient Platoniciens (maintenant
appelé néo-platoniciens), et ils ont eu recours aux écrits de Platon dans la
démonstration de leurs enseignements, même s’ils n'ont pas la structure
mécanique et géométrique du néo-platonisme athénien postérieur (par exemple
Éléments de Théologie de Proclus).
Louth dit :
Nous pouvons approcher
la Philosophie ou système de Plotin de deux manières. Cela peut soit être
considéré comme une grande structure hiérarchique, une grande chaîne de l'être,
ou cela peut être considéré comme un exercice de compréhension introspective de
soi (p. 37).
La hiérarchie
plotinienne est exprimée en termes de trois principes ou hypothèses ou dieux. En
commençant par le plus haut, ce sont : l'Unique ou le Bon ; l’Intelligence,
noûs (à peu près le Principe Intellectuel), et l'âme, psyché. L'âme
est le niveau de vie ou le sens de la perception. Au-delà c'est le domaine plus
unifié de l'intelligence, noûs.
C'est le domaine de
Platon des Formes. Ici le connaisseur et le connu ne font qu'un, ici la
connaissance est intuitive (Louth, p. 38).
Il s'agit d'une
possession de la connaissance marquée par l'infaillibilité. Pour Platon, c'était
la réalité ultime, mais Plotin – en raison de la multiplicité des Formes et la
dualité du connaisseur et du connu, même s'ils sont unis en une unité
harmonieuse – avançait le concept de l'Unique.
Au-delà du domaine
de l'Intelligence se trouve l'Unique, qui est absolument simple et au-delà de la
dualité. Ce concept est directement oriental et dérivé du développement
métaphysique indo-aryen de la théologie chaldéenne. Plotin a obtenu cette
position philosophique de la Perse, tandis qu'il était là, et elle était
courante à cette époque dans tout l'Orient. Ce développement par Proclus dans
les sept niveaux jusqu’au démiurge de Platon est un thème récurrent de la
théologie mystique.
Le mécanisme de
Plotin est par Émanation et Retour, où toute chose désire retourner à l'Unique
de qui elle émane. Toutes les choses aspirent à la contemplation, à la recherche
de la Vision comme leur seule fin, atteignant leur objectif dans la mesure du
possible de leur propre espèce. La contemplation est primordiale à Plotin et sa
notion de retour est :
... une
extrapolation de son sens du désir de l'âme pour le retour à l'Unique (Louth, p.
40).
Plotin développe la
compréhension introspective comme les moyens d'atteindre l'Unique. Le chemin
n'est pas en haut mais à l'intérieur – de l'âme, à l'Intelligence, à l'Unique.
Ceci a été
directement adopté par Augustin comme tu
antem eras interior intimo meo et superior summo meo (tu étais plus intime
que l'endroit le plus intime de mon cœur et plus élevé que le plus haut).
La connaissance de
soi et la connaissance de l'ultime sont interdépendantes. L'âme doit être formée
et façonnée à la perfection pour atteindre l'Unique.
Plotin voyait le mal
comme ayant sa source dans la volonté propre, concevant le plaisir en toute
liberté, mais il fait une déclaration extraordinaire comme suit :
[De telles âmes] ne
discernent plus ni la divinité ni leur propre nature, l'ignorance de leur rang
apporte la dépréciation de soi, ils égarent leur respect ; honorant tout plus
qu'eux-mêmes, toute leur vénération et admiration est pour l'étranger, et en
s'accrochant à cela, ils se sont séparés, aussi loin qu’une âme le peut, et ils
font la lumière de ce qu'ils ont déserté ... Admirer la poursuite de l'extérieur
est un aveu d'infériorité ... (Vol. 1) (Louth, p.42).
Ces âmes déchues
sont à la place des invraisemblances prises dans la déclaration de Platon (273D)
et reprises par Augustin et transmises au Moyen Âge comme le
Pays des Invraisemblances.
Le Mysticisme
platonicien devient le Mysticisme patristique. Festugière dit : Lorsque les
Pères ‘pensent’ à leur Mysticisme, ils Platonisent. Il n'y a rien d'original
dans l'édifice (Contemplation 5). Pour lui, le mysticisme des Pères est du
Platonisme pur (Louth, p. 191).
L’Ascension
La structure
chaldéenne mentionnée par Proclus ci-dessus montre que Platon utilisait la
structure cosmique provenant de l'Animisme chamanique, qui avait été adoptée par
les Grecs. Les sept niveaux de la structure cosmique procédant jusqu’au Démiurge
au septième, et le plus élevé sont la même cosmologie à sept niveaux, trouvée
dans toute l'Asie et s'étend dans le Sud-est asiatique et en Océanie. Cette
structure a été transmise par les chamans altaïques et se trouve parmi les
peuples ouraliens en général.
À ce jour, elle fait
toujours partie intégrante des cérémonies de pré-coordination theravâdin en
Thaïlande.
Elle a varié dans
les niveaux au fil des ans pour s’étendre de cinq niveaux allant jusqu'à seize.
La base avait sept, et à partir de la période comprise entre Platon et les
Abbassides, les niveaux étaient sept. Les sept niveaux chamaniques centrés
autour de l'arbre cosmique – que l’initié s’élève par processus méditatif ou
extatique, que ce soit provoqué de lui-même ou par une drogue – ont remplacé le
concept antérieur chaldéen des trois cieux, qui était le terme commun de
référence. Ce concept a été utilisé par Paul dans 2Corinthiens 12:2 dans la
description du ciel absolu ou extérieur. Les trois niveaux ont été divisés en
trois sous-niveaux et les sept sont devenus les niveaux supérieurs de ceux-ci,
tels que développés par le chamanisme.
L'objectif était
l’ascension de chaque niveau par la contemplation mystique et la connaissance
intérieure, le plus souvent par la possession. Le chaman ou initié était
confronté à un dieu à chaque niveau de l'ascension. Souvent c’était par une
échelle, qui était également utilisée par les morts dans une ascension vers le
ciel. L'échelle facilitait également la descente du dieu.
Ainsi, dans l'Archipel
indien le Dieu Soleil est invité à venir sur la terre par une échelle à sept
échelons. Parmi les Dusun le guérisseur appelé à traiter un patient met en place
une échelle dans le centre de la pièce, elle atteint le toit, et en bas viennent
les esprits que le sorcier convoque pour la possession (Mircea Eliade
Shamanism: Archaic Techniques of Ecstacy,
Tr. Trask, Princeton, Bollingen, LXXVI, 1974, p. 487).
Le développement de
cette tradition mystique a été étendu dans le Judaïsme talmudique au premier
siècle EC après et probablement influencé par Philon, cependant, l'intrusion
était sous la forme d'enseignement occulte initié kabbalistique et n’est pas
devenue ouvertement écrite comme l’a été la tradition mystique chrétienne, et
explique la séparation du mysticisme postérieur. Une publication en anglais par
Aryeh Kaplen, Meditation and Kabbalah
(1982), est utile pour une compréhension des mystiques Merkabah et leur ouvrage
The Greater Hekhaloth,
qui date du premier siècle EC (noté aussi par Drury,
Dictionary of Mysticism and the Occult,
pp. 104, 113). La Merkabah ou le char-trône de Dieu pouvait monter ou descendre
à travers les différentes salles ou palais célestes connus sous le nom Hekhaloth.
Le mystique montait par la méditation répétant des noms divins de dieux dans un
mantra, projetant sa conscience
... dans un
véhicule-esprit qui voyagerait à chaque salle à la suite, présentant un ‘sceau’
sacré à l'archange gardant la chambre. Juste avant la septième chambre le
mystique montait sur un char et était ensuite soulevé dans un profond état
d’extase mystique appelé la Merkabah (Drury, article ‘Greater
Hekhaloth’, ibid., p. 104).
La répétition des
noms divins comme mantras est devenue courante pour les mystiques juifs,
hindous, bouddhistes et musulmans, et a été utilisée dans l'Égypte ancienne
(ibid., p. 189). La Kabbale a développé le concept de l'Homme Céleste, qui
permettait à Dieu de prendre forme humaine et cela a été centré sur Kether,
la première sphère de l'Arbre de Vie. La voie mystique vers la divinité dans la
Kabbale est soutenue par les occultistes d’être plus directe que la voie
occulte. (Drury, article ‘Mysticism’,
p. 187.)
Les occultistes
pratiquant la magie occidentale utilisent parfois l'arbre kabbalistique de vie.
L'arbre a trois piliers. La voie du
milieu ou pilier central comporte trois éléments,
Malkuth, Tiphareth et
Kether. Le voyage occulte se fait via
chacun des dix Sephiroth, c'est à
dire les trois piliers avec la divinité au sommet, qui est décrite comme
l'esprit, la lumière, ou réalité infinie abstraite. En dépit de ces variations,
toutes les techniques mystiques ont pour objectif final, la communication avec
et la connaissance de cet état d'Être transcendantal (Drury, article
‘Mysticism’, p. 187).
Les formes de
mysticisme et d'occultisme juif ci-dessus sont des développements des cultes du
Mystère dans le Judaïsme postexilique, trouvant une expression formelle après la
destruction du Temple de l'influence hellénistique extrême jusqu'au premier
siècle EC, culminant dans les œuvres de Philon, puis devenant des ouvrages
secrets sur le mysticisme. Ces travaux devaient pénétrer plus à l'Est et
trouvent leur expression dans l'Islam. Même le prophète appelé Mouhammad a
utilisé cette cosmologie à la Sourate 2:29.
C'est Lui qui a créé
pour vous tout ce qui est dans la terre, puis Il leva les Cieux et les ordonna
en sept cieux, et Il connaît tout.
Le commentaire
The Commentary on the Qur’an par Al
Tabari (Vol. 1, pp. 192-205, Oxford, 1987) montre que le prophète n'a pas été
compris de préconiser l’ascension mystique, mais plutôt deux vies, l'une
résultant de la résurrection. (Quatada les sépare par une distance de 500 ans,
bien que la Bible déclare spécifiquement que la période est de mille ans à
Apocalypse 20:4). L'utilisation du mot
Sama est considérée comme singulier et Tabari attire l'attention sur
l'interprétation de Ha-Huwa-Bi-Kulli Shai'in 'Alīmun (pp. 204-205) où les
chrétiens de jadis et les rabbins ont été fustigés dans cette section pour
l'interprétation secrète et le déni de la résurrection. Cependant, il semble
avoir utilisé cette structure chamanique pour illustrer ce point.
Eliade enregistre
que le mysticisme islamique a reçu ses éléments chamaniques après la propagation
de l'Islam parmi les Turcs d'Asie centrale, mais il note toutefois que la
capacité d'Amed Yesevi et de certains de ses derviches de se transformer en
oiseaux et d’avoir ainsi le pouvoir de voler et des légendes similaires
concernant les saints Bekteshites sont communes au chamanisme en général, non
seulement le turco-mongol mais aussi l'arctique, l’américain, l’indien et
l'océanien. Dans la légende d'Autruche de Barak Baba, il paraissait en public
avec un ‘couvre-chef à deux cornes’ (qui est devenu le signe rituel de l'ordre
qu'il avait fondé) montant une autruche, qui “a volé un peu sous son influence”
(de Kopruluzade, Influence du Chamanisme
Turco-mongol sur les Ordres Mystiques Musulmans, pp. 16-17, tel que cité par
Eliade dans Shamanism, pp. 402-403).
Eliade dit : “On peut se demander si
cela n’indique pas plutôt une origine méridionale” (ibid.). C'est
beaucoup plus susceptible puisque les influences chamaniques étaient générales
dans toute l'Arabie et le Levant à partir du sixième siècle AEC au moins, avec
une forme grecque fortement développée.
Il semble que
l’idolâtrie et les religions des Mystères aient précédé et influencé le Judaïsme
talmudique et la naissance et le développement de l'Islam.
L'usage de
stupéfiants tels que le haschisch et l'opium devient perceptible dans certains
ordres mystiques persans de l'Islam à partir du XIIe siècle. Eliade se réfère à
l'œuvre de Massignon dans sa note 118 à la page 402 sur les états d'extase et le
regard platonicien induit. Il affirme
que :
Ces recettes
élémentaires de l'extase peuvent être connectées avec les deux techniques
préislamiques mystiques et avec certaines techniques indiennes aberrantes qui
pourraient avoir influencé le Soufisme.
L'un des procédés
d'induction des états extatiques était par inhibition érotique, ce qui induisait
une forme hautement suspecte d'extase
(ibid.). La dualité répandue du monachisme et du mysticisme, qui, selon Wolpert,
s’est propagée du monachisme bouddhiste (A
New History Of India, p. 52), ne semble pas accidentelle mais plutôt
l'inhibition érotique du monachisme en tant que facilitateur au mysticisme.
Il semblerait que
l’ascension cérémonielle vers le monde des dieux trouvée dans le mysticisme
chamanique a trouvé son expression dans le rituel brahmanique, et les techniques
extatiques sont fréquentes là-bas.
Cependant, comme
nous l'avons vu, les religions des Mystères provoquaient des transes par
l'utilisation de l'ergot de seigle plutôt que ces développements ultérieurs du
Soufisme, et les ont longtemps précédés. Le Dieu de la Lumière Persique, qui
(selon l'Avesta) est apparu avant le lever du soleil sur un char tiré par quatre
chevaux blancs, était Mithra. Il était le dieu omniscient et la déité de la
fertilité et de l'abondance. Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, une
fusion de croyances religieuses s'est produite qui a vu Mithra associé avec
Hélios et nous avons vu la grande similitude avec Mithra et Apollon Hyperborée,
et les déités de la fertilité des Mystères.
Mithra est devenu le
médiateur avec le démiurge inconnaissable. Il a toujours été lié à l'astrologie
et Taurus comme la constellation entrée par le soleil au début du printemps. La
déité donnant la mort au taureau était commune à tout l'Orient, et était un
symbole des Perses comme le premier animal créé par Ormazd.
Les cultes du
Mystère peuvent être vus de s'étendre de l'Europe et de l'Égypte vers
l'Extrême-Orient et impliquent toutes une cosmologie chamanique de l'ascension
des sept cieux ou niveaux, et ont pénétré le Judaïsme talmudique, le
Christianisme et l'Islam.
Selon Eliade :
Une échelle (klimax)
avec sept échelons est documentée dans les mystères de Mithra, et que le
roi-prophète Kosingas a menacé ses sujets qu'il irait jusqu'à la déesse Héra par
une échelle. (Cela aussi) faisait probablement partie de l'initiation orphique
(Eliade, ibid., p. 488).
Eliade note que :
W Bousset il y a
longtemps a comparé l'échelle mithriaque avec les conceptions orientales
similaires et a démontré leur symbolisme cosmologique commun (ibid., p. 488).
Eliade note
l'utilisation de l'échelle de Jacob dans son symbolisme des rêves, et que
Mohammed a vu une échelle s’élevant du Temple de Jérusalem au Ciel avec les
anges à droite et à gauche. Il dit :
L'échelle mystique est
abondamment documentée dans la tradition chrétienne, le martyre de sainte
Perpétue et la légende de Saint-Olaf ne sont que deux exemples. Saint Jean
Climaque utilise le symbolisme de l'échelle pour exprimer les différentes phases
de l'ascension spirituelle. Un symbolisme remarquablement similaire se trouve
dans le mysticisme islamique, pour monter vers Dieu, l'âme doit monter sept
étapes successives – le repentir, l'abstinence, le renoncement, la pauvreté, la
patience, la confiance en Dieu, la satisfaction. Le symbolisme de l’‘escalier’
d’‘échelles’ et des ascensions a été constamment employé par le Mysticisme
chrétien (ibid., p. 489).
Drury, dans son
article ‘Fana’ à la page 85,
montre l'évolution des étapes de devenir absorbé en Dieu, tel que c’est pratiqué
dans le Soufisme.
Ce sont peut-être trois
étapes : l'acte de chercher le pardon de Dieu ; la demande de la bénédiction du
prophète Mohammed, et enfin de fusionner avec l'Unité Divine. Le mystique
islamique Abou Hamid Ghezali a écrit : “Lorsque l'adorateur ne pense plus à son
culte ou à lui-même mais est tout à fait absorbé par Celui qu'il adore, cet état
est appelé Fana”.
Cette condition est
identifiée par les occultistes comme Kether (Ain Soph Aur – la lumière
infinie), le Pilier du Milieu de la Kabbale, et transcende les hommes et les
femmes qui sont immédiatement au-dessous de l'Arbre et, par conséquent,
symbolisés dans la tradition mystique par Androgyne. Il s'agit de la
transcendance et de l'union avec l'Unique, qui peut être comparé à satori
et nirvana dans le Bouddhisme zen et le Yoga respectivement (Drury,
article ‘Kether’, p. 141).
La fonction de trois
éléments interconnectés est notée par Happold (dans
Mysticism: A Study and an Anthology,
Pelican, 1986, p 119.). Il qualifie ceux-ci : le mysticisme de la connaissance
et de la compréhension, le mysticisme de l'amour et de l'union, et le mysticisme
de l'action (qui ont des affinités avec le jnana yoga, le bhakti yoga et le
karma yoga dans l'Hindouisme). Ceux-ci contiennent quatre unions
interdépendantes de l'Unité, l'Intemporalité et le Soi, autre que le moi
empirique, et de l’Amour enveloppant tout ce qui existe. Ce n'est pas sans
rappeler les commentaires antérieurs de Platon.
St Jean de la Croix
représente les étapes de la perfection mystique comme un ascète difficile et une
ascension spirituelle d'une montagne (Ascension
du Mont Carmel). La croix a pris la place d'une échelle dans certaines
légendes de l’Europe de l'Est (Eliade, n. 110 à p. 489).
Cette échelle de
sept échelons a également été préservée dans la tradition alchimique. Eliade
mentionne les efforts de Carbonellis à déterminer le codex des hommes aux yeux
bandés qui grimpent les échelons et au septième échelon le bandeau est enlevé
(ibid.).
La séquence de
l'ascension dans les écrits de Proclus a été trouvée dans la
Théologie Mystique de Denys
l'Aréopagite, qui était un personnage anonyme, probablement un moine syrien
écrivant ca. 500 EC. Il a basé ses écrits sur les œuvres de Grégoire de Nysse et
à travers lui les Platoniciens d'Alexandrie. De manière très significative :
Il a également fait
usage du Néoplatonisme, tel qu'il existait dans la forme finale qui lui est
donnée par Proclus. Bien qu’étant lui-même un Chrétien orthodoxe, Denys a adopté
un bon nombre des conceptions néo-platoniciennes (D Knowles,
The Evolution of Catholic Mystical
Theology from The English Mystical
Tradition, Burns and Oates, London, 1961, pp. 21-38).
Il a utilisé la
hiérarchie d'être dans l'échelle de déni qui doit être gravie par l'âme dans son
ascension vers ‘Dieu’.
Comme nous l'avons
vu, la hiérarchie de Proclus était une forme païenne à sept niveaux ascendants
des démons jusqu’au Démiurge. Ainsi, cet Unique inconnaissable, ineffable et
indicible a été identifié comme Dieu. Denys élargit “le cercle platonicien” de
la sortie de tout être de Dieu, suivie de leur retour, et la
conception néo-platonicienne ultérieure
de la hiérarchie des esprits, humains et angéliques, dans laquelle chaque ordre
reçoit l'illumination du rang plus haut, et la transmet sous une forme diluée à
son inférieur.
Les Développements Médiévaux
Cet enseignement,
dans la mesure où il concernait des êtres angéliques, devait être intégré par
saint Thomas dans le cadre chrétien, mais son influence principale était sur les
théologiens spéculatifs (ibid.).
Selon Knowles :
... les œuvres de
Denys, et en particulier la Théologie
Mystique, étaient très suivies par les Victoriens et les Cisterciens, et les
prétentions de la nouvelle ère permettait une fois de plus le récit de
l'expérience personnelle libérée de la formalisation traditionnelle (ibid.).
Six cents ans après
Denys, la théologie mystique, soit spéculative soit descriptive, n'était plus
stagnante. La résurgence au Moyen Âge des religions des Mystères dans leur
soi-disant forme christianisée pouvait désormais se développer. Bernard de
Clairvaux, dans ses Sermons sur le
Cantique décrivant ses propres expériences mystiques, a précédé
l'élaboration de Hugues et Richard de Saint-Victor ou les Victoriens, et donc
les formes traditionnelles augustines ont été influencées par le dionysiaque.
Origène et son
disciple Clément d'Alexandrie ont divisé la vie en active et contemplative. Tout
d'abord, gnosis et
theoria (contemplation). La Gnose des
Alexandrins était strictement mystique. L’erreur mystique a composé l'erreur
mystique et l’ascension chamanique est devenue partie intégrante de la
Chrétienté. Le nuage de ténèbres
s’est divisé au-dessus et en dessous de l'âme – de l'oubli sous l'âme et de
l'inconnaissance pour le plus haut niveau de l'âme. L'acceptation d'Augustin de
la doctrine de l'âme chaldéenne demeure incontestée et donne au Christianisme
orthodoxe des points communs
avec l'Hindouisme et le Bouddhisme. La division d’Augustin de l'Église et de
l'État et des deux vies est également semblable au système des castes trouvé
dans la Chaldée et l'Inde. Ces désignations sont devenues la norme dans l'ordre
de la société et des communautés religieuses, ce qui était encore une fois
similaire à celui trouvé dans l'Hindouisme et le Bouddhisme.
Pour comprendre cela
pleinement, le développement de la religion indo-aryenne doit être vu en aperçu,
puis examiné en détail.
Chamanisme
En Asie, le système
indo-aryen avait deux aspects, l'un tenu dans les tribus nomades et l'autre dans
les tribus sédentaires.
La religion des
nomades était ce qui doit être appelé le chamanisme néo-babylonien.
Selon Sir E.A. Wallis Budge
(Babylonian
Life and History,
2ème Éd., 1927, p. 100) :
Les premiers habitants
de Babylone croyaient que toute chose possédait un esprit et une telle religion
telle qu’ils avaient, peut bien être mieux décrite par le mot
ANIMISME.
Cette religion
animiste s’est étendue des Aryens dans les groupes asiatiques ouraliens, y
compris les Turcs et les Mandchous-Toungouses auxquels les Vieux Coréens et les
Japonais sont linguistiquement apparentés. Avant sa conversion au Judaïsme ca.
740, l'Empire Kazar – qui comprenait les Huns et les Magyar/Finno-ougriens
(Koestler, The Thirteenth Tribe,
Popular Library, pp. 125-130) – a utilisé ce système, même s’ils n’étaient pas
liés racialement au groupe de langue turque qu’ils ont partagé (ibid., p. 112).
La dualité du
pouvoir religieux et civil est enregistrée par les historiens arabes de
l'époque, étant exercée par le chef spirituel et symbolique divin, le Kagan,
et le pouvoir séculier connu sous le nom Bek.
Il s'agit d'une
caractéristique de la classe héréditaire trouvée normalement parmi les groupes
sédentaires sous l'influence aryenne étant ici adoptée par les (semi-)nomades.
Le caractère héréditaire, soit par le lignage ou la famille des classes de
grands chamans parmi les Sibériens et les Mandchous-Toungouses et la possession
de ces chamans par des esprits, est traité par Eliade dans
Shamanism Archaic Techniques of Ecstasy,
(Princeton, 1974, esp. Pp. 15-17).
Le chamanisme
animiste est la religion des premiers habitants connus du Sud-est asiatique et
de l’Océanie, étant trouvé, même parmi les Négritos de la Péninsule malaise, les
Semang, les Sakai et les Jakun (ibid., p. 337 et suiv.). C'est à partir de ce
chamanisme primitif que la doctrine de la maladie comme une punition pour le
péché se trouve chez les Semang et autres Pygmées (ibid., p. 338), avec le
chamanisme plus important parmi, disons, les Sakai et les Jakun.
L'expulsion des
démons était une caractéristique de l'Asie du Sud-est et des îles, y compris les
îles Andaman et les Car Nicobares. Le phénomène du chamanisme animiste est
commun à toutes les tribus du Sud-est asiatique, indépendamment de leur séquence
d'occupation de la région des Negritos à travers les Protomalais, s'étendant en
Thaïlande et en Chine. La notion de séance et de contact avec l'esprit et la
croyance transmigratoire sont générales. L'assimilation de rituel chamanique et
la vision du monde a été générale depuis les premiers temps de l'Inde ancienne,
même à l'assimilation ultérieure par les Mystiques musulmans (ibid., p. 402).
Les ascensions
rituelles du bouleau vers le ciel dans le chamanisme turco-mongol sont de
nouveau rencontrées dans le rituel brahmanique impliquant une ascension
cérémonielle vers le Monde des Dieux et est appelée par le
Rig (Rg) Veda 111, 8, 3 (tr. R.T.H.
Griffith, II.4) (ibid., pp. 403-404).
L’ascension du type
chamanique se trouve aussi dans les légendes de la nativité du Bouddha (ibid.,
p. 405, voir Majjhima - nikaya III,
123 (tr. I.B. Horner (modifié)).
Le moment ... le
Bodhisattva est venu à la naissance (111, 123, tr. I.B. Horner (modifié)), se
tenant debout sur les pieds et faisant face au nord, il fait sept enjambées.
Ces sept enjambées
portent le Bouddha au sommet du monde. Ceci est similaire au chaman altaïque :
... qui monte les sept
ou neuf encoches du bouleau cérémoniel pour finalement atteindre le ciel le plus
éloigné, le Bouddha symboliquement traverse les sept niveaux cosmiques auxquels
les sept cieux planétaires correspondent (ibid., p. 405).
Eliade est d'avis
que l'ancien schéma cosmologique de l’ascension chamanique (et védique) céleste
a été enrichi par la spéculation métaphysique millénaire de l'Inde. Il semble
simplement avoir été réintégré dans le système primitif. Dans le modèle
babylonien, le Ciel (et la Terre en dessous) a été divisé en trois ou sept
parties. Lorsque la Terre était en trois elle était habitée par Ea (occupant
également la partie inférieure du troisième ciel) :
... les hommes et les
Dieux des enfers. La plus grande partie de la terre a formé le siège du Dieu
Enlil, et a été appelé “E-Kur” ou “Maison de la Montagne” (Sir E.A. Wallis Budge,
p. 99).
Le dieu lune Sin
était au plus haut niveau de la ziggourat babylonienne (cf. l'étude
Le Veau d'Or (No. 222)
et le chapitre 3). Telle est l'origine du mot anglo-saxon sin (péché).
Le sommet du monde,
atteint par sept enjambées, était donc une répétition des sept niveaux de la
vision babylonienne du monde, chacun habité par les dieux et demi-dieux. La mer
souterraine ou Apsu était également entourée par la mer qui englobe tout, c'est
à dire englobant le Ciel et la Terre. Les enfers ont également été divisés en
sept parties gouvernées par la déesse Allatu, assistée par les six cents
Anunnaki qui prenaient en charge les esprits des morts.
La vision
assyro-babylonienne du monde est entrée en Inde en premier lieu d’Harappa et
Mohenjo-Daro, mais finalement suite aux conquêtes aryennes ca. 1000 AEC (voir
ci-dessous).
Les esprits
animistes étaient très développés dans l'ancien système indien, et le Bouddhisme
a tenté d'adopter ce système. Les sept enjambées du Bouddha n’étaient plus
orientées vers le monde des dieux et l'immortalité, mais à la condition humaine
transcendante. En devenant “le plus élevé au monde”, le Bouddha transcende
l'espace, et “l'aîné du monde” signifie sa temporalité au dessus de tout.
Atteindre le sommet
cosmique atteint le “centre du monde”, qui était la source de la création. Par
conséquent, le Bouddha devient contemporain avec le commencement du monde
(Eliade, p. 406).
Eliade considère que
les “sept cieux” remontent au Brahmanisme, représentant probablement l'influence
de la cosmologie babylonienne, qui (indirectement) a laissé son empreinte sur
les conceptions cosmologiques altaïques et sibériennes.
Le concept des neuf
cieux du chaman et du Bouddhisme est (pour le Bouddhisme) que les quatre
premiers cieux correspondent aux quatre jhanas et les quatre suivants aux quatre
sattavasas et le neuvième et dernier symbolise le Nirvana.
Chacun de ces cieux
contient la projection d'une divinité du panthéon bouddhique, qui en même temps
représente un degré particulier de la méditation yogique. Maintenant, nous
savons que, parmi les Altaïens les sept ou neuf cieux sont habités par diverses
figures divines et semi-divines, que le Chaman rencontre au cours de son
ascension et avec qui il converse, au neuvième ciel, il se trouve en présence de
Bai Ulgan (ibid., pp. 406-407).
Le Bouddhisme a
remplacé l'ascension vers le ciel avec des degrés de méditation vers la
libération finale. À sa mort, le moine atteint le plan céleste de ses
expériences yogiques atteintes au cours de la vie. C'est le Bouddha qui atteint
le Nirvana.
L'ascension s'est
développée à partir de l'objectif chamanique à la spiritualité complète du Yogi
bouddhiste. Cette transformation s'est produite dans le développement religieux
de l'Inde ancienne.
L’Ascension Mystique Orientale
Le Yoga et le
mysticisme bouddhiste ont trouvé un terrain fertile en Chine en raison des
systèmes chamaniques qui les ont précédés. Toutefois, le Taoïsme a assimilé les
techniques archaïques extatiques du chamanisme dans une mesure encore plus
grande que l’est le Yoga ou le Bouddhisme. Cela est survenu en particulier à la
fin du Taoïsme, qui est largement corrompu par des éléments magiques (Eliade, p.
453). Eliade note l' :
... importance du
symbolisme de l'ascension et de manière générale la structure saine et
équilibrée du Taoïsme le différencie de l'extase – la possession, si
caractéristique des sorcières (ibid., p. 454).
Le chamanisme chinois
(Wu-isme comme Groot l’appelle) semble avoir dominé la vie religieuse avant la
prééminence du Confucianisme et de la religion d'État. Dans les premiers siècles
avant notre ère, les prêtres wu étaient les prêtres réels de la Chine (Groot,
The Religious System of China, VI
1205, tel que cité par Eliade, p. 454).
Selon Wang Chung :
Chez les hommes les
morts parlent par l’intermédiaire des personnes vivantes qu'ils jettent dans un
état de transe et les wus, grattant leurs cordes noires, appellent les âmes des
morts, qui parlent ensuite par la bouche du wu. Mais peu importe ce que disent
ces gens c’est toujours un mensonge (Groot, p. 1211).
Les wus
étaient majoritairement des femmes (Groot, p. 1209) et ils pouvaient devenir
invisibles, ils se coupaient avec des couteaux et des épées, coupaient leur
langue, avalaient des épées, et crachaient du feu, et étaient emportés sur un
nuage qui brillait comme la foudre. Ils dansaient des danses tourbillonnantes,
parlaient en langues (la langue des esprits) et autour d'eux des objets
s'élevaient dans les airs et se frappaient ensemble (Groot, p. 1214).
Il n'était même pas
nécessaire d'être un wu pour voir les esprits et prononcer des prophéties, il
suffisait d'être possédé par un shen (Groot, pp. 1166 et suiv., 1214 etc.,
d’Eliade, p. 454).
Le wu était un
guérisseur avec l'aide des esprits (ibid.). La majorité des shen et
kuei que le wu incarnait étaient les âmes des morts (Groot, p. 1211).
Eliade, de manière significative, note que c’est avec l'incarnation de fantômes
que la ‘possession’ proprement dite commence.
Eliade note
également que ce phénomène, pris dans son ensemble, s’approchait étroitement du
chamanisme manchou, toungouse, et sibérien en général. Les chamans Mages sont
dérivés de la même source générale, qui dérivait au départ de l'Animisme
chaldéen et a évolué vers le chamanisme néo-babylonien. Comme une forme plus
subtile de mysticisme, il a pénétré le Christianisme, l'Hindouisme et le
Bouddhisme dans leurs diverses formes, et l'Islam. Le mysticisme est donc un
système de forme syncrétique ou dérivée adopté de son hôte, mais néanmoins dans
la poursuite du même objectif ou de l’ascension d'une ancienne condition perdue,
et implique des techniques ressemblant à la possession par les esprits
chamaniques.
Dans tout le
mysticisme les symboles de l'ascension varient, des échelles et des arbres aux
montagnes, au feu et la fumée, aux vignes ou aux arcs en ciel et aux rayons de
soleil. La “Chaîne de Flèches” se trouve en Mélanésie et en Amérique du Nord et
du Sud.
Eliade (qui n'était
pas vraiment bien versé dans le mythe autochtone) a déclaré qu’en Australie,
l'arc est inconnu :
... son rôle dans le
mythe est pris par une lance portant une longue bande de tissu, Avec la lance
fixée dans la voûte céleste, le héros monte par le tissu qui traîne (Eliade,
ibid., p. 491).
Cet itinéraire est
disponible pour les héros, les chamans et les esprits des morts.
Australie
La croyance des
Autochtones australiens diffère entre l’ascension céleste et l'occupation
animiste des zones.
La fonction du
guérisseur ou de l’homme médecin de divers peuples autochtones dans le nord de
la Nouvelle-Galles du Sud et dans les Kimberley en Australie-Occidentale est
discutée par A.P. Elkin dans Mystic
Experience: Essential Qualifications for Men of High Degree dans son
Aboriginal Men of High Degree (2ème
éd, St Louis, 1977, pp. 138-148), et réimprimé dans
Religion in Aboriginal Australia: An
Anthology (Ed. par Max Charlesworth et al., UQP, (réimpression de 1989, pp.
281-291).
Le banman
(comme il est appelé par le peuple Ungarinyin de la région de Kimberley nord) :
... a appris à voir et
à comprendre les choses cachées. Il sera capable de voir devant ses yeux
intérieurs les événements passés et futurs et des événements dans d'autres
mondes. Il apprend à lire les pensées d'autres personnes et à reconnaître leurs
inquiétudes secrètes, à guérir toutes les maladies avec les pierres de
‘médecine’, à se mettre dans une transe et à envoyer son ya-yeri (son rêve
familier) de son corps pour recueillir de l'information (ibid., p. 28).
Il est étroitement
associé au Serpent Ungudd et il tire de lui miriru ou la capacité
d'entrer dans des états de rêve ou des transes. Cette capacité le rend semblable
à un Wandjina ou un héros mythique avec les mêmes pouvoirs que les héros
ancestraux. Les ‘hommes médecins’ dans le sud-ouest des Kimberley tirent leur
puissance des êtres spirituels appelés rai, qui leur donnent un œil
intérieur par lequel ils peuvent voir l'invisible ou voyager dans l'air ou dans
le sol.
La transmission des
connaissances, l'intuition psychique, l'expérience mystique et l'autorité de la
personnalité qui distinguent l’“ordre” de ce qu’Elkin nomme ‘Les hommes de Haut
Degré’ sont par des règles de conduite et des tabous.
Elkin enregistre que
T.G.H. Strelow, en se référant à la mort de ce qu'il considérait comme le
dernier des guérisseurs de l’Aranda de l'Ouest, a ajouté que :
... celui-ci comme un
jeune homme a eu une expérience étrange visionnaire, après quoi il s'est assit
dans un état de transe pendant un certain temps. Il a ensuite été considéré
comme un candidat apte pour l'admission à l'Ordre des Guérisseurs et a été
soumis à l'ensemble du rituel, en dépit du fait qu’il a fui une fois dans la
terreur du choc de cette épreuve (ibid., p. 282).
Le matériel
du Dr Petri sur les guérisseurs, Elkin note que :
... un jeune homme,
lors de son initiation aurait eu l'idée d'être un banman (ou bainman), et s’il
avait des rêves ou des visions de l'eau, de pandanus et de l'écorce près d'un
endroit où il y a de l’eau, il était dit d'être choisi par Unggud pour être un
Banman. Une vision de la visite de son totem de rêve au ciel aurait la même
signification (ibid., p. 286).
Le serpent esprit
Unggud est “dans son essence même” visible seulement aux guérisseurs. Il
s'agit d'un serpent géant avec des bras, des mains et une ‘couronne’ à plumes.
(Ceci n'est pas sans rappeler le Serpent à Plumes d'Amérique du Sud.) Le serpent
dans une caverne souterraine lui confère une force secrète, une lumière
intérieure et l'égalité avec le serpent.
L'élément psychique
conféré par Unggud est omniprésent. Il est appelé miriru.
Fondamentalement, il
s'agit de la capacité accordée au guérisseur d'entrer dans un état de rêve ou de
transe avec ses possibilités. En effet miriru le rend semblable à un Wandjina,
ayant les mêmes capacités que les héros du ‘temps de la création’ (Petri, 1954,
pp. 232-233, cité par Elgin, ibid.).
Les états de transe
semblent s'étendre à l'hypnotisme de masse impliquant des batailles dans l'air
des guérisseurs assis sur le dos des serpents (dragons ?) Unggud. Divers comptes
(à Dampier Land et la région du Fleuve Fitzroy Inférieur) s'étendent à
rai ou êtres-esprits ou des esprits
des morts et peut-être les enfants d'esprits préexistants, y compris ceux qui
seront réincarnés.
Les rais vivent dans
un abîme où ils vont et viennent
(ibid., p. 289). Le banman est amené là-bas et
coupé et son corps est mort mais son
âme reste là. Son corps est mis sur un four en terre chaude, puis le
rai remplace ses intestins et ferme
la chair.
Il est dit qu'il peut
désormais voyager dans les airs comme un oiseau ou sous le sol comme un goanna.
En fait, il dort dans un endroit tout en voyageant dans son esprit, car ‘son
esprit est devenu plusieurs’ (ibid.).
Il a un œil
intérieur capable de voir la maladie, à distance et peut écouter la mort. La
corde astrale est visible pour lui et il est transporté par le rai sur la ‘corde
aérienne’. Le concept est tenu de l'arbre d'ouverture, qui se referme sur le
guérisseur s’il y entre et le rend malade. Le magicien rai lui donne la leçon et
ouvre l'arbre pour libérer celui qui est pressé dans celui-ci (ibid., p. 290).
Cela fait étrangement penser à la divinité qui se dégage de l'arbre dans la
civilisation pré-aryenne de l'Inde citée par Wolpert.
Certes, les états de
transe et le voyage et les types de symbolisme sont similaires au chamanisme
élémentaire. Ils n'ont pas la subtilité du mysticisme postérieur, probablement
en raison de leur isolement extrême. Ce n'est que lorsque le mysticisme a été
contraint de s'adapter à d'autres concepts qu’il était nécessaire de préciser le
concept d'une ascension et d'isoler les pouvoirs chamaniques d’eux.
Les formes
autochtones du mysticisme sont probablement dérivées d'un premier type
asiatique. La cosmologie autochtone pour les morts varie dans ses formes à
partir d'une ascension au ciel, dans certaines tribus, à une pure résidence
transmigratoire animiste de l'environnement matériel, entre autres.
Eliade prétend
qu’“[i]l n'y a pas de solution de continuité dans l'histoire du ‘mysticisme’ (p.
508). La nostalgie du paradis est proposée comme l’une des plus anciennes formes
de l'expérience mystique chrétienne (ibid.). Il fait remarquer que :
... la ‘lumière
intérieure’ qui joue un rôle de première importance dans le mysticisme indien et
de la métaphysique, ainsi que dans la théologie mystique chrétienne, (est) déjà
documentée dans le chamanisme Eskimo. On peut ajouter que les pierres magiques
avec lesquelles le corps du guérisseur australien est comprimé sont dans une
certaine mesure symboliques de la lumière solidifiée (ibid.).
Ces pierres sont le
plus souvent des cristaux de quartz, et sont mentionnées par Elkin dans son
ouvrage ci-dessus, et sont essentielles à l’Animisme chamanique, au moins de
l'Asie aux Esquimaux.
Eliade note que les
Narrinyeri, Diéri, Buondik, Kurnai et Kulin croient que les morts ressuscitent
dans le ciel. Parmi les Kulin, ils montent par les rayons du soleil couchant. En
Australie centrale, cependant, les morts hantent les lieux familiers où ils
avaient passé leur vie ; ailleurs, ils vont dans certaines régions de l'ouest
(Eliade, p. 491).
Concepts Maoris
Les Maoris ont
jusqu'à dix cieux et les dieux habitent dans le dernier. Le prêtre tente de
séparer l'âme du corps. Parmi les Maoris comme ailleurs :
... seuls les
privilégiés montent au ciel, et le reste de l'humanité s’en va à travers l'océan
ou à un monde souterrain (Eliade, p. 492).
Selon Eliade, tous
les symbolismes sont des variantes du thème Arbre du Monde ou Axis Mundi.
Les mythes se
réfèrent à un tempus illud primordial.
... mais certains
d'entre eux parlent d'une ascension céleste réalisée par un héros ou un
souverain ou un sorcier après que la communication ait été interrompue, en
d'autres termes, ils impliquent la possibilité, pour certaines personnes
privilégiées ou élues, de revenir à l'origine des temps, de récupérer le moment
mythique et paradisiaque avant la ‘chute’, c'est à dire avant que les
communications aient été rompues entre le ciel et la terre (Eliade, pp.
492-493).
L’initié mystique
tente de rejoindre le chaman ou le privilège dans l'ascension cosmique, et la
technique de l'extase, employée d'abord par les chamans et étendue à l'ensemble
des religions chaldéennes des mystères, est employée par le mystique et induite
par des drogues ou des chants ou la possession par un esprit. La consommation de
drogues est essentiellement une forme primitive et aberrante d'un système
religieux, qui a, par le syncrétisme, transcendé toutes les grandes religions du
monde.
Eliade affirme, en
effet, que l'on peut se poser la question à savoir si l'aspect aberrant de la
transe chamanique n'est pas due à la tentative des chamans de découvrir de
manière concrète une symbolique et une mythologie qui, par leur nature même, ne
sont pas capables de se réaliser sur le plan ‘concret’.
[S]i, en un mot, le
désir d'obtenir, à tout prix et par n'importe quel moyen, comme ascension in
concreto, un voyage mystique et en même temps réel, vers le ciel, n’aboutissait
pas à des transes aberrantes que nous avons vues, si, enfin, ces types de
comportement ne sont pas la conséquence inévitable d'un intense désir de
‘vivre’, c'est-à-dire d’‘expérimenter’ sur le plan du corps, ce qui, dans l'état
actuel de l'humanité n'est plus accessible, sauf sur le plan de ‘l'esprit’. Mais
nous préférons laisser cette question ouverte, en tout cas elle est celle qui va
au-delà des limites de l'histoire des religions et entre dans le domaine de la
philosophie et de la théologie (Eliade, p. 494).
Mais il y a une
solution et il est vrai que cela implique les trois disciplines et bien plus
encore.
Les éléments du
chamanisme, qui constituent une base pour le mysticisme conditionné, sont un
système commun de croyances qui influent sur le processus psychique d'un peuple.
Il a été démontré ci-dessus qu'il y a une diffusion fondamentale selon laquelle
seul le chemin et la séquence sont incertains. Ce qui suit est un examen de la
séquence de développement du mysticisme à travers le monde.
Peut-être y a-t-il,
après tout, une solution de continuité et aussi du sens dans les pratiques sur
une base décelable qui a été cachée dans un fouillis de suppositions
incorrectes. Lorsque la structure est démêlée et les significations comprises,
le résultat, comme on le verra dans les sections finales, est étonnant et très
pertinent pour le présent.
Nous allons voir
comment Babylone la Grande est devenue la religion du monde à travers le
Mysticisme.
Apocalypse 17:5 Sur son
front était écrit un nom, un mystère : BABYLONE LA GRANDE, LA MÈRE DES
IMPUDIQUES ET DES ABOMINATIONS DE LA TERRE. (LSG)
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