Christian Churches of God

[283]

 

 

 

Les Colonnes de Philadelphie

 

(Édition 1.0 20010913-20060609)

 

 

 

La promesse faite à la plus petite et la plus fidèle des Églises de Dieu, l'Église des Philadelphiens, était qu'ils seraient faits des Colonnes dans le Temple de Dieu. Cette promesse est bien plus puissante qu'elle ne pourrait le sembler au premier abord.

 

 

Christian Churches of God

PO Box 369, WODEN ACT 2606, AUSTRALIA

 

Courriel : secretary@ccg.org

 

(Copyright © 2001, 2006 Wade Cox)

(Tr. 2010, 2025, rév. 2025)

 

Ce document peut être librement copié et distribué à condition qu'il soit reproduit dans son intégralité sans modifications ni suppressions. Le nom et l'adresse de l'éditeur ainsi que la mention de copyright doivent être inclus. Aucun frais ne peut être imposé aux destinataires des copies distribuées. De brèves citations peuvent être incluses dans des articles critiques et des comptes rendus sans violer le copyright.

 

Ce document est disponible sur les pages du World Wide Web :
http://logon.org/ et http://ccg.org/

 


 Les Colonnes de Philadelphie [283]

 


 Dans le texte des messages aux Sept Anges des Sept Églises, Christ s’adresse à l'Église des Philadelphiens en ces termes :

 

Apocalypse 3:7-13

Écris à l’ange de l’Église de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n’ouvrira :8 Je connais tes œuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer. 9 Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent ; voici, je les ferai venir, se prosterner à tes pieds, et connaître que je t’ai aimé. 10 Parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, je te garderai aussi à l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. 11 Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. 12 Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. 13 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises ! (LSG)

 

Ce texte déclare que celui qui vaincra sera fait colonne dans le Temple du Dieu du Messie, et la version RSV précise : il n’en sortira plus jamais. Cependant, le texte original dit littéralement : il ne sortira plus désormais (cf. l'Interlinéaire de Marshall où il est écrit : En aucun cas, il n’en sortira plus jamais).

 

Que signifie exactement être fait une colonne dans le Temple du Dieu du Messie ? Que se passe-t-il dans ce message aux églises ? Y a-t-il ici un récit dont nous pourrions tirer une compréhension plus profonde ?

 

Tout d'abord, pourquoi le message était-il adressé aux anges et non directement aux églises ? La réponse peut être déduite des faits historiques. Les Églises mentionnées correspondent à une série de villes d'Asie Mineure situées sur une route postale. L'hypothèse est que cette route suivait un ordre séquentiel, commençant par Éphèse et passant par les autres villes jusqu'à la dernière mentionnée qui était Laodicée. L'ordre était donc le suivant : Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée.

 

Puisqu'elles suivaient une progression ordonnée comme un itinéraire postal, on a alors supposé qu'elles faisaient en réalité référence à des ères de l’Église réparties sur toute l'histoire de l'Église dans le désert. Bien entendu, cette vision est totalement rejetée par l'Église de Rome, car elle implique que le porte-lampe [symbole de l'autorité spirituelle] serait passé d'une ère à une autre et ne pouvait donc pas rester fixé en une seule église en un seul lieu, comme le prétend le système Catholique Romain. L'Église Orthodoxe pourrait rejeter cette interprétation pour des raisons similaires, mais s’appliquerait à elle-même comme l'autorité, le système romain étant dérivé d’elle et donc également dépourvu de légitimité. Leur résistance à cette interprétation de la prophétie se renforcera à mesure qu’elles progresseront toutes vers une réunification au cours des prochaines années. Depuis 1996, l'Église Copte égyptienne est revenue en union avec Rome après une scission remontant à l’an 451, suite au Concile de Chalcédoine. Cette rupture a été provoquée par l’augmentation des persécutions dues au Fondamentalisme égyptien (voir aussi La Chute de l'Égypte (No. 036)).

 

Le fait que le message ait été adressé aux anges des Sept Églises signifie qu'ils étaient responsables de ce qui se passait dans ces églises, et que le message avait une portée qui transcendait le temps.

 

La notion d'une ère de l'église prolongée trouve son confirmation dans le mode de gouvernance même des Églises durant les premiers siècles. 

 

Jean était effectivement à la tête de toutes les Églises depuis Éphèse après la mort des autres apôtres. Pierre, par exemple, avait été évêque d'Antioche et non de Rome. Ses successeurs, qu’il avait formés, ont plus tard établi leur siège à Smyrne. Polycarpe et plus tard Polycrate étaient les principaux évêques d'Orient. Ils formaient et envoyaient des évêques en Europe et en Orient. Par exemple, les évêques de Lyon, jusqu'à Irénée, étaient formés et envoyés par Smyrne, et non de Rome. La tradition attribue à Polycarpe la fondation de l'Église de Lyon vers l’an 120 EC (ère courante) (cf. le document La Chronologie des Églises de Dieu (No. 030)).

 

Ainsi, Éphèse représentait le premier amour de l'Église. Elle était nouvelle et constituait la demeure du dernier apôtre, celui aimé par Jésus Christ. C'est dans cette lumière qu'il faut comprendre le message. L'apôtre Jean a rédigé ces messages alors qu'il était en exil sur l'île de Patmos vers l’an 95 EC (l'ère courante).

 

Apocalypse 1:9-20

Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j’étais dans l’île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. 10 Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, comme le son d’une trompette, 11 qui disait : Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée. 12 Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m’être retourné, je vis sept chandeliers d’or, 13 et, au milieu des sept chandeliers, quelqu’un qui ressemblait à un fils d’homme, vêtu d’une longue robe, et ayant une ceinture d’or sur la poitrine. 14Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ; ses yeux étaient comme une flamme de feu ; 15 ses pieds étaient semblables à de l’airain ardent, comme s’il eût été embrasé dans une fournaise ; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux. 16 Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants ; et son visage était comme le soleil lorsqu’il brille dans sa force. 17 Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite en disant : Ne crains point ! Je suis le premier et le dernier, 18 et le vivant. J’étais mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts. 19 Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles, 20 le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et des sept chandeliers d’or. Les sept étoiles sont les anges des sept Églises, et les sept chandeliers sont les sept Églises. (LSG)  

Le Jour du Seigneur mentionné ici ne fait pas référence au prétendu dimanche, mais au Jour du Seigneur à la fin de l'âge (voir Le Jour du Seigneur et les Derniers Jours (No. 192)).

 

Jean avait été emprisonné à cause de son témoignage, et il a été en réalité gardé en vie pour recevoir cette Révélation, que Dieu a donnée à Jésus-Christ. Le livre est appelé l’Apocalypse (terme grec signifiant Révélation) de Jean par le système romain, bien qu’il s’agisse d’une révélation de Dieu à Jésus-Christ, que celui-ci a transmis ensuite à Jean. Cela signifie que Christ, même après sa résurrection, n'était pas omniscient et qu’il dépendait de la révélation volontaire de Dieu il n'était donc pas Dieu dans le même sens que le Père Éternel était Dieu.

 

Dans ce passage, Christ dit à Jean d'écrire ce qui est alors et ce qui doit arriver ensuite. Il explique que les sept étoiles sont les sept anges des sept églises, et que les sept porte-lampes d'or sont les sept églises qu’ils président et qui leur sont confiées.

 

Ce texte nous enseigne plusieurs choses :

·         Les sept églises possèdent chacune leur propre lampe [témoignage].

·         Les sept anges sont des étoiles à part entière [une autorité spirituelle].

·         Le message est donné à chacun d’eux individuellement.

 

De cela, nous déduisons que chaque Église et chaque ange sont directement responsables devant Jésus-Christ, et qu’il n'y a pas de continuité automatique de personnes ou d'autorité d'une église à une autre.

 

Chaque ange et son église sont responsables devant Christ, qui porte l’épée à deux tranchants sortant de Sa bouche — la parole de la Loi de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ. Nous verrons que l'échec est puni par le retrait de l'autorité, symbolisée par l’enlèvement du porte-lampe lui-même.  

 

Le message concernait à la fois ce qui était alors et ce qui devait venir. Ainsi, cette prophétie couvrait toute l’histoire des Églises. L'argument pourrait être avancé, et certains l’ont fait, que les Églises elles-mêmes à ces emplacements étaient simplement concernées par la prophétie et que lorsque celles-ci ont disparu, le cadre temporel de la prophétie expirait également avec elles. Cependant, cette interprétation n’est pas corroborée par l'histoire des Églises elles-mêmes dans ces localités. Les ères d'Éphèse et de Smyrne sont clairement identifiables, et l'autorité spirituelle a effectivement était transmise de l'une à l'autre. Pourtant, l'Église d'Éphèse n'a jamais retrouvé son importance initiale, alors que les œuvres et prophéties mentionnées dans la Révélation de Dieu à Jésus-Christ lui attribuent une signification bien plus profonde. De plus, il doit y avoir un message plus important en jeu, que la prophétie va bien au-delà d'un simple contexte local. Si cette vision était limitée aux seules Églises physiques de l'époque, la prophétie perdrait sa portée profonde et pourrait être accusée de minimiser/banaliser l'importance des messages prophétiques pour les Églises à travers les temps.

 

Pour comprendre pleinement ces prophéties, nous devons étudier attentivement les messages aux sept Églises et leur application historique. Cela nous permettra de discerner leur véritable signification et leur pertinence pour l'Église à travers les siècles, jusqu'à la fin des temps.

 

Éphèse

 

Jean est chargé d'écrire à sa propre église.

 

Apocalypse 2:1-7

Écris à l’ange de l’Église d’Éphèse : Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers d’or : 2 Je connais tes œuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs ; 3 que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t’es point lassé. 4 Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour. 5 Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières œuvres ; sinon, je viendrai à toi, et j’ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. 6 Tu as pourtant ceci, c’est que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, œuvres que je hais aussi. 7 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : À celui qui vaincra je donnerai à manger de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu. (LSG)

 

Dans cette première église, nous sommes proches du contexte et de l’époque de Jean. Les grandes controverses mentionnées par Jean dans les épîtres de Jean couvrent ces disputes jusqu'à la période de l’Apocalypse. C’est l’époque désignée comme ce qui est. Les critiques modernes prétendent que le texte fait référence aux événements de Rome sous Néron, mais cela est incorrect. L'Église primitive a accepté ce texte comme prophétique pendant des siècles. Les textes ont été rédigés dans le langage de la fin du premier siècle, compréhensible pour leurs contemporains, mais ils concernent des événements s’étendant sur les millénaires à venir.

 

L'importance d'Éphèse et d'Antioche pour l'Église ne doit pas être sous-estimée. Pourtant, Antioche, sous Pierre et ses successeurs, n'est pas du tout mentionnée dans ces prophéties, alors que des régions qui n’étaient même pas encore des évêchés y figurent.

 

L’apostasie (l’abandon) ou la perte du premier amour de cette ère et de cette église est facilement identifiable et incontestée. Ce qui est en question, c'est la pertinence du cadre temporel (chronologie) et des lieux pour les Églises de Dieu.

 

Éphèse était une grande ville portuaire sur la côte de l'Asie Mineure. C’était un important centre commercial et religieux, et Paul y a travaillé pendant une longue période. Actes 19:8,10 mentionne qu'il a enseigné dans la synagogue pendant trois mois, puis dans la salle de Tyrannus pendant deux ans. Actes 20:31 donne un chiffre rond de trois ans pour la durée totale de son séjour. Le nom des Éphésiens apparaît dans certains manuscrits d’Éphésiens 1:1 (A, D, G et la famille postérieure Koinè ou Byzantine). Éphèse est aussi mentionné dans Actes 18:27 dans le Codex D et en marge de la version syriaque Harklienne. Les Éphésiens sont cités dans Actes 19:28, 34,35, et Trophime l'Éphésien est mentionné dans Actes 21:29.

 

L'Église d'Éphèse était incontestablement l’un des premiers et principaux centres de l’Église primitive.   

 

Au Nord d'Éphèse, à l'embouchure du fleuve Hermus, se trouvait Smyrne, et plus au nord encore, dans la vallée de la rivière Caïcus, se trouvait Pergamum (également appelée Pergamos). Ce nom est dérivé d'un terme ancien signifiant citadelle.

 

Selon Strabon (XIV. 632 640), les premiers habitants de la région étaient des Cariens et des Lélèges. Ils en furent chassés par Androclès, fils du roi d'Athènes, qui dirigea la colonisation grecque ionienne vers cette région, vers l’époque après la mort du roi Salomon et de la partition d'Israël. Androclès est considéré comme le fondateur d'Éphèse. Cependant, un culte d'Artémis y existait bien avant. Le premier temple d’Artémis a été construit par l'architecte Chérsiphron (Strabon XIV 640). La ville a été dédiée à Artémis lors du siège par les Lydiens sous Crésus vers l’an 560 AEC (Avant l’Ère Courante), lorsqu’il a commencé sa conquête de toutes les nations à l'ouest du fleuvre Halys. Par la suite, Crésus lui-même a fait don des bœufs d'or et de la plus plupart des colonnes du temple (cf. Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 115).

 

Cyrus a vaincu Crésus en l’an 546 AEC. Puis son général Harpagus a soumis les cités ioniennes (Hérodote I, 162), dont sans aucun doute Éphèse. Le temple d’Éphèse a été incendié le jour de la naissance d'Alexandre le Grand.

 

En l’an 334 EC, Alexandre a conquis les Perses près du fleuve Granique, et le temple a été reconstruit à cet endroit peu de temps après. Les Éphésiens ont décliné l'offre d'Alexandre de financer les travaux.

 

Le général d'Alexandre, Lysimaque, est considéré comme le refondateur moderne d'Éphèse lorsqu’il en prit le contrôle avec la majeure partie de l’Asie Mineure. Il a reconstruite la ville sur un terrain plus élevé, et ses murs et tours sont encore visibles à ce jour sur les collines. Il a également construit un nouveau port.

 

Après la défaite et la mort de Lysimaque face à Séleucus Ier, Éphèse, avec tout l’empire asiatique de Lysimaque, passa à son fils Antiochos Ier et devint ainsi partie de l’Empire séleucide (Pausanias I, 16.2). En l’an 190 AEC, le roi séleucide Antiochos III le Grand, fut vaincu par les Romains à Magnésie, près de Sipylus, et les cités d'Asie Mineure tombèrent sous domination de Rome (Tite-Live XXXVII. xxxvii- xlv). Lors de cette bataille de Magnésie, Eumène II de Pergame a aidé les Romains, qui lui ont par la suite donné une grande partie des possessions d'Antiochos, y compris la ville d'Éphèse.

 

À la mort du dernier roi de Pergame, Attale III Philométor, en l’an 133 AEC, son royaume a été légué aux , et ainsi Éphèse passa de nouveau sous leur domination (cf. Interpreter’s Dict., ibid.). Avant l’an 64 AEC, les Romains y avaient réprimé toute opposition sérieuse, et toute la région était entièrement sous l'influence romaine. Sous Auguste, on bénéficia d’une paix générale et, en l’an 29 AEC, la ville d'Éphèse dédia un sanctuaire à Rome et, selon Dion Cassius (LI, xx, 6), Éphèse est devenue la ville principale d’Asie et le Dictionnaire Interpreter’s Dictionary note :

Au cours du siècle (ou des deux siècles) suivant(s), elle jouissait de cette grande gloire comme en témoignent encore ses ruines (ibid.).

 

Le temple d'Artémis à Éphèse était considéré comme l'une des sept merveilles du monde antique, mais avec l'avènement du Christianisme, son importance déclina et les Goths unitariens et iconoclastes finalement incendièrent en l’an 262 EC et détruisirent presque entièrement le temple.

 

Un temple dédié à l'empereur Domitien (81-96) a été érigé à Éphèse, ainsi qu’un temple au dieu égyptien Sérapis fut érigé au IIe siècle. C’était pendant et après l'époque de Jean. Domitien a persécuté l'Église et était leur ennemi juré. Cependant, Éphèse est restée un site chrétien pendant de nombreux siècles. Le village et la colline situés près de la région de l'Artémision (temple d'Artémis), appelés Aysoluk tirent leur nom de "Agios Theologos", titre donné à Jean dans l'Église d'Orient (cf. Interp. Dict., ibid., pp. 117-118).

 

Le site est resté en activité pendant de nombreux siècles, et une grande basilique y a été érigée, probablement au quatrième siècle. Entre le stade et le port se trouvent les ruines d'une autre grande église, identifiée comme l'Église de la Vierge Marie, qui a accueilli le Concile d'Éphèse en l’an 431.

 

Ces éléments nous donnent une vision claire de l’importance d’Éphèse par rapport aux autres villes. Nous constatons aussi qu’elle fut en ruines pendant des siècles avant que les fouilles ne commencent, menées par J.T. Wood le 2 mai 1863.

 

Ces détails, nous permettent d’écarter deux possibilités :

Tout d'abord, nous éliminons l’idée que le texte de l'Apocalypse était un message pour une église qui devait durer jusqu'à la venue du Messie.

 

Deuxièmement, l'histoire nous permet d’exclure que l'importance des Églises se soit transmise de l’une à l'autre au fil du temps.

 

L'importance de Smyrne a effectivement grandi, et ses évêques ont joué un rôle clé dans les disputes Quartodecimans à la fin du IIe siècle (voir le document Les Disputes Quartodécimanes (No. 277)). Cependant, on ne peut pas affirmer que Pergame, qui devint effectivement un évêché plus tard, ait succédé à l'importance de la troisième Église et l’ait conservée jusqu'à ce que l'Église de Thyatire prenne le relais.

 

Il n’y a pas eu une continuité dans les ères des Églises, et pourtant, le texte concernant Thyatire et les suivantes suggère que ce devait être le cas.

 

En réalité, ces textes perdent tout sens si l’on suppose que les messages devaient s’appliquer jusqu'à la venue du Messie, alors que ces églises ont disparu depuis des siècles et que ces régions ne sont même plus chrétiennes.

 

Les arguments selon lesquels ces textes auraient été écrits à l'époque de Néron, concernent des événements survenus à cette époque, visent clairement à éliminer le Livre de l'Apocalypse en tant qu’œuvre prophétique, et ainsi à écarter ces prophéties de toute considération pour les Derniers Jours.

 

Par exemple, Éphèse a été enterrée pendant des siècles et se trouvait à plus de sept miles (environ 11 km) ou plus à l'intérieur des terres au moment de son excavation. Quant à Laodicée, que certains prétendent avoir été active au moment de la venue du Messie, elle n'a commencé à être fouillée que récemment.

 

Éphèse a bien déclenché une série d'événements qui devaient se prolonger jusqu'à la venue du Messie, et les prophéties concernent effectivement des ères de l'Église. Nous allons examiner ce que cela signifie au fur et à mesure que nous parcourons les siècles.

 

Smyrne

 

Smyrne, comme nous l’avons vu, se trouvait juste au nord d'Éphèse. C’est aujourd’hui la ville moderne d'Izmir. À ce jour, elle reste un grand centre commercial important et animé, et peut-être le plus important de l'Asie Mineure.

 

Elle fut transformée en une zone urbaine fortifiée par Antigonus et Lysimaque à la fin du IVe et au début du IIIe siècle AEC. À partir de l’an 195 AEC, Smyrne s'est alliée à Rome et a établi un culte dédié à la ville de Rome. Elle était protégée et récompensée, sauf lorsque Trébonius, l'un des assassins de Jules César, y trouva refuge et que Dolabella prit la ville et exécuta Trébonius (Interp. Dict., Vol. 4, p. 393).

 

En l’an 23 AEC, parmi onze villes, Smyrne s’est vu accordé le “privilège” de construire un temple à l'empereur Tibère en raison de sa longue histoire de loyauté envers Rome (Tac. Ann. IV.55-56). Le Dictionnaire Interpreter's Dictionary affirme que : 

Elle rivalisait avec Éphèse et Pergame pour le titre de première ville d'Asie (ibid.).

 

Smyrne abritait divers cultes, y compris le culte impérial. Le culte de la Mère de Sipyle, que Filson considère comme une forme de culte à Cybèle (ibid.), était également présent.

Un hommage révérencieux était également rendu à Homère, ce qui impliquait une acceptation du Panthéon homérique. La ville comptait aussi une importante communauté Juive, qui était farouchement hostile aux Chrétiens.

 

L'arrivée du Christianisme à Smyrne reste inconnue. Les premières indications à ce sujet proviennent du Livre de l'Apocalypse dans ces textes. Jean, cependant, reçoit des révélations concernant ce qui adviendra de Smyrne dans le futur, et à l’époque où il écrivait, la ville ne possédait certainement pas de “porte-lampe” d’importance notable. En dehors de l’Apocalypse, il n'existe aucun autre témoignage de l'Église de Smyrne avant la fin du Ier siècle.

 

Apocalypse 2:8-29

Écris à l’ange de l’Église de Smyrne : Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort, et qui est revenu à la vie : 9 Je connais ta tribulation et ta pauvreté bien que tu sois riche, et les calomnies de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan. 10 Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. 11 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : Celui qui vaincra n’aura pas à souffrir la seconde mort.

 

Le texte évoque ici les persécutions à Smyrne. Après la mort de Jean, l'Église de Smyrne a en fait pris la relève d'Éphèse comme principale communauté chrétienne, sous la direction du disciple Polycarpe. Celui-ci a administré l'Église depuis Smyrne et a établi des églises jusqu’en Gaule, notamment à Lyon, dans ce qui est aujourd’hui le sud de la France, à partir de l’an 120 EC.

 

Les dix jours font en réalité référence à la grande persécution de Dioclétien, qui dura trois ans en Occident, mais se prolongea pendant dix ans en Orient, de 303 à 313 EC. Ces persécutions ont pris fin en l’an 314 avec l'édit de Milan, aussi appelé Édit de Tolérance, promulgué par Constantin. Celui-ci a alors chercher à réglementer le culte chrétien dans l'Empire romain. Les Juifs ont persécuté l'Église pendant l'ère de Smyrne, et cela a continué jusqu'à la chute des royaumes judéo-arabes, qui est survenue avec l'émergence de l'Islam. À cette époque, l'influence des Juifs était considérable, s’étendant jusqu’en Afrique via la Corne de Éthiopie. C'est au cours de cette période que le système rabbinique juif a instauré le Calendrier de Hillel, modifiant les dates pour les conformer à la tradition rabbinique postérieure à la période post-Temple. Ce calendrier fut réformé en l’an 368 EC, sous l’autorité du Rabbin Hillel II, s’appuyant sur un système de calcul ramené de Babylone par deux rabbins babyloniens en l’an 344 EC (cf. le document Le Calendrier de Dieu (No. 156)).

 

L'Église observant le Sabbat à Smyrne subit un déclin en raison de l’adoption progressive du système Trinitaire et des fêtes païenne comme Easter/Pâques et Noël (Christmas) introduit là à la fin du IVe siècle. Les Sabbatariens ont alors été contraints de se déplacer et de s’installer plus à l'Est pendant un temps (voir le document Les Origines de Noël et de Easter/Pâques (No. 235)).

 

Pergame

 

Pergame est une ville de Mysie, dans l’ouest de l’Asie Mineure. Elle était célèbre à l'époque hellénistique.

 

Elle est située à environ quinze miles ou vingt-trois kilomètres à l'intérieur des terres depuis la côte de la mer Égée, à environ deux miles au nord de l'ancienne rivière Caïque qui est l’actuel Bakirçay. Le Caïcus (la Caïque) marquait la frontière entre les anciennes régions de Mysie et de Lydie. La ville est construite sur une colline haute de mille pieds, entre les deux affluents du Caïcus : le Sélénos à l'ouest et le Cétios à l'est.

 

C'était une cité préhistorique dont le nom pré-grec signifiait probablement Citadelle, un nom également attribué à la forteresse de l'antique Troie. Ses contacts avec les colons grecs remontent au moins à la période archaïque, mais elle est peu mentionnée avant l'époque hellénistique (Interpreter's Dictionary of the Bible, article ‘Pergamum’, Vol. 3, p. 733).

 

Xénophon et les vestiges de ses Dix Mille l’ont occupée comme une ville importante de Mysie (Anabase VII. 8.8, cf. ibid.). La ville a frappé même des pièces de monnaie au cinquième siècle AEC (avant notre ère).

 

La grande période de Pergame a commencé avec les successeurs d'Alexandre. Elle faisait d’abord partie des territoires conquis par Antigone. À sa mort en l’an 301 AEC, Lysimaque a pris le contrôle de l’Asie Mineure occidentale. Il y a établi un trésor de 9000 talents et en confia le contrôle à Phyleterus, l’un de ses officiers. Phyleterus s’est révolté en l’an 282 AEC et s’est allié à Séleucos contre Lysimaque. Après la mort de Lysimaque au combat en 281 AEC et celle de Séleucos, Pergame passa progressivement du statut d’État vassal des Séleucides à celui de royaume indépendant sous la dynastie fondée par Phyleterus (283-263 AEC). La ville fut impliquée dans les luttes contre les Galates, qui ont envahi l'Asie Mineure depuis l'Europe à partir de l’an 278 AEC. Elle était une alliée de Rome et, sous ses rois, elle est devenue un centre renommé d'art et de savoir.

 

Phyleterus fut le premier roi Pagamene à vaincre les Galates au combat. Son neveu, Eumène I (263-241), préféra leur verser un tribut à son avènement. Mais Attale Ier (241-197) remporta sur eux une grande victoire militaire, commémorée par des groupes de statues érigées tant à Pergame qu’à Athènes. Plus tard, Eumène II (197-159) triompha d’eux en l’an 167 AEC.

 

Pergame a soutenu la cause romaine contre la Macédoine sous Attale Ier. Eumène II a poursuivi cette politique en s’alliant aux Romains contre Antiochos III de Syrie. En dépit de ses politiques pro-romaines, son importance a diminué sous ses successeurs, Attale II (159-138) et Attale III (138-133). Eumène II a contribué grandement à sa renommée, et sa bibliothèque est devenue la deuxième plus importante après celle d’Alexandrie (ibid., p. 734). La ville a bénéficié d’un mécénat culturel, tradition dynastique qui a perduré jusqu'à son legs à Rome à la mort d'Attale III.

 

Le trésor de Pergame fut envoyé à Rome, ce qui a affaibli la cité et nourrit une hostilité croissante. En 88 AEC, la ville obéit même à l’ordre de Mithridate de massacrer les Romains présents sur son territoire. Pergame a alors perdu son autonomie, mais César la lui rendit en 47-46 AEC.

 

Sous l'Empire romain, bien que n'étant pas un centre commercial, Pergame retrouva sa prospérité et devint un foyer du culte de l’adoration de l’empereur. Le culte de Roma et Augusta y a été établi sous Auguste. Plus tard, un temple dédié à Trajan a été érigé sur la citadelle, et un autre en l’honneur de Caracalla sur la terrasse du théâtre. Ainsi, Pergame est devenue "gardienne triple des temples" du culte impérial et le centre officiel de ce culte dans la province d'Asie (ibid.).

 

Sa bibliothèque a disparu lorsqu’Antoine l’a offert à Cléopâtre pour Alexandrie. Les statues de bronze des Galates ont été emportées à Rome sur ordre de Néron. La ville était spectaculaire et se distinguait par son urbanisme construit en terrasses.

 

Elle présente une décoration sculpturale spectaculaire du grand autel de la terrasse supérieure, représentant la gigantomachie (le combat des dieux contre les Géants). Ce relief est considéré comme le plus important monument artistique conservé à Pergame (ibid.).

 

La finalité de cet autel reste incertaine. La référence au "trône de Satan" dans Apocalypse 2:13 ne semble pas concerner cet autel, contrairement à certaines interprétations. M. J. Mellink (The Interpreter's Dictionary, ibid.) estime qu'il s’agit plus probablement du culte de l’empereur établi à Pergame.

 

La terrasse au nord de l'autel abritait le temple d'Athéna, intégré dans une cour à colonnades qui donnait accès à la grande bibliothèque. Ce complexe était également orné des statues des Galates vaincus.

 

À l'époque romaine, la ville a été élargie vers le sud, et une rue couverte sur le versant ouest menait au sanctuaire d'Asclépios, où Galien a exercé au deuxième siècle EC.

 

Mellink suggère que l'Église primitive de Pergame et ses luttes contre le culte de l'empereur sont évoquées dans Apocalypse 1:11 ; 2:12, bien qu’aucune preuve historique précise ne subsiste pour le premier siècle EC. La ville romaine repose aujourd’hui sous la ville moderne de Bergama.

 

À l'époque byzantine, lorsque Pergame était devenu un évêché, les habitants se retirèrent dans la citadelle et construisirent une nouvelle muraille de fortification en réutilisant des anciens blocs sculptés des frises de l’autel.

 

Rien n'indique que Pergame ait succédé à Smyrne comme centre dirigeant de l'Église, que ce soit pour les factions trinitaires ou les unitariens pauliciens. La conclusion s’impose : le message de l’Apocalypse s’adresse à une ère, non à l'Église de Pergame proprement dite. Cependant, on peut tirer des leçons sur la formulation selon laquelle le recours aux armes comme citadelle semble avoir une certaine pertinence par rapport aux messages que Christ a pour l'Église. Nous verrons que c'est effectivement le cas.

 

Pour prouver que les messages s’adressaient exclusivement aux sept églises ici, à cet endroit en Asie (et non à une succession d'Églises au fil de l'histoire), les mots "qui sont en Asie" ont été ajoutés au texte d’Apocalypse 1:11 dans le Textus Receptus [Texte Reçu] et la Bible version KJV. Cette falsification avait sans doute pour but de faire apparaître avec certitude que ces paroles se réfèrent à ces sept villes, mais de tels mots n’existent pas dans les manuscrits anciens (cf. Companion Bible note à Apoc. 1:11). Ainsi, le texte concerne bien une série d'Églises qui ont incarné l'autorité de Dieu sous Jésus-Christ en tant qu’Église véritable.

 

Cette période suivante de l'Église dans la prophétie est appelée l'ère de Pergame. Cette période a suivi la fin de la période de Smyrne et coïncide avec l’essor des Pauliciens en Asie Mineure. Ces derniers se sont souvent alliés à la nouvelle force de l'Islam contre leurs persécuteurs dans le système romain oriental. L’Islam lui-même est issu d'une branche de l'Église de Dieu en Arabie. Il y a une série de messages adressés à cette Église, car elle couvre une longue période de temps et présente un certain nombre de problèmes doctrinaux et qu’elle était aussi guerrière. C'est la raison pour laquelle Christ parle ici d’épée aigüe à deux tranchants. Les Pauliciens se trouvaient dans les Monts du Taurus et dans la région générale de la Mésopotamie, là où le système babylonien a pris naissance. Ce système était celui de Satan.

 

Apocalypse 2:12 continue :

Écris à l’ange de l’Église de Pergame : Voici ce que dit celui qui a l’épée aiguë, à deux tranchants : 13 Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même aux jours d’Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là où Satan a sa demeure. 14 Mais j’ai quelque chose contre toi, c’est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu’ils se livrassent à l’impudicité. 15 De même, toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des Nicolaïtes. 16 Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l’épée de ma bouche. 17 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : À celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc ; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit.

 

La référence à Antipas dans le texte est proleptique – c'est-à-dire qu'elle anticipe des événements futurs. E.W. Bullinger considère qu'il s'agit d'un témoin à venir, car aucun personnage biblique de ce nom n’est attesté historiquement pendant la période. Le texte est donc prophétique et se réfère à des événements futurs et non à des événements historiques du premier siècle. Le nom Antipas est formé à partir d’une combinaison de anti (SGD 473) "au lieu de, à la place de" ou "à cause de" et pater (SGD 3962) qui signifie "père". Il s'agit donc d'un terme générique, ayant le même sens que Antipater. Il porte en ce sens une terminologie qui signifie martyrisé à cause du Père. Cette interprétation correspond parfaitement à l'ère de Pergame. Les martyres y ont été perpétués dans le cadre des persécutions Trinitaires contre les Pauliciens Unitariens qui ont refusé d'accepter la Trinité imposée par l’Empire Byzantin.

 

Le caillou avec un nom nouveau symbolise la citoyenneté. Cela représente l’appartenance ou la citoyenneté à la Cité de Dieu. L'histoire des Pauliciens est détaillée dans La Distribution Générale des Églises Observant le Sabbat (No. 122) et aussi dans Le Rôle du Quatrième Commandement dans l’Histoire des Églises de Dieu Observant le Sabbat (No. 170).

 

Cette Église a perduré et était active jusqu'au XIXe siècle. Au XXe siècle, elle a subi intensément le martyre. Ses membres survivants ont été déportés dans les goulags en Sibérie. Bien que l'Église en tant qu'entité organisée ait cessé ses activités, des descendants de ces croyants subsistent encore aujourd'hui.

 

Ce contexte nous amène à la période suivante dans la prophétie : l’ère de Thyatire, qui succède à celle de Pergame.

 

Thyatire

 

Thyatire était une ville de l’ouest de l'Asie Mineure, située près de la rive sud du fleuve Lycus, sur la route reliant Pergame (au nord-ouest) à Sardes (au sud-sud-est). Bien que située dans la partie nord de l'ancienne Lydie, elle était parfois considérée comme appartenant à la partie extrême sud de la Mysie.

 

On sait peu de choses sur les débuts de son histoire. La ville prit de l'importance lorsque, au début du troisième siècle avant notre ère, Séleucos Nicator l’a refondée et, tel qu’il paraît, y a établi une colonie de soldats macédoniens. Bien qu’elle n'a jamais été considérée comme une grande citée, elle était devenue la principale ville de la vallée du Lycos et prospéra grâce à ses industries et commerces rentables. Des inscriptions attestent la présence de nombreuses guildes de commerçants, notamment des artisans du cuivre, des forgerons, des chaudronniers, des tanneurs, des travailleurs du cuir, les teinturiers, des tisserands de laine et de lin. Ces guildes doivent avoir joué un rôle central dans la vie politique, économique, sociale et même religieuse de la cité.

 

Au premier rang des divinités adorées à Thyatire, il y avait Tyrimnos, qui fut identifié à Apollon, le dieu soleil, et Boreitene, une déesse identifiée à Artémis. Il est possible que la description dans l’Apocalypse du Fils de Dieu aux "yeux comme une flamme de feu" et aux pieds "semblables à de l'airain ardent" soient une allusion délibérée aux attributs du dieu soleil local à Thyatire (Apoc. 2:18) contestant ainsi sa suprématie.

 

Sous l'Empire romain, le culte d'Apollon Tyrimnaios a été associé au culte de l’adoration de l’empereur. Un autre culte religieux notable était celui de Sibylle Sambathe ou Sambéthé dont le sanctuaire se trouvait "devant" plutôt qu'à l'intérieur de la ville. L’hypothèse selon laquelle Jézabel dans Apocalypse 2:20 était une prêtresse à ce temple peut difficilement être vraie puisque Jézabel était manifestement tolérée au sein de l'Église de Thyatire en tant que membre, et une minorité de ces chrétiens le reconnaissait en tant que prophétesse.

 

Il est fort probable qu'il y avait une colonie juive implantée à cet endroit. Actes 16:14 appuie cette conclusion. Lorsqu’à Philippes, Paul, Silas et Timothée, cherchant le lieu de prière juif au jour du Sabbat, arrivèrent "vers la rivière" "hors de la porte", ils trouvèrent un groupe de "femmes qui s'étaient réunies", et parmi elles se trouvait "Lydie, qui était de la ville de Thyatire". Elle était là en tant que "marchande de pourpre" fabriquée à Thyatire, et elle était une "adoratrice de Dieu", une païenne qui avait été attirée par le Judaïsme, probablement par le contact avec des Juifs à Thyatire, sans être prosélyte.

 

On ne sait pas exactement quand ni par qui l'Évangile chrétien a été prêché pour la première fois dans cette ville. Une hypothèse, basée sur Actes 19:10, suggère que pendant le ministère de Paul à Éphèse, un ou plusieurs de ses assistants ou convertis se sont rendus à Thyatire et y ont fondé l'Église. Quoi qu’il en soit, lorsque le livre de l'Apocalypse a été écrit vers l’an 95 EC, il y avait là une communauté chrétienne forte (Apoc. 2:18-29). 

 

Une explication possible est qu'il semble que, à l’époque du rapport, une partie (une minorité) de l'Église suivait une femme appelée, symboliquement, Jézabel, prétendant être une prophétesse. Elle les encourageait et les a conduits à l'immoralité sexuelle et à consommer des viandes sacrifiées aux idoles. Malgré son absence de repentir, la majorité de l'Église tolérait son influence. Au-delà de cette lecture littérale, une interprétation plus profonde émerge, liée au contexte socio-économique de la ville.

 

Selon le Dictionnaire Interpreter's Dictionnary of the Bible, il existe trois interprétations à ce sujet :

1. L’auteur [de l'Apocalypse] dénonce peut-être une doctrine niant l’impact des actes physiques sur la foi chrétienne (Actes 15:29). Selon ce point de vue erroné, le libertinage sexuel et le fait de manger des aliments offerts aux idoles n'ont pas d'effet sur la foi du chrétien ou sur sa position vis-à-vis de Dieu.

2. Puisque dans l’Ancien Testament, l'idolâtrie et l’adoration d'autres dieux sont décrites comme de la "fornication" spirituelle et puisque le festoiement sauvage et les orgies sexuelles faisaient partie de certains cultes païens, l'auteur dénoncerait ici une participation active à ces pratiques, sous couvert de tolérance culturelle.

3. La 'Jézabel' de Thyatire a peut-être fait la promotion d'une tolérance sophistiquée envers les nombreuses guildes de la ville. Chacune de ces guildes avait ses déités protectrices, ses fêtes, ses événements sociaux qui pouvaient devenir des festivités immorales. Il n'est pas nécessaire de les prendre au sérieux puisque chaque artisan devait adhérer à une guilde pour exercer un métier et gagner sa vie et survivre économiquement. Il pouvait minimiser ses rites religieux et apprenait à connaître les réalités de la vie s’il prenait part aux orgies et, ce faisant, par l'expérience réelle apprenait "les choses profondes de Satan".

 

Ce défi ne se limitait pas à Thyatire. On le retrouvait aussi à Éphèse et à Pergame (Apoc. 2:6, 14-15), ce qui montre que les guildes ne pouvaient être la seule explication. Le libertinage spirituel constituait une menace récurrente pour la foi chrétienne, déjà combattue par Paul et persistante dans les décennies suivantes. Le monde païen de l’époque n'avait pas une idée claire du monothéisme strict et du lien entre la foi et la vie morale. Parfois, il se défendait par un dualisme séparait souvent la vie spirituelle des comportements physiques, excusant ainsi les excès (débauche, idolâtrie) comme sans conséquence sur l’individu.

 

Il était difficile pour une petite minorité de se couper des amitiés et de la vie sociale qui supposaient la légitimité du polythéisme et de l’indulgence physique indisciplinée. Cependant, la foi chrétienne était en jeu dans cette décision, et l'auteur de l'Apocalypse a souligné la nécessité de rompre avec les pratiques polythéistes et immorales (Interpreter's Dictionary of the Bible, article ‘Thyatira’, Vol.4, p.638-639).

 

Voyons ce que nous pouvons en tirer au fur et à mesure de notre progression.

 

Apocalypse 2:18-29

Écris à l’ange de l’Église de Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain ardent : 19 Je connais tes œuvres, ton amour, ta foi, ton fidèle service, ta constance, et tes dernières œuvres plus nombreuses que les premières. 20 Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu’ils se livrent à l’impudicité et qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. 21 Je lui ai donné du temps, afin qu’elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir de son impudicité. 22 Voici, je vais la jeter sur un lit, et envoyer une grande tribulation à ceux qui commettent adultère avec elle, à moins qu’ils ne se repentent de leurs œuvres. 23 Je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les Églises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je vous rendrai à chacun selon vos œuvres. 24 À vous, à tous les autres de Thyatire, qui ne reçoivent pas cette doctrine, et qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils les appellent, je vous dis : Je ne mets pas sur vous d’autre fardeau ; 25 seulement, ce que vous avez, retenez-le jusqu’à ce que je vienne. 26 À celui qui vaincra, et qui gardera jusqu’à la fin mes œuvres, je donnerai autorité sur les nations. 27 Il les paîtra avec une verge de fer, comme on brise les vases d’argile, ainsi que moi-même j’en ai reçu le pouvoir de mon Père. 28 Et je lui donnerai l’étoile du matin. 29 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises ! (LSG) 

L'argument en faveur de Thyatire en tant qu’ère et concernant Jézabel ci-dessous est bien plus crédible.

 

Sardes

 

Apocalypse 3:1-6

Écris à l’ange de l’Église de Sardes : Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles : Je connais tes œuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort. 2 Sois vigilant, et affermis le reste qui est près de mourir ; car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. 3 Rappelle-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi. 4 Cependant tu as à Sardes quelques hommes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu’ils en sont dignes. 5 Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs ; je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. 6 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises ! (LSG)

 

Sardes, une ville de l’ouest de l'Asie mineure, capitale de la Lydie antique, est située dans la vallée de l'Hermus (Gediz moderne). Son élément le plus remarquable est une acropole formée par un rocher escarpé, un éperon du mont Timolus. On y trouve également un temple d'Artémis et la nécropole des 'mille collines" (Bin Tepe), de l'autre côté de l'Hermus.

 

Le vestige architectural le plus remarquable est le temple d'Artémis, à l'ouest de l'acropole. Le culte était dédié à une déesse anatolienne locale, assimilée à Artémis mais parfois appelée Cybèle. Le temple a été détruit lors de la révolte ionienne de l’an 499 AEC, lorsque la ville basse de Sardes fut incendiée (Hérodote V.102).

 

L'histoire de Sardes est étroitement liée à celle de la Lydie, dont elle est restée la capitale malgré les troubles politiques de la région. Des traces d'habitation préhistorique y ont été découvertes, mais son apogée remonte à la période lydienne sous les rois de la dynastie des Mermnades. Dans les inscriptions royales des Perses, Sardes sous le nom de Sparda (Darius, Behistun § 6; Babylonian Sa-par-du), un nom désignant à la fois la région de la Lydie et la ville elle-même. Sardes est devenue la ville perse la plus importante en Asie Mineure. Elle se trouvait à l'extrémité ouest de la grande route royale qui reliait Suse en traversant les fleuves et l'Asie Mineure. Une route secondaire menait de Sardes à Éphèse (Hérodote V.52-54). La richesse de la ville à l'époque perse est partiellement illustrée par les bijoux découverts dans les tombes de la nécropole du Pactole. Parmi les plaques d'or, colliers, pendentifs, bracelets et pierres sigillaires figurent des exemples remarquables de l'art achéménide.

 

Sardes pourrait apparaître dans l'Ancien Testament dans le livre d’Abdias 20 sous le nom de Séfarade, un lieu où vivaient des exilés de Jérusalem au Ve siècle Avant notre Ère.

 

En l’an 334 AEC, la ville se rendit à Alexandre le Grand, qui y laissa une garnison dans l'acropole. Sardes est demeurée le centre administratif sous la dynastie des Séleucides. Lors de la lutte de l'usurpateur Achaios contre Antiochos III, la ville basse fut brûlée (216 AEC). Sardes fut cédée aux Romains en l’an 189 AEC et placée sous l’autorité de Pergame jusqu'en l’an 133 AEC. Sous les Romains, Sardes est devenue le centre d'un conventus iuridicus, regroupant de nombreuses cités de la Lydie. Elle connut une grande prospérité au cours des trois premiers siècles de notre ère. Le commerce et l’industrie prospéraient. Après le tremblement de terre de l’an 17 EC, Tibère finança généreusement sa reconstruction (Tac.Ann. II.24). Hadrien visita Sardes en l’an 123.

 

Dès le premier siècle, le Christianisme gagna du terrain et s’implanta à Sardes. Méliton, évêque de Sardes sous Marc-Aurèle, a écrit un grand nombre de traités, dont l'un, un sermon, a récemment été retrouvé dans les Papyri de Chester Beatty. Après la réorganisation de l'Asie par Dioclétien en l’an 297 EC, Sardes est devenue la capitale du district rétabli de Lydie, siège du gouverneur et de l'archevêque de Sardes, qui était métropolitain.

 

Les Arabes ont conquis Sardes en l’an 716. Elle a continué à être habitée, même après sa destruction par Tamerlan en l’an 1403. À l'heure actuelle, elle est le site d'un petit village portant toujours le nom de Sart.

 

Dans l’Apocalypse, Sardes est décrite comme étant morte, tout en restant active en tant que soi-disant centre chrétien lors du retour du Messie. Une fois de plus, il ne s’agit pas ici de l’Église locale.

 

Philadelphie

 

Apocalypse 3:7-13

Écris à l’ange de l’Église de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n’ouvrira :8 Je connais tes œuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer. 9 Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent ; voici, je les ferai venir, se prosterner à tes pieds, et connaître que je t’ai aimé. 10 Parce que tu as gardé la parole de la persévérance en moi, je te garderai aussi à l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier, pour éprouver les habitants de la terre. 11 Je viens bientôt. Retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. 12 Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau. 13 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises ! (LSG)

 

Philadelphie (l’actuelle Alashehir) était une cité de la province romaine de Lydie. Son emplacement stratégique était l'une des principales raisons de sa fondation à l’époque Hellénistique. Un axe de communication était nécessaire pour relier Pergame, à la vallée du Méandre et à la grand-route du Sud via Sardes et Philadelphie.

 

La frappe des pièces de monnaie a commencé au deuxième siècle AEC. Les écus macédoniens figuraient sur les pièces, indiquant qu'une colonie de vétérans macédoniens vivait dans la ville.

 

Le terrible tremblement de terre de l’an 17 EC a frappé durement Philadelphie. Tibère est venu à son secours, et en signe de gratitude, la ville à pris le surnom de Néocésarée. Sous Vespasien, le titre Flavia commença à apparaître sur les pièces de monnaie. À partir de l'époque de Caracalla, la ville fut appelée Neokoros (gardienne du temple”) en relation avec le culte de l'empereur.

 

Sur le plan administratif, Philadelphie dépendait du district de Sardes, qui conservait son statut de cité principale de Lydie. La prospérité de Philadelphie reposait sur l'agriculture ainsi que sur la production textile et le travail du cuir. Au Ve siècle EC, la ville était surnommée la “petite Athènes” en raison de ses festivals et de ses cultes.

 

La gloire de Philadelphie en tant que bastion du Christianisme a resurgi lors des attaques seldjoukides et ottomanes contre l'Empire byzantin. Philadelphie est restée une enclave chrétienne isolée en territoire conquis et résista avec héroïsme à deux sièges. Lorsqu’elle est tombée en 1391, ce fut face aux forces combinées de Beyazit Ier et de ses alliés grecs sous Manuel II (Interpreter's Dictionary, ibid., pp. 781-2).

 

Son nom, qui signifie 'amour fraternel', commémore la loyauté et le dévouement d'Attale II (220-130 AEC) envers son frère Eumène II.

 

Dans l’apocalypse, la ville de Philadelphie est décrite comme vivante au retour de Christ et, bien que n’ayant que peu de force, elle est hautement louée. Plusieurs aspects de son témoignage sont loués, et plusieurs promesses lui sont faites, qui méritent un examen approfondi.

 

Laodicée

 

Apocalypse 3:14-22

Écris à l’ange de l’Église de Laodicée : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu : 15 Je connais tes œuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! 16 Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. 17 Parce que tu dis : Je suis riche, je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, 18 je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. 19 Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime. Aie donc du zèle, et repens-toi. 20 Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. 21 Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. 22 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises ! (LSG)

 

Laodicée (aujourd’hui Pamukkale) était située sur l'ancienne route menant d'Éphèse à la Syrie en passant par les vallées du Maeander et du Lycus. Pline donne les anciens noms de Laodicée comme Diospolis ou Rhoas, ce dernier désignant peut-être un village phrygien de la région. En tant que cité, Laodicée fut fondée par les Séleucides, probablement vers l’an 250 AEC par Antiochos II qui lui a donné le nom d'après son épouse Laodice. En raison de son emplacement stratégique, elle était censée être un bastion séleucide. En l’an 190 AEC, Laodicée est passée sous la domination de Pergame, ce qui a entraîné un certain déclin pour la ville. Cependant, sa prospérité s’accrut sous les Romains, après l’an 133 AEC, lorsque la ville a été autorisée à développer ses potentialités économiques et commerciales.

 

La richesse de Laodicée provenait de ses terres fertiles, de ses bons pâturages pour les moutons, de son industrie textile et de son école de médecine. La richesse de cette région prospère a favorisé le développement d’opérations financières et bancaires à Laodicée. La ville a frappé ses propres pièces de monnaie dès le deuxième siècle avant notre ère, avec des motifs iconographiques évoquant les dieux fluviaux et cultes locaux. La population de la ville incluait les Syriens de langue grecque, des Romains et des indigènes romanisés ainsi qu'une importante et riche communauté juive. En l’an 62 AEC, sur ordre du gouverneur Flaccus, les cotisations annuelles que les Juifs avaient l'habitude d'envoyer à Jérusalem furent saisies et envoyées à Rome. Les droits spéciaux des Juifs ont été abolis en l’an 70 EC. C’était à la suite de l'impact de la révolte juive à Jérusalem et de la destruction du Temple qui s’ensuivit. Les premiers chrétiens de Laodicée entretenaient des liens avec ceux de Colosses et de Hiérapolis. La ville a souffert des guerres entre Seldjoukides et Turcs, et a été abandonnée peu après le XIIIe siècle. (Interpreter's Dictionary, ibid., pp. 70-71)

 

Son principal point faible était l'absence d'approvisionnement en eau suffisant.

 

Nous pouvons donc voir que l’idée selon laquelle cette cité était encore vivante au retour du Messie s’avère fausse.

 

Les ruines de cette ville n’étaient même pas vraiment visibles avant les fouilles récentes. La prophétie doit donc concerner des ères plutôt que les lieux précis mentionnés dans les textes.

 

Concilier la Compréhension

 

Les textes font référence à sept églises. Parmi ces sept, les trois premières ne font aucune mention de la nécessité de tenir ferme et de persévérer jusqu'à ce que Christ vienne.

 

Christ se déclare ici comme étant le chef [la tête] de l'Église, tenant les sept étoiles des sept églises dans sa main droite, et marchant au milieu des sept porte-lampes d'or (chandeliers LSG). Ainsi, Christ est responsable du système et des anges des sept églises.

 

Éphèse est fidèle et n'a pas été induite en erreur par de faux apôtres, mais on lui dit qu'elle a abandonné son premier amour. Elle lui est demandée de se repentir, sinon Christ viendra et ôtera son porte-lampe.

 

La promesse qui leur est faite est que celui qui vaincra, mangera de l'arbre de vie dans le Paradis de Dieu. C'est la base des commentaires du Coran concernant les Jardins du Paradis.

 

En réalité, la ville et l’Église ont cessé d'exister il y a des siècles, et nous sommes confrontés au fait qu'elles n'existent plus aujourd’hui. Christ ne va pas les restaurer à son retour. Nous savons avec certitude que Smyrne a pris la relève d’Éphèse comme centre de l'œuvre de Dieu aux deuxième, troisième et quatrième siècles.

 

C’était Smyrne qui s’est opposé aux changements dans l'Église émanant de Rome, et c’était Smyrne qui a élevé et a formé les porte-paroles de l'Église sous Polycarpe, disciple de Jean, puis sous son successeur Polycrate, tous deux impliqués dans Les Disputes Quartodécimanes (No. 277).

 

Christ s’adresse à l'Ange de l'Église de Smyrne et se proclame en tant que le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie. Pour une meilleure compréhension de ce texte, voir le document L’Archè de la Création de Dieu en tant que l'Alpha et l'Omega (No. 229).

 

Dans cette séquence, il est dit aux églises qu'elles ne peuvent être atteintes par la Deuxième Mort. Ceux qui sont martyrisés recevront la couronne de vie. Comme nous l'avons vu, les dix jours de tribulation se référaient à la persécution de Dioclétien, bien après le premier siècle et des siècles après Néron, contrairement aux scénarios des critiques modernes.

 

Cette Église n'est pas mentionnée comme étant vivante au retour de Christ.

 

L'église de Pergame est considérée comme belliqueuse (guerrière) et infectée par de fausses doctrines, notamment celles de Balaam et des Nicolaïtes (voir les documents La Doctrine de Balaam et la Prophétie de Balaam (No. 204) et Les Nicolaïtes (No. 202).

 

Ils habitent là où se trouve le trône de Satan.

 

Daniel 8:23-25 parle d’un roi à la présence puissante, traduit par “roi au visage féroce.” Il s’agit du titre de l'Antichrist. Dans les Derniers Jours, Daniel nous dit qu'il viendra à bout [ou vaincra] le Peuple Saint ou le Peuple des Saints (cf. aussi Daniel 7:8,22).

 

Nous savons d’après Apocalypse 13:2 que le trône de Satan est donné à l'être de l'abîme, qui est l’"autre" de Jean 5:43 (cf. Luc 4:6).

 

Le siège ou trône de Satan ne se trouve certainement pas à Izmir au fil des siècles, et encore moins dans les Derniers Jours. C'est ce trône ou siège qui reçoit la coupe (fiole) du Cinquième Ange lors de la colère de Dieu (Apoc. 16:10). Cela ne peut pas se limiter à Izmir dans les Derniers Jours et est plus général.

 

Le siège se trouve en Irak, et l'Euphrate sera asséché pour laisser place aux rois de l’Orient (Apoc. 16:10-12). Cette région était plus étendue que le siège de Smyrne et correspondait précisément à cette région sous les Pauliciens de l'ère de Pergame. Il ne s’agit certainement pas de la ville de Pergamum ou Pergame elle-même.

 

Cette Église est appelée à se repentir, sinon Christ viendrait rapidement contre elle. Parce que les Pauliciens sont belliqueux, il dit qu'il les combattra avec l'épée de sa bouche, c’est-à-dire la Parole de Dieu en puissance.

 

La promesse faite à Pergame est que ceux qui vaincront mangeront de la manne cachée (voir aussi Jean 6:58 ; cf. Ex. 16:14, 32-34 ; Ps. 78:24-25). La manne cachée est la nourriture des anges, c’est-à-dire la puissance de l'Esprit Saint et le caillou de la citoyenneté dans la Cité de Dieu.

 

Deux périodes d'action étaient données à l'Église de Thyatire, la dernière étant plus grande que la première. Elle s’est développée en Europe et a été persécutée au fil des siècles. L'Église de Thyatire a vu venir la Réforme et a été persécutée par les Protestants comme elle l’a été par les catholiques avant eux.

 

La Jézabel est l'Église qui a commis la fornication avec les rois de la terre. Elle est la grande prostituée de l'Apocalypse, Mystère, Babylone la Grande, et la Mère des Prostituées. Elle représente l'Église dominante en Occident, qui a engendré une série de filles protestantes et ces filles représentent également le système du Dieu Triune/Trinitaire. Elles mourront en effet, mais reviendront dans le système Trinitaire final des Derniers Jours, qui sera alors détruit.

 

Le problème ne peut être évité qu’en faisant valoir que le texte fait référence à la période de Néron à Rome, et non à l'Église à travers les âges. Mais les textes de l'Apocalypse montrent clairement que l'on s'adresse à une Église. Cela ne peut concerner que le système de l’église romaine et de ses filles protestantes. Nous parlons nécessairement de la période de la Réforme, et nous devons faire référence à des ères de l'Église, chacune exerçant une autorité consécutive distincte. Il ne peut y avoir qu'un seul porteur de lumière à la fois et un seul porte-lampe.

 

Cette Église est jugée selon ses œuvres, et l'avertissement est donné à tous qu'ils seront jugés selon leurs œuvres.

 

À ceux qui n'ont pas exploré/sondé les choses profondes de Satan (cf. 2Cor. 2:11), il ne leur sera donné aucun autre fardeau. Il s'agit de la première Église à qui il est dit de tenir ferme jusqu'à ce que Christ vienne (Apo. 2:25).

 

Ceux de ce système qui vaincront et garderont les œuvres de Christ jusqu'à la fin recevront autorité sur les nations (ou les Gentils) et ils les paîtront/gouverneront avec une verge de fer. Les nations seront brisées, tout comme Christ a reçu ce pouvoir du Père. Ainsi, cette Église, que les églises des Gentils ont tenté de détruire en corrompant les doctrines avec les cultes à Mystères, recevra la domination, le pouvoir sur elles avec une verge de fer.

 

Christ ajoute : “Et je lui donnerai l'Étoile du Matin.” Ce don est la gouvernance de la planète en tant que Porteurs de lumière de celle-ci. En d'autres termes, ils sont les principaux ou éducateurs en chef de la planète sous la direction de Jésus-Christ, qui sera alors la nouvelle Étoile du Matin à partir de ce moment-là.

 

Sardes est exhortée à affermir/fortifier ce qui reste et sur le point de mourir. Sardes croit être vivante, et se proclame vivante, mais elle est morte. Elle a pris la relève de Thyatire lorsque celle-ci a été persécutée jusqu’à une quasi-extinction dans certaines régions. Ces problèmes sont abordés dans le document Le Rôle du Quatrième Commandement dans l’Histoire des Églises de Dieu Observant le Sabbat (No. 170).

 

Cette Église est née après la Réforme, au sein du système des Baptistes du Septième Jour et des Églises de Dieu qui ont suivi. Beaucoup sont corrompues et adoptent un dithéisme. Cette Église n'a aucune connaissance de la prophétie ni de sa position dans l'histoire et le plan de Dieu, comme le dit Christ : ils ne connaîtront pas l'heure à laquelle il viendra à eux. Ils seront encore présents à son retour.

 

C'est pour cette raison qu’ils ont proféré tant de fausses prophéties (voir les documents Les Fausses Prophéties (No. 269)et Quarante ans pour le Repentir (No. 290)).

 

Ceux de cette Église qui ne souillent pas leurs vêtements marcheront avec Christ en blanc. La référence à la marche en blanc renvoie à la prophétie d'Ézéchiel concernant la Guerre de Hamon-Gog et la Restauration d'Israël, ainsi qu’au sacerdoce intérieur qui porte des vêtements de lin blanc et sert Christ (voir le document La Guerre de Hamon-Gog (No. 294)).

 

La Promesse à Philadelphie

 

L'Église des Philadelphiens marque une rupture nette avec Sardes. Elle ne participe pas à ses œuvres mortes ni à ses doctrines mortes.

 

Christ déclare à cette Église qu'il est saint et véritable, et qu'il détient la Clé de David. Il ouvre, et personne ne ferme, il ferme, et personne n'ouvre. Cela fait référence à Sa déclaration de lui-même en tant qu’Étoile du Matin, Al Tarikh. Ce pouvoir est la porte ouverte qu'il leur accorde. Cette Église a des œuvres, bien qu’elle ait peu de force. Elle garde la parole de Christ et n'a pas renié son nom.

 

Cette Église corrige le Judaïsme et ceux des prosélytes des nations qui se disent Juifs mais ne le sont pas, à cause des fausses doctrines issues des traditions des hommes. Elle les reprend et corrige pour leurs erreurs et leurs fausses doctrines, et Christ les fait venir et les fait adorer ou se prosterner devant cette Église. Ainsi, cette Église participe aux doctrines des Derniers Jours et à la conversion de Juda.

 

Parce que cette Église garde la parole de la patience/persévérance de Christ, Christ les garde de l'heure de l’épreuve qui va venir sur le monde entier. Les systèmes de Sardes et de Laodicée ne sont pas ainsi sauvés : Ils traversent la tribulation, car seuls certains individus parmi eux sont sauvés.

 

L’avènement de Christ est très proche avec la formation de ce dernier système.

 

Cette Église reçoit une couronne, et les individus qui la composent sont ainsi bénis. Christ promet de faire des Philadelphiens des colonnes dans le Temple de Dieu. À première vue, cela peut sembler moins impressionnant que la promesse faite à l'Église de Thyatire, mais c’est tout aussi puissant, voire plus.

 

Les Philadelphiens sont éprouvés/jugés dans la doctrine et sont responsables de la promulgation de l'Évangile du Royaume de Dieu dans les Derniers Jours, ainsi que de corriger des multiples erreurs du système de Sardes.

 

C'est cette Église qui est la voix qui publie l'affliction ou l'avertissement des Derniers Jours, tel que prédit par le prophète Jérémie (Jérémie 4:15-16 RSV) ; voir le document  L’Avertissement des Derniers Jours (No. 044).

 

À ces personnes est aussi donné le nom de Dieu et le nom de la Cité de Dieu. En d'autres termes, ils seront appelés Yahovah, comme Christ a été appelé ainsi lorsqu’il parlait avec les Patriarches. Ils deviendront elohim dans les ordres les plus élevés, avec accès à la Cité de Dieu, qui est la Nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel. Christ confère à ce groupe son nouveau nom et, par là, son autorité.

 

Puis Christ déclare : “Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux églises.” C'est parce que Sardes et Laodicée n’écoutent pas. Sardes est morte, et Laodicée est si tiède qu’elle est vomie de la bouche de Dieu.

 

En s’adressant aux Laodicéens, Christ se nomme “l'Amen, le témoin fidèle et véritable”. C’est à l’époque de ces églises que Christ viendra. Il dit à cette Église qu'il est “le Commencement de la Création de Dieu” (Apoc. 3:14), car ce système commence à enseigner qu'il ne l’est pas, mais affirme plutôt sa co-éternité et sa co-égalité avec Dieu.

 

Cette erreur s’infiltre dans Sardes à l’époque de ces dernières églises, bien que Sardes en ait été exempte pendant des siècles.

 

Les œuvres de ce système ne sont ni froides ni bouillantes, mais tièdes, et c'est pourquoi elles sont vomies de la bouche de Dieu. Ce système se compare aux autres et se déclare riche, n'ayant besoin de rien, sans réaliser sa propre condition spirituelle : Il est malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu.

 

La seule manière dont cette Église peut être restaurée est que tout son système entier achète de l'or raffiné dans le feu par la puissance de l'Esprit Saint pour devenir riche, et des vêtements blancs afin qu’elle soit vêtue et que personne ne puisse voir sa nudité.

 

Il lui est ordonné de s’oindre d’un collyre pour voir. Elle est aveugle à la vérité de la parole de Dieu, aux prophéties, au système et au plan de Dieu, ainsi qu’à Son système de calendrier.

 

Christ réprimande et châtie cette Église dans les Derniers Jours afin de l'amener à se repentir. Il se tient à la porte, frappe, s’adressant aux individus. Cette Église doit aussi comprendre les concepts d'Al Tarikh ou Étoile du Matin. Christ est celui qui vient comme un voleur dans la nuit, en tant que Visiteur Nocturne, mais aussi en tant que celui qui se tient à la porte et frappe, appelant ceux qui doivent être appelés et sauvés. Cette séquence se situe juste à la toute fin, avant le dîner des noces de l'Agneau (voir le document La Fête des Trompettes (No. 136)).

 

Il offre ensuite la repentance aux Laodicéens et quiconque vaincra s'assiéra avec lui sur son trône, comme lui-même a vaincu et s’est assis avec le Père, Son Dieu, sur Son Trône.

 

Le concept des Colonnes de Philadelphie signifie que les colonnes sont deuxièmes en termes d’éléments les plus importants après les pierres de fondation du Temple, qui sont les apôtres de Christ. Elles sont faites de blocs parfaitement taillés, forés et façonnés, unis par les barres de fer des Thyatiriens et placés de telle sorte qu’elles maintiennent la structure générale du Temple comme un édifice stable. Elles reposent sur la fondation de Christ et des apôtres et sont le support central du Temple de Dieu. Elles sont le corps de Christ, assemblé dans l'amour fraternel.

 

Ce système perdure jusqu'à la fin et est récompensé par Christ à son retour. Peu importe l’ère ou le système dans lequel on se trouve, il faut surmonter/vaincre et œuvrer pour restaurer la foi livrée aux saints une fois pour toutes aux saints.

 

Chaque ère contient des éléments des autres, mais c’est sa caractéristique dominante qui la distingue et lui confère son identité. Chaque personne doit rester vigilant, prendre garde à l’avertissement, surmonter/vaincre ses propres faiblesses ainsi que celles de l'ère.

 

 

 

q