Les Églises Chrétiennes de
Dieu
[202]
Les Nicolaïtes [202]
(Édition
2.0
19970524-19970722-20091101)
Les doctrines des Nicolaïtes sont condamnées dans Apocalypse 2:6 dans le message à l'église d'Éphèse, où elles n'existaient pas et que celle-ci détestait. L'Église de Pergame a été censurée parce qu'il y avait parmi ses membres ceux qui avaient les doctrines de Balaam et celles des Nicolaïtes que Christ déclare détester. Qui sont-ils et quelles étaient leurs doctrines ? Est-ce que le Christianisme moderne comprend les implications de cette condamnation par Christ ?
Courriel: secretary@ccg.org
(Copyright ©
1997, 2009
Wade Cox)
(Tr. 2007, rév. 2020)
Cette étude peut être
copiée et distribuée librement à la condition qu'elle le soit en son entier,
sans modifications ni rayures. On doit y inclure le nom, l'adresse de l’éditeur
et l'avis des droits d'auteur. Aucun montant ne peut être exigé des récipiendaires
des copies distribuées. De brèves citations peuvent être insérées dans des
articles et des revues critiques sans contrevenir aux droits d'auteur.
Cette étude peut s’obtenir sur les pages du
World Wide Web:
http://logon.org/
et
http://ccg.org/
Les doctrines
des Nicolaïtes sont condamnées par le Messie dans l'Apocalypse dans son message
aux Églises. Nous voyons que l'Église a condamné ces doctrines au temps des
Éphésiens, mais à partir du temps de Pergame, elles ont pénétré dans l'Église.
Apocalypse 2:1-7
Écris à l'ange de l'Église d'Éphèse : Voici ce que dit celui qui tient les sept
étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers
d'or 2 Je connais tes œuvres, ton travail, et ta persévérance. Je
sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as éprouvé ceux qui se
disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs ; 3
que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu
ne t'es point lassé. 4 Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu as
abandonné ton premier amour. 5 Souviens-toi donc d'où tu es tombé,
repens-toi, et pratique tes premières œuvres ; sinon, je viendrai à toi, et
j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. 6
Tu as pourtant ceci, c'est que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, œuvres que je
hais aussi. 7 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit
dit aux Églises : À celui qui vaincra je donnerai à manger de l'arbre de vie,
qui est dans le paradis de Dieu. (LSG)
L'Arbre de Vie
a une signification en rapport aux doctrines Gnostiques et aux cultes des
Mystères.
Ici, l'Église
est félicitée pour avoir résisté, jusqu'à la haine, aux doctrines des
Nicolaïtes. Ainsi, elles doivent avoir été présentes assez tôt dans l'histoire
de l'Église. Elles semblent prendre de l'ampleur et pénétrer l'Église à partir
de Pergame.
Apocalypse
2:12-17 Écris à l'ange de l'Église de Pergame : Voici ce que dit celui qui a
l'épée aiguë, à deux tranchants : 13 Je sais où tu demeures, je sais
que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n'as pas renié ma foi,
même aux jours d'Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là
où Satan a sa demeure. 14 Mais j'ai quelque chose contre toi, c'est
que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balak à
mettre une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël, pour qu'ils
mangeassent des viandes sacrifiées aux idoles et qu'ils se livrassent à
l'impudicité. 15 De même, toi aussi, tu as des gens attachés
pareillement à la doctrine des Nicolaïtes. 16 Repens-toi donc ;
sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l'épée de ma bouche.
17 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux
Églises : À celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai
un caillou blanc ; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne
connaît, si ce n'est celui qui le reçoit. (LSG)
Les Nicolaïtes sont une secte énigmatique mentionnée seulement dans ce
texte. Qui étaient-ils ? Qu'enseignaient-ils qui soit condamné si fermement ? La
réponse se trouve dans le labyrinthe de l'histoire.
Les traces
historiques ayant traits aux Nicolaïtes
Les premières mentions que nous avons d'eux par les autorités
traditionnelles sont dans les écrits d'Ignace. Il est accrédité en tant que
disciple de Jean avec Polycarpe. Il est censé avoir vécu de 30 à 107 EC (ère
courante) et, par conséquent, n'étant encore qu'un enfant, il est censé avoir vu
Christ, d'après des légendes plus tardives. Il fut évêque de l'Église à partir
de la mort de Jean. Il mourut martyr, et légua son esprit à Polycarpe qui assuma
la direction de l'Église. Il était aussi appelé Théophore, ce qui montre par ses
écrits à quel point les premiers Chrétiens sentaient la présence de l'Esprit
Saint (2Cor. 6:16). Dans la lettre d'Ignace aux Tralliens (Ch. XI, voir ANF,
Vol. I, p. 71), nous lisons que Simon est condamné en tant que le fils premier
né de Satan, avec Menander et Basilide. Ils étaient des gnostiques et cette
épître fut écrite à la fin de la vie d'Ignace avant que Basilide aille en
Alexandrie où il prospéra sous le règne des empereurs Adrien et Antoninus Pius,
vers 120-140 EC. Epiphanius dit qu'il était originaire d'Antioche et un disciple
de Menander, mais Eusèbe et Theodoret affirment qu'il était natif d’Alexandrie.
Ignace montre ainsi qu'il était actif en tant que disciple de Menander et donc,
Simon Magus à Antioche, de là Epiphanius est correct (ibid. ; cf. J.P. Arendzen,
Cath. Encyc., art. ‘Basilide,’ Vol. II, p. 326. Arendzen tira
probablement sa conclusion dans le but de rejeter la longue épître d'Ignace qui
n'est pas trinitaire et en désaccord avec ses positions).
Ainsi, l'époque où nous pouvons situer les Nicolaïtes est au moins
antécédente à 107 EC des premiers temps du Gnosticisme.
Ignace, dans la longue épître dit :
Fuyez également
les Nicolaïtes, ainsi faussement appelés, qui sont des amants du plaisir et se
livrent à des discours calomniateurs (ANF, ibid.).
Nous déduisons trois choses de cet énoncé. D'abord, les Nicolaïtes étaient
incorrectement nommés. Les déductions faites ou leur étant attribuées en tant
que disciples de Nicolas, diacre de l'Église, sont fausses. Nous examinerons
ceci plus loin.
Deuxièmement, les Nicolaïtes étaient des amants du plaisir, et
troisièmement, ils se livraient à la calomnie dans leurs discours. En d’autres
mots, ils accusaient et dénigraient leur opposition. Ainsi, les écrits d’œuvres
accusatoires sont classés comme étant des actes de Nicolaïtes.
Ignace les mentionne encore dans son épître aux Philadelphiens. Ignace y
déclare que le Nicolaïte (ainsi faussement appelé) voit le plaisir comme seule
finalité et les unions illégales comme une bonne chose. Ainsi, la finalité de
l'action est le plaisir (comme le verrait un hédoniste). Nous pouvons déduire à
partir des commentaires d'Ignace que les unions illégales peuvent avoir dépassé
la simple fornication, et, en effet, comme nous le verrons, l'adultère était
sans conséquence pour eux. Les commentaires du Chapitre VI de cette épître
indiquent aussi un problème dans leur vue de l'incarnation. Ignace nie la
doctrine que Dieu la Parole a demeuré dans un corps humain
– y étant à l'intérieur en tant que la Parole et non
en tant qu'une âme humaine. Il semble affirmer qu'il y était en tant qu'une âme
humaine. Ainsi, d'après ce texte, les Nicolaïtes sont les précurseurs des
Trinitaires. Ceci explique probablement pourquoi cette épître fut abrégée puis
réécrite un peu plus tard.
De ce tout premier aperçu des Nicolaïtes, nous allons à Irenaeus (Irénée)
qui était la lignée suivante de succession, ayant été enseigné par Polycarpe et par
conséquent, séparé par une génération d'Ignace, né probablement entre 120 et 140
EC.
Irenaeus, disciple de Polycarpe, qui fut lui-même disciple de Jean, a écrit
à propos des Nicolaïtes dans son œuvre
Contre les hérésies, Ch. XXVI (ANF, Vol. I, pp. 351-352).
Après avoir condamné les Ebionites, il procède à la condamnation des
Nicolaïtes mais semble ignorer le commentaire d'Ignace et accepter l'origine de
la secte avec Nicolas. Ceci est probablement une assomption. Il dit :
3.
Les Nicolaïtes sont les disciples de ce Nicolas qui était un des sept
premiers ordonnés au diaconat par les apôtres [la note 1 de ANF affirme que ce
fait est contesté par d'autres anciennes autorités]. Ils mènent des vies
d'indulgence sans restriction. Le caractère de ces hommes est clairement dénoncé
dans l'Apocalypse de Jean [lorsqu'ils sont présentés], comme enseignant que
l'adultère et la consommation de viandes sacrifiées aux idoles sont des
questions sans importance. Par conséquent, la Parole a parlé d'eux de cette
manière : "Tu as pourtant ceci, c'est que tu hais les œuvres des Nicolaïtes,
œuvres que je hais aussi."
Irenaeus, dans le Chapitre XXII, identifie la source de l'hérésie comme
venant des Gnostiques et provenant de Simon et de Menander – comme le fait
Ignace. Pourtant contrairement à Ignace, il semble accepter que Nicolas soit à
l'origine des Nicolaïtes. La vérité est probablement qu'une certaine vue de
clémence a été portée à l'extrême et que la branche de l'Église sous Nicolas
dans laquelle elle est initialement apparue, est devenue corrompue et s'est
retirée. C'est le sens que nous voyons dans les lettres de Jean. Dans 1Jean 2,
nous voyons la division dans l'Église qui découle de cette doctrine concernant
la Divinité et la transgression de la Loi. Il est possible que Jean écrivait
pour corriger les doctrines qui cherchaient à affirmer que l'humanité et la
divinité de Christ étaient séparées et également que la loi était réduite, comme
nous le voyons dans les doctrines des Gnostiques orientaux à partir de Simon
jusqu’à Menander et les Nicolaïtes. Ce texte frappait au cœur de la structure
trinitaire et c'est pourquoi ils devaient altérer la doctrine de l'Antéchrist
trouvée dans 1Jean 4:1-2. Les Trinitaires ont altéré le texte pour lire comme
suit :
1Jean 4:1-3
Bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits,
pour savoir s'ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le
monde. 2 Reconnaissez à ceci l'Esprit de Dieu : tout esprit qui
confesse Jésus Christ venu en chair est de Dieu ; 3
et tout esprit qui ne confesse pas que Jésus Christ est venu en
chair n'est pas de Dieu, c'est celui de Antéchrist, dont vous avez appris la
venue, et qui maintenant est déjà dans le monde.
Le texte original toutefois apparaît dans Irenaeus et est écrit ainsi :
Reconnaissez à
ceci l'esprit de Dieu : Chaque esprit qui confesse que Jésus Christ est venu
dans la chair est de Dieu ; et chaque esprit qui sépare Jésus Christ n'est pas
de Dieu mais de l'Antéchrist.
Socrate, l'historien dit (VII, 32, p. 381) que le passage a été altéré par
ceux qui souhaitaient séparer l'humanité de Jésus Christ de sa divinité.
Il semble donc que nous ayons affaire aux Nicolaïtes ou à une de leur
branche qui a introduit deux vues hérétiques spécifiques. L'une concernait la
Divinité et l'autre concernait l'introduction de l'antinomisme, touchant aussi
le concept de l'amour. Tandis que la doctrine a été éventuellement changée de
sorte que les éléments du péché les plus grossiers et les plus antisociaux
étaient raffinés, les principes de base de l'élévation et de la séparation de
l'humanité et de la divinité du Christ ont été maintenus. La doctrine a
finalement été absorbée dans la Trinité, et elle devenue plus aberrante en tant
qu'antinomisme dans les sectes mais étant établie comme la grâce éliminant
l'argument de la Loi, ce qui est une des fonctions du Christianisme courant
moderne. Il y a d'autres aspects des doctrines que nous examinerons également.
Nous savons des écrits de Clément d'Alexandrie que les Carpocratiens ont
aussi adopté l'opinion que les Nicolaïtes avaient abusé du nom et des paroles du
diacre Nicolas (voir ANF, Vol. II, p. 385 ; aussi Élucidation, IV,
p. 404).
Dans le Stromata ou Miscellanies Tome III (le seul qui n'a pas
été traduit en anglais) au Chapitre IV, nous lisons Clément traiter des
Carpocratiens et du détournement des enseignements de Nicolas par les
Nicolaïtes. Dans la première partie, il traite des commentaires de Christ
allégués à Philippe faits dans Mathieu 8:22 et Luc 9:60.
Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.
[Quod si usurpent vocem Domini, qui dicit Phillipo "Sine mortuos sepelire
mortuos suos, tu autem sequere me".]
L'argument ayant trait à la corruption du corps semble être déduit de cette
forme. L'argument à l'encontre des Nicolaïtes est réduit à ce sens, citant
Mathieu 6:24 et Luc 16:13 "convenientir
Domini Praecepto, ‘duobus dominis servire’, voluptati et Deo". Que l'on peut
traduire comme ceci : "Tu ne peux servir deux maîtres, la volupté et Dieu".
Dans ce texte, Clément réduit les hérétiques en deux classes. La première
classe dans laquelle il place les Nicolaïtes vise ceux qui adoptent un mode de
vie incontrôlé et la seconde classe représente ceux qui affectent avec impiété
la continence ou le célibat. C'est la raison principale pour laquelle cette
œuvre demeure en latin et n'a pas été traduite. Les compilateurs de Ante-Nicene
Fathers l'ont fait délibérément comme nous pouvons le voir de la note 1 page
381 :
Après beaucoup de
réflexions, les Éditeurs ont jugé hautement préférable de publier l'ensemble de
ce livre en latin. [Dans le livre précédent, Clément a montré, non sans un
penchant prononcé en faveur de la chasteté du célibat, que le mariage est un
statut saint, et conforme avec l'homme parfait en Christ. Il entre maintenant
dans la réfutation des faux gnostiques et de leurs principes licencieux.
Professant de commencer avec des règles plus strictes, et méprisant les
ordonnances du Créateur, leur résultat a été en pratique la pire des
immoralités. Les conséquences mélancoliques d'un célibat imposé sont ici toutes
prévues et démontrées ; et ce livre, quoique nécessairement offensif à l'égard
de nos préférences chrétiennes, est un commentaire des plus utiles sur
l'histoire du monasticisme et du célibat des prêtres dans les Églises
occidentales. La résolution des éditeurs d'Edhinburg de donner ce livre
seulement aux érudits, en latin, est probablement sage. Je joins [ci-
dessous] une analyse des élucidations.] (ANF, Vol. II, p. 381).
Ce texte fut laissé en latin pour apparemment protéger les grands pécheurs
de leur propre ignorance, ou plus probablement, le célibat clérical des
condamnations que son aberration non biblique méritait grandement.
Clément condamne les arguments gnostiques concernant le célibat aussi bien
que les actes licencieux et note que Pierre était marié, que le diacre Philippe
avait donné en mariage ses filles et suppose que Paul était également marié.
(voir Elucidations, VII, p. 405).
Il n'y a aucun doute que Clément considérait que les Nicolaïtes abusaient
des enseignements du diacre Nicolas et qu'ils sont classés parmi la honteuse
secte des hérétiques. Il refuse à ces deux classes le titre de
Gnostique, car Clément lui-même en
était quasiment un et considérait le titre comme un honneur, lié à la
connaissance de la foi proche de l'ésotérisme.
La fois suivante où nous entrons en contact avec la doctrine des Nicolaïtes
est dans les écrits attribués à Tertullien (voir la traduction de S. Thelwell de
l'appendice Against All Heresies,
ANF, Vol. III, p. 649). Thelwell relègue ce texte comme un faux traité
attribué à Tertullien mais écrit [selon Oehler] par Victorinus Petavionensis,
i.e. Victor, évêque de Poetovio sur la Drave, en Styrie autrichienne. Jérôme
déclare explicitement que Victorinus a écrit adversus omnes Haeresies.
Allix est incertain de son auteur. Si Victorinus l'a écrit, il demeure
ante-Nicéen car celui-ci est mort en martyr pendant la persécution de Dioclétien
aux alentours de 303 EC.
Qu'il soit de Tertullien ou de Victorinus, après avoir énuméré l'histoire et
les points de vue des écoles à partir de Simon Magus jusqu'à Basilide, en
passant par Menander, le texte affirme :
Un autre
hérétique surgit ; c’est Nicolas. Il était compté parmi les sept diacres qui
furent choisis dans les Actes des Apôtres [Actes 6:1-6]. Il soutint que les
Ténèbres convoitèrent la Lumière d’une manière honteuse. Je rougirais de
rapporter tout ce qui est sorti d’immonde de cette union obscène. En effet, il
parle de certains Éons impudiques, tels que les embrassements, les unions
exécrables et hideuses [voir n. 7 à la p. 650], et d’autres choses plus
révoltantes encore. Il crée ensuite sept esprits, dieux et démons, et invente
mille extravagances aussi sacrilèges qu’infâmes. Passons-les sous silence,
puisque la pudeur nous défend de nous y arrêter. Il nous suffit que l’Apocalypse
du Seigneur condamne par la vénérable autorité de sa sentence toute cette
hérésie des Nicolaïtes, en disant : « Tu as cela pour toi, que tu hais les
actions des Nicolaïtes, comme moi-même je les hais. »
[http://www.intratext.com/IXT/FRA0307/_P2.HTM]
Le texte continue ensuite sur la description des Ophites,
qui vénéraient le serpent parce que c'est le serpent qui donna à l'homme la
connaissance du bien et du mal.
De tout cela, nous voyons que cette doctrine est un
développement du Gnosticisme antinomien ou licencieux. Originellement attribué à
un développement de Nicolas, un des diacres originaux, une assertion démentie
par les disciples les plus anciens, il a été accepté comme un enseignement
venant de lui.
Cela semble former la base de l'hérésie que Jean devait
combattre dans son épître aux Parthes. Elle n'était pas seulement un
comportement licencieux, mais était également liée à une vue particulière de la
Divinité, cherchant à placer l'humanité et la divinité de Christ à des niveaux
tels que Dieu la Parole entra dans le corps et que, de quelque manière,
l’humanité de Christ en fut altérée. Ceci bien sûr résulta dans la structure
trinitaire qui altéra la compréhension de la structure de l'humanité et de la
divinité de l'incarnation. Pour cette raison, les commentaires en 1Jean 4:1-3
ont été altérés afin d'obscurcir le texte.
Augustin affirme que l'épître de Jean fut écrite aux
Parthes (voir
Nicene and Post Nicene Fathers (NPNF),
Séries 1, Vol. VII, p. 459). Nous examinerons ailleurs
la signification de ceci, mais la portée de l'hérésie Gnostique était ainsi
répandue comme l'Église a été démontrée comme se trouvant au milieu des Parthes.
Hippolyte mentionne également les Nicolaïtes
(dans
The Refutation of all Heresies, Book VII, Ch. XXIV, ANF, Vol. V, p.
115) dans la section sur les Melchisédekiens. Il dit de Nicolas :
Mais Nicolas a
été une des causes de la grande propagation de ces hommes vils. Lui, étant un
des sept (choisis) pour le diaconat [le septième, voir Acte 6:5], fut ordonné
par les Apôtres. (Mais Nicolas) s'éloigna de la bonne doctrine, et avait
l'habitude de prêcher l'indifférence en matière de vie et de nourriture. Et
lorsque les disciples (de Nicolas) ont continué d'insulter l'Esprit Saint, Jean
les a réprimandés dans l'Apocalypse en tant que fornicateurs et mangeurs de
viandes sacrifiées aux idoles. [Apoc. 2:6].
Les détails sont amenés progressivement, à partir d'Irenaeus, I, 26 ;
Tertullien Praescript., cxiv; Epiphanius Haer., cxxv ; Eusèbe
Hist. Eccles., iii, 29 ; Theodoret Haer. Fab, I, 15 ; et
ensuite Augustin Haer., cv.
Nous constatons une distorsion progressive des arguments à partir de la
fausse attribution à Nicolas et la distorsion de la doctrine concernant la
Divinité et la loi, pour aboutir à l'indulgence dans le péché et la promiscuité,
sans aucune mention de la Divinité et de la loi qui étaient une question
centrale lorsque discutée initialement.
Nous en avons pourtant une idée, en examinant la section concernant les
Nicolaïtes de Clément d'Alexandrie, quand il dit (dans Stromata or
Miscellanies Volume II, Ch. XIX, ANF, Vol. II, p. 373) :
Tels aussi sont
ceux qui suivent Nicolas, citant une de ses phrases qu'il distord, disant
“que la chair doit être maltraitée”. Mais cet homme
digne avait montré qu'il était nécessaire de limiter les plaisirs et les
convoitises, et par un tel entraînement de se dégager des impulsions et
propensions de la chair. Mais ils s'abandonnèrent au plaisir comme des chèvres,
comme s'ils insultaient leurs corps, vivant des vies de laisser aller extrême ;
ignorant que la chair est perdue, étant de nature sujette à la dissolution,
alors que leur âme est enterrée [par] le piège du vice, suivant l'enseignement
du plaisir lui-même, non pas de l'homme apostolique.
Nous voyons ici que les enseignements du diacre Nicolas, pour vaincre les
convoitises de la chair ont été tordus par les gnostiques infiltrés dans
l'Église. Ces Nicolaïtes, comme ils s'appelaient eux-mêmes, ont attaqué la
nature de Dieu et la Loi, et ont ainsi régressé au péché. La raison pour
laquelle ces arguments n'ont jamais été exprimés par les théologiens est
extrêmement simple. Clément en montre l'intention dans la prochaine séquence en
ces mots :
... D'où il
m'apparaît que la loi divine menace nécessairement, avec la crainte que, à force
de prudence et d’attention, le philosophe puisse acquérir et conserver l'absence
d'anxiété, continuant sans chute et sans péché en toutes choses. Car la paix et
la liberté ne sont pas autrement gagnées que par une lutte incessante et
intransigeante contre nos convoitises. Car ces adversaires fermes et olympiques
sont plus piquants que des guêpes, pour ainsi dire. Et particulièrement le
Plaisir qui, non seulement de jour, mais aussi de nuit, est dans les rêves,
piégeant, complotant et mordant avec sorcellerie. Comment donc les grecs
peuvent-ils encore être justes en piétinant la loi, quand ils enseignent
eux-mêmes que le Plaisir est l'esclave de la peur ? ...
Nous voyons ici que le centre de l'argument est la loi et sa réduction dans
l'antinomisme. Ainsi la Divinité devait être réduite et le Christ surélevé dans
le but d'éliminer les lois de l'Ancien Testament et de Dieu. Cette doctrine n'a
pas été exposée adéquatement parce qu'elle est le centre des arguments loi/grâce
du Christianisme trinitaire dominant. Ils ne peuvent pas l'exposer sans
s'exposer eux-mêmes, donc peu est écrit à ce sujet.
C'est la
raison pour laquelle Jean écrit sur la nature du péché et la doctrine de
l'Antéchrist, le combinant dans la même épître avec la doctrine de l'amour. Ces
trois éléments furent combinés dans l'hérésie qui attaqua l'Église, et ne peut
qu'être un développement de l'hérésie gnostique qui engendra l'église chrétienne
dominante. En examinant l'histoire de cette doctrine, il semble extrêmement
probable que nous étudions ici la réfutation des doctrines gnostiques, appelées
plus tard Nicolaïtes dans la première épître de Jean et que cette hérésie divisa
rapidement l'Église. Cela engendra plus tard la fondation du système plus modéré
du Christianisme dominant qui adopta la dualité des systèmes ascétique et
libéral, les combinant à l'intérieur de l'église dans les distinctions
prêtre/laïc que nous observons aussi dans le dualisme et le montanisme
manichéens (voir aussi Le
Végétarisme dans la Bible (No. 183)).
Cette vue nous amène ensuite vers un autre aspect important incorporé dans
le Christianisme trinitaire ou dominant qui dépend ou peut être tiré de la
signification du nom. Les Nicolaïtes avaient la vue de la loi et de la grâce,
qui fut modifiée, à l'instar de tous les aspects du système syncrétique de
Babylone de la prostituée.
Le nom est allégué être dérivé de Nicolas mais il est approprié d'examiner
la structure du texte grecque original.
Toutefois avant d'examiner la structure du nom, un autre aspect à considérer
d'eux est ce que Fleury dit d'eux :
Les Nicolaïtes
donnaient une infinité de noms barbares aux princes et aux puissances qu’ils
plaçaient dans chaque ciel. Ils en ont nommé un calaucauch, abusant d’un passage
d’Ésaïe, où se lisent ces mots hébreux : cau-la-cau, cau-la-cau, pour
représenter l’insolence avec laquelle les impies se moquaient du prophète, en
répétant plusieurs fois quelques-unes de ses paroles (ANF, Vol. V, p.
154).
Ce texte est lié à la réfutation des doctrines des Naassènes par Hippolyte (Réfutation
de Toutes les Hérésies, ANF, Livre V, Ch. II, p. 52).
Les trois termes étaient Caulacau, Saulasau et Zeesar,
signifiant respectivement espoir, tribulation et espoir dans un sens amoindri
(voir note p. 52 et à Irenaeus, ANF, p. 350). Les commentaires se réfèrent à
Ésaïe 28:10. Ce texte est dirigé contre Juda qui est semblable à la Samarie dans
son hédonisme effréné et cela est la base de la réaction qu'il engendre chez les
gnostiques licencieux comme les Nicolaïtes. La connaissance est reçue précepte
sur précepte, règle sur règle – d’où la répétition de Saulasau et
Caulacau. Précepte ici est SHD
6673 tsav, comme une injonction, signifiant
un commandement et donc
une loi ou
un précepte. Les antinomiens
s'attaquaient à la loi et l'appelaient tribulation. Règle sur règle
est SHD 6957 kav ou kawv ainsi cela devient kawv-la-kawv.
C'est une corde utilisée pour mesurer et aussi une corde musicale, d'ou
accord. C'est en ce sens une ligne. Par la loi, tout était mesuré, et c'est
le sens du texte d'Ésaïe et par conséquent, ridiculisé par les Naassènes et
contenu dans la cosmologie des Nicolaïtes. Les Gnostiques, et ici, également les
Nicolaïtes étaient à l'origine du principe de
la grâce mais pas la loi des
Trinitaires antinomiens modernes qui sont leurs descendants logiques.
L'histoire des Nicolaïtes est aussi mentionnée
par Eusèbe (Church History, NPNF, Series 2, Vol. 1, p. 161). Après
avoir traité de Cérinthe, il écrit :
À cette époque,
la secte ainsi nommée des Nicolaïtes fit son apparition et ne dura que peu de
temps. Il en est fait mention dans l'Apocalypse de Jean. Ils se targuaient du
fait que Nicolas était leur fondateur, un des diacres qui, avec Étienne, furent
ordonnés par les apôtres pour s'occuper du ministère des pauvres. Clément
d'Alexandrie dans son troisième livre de ses Stromata, relate les événements
suivants le concernant [voir Stromata III. 4].
“Ils disaient qu'il
avait une très belle femme et qu'après l'ascension du sauveur, ayant été accusé
de jalousie par les apôtres, il l'amena parmi eux et donna la permission à
quiconque le voulait de l'épouser. Car ils affirmaient que cela était en accord
avec ses paroles quand il déclarait que l'on devait abuser de la chair. Et ceux
qui ont suivi son hérésie, imitant aveuglement et follement, ce qui avait été
dit et fait, commettent la fornication sans aucune honte. Mais je comprends que
Nicolas n'eût aucune relation avec une autre femme que la sienne, et qu'en ce
qui concerne ses enfants, ses filles restèrent vierges tardivement, et que son
fils ne fut pas corrompu. Si c'est ainsi, quand il amena sa femme, qu'il aimait
jalousement, au milieu des apôtres, c'était de toute évidence pour renoncer à sa
passion. Et quand il utilisait l'expression ‘abuser de la chair’, il
s'inculquait l’autocontrôle en face des plaisirs qui sont ardemment poursuivis.
Car je suppose qu'en accord avec le commandement du sauveur, il ne voulait pas
servir deux maîtres, le plaisir et le Seigneur.
Ce discours est une référence à Matthieu 6:24 comme nous le voyons également
ci-dessus dans la référence des Stromata de Clément. Eusèbe dit également que
Matthias enseignait les mêmes voies, ce qui est noté dans les NPNF note 5 page
161 qui se reportent à l'évangile de Matthias, mentionné par Eusèbe au chapitre
XXV. C'est également mentionné par Origène (Hom in Lucam I), par Jérôme (Paef
in Matt), et par d'autres auteurs plus tardifs. Cet évangile ne se trouve
plus. Clément en préserve quelques fragments dans Stromata II.9, III.4, VII.13.
Cet évangile souligne l'ascétisme. On en connaît peu à son propos, mais Lipsius
affirme qu'il est “identique au [paradoseis Marthion], respecté dans les cercles
gnostiques, particulièrement chez les Basilidiens” (voir Lipsius Dict. de Christ. Biog., II, p. 716 ; cf. NPNF,
ibid., p. 157 n. 30).
On remarquera facilement qu'Eusèbe de Césarée, écrivant à plusieurs siècles
de distance, les considérait encore sous l'influence gnostique et qu’ils
appartenaient justement aux catégories de Gnostiques qui sont sortis de Syrie et
des Samaritains Simon Magus et de son disciple Menander de Caparattea (NPNF,
ibid., p. 158). Elles sont passées ensuite à Basilide et aux Nicolaïtes qui
étaient plutôt des gnostiques syriens libéraux qui prirent le nom de Nicolaïtes
probablement par désir d'envahir et diviser l'Église comme on le voit dans
l'épître de Jean, mais qui en furent rejetés. Eusèbe semble penser qu'ils ne
durèrent pas longtemps car à l'époque où il écrit, le système avait été adapté
et remplacé par une forme syncrétique de Gnosticisme qui combinait des vues
libérales et des vues ascétiques en deux niveaux de développement.
Mosheim (Ecclesiastical History, Pt.
II, Ch.
V, quatrième édition, William Tegg, London, 1865, p. 49)
est d’avis
que les Nicolaïtes peuvent avoir été initialement un autre groupe que la
secte mentionnée par les écrivains du deuxième siècle, Irénée, Tertullien et
Clément d'Alexandrie, mais il ne prend pas en compte Ignace. Il est fort
probable que Mosheim soit correct de les relier avec les doctrines gnostiques
développées comme nous avons vu et qu'ils ne sont pas sortis de Nicolas le
diacre. L’opinion de Mosheim concernant le reproche de Christ qui ne les charge
d’aucune erreur en matière de foi est insupportable et ne tient pas compte de la
prophétie dans l'Apocalypse. Ses commentaires sur les Nicolaïtes sont considérés
superficiels. Il considère également Menander comme un fou plutôt qu'un
hérétique et semble ne voir qu'une faible connexion entre Simon Magus et
Menander contrairement aux écrivains plus anciens.
Selon un écrivain plus récent, pseudo-Dorotheus, il y a eu un Nicolas,
évêque de Samarie qui tomba en hérésie et dans des voies mauvaises sous
l'influence de Simon Magus et qui, pense-t-on, aurait donné son nom à la secte.
Mais il est considéré comme un témoin tardif et sans valeur (ERE, art. ‘Nicolaitans’,
Vol. 9, p. 364). Il est dit la même chose du pseudo-Abdias (Acta Apost. Apoc.)
qui introduisit un autre Nicolas converti par l'apôtre André après une vie
d'auto indulgence (ibid.). L'ERE est d'avis que nous avons affaire à une secte
gnostique libertine (ibid., p. 363). Ils sont condamnés pour la consommation de
nourritures sacrifiées aux idoles et pour une grande immoralité (ibid., cf.
Apoc. 2:14,20). Moss (ERE, ibid., p. 365) croit que la secte gnostique
des Nicolaïtes au début du troisième siècle en Asie mineure (Epiphanius Haer.,
XXV ; cf. pseudo-Tert. adv. omn. Haer., 1 et Hipp. Haer., VII, 24)
n'était pas reliée. Leur culte visait la Déesse Mère et la Déesse du Ciel et sa
prostitution. Une telle proposition ignore complètement la continuité de
l'histoire.
Dans les disputes doctrinales ultérieures, les prêtres mariés ont été
attaqués comme immoraux par les promoteurs du célibat. L'argument fut utilisé
par le cardinal Humbert (Contra Nicetam 25) qui a décrit l'hérésie Nicolaïte
comme la justification du mariage des prêtres.
Cette opinion d'Humbert fut officiellement reconnue au Concile de Plaisance
(mars 1095).
Ce que nous constatons est l'émergence du système prêtre/laïc des Nicolaïtes dans le Christianisme dominant, dédié au système de la Déesse Mère en tant que Mariolâtrie, dérivé de sources gnostiques.
Eusèbe, dans son histoire, se réfère à Clément et confirme que Pierre et
Philippe étaient non seulement mariés, mais avaient également des enfants. Il
affirme que :
Paul n'hésite pas
à saluer sa femme dans une de ses épîtres, qu'il n'a pas amenée avec lui, afin
de ne pas être incommodé dans son ministère.
Il relate aussi la note de Clément que la femme de Pierre fut tuée en
martyre sous ses yeux et il lui cria son encouragement. On lui attribue la
paternité de Petronilla, mais peut-être injustement, d'après la tombe de Aurelia
Petronilla filia dulcissima, enterrée au cimetière chrétien de Flavia
Domitilla. Cette attribution se fonde sur l'idée incorrecte que Petronilla
serait un diminutif de Petrus. Les noms de ses enfants ne sont pas connus avec
certitude.
Les auteurs des NPNF supposent que Philippe l'apôtre est confondu avec
Philippe l'évangéliste qui a quatre filles vierges d'après Acte 21:9. Clément
nous déclare qu'elles se sont mariées plus tard s'il parle bien du même
Philippe. Mais Polycrate affirme que deux au moins sont restées célibataires
(voir NPNF, ibid., p. 162 n. 3,4). Nous pourrions donc parler de deux
Philippe différents, l'apôtre et l'évangéliste.
En ce qui concerne Paul, la réponse probable est qu'il considérait le
mariage au moment où l'épître aux Corinthiens fut écrite et que les références
par Eusèbe et Clément visent une autre épître dans laquelle sa femme est nommée.
Cela pourrait être celle aux Romains écrite à peu près deux ans après celle aux
Corinthiens. Si c'est bien le cas, le chapitre 16 se réfère à sa femme. Rufus et
sa mère pourraient ainsi être son beau-frère et sa belle-mère, et la femme
bien-aimée serait sa femme. Il pourrait aussi avoir été veuf. Quel que soit le
cas, l'histoire réfute le célibat chez les apôtres et les anciens qui étaient
tous des maris et des pères fidèles. De même, l’histoire nous apprend que les
Nicolaïtes n'étaient pas issus de Nicolas, mais des Gnostiques antinomiens.
Il a été compris par Clément ainsi que par Eusèbe que Paul était marié et
les NPNF attribuent cette idée à
1Corinthiens 9:5 mais affirment que 1Corinthiens 7:8 semble dire le contraire.
La solution pourrait se trouver dans la structure du texte. Nous apprenons avec
certitude dans 1Corinthiens 9:5 que Pierre et les frères du Seigneur étaient
tous mariés et Paul demande le droit qu'ils puissent être accompagnés de leurs
épouses comme ceux-ci et les autres apôtres le sont.
Il a donc été pensé pendant plusieurs siècles que tous les apôtres, Paul y
compris, étaient mariés. Aussi, Judas, le frère du Christ, était marié et avait
des fils. Les frères du Christ sont Jacques, Joseph, Simon et Jude (Matt.
13:55). Clopas, l'oncle de Christ, était marié à Marie mère de Jacques le Mineur
et Joseph. On le dit aussi père de Siméon, second évêque de Jérusalem. Ce sont
ces similarités des noms qui permirent aux Catholiques d'affirmer que les frères
du Christ étaient en réalité ses cousins. Pourtant, le frère du Christ était
appelé Jacques le Juste et non Jacques le Mineur comme son cousin. Eusèbe lui-même, un unitaire
[unitarien] subordinationiste, allègue qu'Hegesippius écrit que Clopas
était le frère de Joseph (Eusèbe, ibid., Ch. XI, p. 146 ; cf. Livre IV, Ch. 22).
Jean 19:25 déclare clairement que Marie la femme de Clopas était la sœur de
Marie la mère du Messie. Donc, soit nous avons deux frères épousant deux sœurs,
soit l'écrit d'Hegepius est mal interprété pour montrer que Clopas est le frère
de Joseph.
Jacques le Juste et Siméon, le cousin du Christ moururent en martyrs (voir
aussi Eusèbe, ibid., Livre IV, XXII, p. 199). C'est à ce moment que les fils de
Jude, frère de Christ, prirent la tête de chaque Église en tant que témoins et
parents de Jésus Christ, et ce, depuis le règne de Domitien au moins jusqu'au
règne de Trajan, quand Siméon meurt en martyr devant Atticus, gouverneur de
l'époque (voir Eusèbe, ibid., p. 164). Eusèbe confirme également qu'Ignace est
évêque d'Antioche et second dans la succession de Pierre (succédant Enodius)
(voir NPNF, ibid., p. 166 et n. 4).
Ces parents du Christ étaient appelés les desposyni, ce qui signifie
littéralement en grec : Appartenant au Seigneur. Ce terme était
exclusivement réservé aux parents du Christ et était hautement estimé et
respecté jusqu'à la moitié du second siècle. L'ancienne Église juive chrétienne
fut toujours entièrement dirigée par ses propres desposyni, chacun
portant un des noms traditionnels dans la famille de Jésus : Zacharie, Joseph,
Jean, Jacques, Joseph, Siméon, Matthias et ainsi de suite, mais aucun ne fut
jamais appelé Jésus ou Yehoshua, i.e. Joshua. Il y avait trois lignées réputées
et authentiques de descendants de la famille de Jésus. L'historien catholique
romain Malachie Martin essaye de confiner ces lignées de
desposyni comme suit. Celles-ci étaient :
une de Joachim et
Anna, les grands parents maternels de Jésus. Une d'Elizabeth, cousine de Marie,
la mère de Jésus, et de son mari Zacharie. Et une de Clophas et de sa femme,
également une cousine de Marie.
(M. Martin Decline and Fall of the Roman Church, Secker and
Warburg, London, 1981, p. 42).
Il reconnaît qu'il y avait de nombreux descendants de Joseph par le sang (p.43), mais comme
tous les Catholiques romains, il essaye de nier leur lignée directe de Marie,
même s'il admet qu'ils furent attachés à l'Église durant les premières
années.
Martin écrit que les descendants, en tant que chefs de l'Église, tinrent
conseil avec Sylvestre, évêque de Rome, à propos de la nature entière de
l'Église en l'année 318 EC (ibid). L'empereur suppléa le transport maritime
jusqu'à Ostie pour huit d'entre eux et ils allèrent ensuite, montés sur des ânes
jusqu’à Rome, puis à Latran où Sylvestre vivait maintenant dans la splendeur.
Ils portaient de rudes habits de laine avec des bonnets et bottes en cuir. La
conversation
avait lieu en grec, car ils parlaient araméen mais pas latin, et que
Sylvestre ne parlait pas araméen. Martin considère que Joseph, le plus ancien
des juifs chrétiens, parlait probablement en leur nom.
Martin affirme que la première division eut lieu en 49 EC à propos de la
circoncision, alors que Pierre et Paul s'étaient séparés d'eux en disant être
liés par la Torah. C'est bien entendu une assertion erronée basée sur des
préjugés catholiques mais cela démontre le problème que nous voyons se
développer de ces intrusions gnostiques qui aboutirent finalement en 318 CE par
l'éclatante discordance entre la façon dont l'Église était gérée par les
descendants juifs du Christ et la soi-disant Église catholique orthodoxe. Depuis
la conquête d'Hadrien en 135 EC, tous les Juifs et par extension tous les juifs
chrétiens, étaient interdits d'entrer à Jérusalem. Ainsi, la position doctrinale
du système original était exclue de Jérusalem pourtant considérée comme centrale
à la foi. Les Juifs chrétiens étaient la seule Église chrétienne à Jérusalem
jusqu'en 135 EC. Ils l'avaient quittée seulement une fois, avant sa conquête par
Titus en 70 EC, lorsqu’ils fuirent vers Pella sous l'autorité de Siméon, selon
Martin (ibid.). En 72 EC, ils retournèrent à Jérusalem jusqu'à ce qu’Hadrien les
bannisse en 135 EC. Ils installèrent des églises chrétiennes dans toute
l'étendue de la Palestine, la Syrie et la Mésopotamie, mais ils entrèrent en
conflit avec les églises chrétiennes grecques à cause de l'observance de la loi
ou Torah. C’est la raison selon le Catholicisme moderne pour laquelle Pierre et
Paul avaient mis en place un système différent avec les Grecs, mais c’est
inexact.
Leur système de gouvernement, basé sur celui de la congrégation était aussi
en question. En 318 EC, ils demandèrent à Sylvestre qui était maintenant sous le
patronage romain, de révoquer sa confirmation de l’autorité des évêques
chrétiens grecs à Jérusalem, Antioche, Éphèse et Alexandrie, et de nommer des
évêques desposyni à leur place. De plus, ils demandèrent que la pratique
d'envoyer de l'argent à Jérusalem en tant qu'église mère soit reprise. Cette
pratique est facilement identifiée comme le système de la dîme de la dîme, en
application dans l'Église jusqu'à son bannissement par Hadrien en 135 EC.
Sylvestre rejeta leurs revendications, déclara qu'à partir de ce moment
l'église mère se trouvait à Rome et les pressa d'accepter les évêques grecs pour
les diriger.
Cela a été le dernier dialogue connu avec l'église orientale observant le
Sabbat, dirigée par des disciples qui descendaient de parents de sang du Messie.
Selon les mots de Martin :
Par cette
adaptation, Sylvestre, soutenu par Constantin, avait décidé que le message de
Jésus devait être répandu en des termes occidentaux par des esprits occidentaux
sur un modèle impérial (ibid. p.44).
Martin écrit que depuis ce temps, ils n'eurent plus de place dans une telle
structure d’église. Ils réussirent à survivre jusqu'aux premières décades du 5ème
siècle, mais un par un, ils disparurent. Certains se réconcilièrent avec
l'église romaine mais seulement en tant qu'individus. Certains passèrent sous
l'anonymat des rites orientaux. Le reste fut chassé comme étant hors la loi.
Mais la plupart moururent par l'épée, chassés par les garnisons romaines, ou
moururent de famine, dépourvus de leurs petites fermes et furent déportés dans
les villes afin d'être contrôlés et réduits à néant par un taux de naissance
nul.
Depuis 318 EC, les Nicolaïtes émergèrent victorieux contre les descendants
directs de la famille du Messie.
Leurs héritiers furent forcés à se cacher en tant que Pauliciens et en
Europe où ils furent persécutés sous le nom de Vaudois (voir
Le Rôle du Quatrième Commandement dans l’Histoire des Églises de Dieu
Observant le Sabbat [170]).
Un nouveau
système de gouvernement fut infligé à l'église qui a sa place dans les systèmes
des Mystères phrygiens et gnostiques.
Les Phrygiens
ont développé les cultes des Mystères qui firent leur entrée à Rome avec des
pirates capturés par Pompée vers 64 AEC (avant l’ère courante). Ceci a introduit
le système de Mithra et les cultes du soleil à Rome et plus tard dans le
Christianisme. Les cultes des Phrygiens appelaient leurs chefs
papa ou père et c'est pourquoi Christ
interdit à quiconque d’être appelé père sur terre (Matt. 23:9). Père devint un
rang dans le système mithriaque (avec Lion et Corbeau, etc.) emprunté des
Phrygiens (qui ont aussi développé l'augure par le vol des oiseaux ; ANF, vol
II, p 65) et entra dans le Catholicisme comme une modification de ce système
païen.
La Mère
phrygienne était Cybèle (ANF, Vol. VI,
p. 462). C'est un point central dans les Mystères (ibid., Vol. VI, p. 497). Les
Phrygiens ont eu leur influence sur le Christianisme à travers le Gnosticisme et
également par Tertullien et les Montanistes (voir Vol. II, ibid., p. 62).
Le dieu Attis était aimé par la Mère des Dieux.
L'abstinence de vin dans les cultes ascétiques vient de la légende qu'Attis
révéla les secrets d'Acdestis sous l'influence du vin. Par conséquent, il est
interdit à ceux qui boivent d’entrer dans son sanctuaire. Cet élément des
Mystères venu des Phrygiens concernant
l'adoration du dieu Attis et de la Grande Mère (qui finalement est
identifiée avec Marie) et la décoration du sapin sacré avec des fleurs etc.
(i.e. le sapin de Noël) ont pénétré le Christianisme à travers l'ascétisme
gnostique (consulter aussi les études
Le Végétarisme et la Bible
No. 183
et
La Croix : Son Origine et sa Signification (No. 39)
; cf.
ANF, Vol. VI, p. 492).
Selon Asteius
Urbanus, l'hérésie montaniste vit le jour en Phrygie et ceci n'est pas une
surprise après ce que nous avons vu jusqu'ici et la nature gnostique de
l'hérésie. L'épître de Jean aux Parthes est importante pour cette question.
C'est
également à partir de ce moment, avec la montée des Montanistes qu'apparaît
initialement la pratique de parler en langues en expressions étranges,
contrairement à la tradition prophétique de l’Église dans cette affaire (ANF,
Vol. VII, pp. 335 ff.).
Les Phrygiens
et les Naassènes maintenaient des doctrines similaires quant à la résurrection,
et nous avons vu que l'Église primitive liait les doctrines des Nicolaïtes et
des Naassènes. Hippolyte est de cet avis et expose l'hérésie des Phrygiens et
des Naassènes concernant la résurrection vers un homme parfait. Ils affirment
que le titre Papa s'appliquait à l'homme parfait qui devait entrer par la vraie
porte. Ils voyaient Jésus comme cette porte. En entrant par elle, on est né de
nouveau.
Ainsi, le
terme Papa est appliqué à l'homme parfait et appartient simultanément à toute
créature céleste, terrestre et infernale. Les Phrygiens affirmaient qu'à sa
mort, chaque homme entre par cette porte dans le ciel et devient un dieu. (ANF,
Vol. V, p.54).
Ainsi, nous
avons affaire avec le système gnostique d’entrée au ciel après la mort et la
dénégation de la résurrection physique. Ces séries célestes des Aeons ont
également été trouvées parmi chacun de ces groupes. Les doctrines phrygiennes
concernant la relation entre males et femelles, comme celle du système de la
chèvre aipolis étaient liées au concept de ne pas donner aux chiens (ou
aux porcs) ce qui est saint (voir ANF, ibid., p.55).
D'une même manière, les Naassènes voient l'homme parfait
pour “un
épi de blé vert récolté”
(ibid.). À partir de ce système, nous voyons donc que les systèmes gnostiques
d’Asie mineure voyaient dans le Christianisme un reflet des systèmes des
Mystères et remplacèrent Attis par le Christ. De la même manière, les Athéniens,
comme les Phrygiens, initièrent les gens aux Mystères d’Éleusis. L'épi de blé
récolté était l'initiation aux plus hauts niveaux de ces Mystères (ibid.).
Ainsi, la Gerbe agitée fut remplacée et finalement les Pâques/Easter
remplacèrent le système de la Pâque. C'est ainsi que les systèmes des Mystères,
desquels les Nicolaïtes n'étaient qu'une des manifestations d’un élément ayant
des doctrines communes à tous, entrèrent dans le Christianisme. Les Nicolaïtes
étaient probablement l’élément qui exprimait ouvertement les éléments de la
sensualité que nous voyons dans les Mystères probablement autour d'Aphrodite
(cf. ANF, ibid., p.55).
Hippolyte
maintient que les Mystères des Phrygiens ont un même objet d'adoration avec les
Naassènes. Il affirme que les Naassènes allégorisent le récit biblique
concernant le Jardin d'Éden et appliquent ensuite l'allégorie à la vie de Jésus
(ibid., Ch. IV, p.56).
Le système
entier considère le préexistant Amygdalus comme père de l'univers et reçoit de
lui un système de progression. La théorie que les anges sont d’un ordre
inférieur aux élohim ou
theoi en tant que fils de Dieu est une croyance des Gnostiques
provenant des Mystères phrygiens appelés Mystères de la Grande Mère,
portant parmi eux les noms des déités associées depuis Attis jusqu'à
Apollon, Adonis, Jupiter, Osiris et Papa ou pape, corps et dieux ou épi de blé
vert, (cf. ibid., pp.56-57).
Ce n'est qu'un
seul et unique système avec des manifestations de différentes phases des
Mystères qui ressortent, de sorte que l’ensemble complet n'est pas compris par
l'observateur non initié. Les Nicolaïtes n'ont pas disparu – ils ont simplement fusionné avec les autres éléments gnostiques et se sont
cachés avec les aspects les plus antisociaux de leur comportement. Avec le
temps, le système entier fut absorbé.
Ceci nous
amène à un autre aspect de la signification du nom Nicolaïte. Il y a une raison
pour laquelle ils choisirent ce nom et essayèrent de dériver l’origine du centre
des élus.
Le nom des
Nicolaïtes est dérivé de deux mots :
·
Nike signifiant conquête,
ou plus particulièrement victoire
personnifiée (voir ERE, indexes ; I 328a ; IX 794 ; XII 695 [ailes
VII 136 ; XII 741]) et qui est elle-même une déité, et
·
laos
qui signifie peuple.
Le nom Nicolas
est censé être dérivé du concept de victoire sur le peuple, mais c'est bien plus
que cela. Par exemple, Nike est un nom utilisé pour définir le concept d'une
déité qui est elle-même dérivée des divinités élémentaires dont les natures sont
identiques. Ainsi, Nike et Zelos sont identifiés avec Phobos, Deimos, Kydoimos
et avec Uranus, Gaia, Déméter et Chaos. Toutes sont des figures qui s'unissent
dans l’évolution ultérieure aux divinités élémentaires (voir ERE, Vol. I,
art. ‘Allegory’, p. 328).
Nike n'a
quasiment aucune part dans les mythes et quand elle est adorée, c'est
généralement comme une forme particulière d'une autre divinité, souvent Athéna,
Artémis ou Aphrodite (voir ERE, art.
Personnification
(Roman), Vol. IX, p. 794). Ainsi Nike est liée ici au système
mystique des Phrygiens. Cela est le concept fondamental qui explique le choix de
ce nom dans le Christianisme gnostique.
Nike est
normalement vue comme une autre épithète d'Athéna, déesse de la guerre, alors
que Nike est déesse de la victoire. Athéna-Nike avait un autel et un sanctuaire
sur le bastion au sud de l'entrée de l'Acropole. Ils furent érigés au temps de
Perikles pour commémorer la victoire des Grecs sur les Perses. Nike est vue
comme le messager plutôt que celle qui donne la victoire. Donc l’association
avec la fonction du Logos est logiquement adoptée (cf. ERE, Vol. XII, p.
695).
Archemos de
Chios est considéré comme le premier sculpteur grec à représenter Nike avec des
ailes et elle symbolise les victoires. Elle a été placée sur la main droite
tendue de la statue géante d'or et d'ivoire de Zeus et Athéna à l'Olympe et
Athènes par Phidias. Iris en tant que messagère des dieux est difficilement
distinguée de Nike, excepté en ce qui concerne l'arc en ciel (ERE, Vol.
XII, p. 741). Nous y voyons encore une association avec les fonctions du Logos.
SGD 2992
laos signifie un peuple en général plutôt que le peuple de quelqu'un.
Le nom est
donc une combinaison de deux mots qui porte le concept de victoire sur le
peuple.
Donc, le nom
fut probablement choisi pour ses associations allégoriques mystiques. Le concept
de la division en deux classes à l'intérieur du système avec la prêtrise qui
adopta les doctrines classiques des cultes ascétiques des Mystères et assuma
même les titres de Papa ou père avec les ascétiques plutôt que les aspects
licencieux des Nicolaïtes est un développement de l'association des deux aspects
des systèmes des Mystères.
Ce processus
se développa dans une des divisons du corps en catégories discrètes et les
termes ministère et laïcs ont été adoptés pour décrire ou
régulariser une situation qui a été dérivée de ces systèmes.
Les églises
qui observent le Sabbat du temps du Christ et sa famille immédiate dans l’Église
n'ont pas accepté un tel système.
La doctrine
des Nicolaïtes est donc bien plus présente et plus persistante que nous avons pu
l'imaginer.
Les
desposyni ont pu être détruits aussi en tant que système car eux aussi ils
ont été corrompus. Ce concept est le vrai sens derrière l'affirmation de Christ
que sa famille se trouve dans ceux qui font la volonté de son Père. (Matt.
12:46-50).
q